Mais la discipline de Malherbe lui fut fort utile : en le contraignant à s’observer un peu, elle nous valut quelques belles pièces qui ont fait vivre son nom. […] Tous ces jeunes bergers, si beaux et si chéris, Sont meilleurs pour amants qu’ils ne sont pour maris. […] On se rappelle la vogue de l’Aminta du Tasse et du Pastor fido de Guarini, si fréquemment reproduits dans notre idiome, surtout celle de l’Astrée d’Honoré d’Urfé. — Après 1625, époque où parurent les Bergeries, l’auteur se reposa presque entièrement dans l’amour indolent de la campagne, « faisant de chacun de ses jours le commentaire vivant de ses belles stances ».
Prononciation Une belle prononciation est la première qualité que doit avoir celui qui se destine à parler en public. […] Il faut éviter surtout les accents provinciaux qui sont autant d’obstacles à la belle prononciation française, à la diction de la bonne compagnie de la capitale. […] Massillon, quel était son meilleur sermon : « C’est celui que je sais le mieux, répondit-il. » Et effectivement, la mémoire s’embarrasse-t-elle au milieu du plus beau discours, au milieu d’un passage éloquent, l’orateur devient un tourment pour son auditoire ; tandis qu’une mémoire sûre d’elle-même débite des choses ordinaires, mais avec assurance, avec aisance, et tous les auditeurs admirent des paroles qui paraissent couler de source.
Il fut, selon l’expression de Montaigne, « une de ces belles âmes frappées à l’antique marque ». — « Sage de nature et de praticque, dit un contemporain2, point sévère sinon bien à propos, équitable quand il falloit, non-point chagrineux et rebarbatif, ni séparé des douces conversations, entendant les raisons, ni bizarre ni fantastique comme estoit ce Caton », il est de ces personnages dont la gloire grandit avec la raison publique. […] Vous oyrez4 crier, braire et tempester à l’appetit d’une partie hargneuse5 ; vous verrez les langues impures, venales et mercenaires mettre l’honneur des plus vertueux, illustres et grands personnaiges en compromis6, et ce dont je ne me sçaurois assez estonner, ces asnes d’Arcadie à qui les judges debvroient, à toutes les fois qu’ilz s’oublient et s’esmancipent contre la decence de leur robbe, mettre ung mords de bride, et leur fermer la bouche avec une bonne et grave reprimande, ilz les laissent divaguer de maniere qu’il semble à ces effrontez qu’ilz ont faict quelque beau chef-d’œuvre quand ilz ont, dient-ilz, bien lavé la teste7 à ung homme d’honneur, et mettent ceste haulte et sotte vanterie parmy leurs trophées… Et neantmoins ce sont ceulx ordinairement qui ont le plus de praticque1, parce qu’ilz se mettent à tous les jours, à toutes les causes ; et les bons playdeurs2, qui intenteroient ung procez sur la pointe d’une eguille3, les recherchent plus volontairement que les aultres, dont les mœurs sont composees à la prudence et modestie4 : vray ornement d’ung sçavant homme de bien, d’advocat5, lequel, faisant trop6 plus de cas de l’honneur que de gaing, ne soubtient jamais de cause contre sa conscience ; aussy la deffend il avec tant de vigueur, de force et de solides raisons, que l’on recognoist à vue d’œil7 qu’il ne se fonde pour obtenir la victoire que sur la verité et la justice de sa cause. […] Mais, s’il vous peult embarquer une fois et tenir en ses pieges, vous n’en sortirez qu’il ne vous ait arraché le plus beau et le meilleur de vostre creditance, ou sa science de chicanner luy fauldra12 au besoing.
Les beaux jours ne sont plus. […] Dans un beau soir d’été, je m’éloignai du village. […] J’ai vu l’Italie, qui est si belle. […] La plaine était couverte de beaux épis qui promettaient une riche moisson ; sur les coteaux étaient des vignes qui annonçaient une belle vendange. […] Cette belle capitale serait en proie au pillage et à l’incendie.
Le drame peut ainsi prendre un large essor, et aborder une foule de beaux sujets qui lui seraient interdits par l’autre méthode : cette opinion a prévalu de nos jours. […] On admire l’exposition du Bajazet de Racine, comme une des plus belles du théâtre. […] Si l’action languit, tout est perdu : quelques belles situations ne suffiront pas pour faire vivre la pièce. […] La forme rythmique est plus littéraire ; la tragédie en prose n’aurait pas produit ces beaux morceaux, ces passages immortels des auteurs que chacun a retenus. […] La Melpomène antique, la vraie tragédie, est une muse aux traits nobles et sévères, au geste modéré, sobre de mouvements, et se drapant majestueusement dans les plis de sa robe ; elle est belle jusque dans ses fureurs ; elle met de l’art jusque dans les convulsions de l’agonie.
Dans l’Histoire de la Révolution française (1824), comme dans celle de Marie-Stuart (1851), et de Charles Quint (1854), nous admirons l’austérité d’un récit simple et pourtant dramatique, une belle ordonnance, la hauteur des aperçus, des portraits hardis, et la sûreté d’un juge qui domine son sujet. […] Il n’hésita pas à fixer sa famille errante dans ce beau, dans cet industrieux séjour1. […] N’est-ce pas d’ailleurs grâce à cette culture non interrompue que la France a occupé un si haut rang parmi les États2, a entraîné les autres nations à la suite de ses idées ou de ses entreprises, a produit sans relâche comme sans fatigue tant de brillants génies qui, après lui avoir donné la gloire élevée des lettres et les beaux plaisirs des arts, lui ont encore procuré le solide avantage des lois ?
Un jeune élève, dont les idées sont si restreintes et le sentiment si peu développé, se trouvera bien embarrassé ; et si, après de vains efforts, on lui met sous les yeux ces beaux vers de Virgile, quel ne sera pas son étonnement ? […] Nous voyons dans Virgile cette même idée reproduite dans des vers plus beaux encore. […] En lisant ces beaux vers, on ne peut s’empêcher d’admirer avec lui la grandeur et la variété des jouissances de la campagne. […] « Il se roule dans les bras de la mort, un sang virginal inonde ses beaux membres, sa tête défaillante se penche sur ses épaules. […] Virgile, qui avait constamment sous les yeux ce beau modèle, les prodigue aussi dans ses vers, mais avec plus de sobriété et de ménagement.
Tant y a que nous sommes au fin fond de la botte, dans le plus beau pays du monde, et assez tranquilles, n’étaient la fièvre et les insurrections. […] À dire vrai, les habitants ne se voient guère plus hors des villes ; par là ces beaux sites sont déserts, et l’on est réduit à imaginer ce que ce pouvait être, alors que les travaux et la gaieté des cultivateurs animaient tous ces tableaux. […] Je fus chez lui, et je l’attendis ; comme il tardait un peu, je descendis dans son jardin, et je m’amusai à regarder les plantes et les fleurs, qui sont fort belles et nombreuses, et pour la plupart étrangères, à ce qu’il me parut, et aussi rangées d’une façon particulière et pittoresque. […] La colonne Trajane elle-même l’avait échappé belle : on avait songé à l’enlever et à la transporter à Paris.
Monsieur le Professeur, J’ai reçu la dernière partie de votre beau travail ; elle complète et couronne bien les deux autres. […] Bien que l’on cultive particulièrement la langue allemande dans les écoles ecclésiastiques de mon diocèse, je ne désire pas moins que votre bel ouvrage y devienne classique. […] Vous n’avez pas oublié surtout que le bien et le beau sont inséparables, et vous ne négligez jamais l’occasion de faire ressortir les richesses littéraires de nos saintes Écritures et de nos grands auteurs chrétiens. […] Pour lui, le beau ne peut jamais être que la splendeur du vrai.
La rose n’a qu’un instant de vie : passez-vous sans la cueillir, vous aurez beau la chercher ensuite, au lieu de roses, vous ne trouverez plus qu’un buisson. […] Un roi qu’on aime et qu’on révère A des sujets en tous climats ; Il a beau parcourir la terre, Il est toujours dans ses États. […] Une des plus belles inscriptions que l’on puisse citer pour un monument public, est celle qui est gravée à l’entrée de l’arsenal de Paris : Ætna hæc Henrico Vulcania tela ministrat, Tela giganteos debellatura furores. […] Si je pouvais encor de mon cerveau Tirer cinq vers, l’ouvrage serait beau. […] La charade suivante est bien connue : Mon premier est cruel quand il est solitaire ; Mon second, moins honnête, est plus tendre que vous ; Mon tout, à votre cœur, dès l’enfance a su plaire, Et, parmi vos attraits, est le plus beau de tous.
La complaisance lui était naturelle, coulait de3 source ; elle en avait jusque pour sa cour4 Régulièrement laide, les joues pendantes, le front trop avancé, un nez qui ne disait rien, de grosses lèvres mordantes, des cheveux et des sourcils châtain-brun fort bien plantés, des yeux les plus parlants et les plus beaux du monde, peu de dents, et toutes gâtées, dont elle parlait et se moquait5 la première, le plus beau teint du monde, le cou long avec un soupçon de goître6 qui ne lui seyait point mal, un port de tête galant, gracieux, majestueux, et le regard de même, le sourire le plus expressif, une taille longue, ronde, menue, aisée, parfaitement coupée, une marche de déesse sur les nues7 ; elle plaisait au dernier point. […] Le président du Harlay 3 M. de Harlay était un petit homme, vigoureux et maigre, un visage en losange4, un nez grand et aquilin, des yeux beaux, parlants perçants, qui ne regardaient qu’à la dérobée, mais qui, fixés sur un client ou sur un magistrat, étaient pour5 le faire rentrer en terre ; un habit peu ample, un rabat presque ecclésiastique, et des manchettes plates comme eux, une perruque fort brune et fort mêlée de blanc, touffue, mais courte, avec une grande calotte par dessus.