Bossuet 1627-1704 Né à Dijon, dans une ville qui donna saint Bernard à la France, Jacques-Bénigne Bossuet fut promis à l’Église dès le berceau. […] Louis XIV et Bossuet se reconnurent comme étant faits l’un pour l’autre. […] Prière de Bossuet parlant pour la première fois devant le roi O Dieu ! […] Il monta dans la chaire quand Bossuet en descendit. […] A un bon sens supérieur il alliait « le don de l’élocution, » et Bossuet put dire avec sincérité : « La noblesse de ses expressions vient de celle de ses sentiments.
Nous citerons, comme un modèle de narration oratoire, un passage de Bossuet où se trouve racontée, d’un style simple et grave, la conduite ferme et vigilante d’Henriette, reine d’Angleterre, pendant la guerre civile. […] Bossuet commence ainsi l’oraison funèbre de la duchesse d’Orléans. […] Bossuet veut-il exprimer le génie militaire du prince de Condé ? […] Avec quelle magnificence Bossuet expose l’interêt et la grandeur des enseignements de l’histoire ! […] Tel est cet immortel récit où Bossuet s’est en quelque sorte montré poëte et guerrier, sans cesser d’être orateur et chrétien.
C’est ainsi que Bossuet, dans l’oraison funèbre du prince de Condé, se propose de montrer que la piété est le tout de l’homme. […] Voyons comment Bossuet a su l’embellir et la couvrir de fleurs sans en altérer la force.
Bossuet (1627-1704.) […] On peut appliquer à Bossuet le jugement porté par Quintilien sur Démosthène : c’est qu’il fut la règle de l’éloquence elle-même168. […] Au moins nous sommes-nous attaché à montrer sous toutes ses faces, autant que possible, la richesse de cette prodigieuse nature, et à emprunter des modèles aux genres les plus divers où a excellé Bossuet.
Nos bons orateurs du siècle dernier tenaient beaucoup cette qualité précieuse du style : on la voit enrichir les chefs-d’œuvre des Bossuet, des Fléchier, des Bourdaloue et des Massillon. […] Exemple de périodes divisées en membres et en incises : Bossuet commence son Oraison funèbre de la reine d’Angleterre par ces deux belles périodes : Celui qui règne dans les cieux | et de qui relèvent tous les empires, | à qui seul appartient la gloire, la majesté et l’indépendance, | (membre composé de trois incises), Est aussi le seul qui se glorifie de faire la loi aux rois, | et de leur donner, quand il lui plaît, de grandes et terribles leçons. | (2e membre composé de deux incises.) […] Dans cette dernière période, par exemple, si Bossuet en eût dérangé la construction et se fût exprimé ainsi : la gloire, l’indépendance, la majesté, en de terribles et grandes leçons, quand il lui plaît, c’en était fait de l’harmonie : les expressions eussent toujours été les mêmes, mais quelque sonores et quelque bien choisies qu’elles soient, si elles ne sont pas placées avec goût, elles rendent la phrase désagréable à l’oreille. […] Rousseau, Bossuet, Fénelon, Fléchier, Buffon et Volney, etc.
Villemain dans l’éloquent morceau sur Pascal que contiennent ses Mélanges, le passage où cet écrivain décrit avec une admirable énergie la longue et étrange guerre de la violence et de la vérité… Démosthène, Chrysostome ou Bossuet, inspirés par la tribune, ont-ils rien de plus fort et de plus sublime que ces paroles jetées à la fin d’une lettre polémique ? […] , XV, 9 ; Corneille, Polyeucte, V, 3 ; et Bossuet, IIe partie, III, du Disc. sur l’hist.
Mais qu’au lieu du mot Dieu, Bossuet dise avec sa parole magnifique : « Celui qui règne dans les cieux et de qui relèvent tous les empires, à qui seul appartient la gloire, la majesté et l’indépendance, » il explique par cette périphrase comment et pourquoi Dieu « est aussi le seul qui se glorifie de faire la loi aux rois, et de leur donner, quand il lui plaît, de grandes et de terribles leçons. » Que Racine désigne Dieu par ces mots : Celui qui met un frein à la fureur des flots, nous concluons du plus au moins ou du même au même que celui-là Sait aussi des méchants arrêter les complots. […] Mais quand Bossuet veut faire sentir aux grands du monde tout le néant des grandeurs humaines, les faire pâlir et frissonner à l’idée des formidables coups de surprise de la mort, ah ! […] Ainsi dans Bossuet : « Le roi, la reine, Monsieur, toute la cour, tout le peuple, tout est abattu, tout est désespéré. » N’est-ce pas aussi à l’ellipse qu’appartient l’anacoluthe, littéralement, absence de compagnon, construction où l’auteur laisse désirer certains mots qui régulièrement devraient accompagner les autres ?
Lacordaire 1802-1861 [Notice] Né à Récey-sur-Ource, près de Dijon, dans la patrie de Bossuet, et de Saint-Bernard, Henri-Dominique Lacordaire termina de brillantes études vers l’époque où tombait l’empire : son cœur ressentit douloureusement les blessures de la France. […] Son oraison funèbre du général Drouot se soutient dans le voisinage de Bossuet.
On prendra pour exemple celle du prince de Condé par Bossuet. […] Bourdaloue et surtout Bossuet subissent l’influence du roi. […] Bossuet, par la même raison, l’emporte sur Fléchier. […] Bossuet arrivait donc à point. […] Les contemporains de Bossuet n’ont pas méconnu, comme on l’a souvent dit, le sermonnaire ; ils l’ont même mis au premier rang, mais Bossuet avait négligé de publier ses sermons.
C’est ainsi que Bossuet, dans son Oraison funèbre de Henriette-Marie de Francea, reine d’Angleterre, dit de Charles Ier b, son époux. […] En voici un bel exemple tiré de l’Oraison funèbre de Henriette-Anne d’Angleterrea, duchesse d’Orléans, par Bossuet. […] En voici une bien noble et bien belle, tirée de l’Oraison funèbre de Henriette-Marie de Francea, Reine d’Angleterre, par Bossuet. […] Voyez avec quelle force Bossuet, dans son Oraison funèbre de Henriette-Marie de France, reine d’Angleterre, trace le caractère du fameux Cromwella.
Bossuet, dans l’Oraison funèbre de la reine d’Angleterre, nous donne une grande idée du cœur de cette princesse en disant : Son grand cœur surpasse sa naissance : toute autre place qu’un trône eût été indigne d’elle. […] (Bossuet.) […] Ainsi Bossuet voulant nous montrer que Dieu seul est le maître absolu de tous les hommes, nous annonce d’abord que sa puissance s’exerce dans les cieux, et sur tous les empires du monde, puis il nous amène à conclure que ce Dieu peut alors élever et abaisser son gré les princes et les rois : Celui qui règne dans les cieux, de qui relèvent tous les empires, à qui seul appartient la gloire, la majesté, l’indépendance est aussi le seul qui se glorifie de faire la loi aux rois, et de leur donner, quand il lui plaît, de grandes et terribles leçons.