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32. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre III. Beautés de sentiment. »

L’auteur du Poème des Jardins ; celui de la Chartreuse et de la Fête des Morts 166 prêtèrent à notre poésie ce charme rêveur, cette teinte de mélancolie douce, mais profonde, premier caractère de l’élégie sacrée, qui nourrie tour à tour de sentiments tendres et de pensées sublimes, doit s’adresser alternativement au cœur et à l’imagination, frapper et émouvoir tour à tour. […] C’est que, pénétré des charmes de son sujet, qui le transportait au milieu des sentiments qui lui étaient les plus chers et les plus familiers, Florian s’est abandonné à l’impulsion de son âme, et n’a fait, en traduisant la Bible, qu’épancher ses propres sentiments. […] Florian en prend occasion d’entrer en matière par quelques réflexions sur la nature et le charme de ce sentiment ; réflexions qui seraient froides et arides sous la plume d’un autre, ou sèchement sentencieuses, et qui prennent naturellement ici le ton et la couleur du sujet.

33. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXII. des figures. — figures par rapprochement d’idées semblables  » pp. 301-322

Il y a en quelque sorte entre elles des reflets qui portent des nuances de l’une sur l’autre ; et chacune doit à celles qui l’approchent tout le charme de son coloris. […] On conçoit qu’une figure si infinie donne au style une élégance, un charme, une énergie, une vivacité extrême ; mais en même temps que, par sa vertu même, elle prête singulièrement à l’abus et à l’affectation. […] Veut-il peindre les orages des passions qui grondent dans le cœur du jeune homme, à l’approche de la puberté, « Ulysse, s’écrie-t-il, ô sage Ulysse, prends garde à toi ; les outres que tu fermais avec tant de soin sont ouvertes ; les vents sont déjà déchaînés ; ne quitte plus un moment le gouvernail, ou tout est perdu. » Et dans son cinquième livre, quel charme n’ajoute pas l’allusion au tableau de la visite de Sophie dans l’atelier du menuisier où travaille Emile ?

34. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lamartine 1790-1869 » pp. 506-523

Nisard a dit de cette poésie délicieuse : « Elle s’épanche en des vers d’une harmonie que Racine même n’a pas connue : ce charme ne cessera qu’avec la langue française2. » Priére de l’indigent O toi dont l’oreille s’incline Au nid du pauvre passereau, Au brin d’herbe de la colline Qui soupire après un peu d’eau ; Providence qui les console, Toi qui sais de quelle humble main S’échappe la secrète obole Dont le pauvre achète son pain ; Charge-toi, seule, ô Providence, De connaître nos bienfaiteurs, Et de puiser leur récompense Dans les trésors de tes faveurs ! […] Il n’est aucun devoir, aucun plaisir, aucun sentiment qui n’emprunte de l’enthousiasme je ne sais quel prestige, d’accord avec le pur charme de la vérité. » 1. […] C’est une nouveauté dans notre poésie que le charme de ces accents intimes, simples et domestiques.

35. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Notions préliminaires » pp. 2-15

Les principes des sciences elles-mêmes seraient rebutants, si les belles-lettres ne leur prêtaient des charmes. […] Éclairer les intelligences, redire les grandes actions et marquer les mauvaises au coin de la honte ; perpétuer les belles traditions nationales, rendre moins arides les sentiers de la science ; produire les suaves compositions qui font le charme des heures de loisir ; ramener sans cesse l’admiration vers le beau ; considérer comme le principe vital de la littérature le sentiment religieux, où l’on trouve le premier type de la beauté, le souffle divin qui seul fait naître l’enthousiasme et l’admiration ; entourer d’un respect inaltérable l’autel, le foyer domestique, la vieillesse, la paternité ; faire vibrer toutes les nobles cordes du cœur humain, et mépriser les succès qu’obtiennent les dramaturges du vice et les peintres de monstruosités ; en un mot, prendre pour éléments des belles-lettres le sentiment religieux, le patriotisme et le goût, voilà dit, M.

36. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

Si quelquefois l'emuet final se brise sur une voyelle, si la période est terminée avec grâce, l'oreille éprouve un charme qui laisse une impression durable. […] Enfin, il faut donner une juste étendue aux phrases et aux périodes, et faire en sorte que leur contexture et leur liaison ajoutent encore aux charmes du style ; car la pensée qui emprunte les charmes du style acquiert plus de force ou de clarté. […] Qui de nous, en lisant Châteaubriand et Lamartine, ne s'ést pas écrié : Ici, pour nous toucher, la foi parle à nos cœurs, Et son accent si doux charme encor nos douleurs ! […] Comme elle ne veut plaire qu'à son époux, elle trouve sa parure dans sa vertu, et non dans ses ajustements ; et l'attrait de la modestie lui prête bien plus de charmes que l'art et les émeraudes : son attention à faire tout ce qui est agréable à ses parents et à son époux, ses soins touchants, sa douceur, sa bonté, sa vertu, voilà ce qui relève sa beauté. […] Dans le poëme didactique, le poëte se propose d'instruire en guidant les arts ou en ornant une vérité des charmes de la poésie.

37. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre IV. — Du Style. »

Buffon lui-même l’a ainsi défini : « Le style c’est l’homme. » En effet, tous les hommes ont à peu près les mêmes idées : presque toutes les choses qu’ils disent frappent moins que la manière dont on les dit ; mais c’est l’expression, c’est le style qui en fait toute la différence : il relève les choses les plus communes, fait ressortir les plus singulières, donne de la force, de la grâce aux pensées ; il charme par son élégance, sa finesse, sa délicatesse ; il se fait admirer par sa gravité, sa noblesse et son harmonie ; le style est le portrait fidèle de l’écrivain lui-même, qui s’en sert pour nous communiquer ses pensées et ses sentiments, pour nous faire apprécier les qualités de son goût et nous entraîner par les élans sublimes de son génie. […] Cette qualité distingue particulièrement les écrits de La Fontaine et de Racine ; en lisant ces deux auteurs si parfaits, il semble que l’on va soi-même parler et écrire avec la même facilité, le même talent ; mais on est réduit bientôt à les admirer, en reconnaissant l’impuissance où l’on se trouve de pouvoir égaler le charme de leur style. […] La couleur locale répand un grand charme sur la narration, que nous signalons ici, et que nous devons à M. de Lamartine. […] L’Harmonie est la qualité du style la plus séduisante la plus capable de lui donner le nombre et la cadence, la dignité et la grâce, la majesté et la douceur qui captivent les auditeurs, et exercent sur les âmes un charme puissant et presque toujours vainqueur : aussi les anciens représentaient-ils ingénieusement le dieu de l’éloquence, Mercure, parlant à ses auditeurs, et laissant échapper de ses lèvres, non des paroles, mais des chaînes d’or, emblème du pouvoir irrésistible de cet art sur les âmes. […] Mesdames, vous serez surprises sans doute de l’audace de ma visite ; mais votre réputation vous attire cette méchante affaire, et le mérite a pour moi des charmes si puissants, que je cours partout après lui.

38. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 313-335

Ses descriptions ont de la couleur, de l’éclat et un charme pénétrant ; peintre ému, il mêle à ses tableaux un accent domestique et bourgeois qui est une importante nouveauté dans notre littérature. […] Otez de nos cœurs cet amour du beau, vous ôtez tout le charme de la vie2. […] En me levant avant le soleil pour aller voir, contempler son lever dans mon jardin, quand je voyais commencer une belle journée, mon premier souhait était que ni lettres, ni visites n’en vinssent troubler le charme. […] Mais que de charme dans sa rêverie !

39. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Thiers. Né en 1797. » pp. 513-521

Aussitôt, et sans intervalle, sont précipitées les têtes les plus précieuses et les plus illustres : génie, héroïsme, jeunesse, succombent sous la fureur des factions, qui s’irrite de tout ce qui charme les hommes. […] « Abondante, aisée, simple et lumineuse, son éloquence sait prêter un intérêt qui captive aux arides détails des affaires les plus compliquées, parcourir sans s’égarer tous les détours des questions les plus vastes, répandre sur les plus obscures le jour éclatant de l’évidence, semer comme en se jouant sur sa route les vérités brillantes et les mouvements heureux, et, cachant une méthode réfléchie sous les dehors d’une improvisation facile, déployer un art d’autant plus savant qu’il conserve tout le charme de l’abandon et tout l’entraînement du naturel ; reproduire enfin cette grandeur négligée qu’on admirait dans M.

40. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — [Notice] Maurice de Guérin, 1810-1839. » pp. 598-606

Tous ces menus détails de la vie intime, dont l’enchaînement constitue la journée, sont pour moi autant de nuances d’un charme continu qui va se développant d’un bout à l’autre du jour. […] Féli1 pour le même labeur ; les heures d’étude et d’épanchement poétique, qui nous mènent jusqu’au souper ; ce repas qui nous appelle avec la même douce voix et se passe dans les mêmes joies que le dîner, mais moins éclatantes, parce que le soir voile tout, tempère tout ; la soirée qui s’ouvre par l’éclat d’un feu joyeux, et, de lecture en lecture, de causeries en causeries, va expirer dans le sommeil ; à tous les charmes d’une telle journée ajoutez je ne sais quel rayonnement angélique, quel prestige de paix, de fraîcheur et d’innocence, que répandent la tête blonde, les yeux bleus, la voix argentine, les ris, les petites moues pleines d’intelligence d’un enfant qui, j’en suis sûr, fait envie à plus d’un ange, qui vous enchante, vous séduit, vous fait raffoler avec un léger mouvement de ses lèvres, tant il y a de puissance dans la faiblesse !

41. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome II (3e éd.)

Aussi, dans tous les temps, la poésie pastorale a fait le charme d’un grand nombre de lecteurs, et excité l’émulation de plusieurs écrivains. […] La poésie pastorale doit son plus grand charme aux peintures qu’elle nous offre de la tranquillité et du bonheur des champs. […] Il nous présente la vie pastorale embellie de tout ce qui peut lui prêter des charmes, sans jamais aller jusqu’au raffinement. […] Vivement épris de ses charmes, il décrivait ce qu’il sentait, et savait transmettre aux autres les impressions qu’il éprouvait. […] La scène change souvent de place ; du théâtre des armes, du tumulte des camps il nous transporte au milieu d’une nature douce et pleine de charmes.

42. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre II. — Division de la rhétorique : Invention, Disposition, Élocution »

Tel qu’un beau lis au milieu des champs, coupé dans sa racine par le tranchant de la charrue, il languit et ne se soutient plus ; il n’a point encore perdu cette vive blancheur et cet éclat qui charme les yeux, mais la terre ne le nourrit plus, et sa vie est éteinte : ainsi le fils d’Idoménée, comme une jeune et tendre fleur, est cruellement moissonné dès son premier âge. […] C’est elle qui nous fait comprendre et aimer les charmes de la vérité et de la vertu ; c’est elle qui nous fait contempler avec ravissement les phénomènes de la nature, la majesté des cieux, l’existence de la terre, et toutes les merveilles qui s’accomplissent à sa surface. […] Cette précieuse qualité ajoute un bien grand charme aux sentiments qui sont peints dans les lignes suivantes de M.  […] Une mère ose tout ; Isaure est déjà prête ; Ses charmes, son époux, ses jours, rien ne l’arrête ; D’une lèvre obstinée elle presse ces yeux, Que ferme un voile impur à la clarté des cieux ; Et d’un fils, par degrés, dégageant la paupière, Une seconde fois lui donne la Lumière.

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