… Mes amis, écoutez un mot, un seul mot. […] II, p. 361)1 Au major de Mauvillon Fragment de lettre C’est avoir entrepris une fière et difficile2 tâche que de gravir au bien public sans ménager aucun parti, sans encenser l’idole du jour, sans autres armes que la raison et la vérité1, les respectant partout, ne respectant qu’elles, n’ayant d’amis qu’elles, d’ennemis que leurs adversaires, ne reconnaissant d’autre monarque que sa conscience, et d’autre juge que le temps. […] Se mêlant familièrement avec les hommes, juste quand il fallait l’être, il avait applaudi au talent naissant de Barnave, quoiqu’il n’aimât pas ses jeunes amis ; il appréciait l’esprit profond de Sieyès, et caressait son humeur sauvage ; il redoutait dans Lafayette une vie trop pure ; il détestait dans Necker un rigorisme extrême, une raison orgueilleuse, et la prétention de gouverner une révolution qu’il savait lui appartenir. […] Alors il se tourna vers son oncle, animé de sentiments plus conformes à la nature et à l’équité ; mais le bailli, dominé par l’ascendant de son frère, n’osait montrer qu’à demi sa pitié pour le cruel châtiment infligé à son neveu, et ne lui répondait qu’après avoir pris les inspirations de ce père si dur, qui se parait du titre fastueux d’Ami des hommes, qu’il s’était décerné à lui-même. […] Mais son père, l’ami des hommes, demeura impitoyable.
Un ami se livrera au sentiment, et laissera courir la plume : c’est au cœur seul à dicter les lettres d’amitié. On recommande cependant, et avec juste raison, d’y être réservé sur la plaisanterie : il ne faut se la permettre que rarement, en écrivant à un ami. […] Pour moi je ne songerai toute ma vie qu’à marquer au Roi et à vous la reconnaissance de ce que je dois à l’un et à l’autre : trop heureux, Madame, si vous êtes aussi persuadée de mes sentiments que je le mérite. » Une lettre de félicitation ou de condoléance à un ami, est facile à faire, parce qu’on se réjouit ou l’on s’afflige réellement avec lui. […] « Je viens d’apprendre avec beaucoup de joie, Monsieur, la grâce que le Roi vous a faite, non seulement pour l’intérêt de mon ami, mais encore pour celui de mon Maître. […] On n’en agit pas de même à l’égard de ses égaux et de ses amis : mais on place le mot de Monsieur ou de Madame le plutôt qu’il se peut.
Plût au ciel que de vrais amis, Telle qu’elle est, dit-il, elle pût être pleine ! […] Chacun se dit ami ; mais fou qui s’y repose: Rien n’est plus commun que ce nom, Rien n’est plus rare que la chose. […] Telles sont ces paroles d’Henri IV, adressées à ses troupes, avant la bataille d’Ivry : Mes amis, vous êtes Français, je suis votre roi, voilà l’ennemi ; nous courons aujourd’hui même fortune ; je veux vaincre ou mourir avec vous. Le duc d’Enghien, avant la bataille de Lens, harangua ainsi les troupes qu’il allait lancer sur l’ennemi : Amis, souvenez-vous de Rocroi, de Fribourg et de Nördlingen ! […] Sujets, amis, parents, tout deviendra stérile ; Et dans ce jour fatal, l’homme, à l’homme inutile, Ne paîra point à Dieu le prix de sa rançon.
La Boétie, le jeune ami de Montaigne, est dans son Contr’un (1548) le précurseur de J. […] Or, mes amis, montres-leur ce que vous savez faire, et s’ilz frappent ung coup, donnés-en quatre. […] Mais les hommes de génie, ses amis ou ses contemporains, n’avaient pas attendu les lois qu’il édicta, pour donner, de leur côté, des modèles. […] Prévenez ce temps-là, je vous conjure, et n’attendez pas à être de ses amis jusques à ce que vous y soyez contraint. […] Ce n’est pas assez de dire : Soyez encore mon ami, pour recevoir une amitié si indignement violée.
Disciple et ami (deux titres alors inséparables) du plus grand philosophe de la Grèce, Platon a fait de la doctrine de Socrate, son maître, l’âme, le fonds et le mérite de ses ouvrages. […] Dans le second discours, Criton, l’ami de Socrate, vient le trouver dans sa prison, lui annonce que c’est le lendemain qu’il doit être condamné à mourir. […] « Ami, lui répond Socrate, mon sort est changé ; mes principes ne le sont pas. […] Si tu cèdes lâchement au malheur, si tu violes ton pacte solennel avec nous, tu outrages ceux qui l’ont le moins mérité, toi, tes amis, ta patrie, et nous surtout, nous qui deviendrons tes ennemies implacables pendant ta vie et qui te dénoncerons d’avance à l’animadversion de nos sœurs, chez les morts ».
À la mémoire d’un ami …………… L’Orne, comme autrefois, nous reverrait encore, Ravis de ces pensers1 que le vulgaire ignore, Égarer à l’écart nos pas et nos discours ; Et couchés sur les fleurs, comme étoiles semées, Rendre en si doux ébats les heures consumées, Que les soleils nous seraient courts. […] Comparez cette page de Xavier de Maistre : « J’avais un ami ; la mort me l’a ôté… Je ne m’en consolerai jamais ! […] Les arbres se couvrent de feuilles et entrelacent leurs branches ; les oiseaux chantent sous le feuillage ; les mouches bourdonnent parmi les fleurs ; tout respire la joie et la vie dans le séjour de la mort, — et le soir, tandis que la lune brille dans le ciel et que je médite près de ce triste lieu, j’entends le grillon poursuivre son chant infatigable, caché sous l’herbe qui couvre mon ami. La destruction d’un homme sensible qui expire au milieu de ses amis désolés, et celle d’un papillon que l’air froid du matin fait périr dans le calice d’une fleur, sont deux époques semblables dans le cours de la nature.
Mettez qu’avec cela il ait une table bien servie ; qu’il soit homme à répondre pour un pauvre diable sans argent, à le tirer des mains rapaces de la chicane : et Dieu me pardonne, s’il a le bonheur de distinguer jamais le faux ami de l’ami véritable. […] Les rois, dit-on, accablent de rasades le courtisan dont ils veulent sonder le cœur ; et la torture du vin leur révèle l’ami vraiment digne de confiance. Vous, si jamais vous faites des vers, ne soyez pas dupe de ces faux amis, cachés sous la peau du renard. […] Ce n’est pas lui qui dira : à quoi bon chicaner un ami pour des bagatelles ? — Mais ces bagatelles, malheureux, elles auront des suites funestes, en livrant à la risée publique votre ami perdu sans retour.
— Ce malheur, mes amis, est-il irréparable ? […] De tant d’amis ne me parlez-vous pas ? […] Ami des voluptés, il naquit pour la peine. […] Un ami malheureux est plus propre qu’un autre soulager les peines que nous éprouvons. […] Dans le sein d’un ami que je verse mes pleurs !
Sincère, hardi pour le bien public, implacable contre la bassesse, aussi franc avec ses amis que terrible pour ses ennemis, vraiment épris de la vertu, sensible à toutes les délicatesses de l’honneur, il fut le Tacite de Versailles. […] Les dames qui avaient veillé et dormi dans cette chambre contèrent à leurs amis ce qui s’y était passé. […] C’est ce talent si rare, et qu’il avait au dernier degré, qui lui tint tous ses amis si entièrement attachés toute sa vie, malgré sa chute, et qui, dans leur dispersion, les réunissait pour se parler de lui, pour le regretter, pour le désirer, pour se tenir de plus en plus à lui, comme les Juifs pour Jérusalem, et soupirer après son retour, et l’espérer toujours, comme ce malheureux peuple attend encore et soupire après le Messie1 1. […] Gouverneur du duc de Bourgogne Il s’adjoignit Fénelon, dont il devint l’ami, et auquel il resta fidèle dans la disgrâce. […] L’un avait plus d’amis, et, pour ainsi parler, plus d’adorateurs que l’autre, parce qu’il avait plus d’artifices.
Je vis l’autre jour sur le théâtre un de mes amis qui se rendit ridicule par là. […] je m’en réjouis, et je ne manquerai pas de l’avertir que tu es de ses amis. […] Notre ami est de ces gens-là. […] Celui de se vanter demain entre ses amis de ce qu’il a mieux joué qu’un autre. […] Adieu, mon très cher monsieur ; priez notre solitaire de prier Dieu pour notre pauvre ami.
Mon pauvre ami, quel vide tu me fais ! […] Maurice, mon ami, vit toujours ; il s’est éteint, il a disparu d’ici-bas comme un astre meurt en un lieu pour se rallumer dans un autre. […] Mon ami, je suis ce fraisier en rapport avec la terre, avec l’air, avec le ciel, avec les oiseaux, avec tant de choses visibles et invisibles que je n’aurais jamais fini si je me mettais à me décrire, sans compter ce qui vit aux replis du cœur, comme ces insectes qui logent dans l’épaisseur d’une feuille. De tout cela, mon ami, quel volume !