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32. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

N’entreprendre de définir aucune des choses tellement connues d’elles-mêmes, qu’on n’ait point de termes plus clairs pour les expliquer. […] N’omettre aucun des principes nécessaires sans avoir demandé si on l’accorde, quelque clair et évident qu’il puisse être. […] N’entreprendre de démontrer aucune des choses qui sont tellement évidentes d’elles-mêmes qu’on n’ait rien de plus clair pour les prouver. […] Les sots lisent un livre, et ne l’entendent point ; les esprits médiocres croient l’entendre parfaitement ; les grands esprits ne l’entendent quelquefois pas tout entier : ils trouvent obscur ce qui est obscur, comme ils trouvent clair ce qui est clair. […] Mais, répondez-vous, cela est bien uni et bien clair : et, d’ailleurs, qui ne pourrait pas en dire autant ?

33. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre II. Du genre didactique. » pp. 161-205

Quelque ton que prenne le poète, le style doit toujours être simple, naturel et facile, et jamais froid, pas même dans les sujets philosophiques ; les pensées doivent être vives, pressées, d’une vérité frappante, et enchaînées avec grâce ; les préceptes sages, solides, clairs et lumineux. […] Le récit sera clair si on place chaque chose en son lieu, en son temps ; si on met de l’ordre dans les idées et dans les expressions ; si on n’emploie que des termes et des tours justes, naïfs, sans équivoque et sans ambiguïté. […] Outre que la moralité doit naître naturellement et sans effort du corps de la fable, puisque c’est pour elle que la fable est faite, il faut encore qu’elle soit claire, courte, intéressante, et surtout vraie et par conséquent utile. Elle doit être claire et courte, c’est-à-dire exprimée en peu de mots et sans la moindre équivoque ; intéressante, par conséquent pas trop vague, et, s’il se peut, ayant un air de nouveauté et d’actualité : d’où il suit qu’une moralité ayant ces qualités n’admettra point de termes trop métaphoriques, point de périodes, point de vérités triviales, comme serait celle-ci : qu’il faut ménager sa santé.

34. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Il ne s’agit point ici de cette invention, qui produit des idées neuves, ou du moins les plus solides, les plus nobles, et les plus convenables à la matière qu’on traite ; qui découvre et saisit dans les objets ce vrai beau, que les esprits ordinaires n’y voient pas, ou qui revêt d’une grâce, d’une beauté nouvelle ce qu’ils y voient ; qui, embrassant un sujet dans toute son étendue, et le circonscrivant dans ses véritables limites, crée un plan vaste, mais tout à la fois simple, clair, juste et exact. […] La Définition n’est, en elle-même, qu’une explication courte, simple et claire de la nature d’une chose. […] L’orateur s’en sert, lorsqu’il veut développer une vérité, la rendre plus claire et plus sensible, et la mettre à la portée des esprits les plus ordinaires. […] Ces trois préceptes sont trop clairs par eux-mêmes ; il est trop aisé d’en sentir toute l’étendue, pour qu’il soit besoin de les développer. […] Le premier, c’est de prouver les choses qui sont claires par elles-mêmes, que tout le monde connaît, et que personne ne conteste : il suffit de les supposer, ou de les énoncer.

35. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre II. Des différentes espèces de Discours Oratoires. »

Pour faire connaître la vérité, l’orateur chrétien doit non seulement, comme je l’ai déjà dit, posséder un grand fonds de science, mais encore raisonner avec méthode, avec justesse, avec précision ; s’énoncer d’une manière simple, claire, naturelle et proportionnée à la capacité des esprits les moins intelligents. […] Son style clair, nombreux, élégant et fleuri, est plein d’onction et d’aménité : ses images sont revêtues du plus beau coloris : c’est par toute une abondance intarissable d’idées brillantes et magnifiques, une suite de tableaux vifs et naturels, qui enchantent l’imagination, éclairent l’esprit, et remuent fortement le cœur. […] Quintilien compare son éloquence à un ruisseau pur et clair, plutôt qu’à un fleuve majestueux. […] Quant au style, il suffit qu’il soit clair, convenable, précis, élégant sans prétention. […] Le style de ces sortes de discours doit être simple, naturel, mais surtout très clair et propre au sujet.

36. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Chapitre VIII. Huitième espèce de mots.  » p. 43

Certains adjectifs sont quelquefois employés comme adverbes ; on dit : chanter juste, parler bas, voir clair, rester court, frapper fort, sentir bon, etc.

37. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre second. De la narration. »

Je m’efforcerai d’être clair afin qu’on ne voie pas seulement à demi mon sujet et qu’on ne le confonde pas avec d’autres. […] Souvent une définition sera parfaitement claire et précise par ses rapports seuls. quelquefois par son genre bien dessiné ; on pourra même l’apercevoir par ses différences très saillantes. […] Forme. — L’exposition est ce qu’elle doit être, claire et simple. […] Il doit cacher, comme la fable, une moralité claire, facile à tirer du sujet, et qu’il convient toujours d’expliquer en peu de mots.

38. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre second. De la disposition. »

L’exposition sera simple et claire. […] L’Exposition est claire et simple ; elle présente les personnages.

39. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre III. — Disposition »

, sans faire usage de l’exorde : c’est lorsque le sujet est clair par lui-même, et que l’orateur est assuré de la bienveillance de son auditoire. […] En résumé, l’ordonnance naturelle du discours demande : 1° Que l’auteur commence par un exorde qui lui concilié la bienveillance et l’attention des auditeurs ; 2° Qu’il expose ce sujet d’une manière claire et brève ; 3° Qu’il raconte le fait principal et les détails avec vérité, et en l’embellissant des ornements du style ; 4° Qu’il confirme, par de bonnes et solides preuves, tout ce qu’il a avancé ; 5° Qu’il réfute tous les arguments qu’on peut lui opposer ; qu’il éclaircisse les difficultés principales qu’on peut lui faire ; 6° Qu’il termine son discours par une péroraison, qui puisse allumer ou éteindre les passions selon le besoin.

40. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

La division des propositions doit être entière, une, précise, claire et graduée. […] Narrer, c'est raconter une chose vraie ou fausse, et la narration doit être claire, courte, vraie ou vraisemblable. […] La confirmation ou preuve, doit prouver clairement la vérité du fait présenté par l'exorde et la narration : les preuves doivent être appuyées sur des lois ou sur des principes clairs et incontestables ; elles doivent être graduées de manière que les plus fortes soient présentées les dernières ; et s'il est possible, elles ne doivent former qu'un tout. […] 2° Le pléonasme est une surabondance de mots que l'on pourrait retrancher sans que le sens de la phrase en fût moins clair. […] Instinct, désirs, Sont les dons qu'il fit à la brute : Le renard se creuse un terrier Et le castor bâtit sa hutte Sur le courant d'un clair vivier.

41. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre II. Des différentes Espèces de Style, et des Figures de Pensées. » pp. 238-278

Des fontaines coulant avec un doux murmure sur des prés semés d’amaranthes et de violettes, formaient en divers lieux des bains aussi purs et aussi clairs que le cristal. […] La grotte de la Déesse était sur le penchant d’une colline : de-là on découvrait la mer quelquefois claire et unie comme une glace, quelquefois follement irritée contre les rochers où elle se brisait en mugissant, et élevant ses vagues comme des montagnes. […] Les divers canaux qui formaient ces îles, semblaient se jouer dans la campagne : les uns roulaient leurs eaux claires avec rapidité ; d’autres avaient une eau paisible et dormante ; d’autres, par de longs détours, revenaient sur leurs pas, comme pour remonter vers leur source, et semblaient ne pouvoir quitter ces bords enchantés.

42. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

— Les preuves rendent la vérité claire, sinon évidente. […] Quelle soit complète, claire, progressive et naturelle, elle intéressera l’auditeur en l’instruisant. […] Sauf certaines matières de théologie, de métaphysique, de science pure, où les profanes ne pénètrent pas, la vérité doit être claire pour tous. […] — La Précision n’est pas une conséquence de la clarté, car on peut être clair et diffus ; mais c’est une qualité qui ne peut se passer de la clarté, et qui n’existe que par elle. […] Nous croyons que le critique eût été plus clair, plus court, et n’eût pas fait de cercle vicieux, s’il eût simplement analysé le nom que les anciens donnaient aux figures.

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