L’esprit de comparaison se forme insensiblement dans leurs tendres intelligences. […] Ce temps d’ivresse passé1, quand chacun a trouvé enfin la mesure de sa taille en s’approchant d’un plus grand ; de ses forces, en luttant avec un plus fort ; de son intelligence, en voyant le prix remporté par un plus habile ; quand la maladie et la fatigue lui ont appris qu’il n’y a qu’une mesure de vie ; quand il en est arrivé à se défier même de ses espérances, alors revient le fabuliste qui savait tout cela, qui le lui dit et qui le console, non par d’autres illusions, mais en lui montrant son mal au vrai, et tout ce qu’on en peut ôter de pointes par la comparaison avec le mal d’autrui.
— Les comparaisons développent la pensée et lui donnent de la force ou de la grâce ; mais elles doivent être justes et faciles à saisir. […] La comparaison doit être vraie ; elle doit prendre le ton, le style que réclame le sujet et être employée à propos. […] ) Si la comparaison a pour objet des personnes célèbres, elle se nomme parallèle. […] Qu'est ce que la comparaison ? […] Les parallèles sont des comparaisons qui ont pour objet des personnes célèbres.
Cependant on appelle métaphore seulement, une espèce de trope, par lequel on transporte un mot de sa signification propre à une signification nouvelle, qui ne lui convient qu’en vertu d’une comparaison qui est dans l’esprit. […] Cette comparaison enveloppée que renferme la métaphore, donne une idée de plus, et fait par-là une beauté. Mais quoiqu’il soit de l’essence de la métaphore de renfermer une comparaison, l’une et l’autre ne doivent pas être confondues. Qu’on dise d’un guerrier : il s’élançait comme un lion au milieu des ennemis ; c’est une comparaison : elle est exprimée par les termes mêmes. […] La comparaison n’est alors que dans l’esprit : aucun terme ne l’exprime.
Une des plus fréquemment employées est celle qui suppose une ressemblance dans les objets, et une comparaison qui se fait dans l’esprit ; les rhéteurs la nomment métaphore. Si la comparaison est fausse ou forcée, l’image est obscure ou mauvaise. […] Tous les préceptes du monde ne suffisent pas pour donner du goût ; c’est par l’étude et par la comparaison des modèles qu’il se forme : l’enseignement du maître consiste à faire ressortir les beautés, à les montrer aux yeux des élèves, à exciter en eux la délicatesse du sentiment, à former leur jugement par une critique éclairée et impartiale.
Naudet l’a éditée (1813), en recueillant les passages des écrivains anciens et modernes qui présentent avec elle des points de comparaison. […] « Voltaire a pris, dit La Harpe, le ton d’Homère pour rendre le choc des deux armées par une comparaison qui rappelle toute la grandeur de l’objet : le dernier vers surtout est sublime. » 3. […] « Cette comparaison, dit La Harpe, est au nombre des plus belles qui existent dans aucune autre langue, et l’auteur ne la doit qu’à lui seul. » — Malgré cette assertion, on en reconnaîtra du moins le germe dans ces vers de Stace, Achill.
S’agit-il, par exemple, de l’usage des passions5 dans le drame, elle recueille dans les auteurs dramatiques les plus divers et les plus inégaux les traits vrais ou spécieux dont ils ont peint une passion ; elle compare les morceaux, non pour donner des rangs, mais pour faire profiter de ces rapprochements la vérité et le goût ; elle y ajoute ses propres pensées, et de ce travail de comparaison et de critique, elle fait ressortir quelque vérité de l’ordre moral. […] L’esprit de comparaison se forme insensiblement dans leurs tendres intelligences. […] Ce temps d’ivresse passé2, quand chacun a trouvé enfin la mesure de sa taille en s’approchant d’un plus grand ; de ses forces, en luttant avec un plus fort ; de son intelligence, en voyant le prix remporté par un plus habile ; quand la maladie, la fatigue lui ont appris qu’il n’y a qu’une mesure de vie ; quand il en est arrivé à se défier même de ses espérances, alors revient le fabuliste qui savait tout cela, qui le lui dit et qui le console, non par d’autres illusions, mais en lui montrant son mal au vrai, et tout ce qu’on en peut ôter de pointes par la comparaison avec le mal d’autrui.
Comparaison et dissemblance La comparaison établit entre deux idées un rapport qui amène une conclusion. […] La dissemblance est une variété de la comparaison. […] La comparaison prolongée entre deux hommes illustres, entre deux vertus, etc., s’appelle parallèle. […] Il y a une différence entre la métaphore et la comparaison. Celle-ci se fait avec trois termes : le sujet, l’objet auquel on le compare et le signe de la comparaison.
La comparaison est juste et bien exprimée. […] Les comparaisons doivent être employées à propos et avec réserve. […] La métaphore, toutefois, diffère de la comparaison. Qu’on dise d’un guerrier qu’il s’élançait comme un lion au milieu des ennemis, c’est une comparaison. Mais qu’on dise, du même guerrier, que c’est un lion qui s’élançait au milieu des ennemis, ce n’est plus une comparaison, c’est une métaphore.
. — De là, La Métaphore, figure par laquelle on transporte la signification propre d’un nom à une autre signification qui ne lui convient qu’en vertu d’une comparaison qui existe dans l’esprit. […] La métaphore diffère de la comparaison par la forme seulement ; car le fond est évidemment le même. […] Si je vais plus loin et que je dise : Tel qu’une colonne inébranlable sur sa base, et qui soutient sans fléchir le poids d’un immense édifice, ce ministre, etc., je fais une comparaison, parce que j’exprime tous les points de rapport des deux objets comparés. Mais si je dis simplement : Ce ministre est la colonne de l’état, voilà une métaphore qui n’est, comme on voit, qu’une comparaison abrégée qu’achève l’imagination. […] Comme la comparaison est fondée sur la ressemblance des objets comparés, l’antithèse consiste dans le contraste ou l’opposition des choses.
Toute image suppose une ressemblance, renferme une comparaison ; et de la justesse de la comparaison dépend la clarté, la transparence de l’image. Mais la comparaison est sous-entendue, indiquée ou développée. […] Il rugit, suppose la comparaison ; c’est un lion, l’indique ; tel qu’un lion, la développe. […] Les images sont claires et justes quand elles présentent, entre la pensée et l’objet physique qui sert de point de comparaison, cette exactitude de rapport et cette vérité sensible qui saisit au premier coup d’œil.
En général, il faut que les comparaisons ajoutent à l’idée de l’objet qu’on vent peindre, et l’agrandissent. […] Citons, comme exercice de comparaison, l’ode de Lebrun sur le vaisseau le Vengeur, qui, en 1794, se fit sauter plutôt que de se rendre Trahi par le sort infidèle, Tel qu’un lion pressé de nombreux léopards, Seul, au milieu de tous, sa colère étincelle ; Il les combat de toutes parts.