A la commune voix veut-on qu’il se réduise, Et qu’il ne fasse pas éclater en tous lieux L’esprit contrariant qu’il a reçu des cieux ? Le sentiment d’autrui n’est jamais pour lui plaire : Il prend toujours en main l’opinion contraire, Et penserait paraître un homme du commun, Si l’on voyait qu’il fût de l’avis de quelqu’un. […] Là, votre pruderie et vos éclats de zèle Ne furent pas cités comme un fort bon modèle ; Cette affectation d’un grave extérieur, Vos discours éternels de sagesse et d’honneur, Vos mines4 et vos cris aux ombres d’indécence Que d’un mot ambigu peut avoir l’innocence, Cette hauteur d’estime où vous êtes de vous, Et ces yeux de pitié que vous jetez sur tous, Vos fréquentes leçons et vos aigres censures5 Sur des choses qui sont innocentes et pures, Tout cela, si je puis vous parler franchement, Madame, fut blâmé d’un commun sentiment. […] Loué, exalté et porté jusqu’aux cieux par de certaines gens qui se sont promis de s’admirer réciproquement, il croit, avec quelque mérite qu’il a, posséder tout celui qu’on peut avoir, et qu’il n’aura jamais ; occupé et rempli de ses sublimes idées, il se donne à peine le loisir de prononcer quelques oracles : élevé par son caractère au-dessus des jugements humains, il abandonne aux âmes communes le mérite d’une vie suivie et uniforme ; et il n’est responsable de ses inconstances qu’à ce cercle d’amis qui les idolâtrent.
— C’est une erreur commune que de borner l’empire de la rhétorique à l’art oratoire proprement dit. […] Tout est dit pour le salut commun ; aucun mot n’est pour l’orateur ; on le perd de vue, on ne pense qu’à Philippe qui envahit tout. […] Se tenir en garde contre tout exorde banal, commun, étranger. […] Ces trois sophismes ont cela de commun que l’erreur naît de l’irréflexion avec laquelle l’esprit est tenté, de généraliser, on peut donc les réunir sous le titre commun d’induction précipitée. […] Les tours généraux ou communs.
À peine les états-généraux furent-ils assemblés, que l’on vit éclater une funeste mésintelligence entre les trois ordres convoqués pour travailler de concert au bien commun, et à la régénération de toutes les parties de l’administration publique. Trop d’avidité d’une part à tout détruire, trop d’obstination peut-être de l’autre à vouloir tout conserver, firent éclore, entre les deux premiers ordres de l’état et les représentants des communes, une lutte qui affligea sensiblement le monarque, et déconcerta, dès cet instant, toutes les espérances d’amélioration que l’on avait cru pouvoir raisonnablement fonder sur cette célèbre convocation.
Les uns et les autres tombent naturellement et de bonne foi dans ce burlesque que le xviie siècle présentait sous deux faces, l’une parlant plaisamment de choses sérieuses, l’autre pompeusement de choses communes ou insignifiantes. […] Quand il y avait une noblesse en France, il y avait en même temps un excellent adage : Noblesse oblige ; c’est-à-dire les prérogatives que la société attache à une haute naissance exigent de ceux à qui le hasard les a données un courage, une élévation, une générosité, certaines qualités enfin, en quelque sorte héréditaires, dans les actes, dans les sentiments, dans les habitudes, qui doivent les distinguer du commun des citoyens et se refléter dans leur langage. […] Le sublime, c’est Dieu, l’éternité, l’océan, la nuit dans les plaines immenses, ou les glaciers des Alpes resplendissant au soleil, opposés à l’humanité si chétive et si bornée, et capable pourtant, en dépit de son infirmité, de sentir une telle grandeur ; c’est aussi le courage, le dévouement, la générosité, la grandeur d’âme extrêmes de quelques-uns, opposés à la crainte, à l’amour de la vie et de la personnalité, à la répulsion instinctive de la douleur et du sacrifice, communs à l’humanité si égoïste, et à laquelle pourtant, en dépit de son égoïsme, appartiennent ces âmes d’élite.
Il sait que l’homme, être infini par sa destinée, est semé passagèrement sur un sol borné, et, no pouvant agrandir la partie commune, il agrandit son cœur pour s’y contenter de peu. […] A l’instant où cesse l’occupation de ses propres intérêts, les intérêts de la chose commune lui apparaissent, et sollicitent son génie ou son cœur.
Il faut qu’elle soit intéressante, courte et claire ; c’est-à-dire que, sans être commune et triviale, elle soit exprimée en peu de mots et sans la moindre équivoque. […] Mille autres poètes ont embelli du coloris de l’imagination, ou des grâces du sentiment, les choses les plus simples et les événements les plus communs. […] Quand le poète veut peindre les mœurs et les ridicules, il doit en saisir les traits les plus frappants, et les présenter sous des images peu communes. […] Elle admet le récit des faits les plus ordinaires, les plus petits détails, la description des objets les plus communs, pourvu que tout y soit exprimé avec grâce. […] Dans le palais des rois cette plainte est commune : On n’y connaît que trop les jeux de la fortune, Ses trompeuses faveurs, ses appas inconstants.
Ainsi Coriolan, Philoctète, Icilius (dans Virginie) ont tous avec Warvick, ce trait premier de ressemblance qui tient à l’idée générale du rôle ; et malgré les efforts de l’auteur pour graduer les nuances qui devaient les différencier, tous ces personnages ont un défaut commun, l’exagération du sentiment de l’injure, plus de roideur que de véritable force, et d’âpreté que d’énergie. […] L’auteur n’y tourne guère que dans un cercle d’idées communes et cent fois rebattues, exprimées le plus souvent avec cette pureté froide qui repousse également la louange et la critique, parce que l’une serait sans fruit, et l’autre sans objet. […] Non, sans doute, on n’imite point le génie des choses ; mais il n’est que trop facile de singer celui de l’expression : il n’est que trop facile, et surtout trop commun, de se croire sublime, parce qu’on prodigue de grands mots ; et profond, parce qu’on s’enveloppe à dessein de ténèbres épaisses. […] On conçoit aisément que rien de commun, rien d’ordinaire ne peut sortir d’une réunion de circonstances extraordinaires, et que tout doit porter, dans les productions d’un tel écrivain, un caractère d’originalité qui peut faire époque, mais qui ne doit point servir d’exemple.
Sénèque l’appelle le vice d’une âme faible. — Ne te lamente point avec ceux qui pleurent : c’est un des préceptes de Marc-Aurèle, et la doctrine commune des stoïciens. […] Il aimait peu le duc d’Orléans et son ambition incertaine ; et il n’eut jamais avec lui aucun intérêt commun. […] Bonaparte pouvait enrichir également le domaine commun ; il agissait sur la nation la plus intelligente, la plus brave, la plus brillante de la terre. […] Tout s’empresse, tout part ; la seule Iphigénie Dans ce commun bonheur pleure son ennemie. […] Ainsi, l’un contient l’autre, et cet heureux partage Tourne leur jalousie au commun avantage.
L’histoire de l’homme ne consiste pas seulement dans les événements extérieurs et publics, qui ne nous montrent guère que des princes, des héros, et les actions mémorables des grands hommes ; l’humanité a encore une autre face : c’est la vie privée, c’est la multitude, ce sont les passions, les intérêts, les accidents de tous les jours, les vertus, les vices, les mœurs, les usages, les caractères de la vie commune ; c’est l’histoire de chacun et l’histoire de tous : tels sont les éléments variés et féconds où le roman puise ses peintures et ses récits. […] Il n’a rien de commun avec le Midi, pays des chimères, des aventures, des allégories et des symboles ; il sort tout armé de l’imagination rêveuse des hommes du Nord, qui se plaît à l’analyse des caractères, à l’examen détaillé des individus et à la peinture des mœurs.
Ceux qui la suivaient et qui avaient faveur à la cour avaient peur d’être oubliés dans la commune persécution ; ils allaient s’accuser eux-mêmes, s’ils manquaient de délateurs. […] L’heureuse combinaison des tours et la noblesse des termes sont entrés dans le trésor de la prose oratoire : l’exagération emphatique, le faux goût, la recherche, sont demeurés sur le compte de Balzac, et l’on n’a plus compris la gloire de cet écrivain, parce que les fautes seules lui restaient, tandis que ses qualités heureuses étaient devenues la propriété commune de la langue qu’il avait embellie. » 3.
La pureté du style est-elle bien commune ? […] L’antonomase est un trope par lequel on substitue tantôt un nom commun à un nom propre : ex. : l’Apôtre pour saint Paul ; tantôt un nom propre à un nom commun : ex. : un Benjamin pour un enfant chéri. […] C’est une figure extrêmement commune dans la conversation et le style. […] Il faut être sobre de cette figure, assez commune dans la poésie et dans la langue latine, mais contraire jusqu’à un certain point aux lois de la grammaire. […] On est trivial, quand on se sert de pensées et d’expressions rebattues et devenues trop communes à force d’être répétées.