Ainsi, aux jours du moyen âge, on voyait des chrétiens quitter leur patrie pour se donner à quelque cathédrale qui se bâtissait sur les bords d’un fleuve étranger ; contents de leur journée, parce qu’elle avait servi, ils regardaient, le soir, de combien l’œuvre s’était avancée vers Dieu, et, lorsque, après vingt ou trente ans d’un obscur travail, la croix brillait au sommet du sanctuaire élevé de leurs mains, ils y jetaient un dernier regard, et, prenant leurs enfants et leurs souvenirs, ils s’en allaient, sans laisser leur nom, mourir en paix dans la bienheureuse pensée d’avoir fait quelque chose pour Dieu1.
On appelle étranger ou d’emprunt l’exorde qui ne vient point de la cause ou n’y convient pas parfaitement. […] Eviter les longs préambules étrangers au sujet. […] Se tenir en garde contre tout exorde banal, commun, étranger. […] De même Colbert dans sa lettre aux savants étrangers : Quoique le roi ne soit pas votre souverain, il veut être votre bienfaiteur. […] Voilà une proposition ; La Bruyère en fait une phrase en disant : Les hommes agissent mollement dans les choses de leur devoir, pendant qu’il s se font un mérite ou plutôt une vanité de s’empresser pour celles qui leur sont étrangères.
Il n’attirera point sur ses États le fléau de la guerre, parce qu’il regardera comme un crime de la porter sans raison dans les États étrangers.
D’une société de trois ou quatre intimes amis, il faut voler à l’opéra, à la comédie, voir des curiosités comme un étranger, embrasser cent personnes en un jour, faire et recevoir cent protestations ; pas un instant à soi, pas le temps d’écrire, de penser, ni de dormir.
. — Hospitium, hospice, maison où les étrangers sont reçus. […] Cic. — Hospitalitas, l’hospitalité, l’action de bien recevoir les étrangers. […] Sponsio, pactio, fœdus étaient les trois manières dont les peuples étrangers contractaient avec les Romains.
Voyez aussi cette phrase de Fléchier : citoyens, étrangers, ennemis, peuples, rois, empereurs le plaignent et le révèrent . Elle a bien plus de vivacité, d’énergie et de grâce, qu’elle n’en aurait eu, si l’orateur, faisant usage de l’article, avait dit : les citoyens, les étrangers, les ennemis, les peuples, les rois, les empereurs le plaignent et le révèrent.
On appelle ainsi dans l’épopée, comme dans le poème didactique, de petites actions subordonnées à l’action principale, pour délasser le lecteur par une variété étrangère à celle du sujet même : telle est, dans l’Énéide, l’aventure de Cacus, racontée par Évandre, et celle de Nisus et d’Euryale.
Il en résulte parfois qu’ils nous paraissent trop étrangers à nos défaillances.
L’usage du feu est étranger aux bêtes. — 13. […] Après Ancus régna Tarquin l’Ancien, d’une origine étrangère ; en effet il était fils de Démarate de Corinthe.
Tous les jours ils nous allèguent que le sujet qu’ils ont à traiter ne leur est pas familier, qu’ils n’ont rien vu des détails qui s’y rapportent, enfin qu’ils y sont complètement étrangers.
La brièveté consiste à ne point prendre les choses de trop loin, à ne s’attacher qu’aux circonstances nécessaires, à ne rien dire d’inutile, d’étranger à l’action, et à finir où l’on doit finir.