Son Avent (1699) et son Carème (1701-1704), prêchés devant Louis XIV, opérèrent de soudaines conversions, et le roi disait de lui : « Mon père, j’ai entendu plusieurs grands orateurs, j’en ai été fort content ; mais toutes les fois que je vous ai entendu, j’ai été mécontent de moi-même. » Nommé évêque de Clermont en 1717, il composa en six semaines son Petit Carème pour Louis XV enfant. […] Comme donc elle se sent piquée d’un certain appétit qui la rend affamée de quelque bien hors de soi, elle se jette avec avidité sur l’objet des choses créées qui se présentent à elle, espérant s’en rassasier ; mais ce sont viandes creuses, qui ne sont pas assez fortes et n’ont pas assez de corps pour la sustenter ; au contraire, la retirant de Dieu, qui est sa véritable et solide nourriture, ils la jettent insensiblement dans une extrême nécessité et dans une famine désespérée. »
Il a l’ampleur des périodes savantes, le ton grandiose et volontiers solennel, le tour naturel, l’expression simple et forte, la touche hardie, le dessin large et lumineux. […] Ce n’est pas, en effet, la prose de Voltaire, d’un tour aisé et d’une étoffe un peu légère, c’est la prose forte et laborieuse de Rousseau qui a servi de modèle à M. de Chateaubriand, le père de la littérature contemporaine.
Une âme forte est exempte de soucis et d’angoisses. — 12. […] Fortes fortuna adjuvat. — 3. […] Viri fortes veritatis amici esse debent. — 4. […] Je vous rends grâces de tout mon cœur : vous m’enseignez une science fort utile. — 5. […] Elles vivent fort longtemps.
Sur les contradictions apparentes du style d’Aristote, l’Index de la grécité Aristotélique de Bonitz (Berlin, 1870) est fort utile à consulter.
Le mot fatigare est aussi un terme fort simple. […] Marius est fort blâmable d’avoir fait mourir un grand nombre de citoyens. […] Je soupçonne fort que la méchanceté de cet homme sera déjouée. […] Ce participe futur, au genre neutre, est fort élégant, même dans les verbes intransitifs. […] Cette construction du gérondif en do est fort rare ; on y supplée par le participe en dus, da, dum, quand le verbe a un complément.
Ayant si bien en main le festin et la guerre, Vos gens en moins de rien courraient toute la terre ; Et ce serait pour vous des travaux fort légers Que d’y mêler partout la pompe et les dangers. […] Celles qui sont demeurées le plus célèbres sont le Comte d’Essex (1678) et surtout Ariane (1672) : cette dernière renferme des scènes touchantes et des vers fort heureux. […] C’est-à-dire, la vertu même : l’inversion que présente ce vers était un tour fort reçu, en prose comme en vers, du temps de Corneille.
Enfin, si l’on écrit comme l’on pense3, si l’on est convaincu de ce que l’on veut persuader, cette bonne foi avec soi-même, qui fait la bienséance pour les autres et la vérité du style, lui fera produire tout son effet, pourvu que cette persuasion intérieure ne se marque pas par un enthousiasme trop fort, et qu’il y ait partout plus de candeur que de confiance, plus de raison que de chaleur1. […] L’homme, qui ne peut que par le nombre, qui n’est fort que par sa réunion, qui n’est heureux que par la paix, a la fureur de s’armer pour son malheur et de combattre pour sa ruine : excité par l’insatiable avidité, aveuglé par l’ambition encore plus insatiable, il renonce aux sentiments d’humanité, tourne toutes ses forces contre lui-même, cherche à s’entre-détruire, se détruit en effet ; et après ces jours de sang et de carnage, lorsque la fumée de la gloire s’est dissipée, il voit d’un œil triste la terre dévastée, les arts ensevelis, les nations dispersées, les peuples affaiblis, son propre bonheur ruiné et sa puissance réelle anéantie. […] J’ai soupé hier fort tard, et on m’a retenu jusqu’à deux heures après minuit.
C’est quelque chose de fort semblable aux scrupuleuses discussions de notre Corneille dans ses Discours sur la Tragédie et dans les Examens de ses pièces.
. — Ce qui suit dans le texte est fort obscur.
De telles circonstances sont heureusement fort rares ; aussi, et quel que soit l’entraînement de l’imagination ou de la passion, en général, si vous passez la croyance, ne passez pas la mesure, et ne pouvant être dans la vérité, restez du moins dans la vraisemblance : quamvis est omnis hyperbole ultra fidem, non tamen debet esse ultra modum. […] Chimène ne peut mieux faire comprendre son amour à Rodrigue qu’en lui disant toute en larmes : Va, je ne te hais point… des dénégations répétées de la Fontaine : Ce n’était pas un sol, non, non, et croyez-m’en, Que le chien de Jean de Nivelle, je conclus la haute sagacité du prudent animal qui ne venait pas quand on l’appelait ; « Nec sum adeo informis… je ne suis pas si laid, » dit le berger de Virgile qui se croyait sans doute un fort beau berger.
Après s’être exercés quelque temps à reproduire un modèle, ils s’habitueront à penser par eux-mêmes ; ils n’imiteront plus que de loin ; ils pourront transporter dans un autre genre les pensées de l’auteur ; enfin ils se sentiront assez forts pour traiter sans secours tous les sujets qu’on pourra leur proposer. […] L’imagination de l’écrivain ou de l’artiste est d’autant plus forte que son âme est plus sensible.
Il s’élève une question sur la nature des richesses ; et, comme il n’est pas nécessaire de tenir les choses pour en raisonner, n’ayant pas un sou, j’écris sur la valeur de l’argent et sur son produit net ; sitôt, je vois du fond d’un fiacre se baisser pour moi le pont d’un château fort, à l’entrée duquel je laissai l’espérance et la liberté. […] « Je soussigné reconnais avoir reçu de damoiselle, etc… Marceline de Verte-Allure, dans le château d’Aguas-Frescas, la somme de deux mille piastres fortes, laquelle somme je lui rendrai à sa réquisition, dans ce château ; et je l’épouserai, par forme de reconnaissance, etc.
Que de douces matinées m’ont fait passer les Lettres de Sénèque à Lucilius, si spirituelles, si fortes, malgré l’exagération de quelques passages, et beaucoup moins entachées qu’on ne le dit de faux brillant et de sophismes ! […] Prend-on son livre pour devenir plus fort, plus courageux, plus homme de bien ?
Mais la connaissance générale des doctrines et de la langue philosophique d’Aristote s’est fort perfectionnée, depuis l’édition de Bekker, par des travaux comme les grands Index de Bonitz et de Heitz, par l’édition qui fait partie de la Bibliothèque grecque-latine de Firmin Didot, par beaucoup d’éditions et traductions spéciales des ouvrages du Stagirite.
Comparez le mot malicieux de Xanthias dans les Grenouilles d’Aristophane, v. 798 : Τί δέ; μειαγωγήσουσι τὴν τραγφδίαν La leçon ἀναγνώυσει pour ἀναγνωρίσει est fort séduisante.
Quel moyen que de nous-mêmes nous assemblions une infinité de qualités, dont les principes semblent contraires ; que nos écrits soient en même temps subtils et solides, forts et délicats, profonds et polis ; que nous accordions toujours ensemble la naïveté et l’artifice, la douceur et la majesté, la clarté et la brièveté, la liberté et l’exactitude, la hardiesse et la retenue, et quelquefois même la fureur et la raison » ?
Ce silence du grand philosophe tourmente fort l’auteur de la Jérusalem délivrée il craint d’y voir une condamnation tacite de ce genre d’ornement poétique.
Rapprochez tout de suite cette phrase de Bossuet ; « Semblable, dans ses sauts hardis et dans sa légère démarche, à ces animaux vigoureux et bondissants, il ne s’avance que par vives et impétueuses saillies, et n’est arrêté ni par montagnes ni par précipices. » Observez au contraire dans le Coche et la Mouche le rhythme brisé, haletant, laborieux du début : Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé, Et de tous les côtés au soleil exposé, Six forts chevaux tiraient un coche. […] Raymond, placé à la tête de la maison, qui, eu lisant curieusement et doctement les épreuves, reconnut que l’illustre écrivain, évitant dans sa phraséologie le plus de qui et de que possible, procédait par le participe présent avec une prédilection fort harmonieuse.
L’énergie et la véhémence sont plutôt le langage de la passion, de la spontanéité, du besoin d’entraîner, dût-on ne pas savoir jusqu’où l’on ira, de frapper fort, dût-on frapper moins juste. […] Un enfant touche légèrement un ressort, la machine commence à fonctionner et révèle son activité latente ; encouragé par ce premier succès, il appuie davantage, et la machine obéissante déploie toute sa puissance ; ce n’est pas assez, il pèse plus fort, encore, encore ;… mais alors le ressort se brise, vole en éclats, et ne laisse devant l’imprudent qu’une masse inerte et inutile.
On dit enfin que la critique est polie ou honnête lorsqu’elle est conforme aux bienséances, qu’elle s’interdit le ton de hauteur et de supériorité, les décisions tranchantes ou caustiques, les expressions dures ou seulement trop fortes. […] Vous êtes contraire à vous-même ; un fantôme de vertu vous rend ombrageux, et vous me faites bien sentir la vérité de ce qu’on dit, qu’il faut une âme forte pour oser faire les grands crimes.
Je vois bien que je vous embarrasse, et que vous vous passeriez fort aisément de ma vue. […] Il semble, à vous ouïr parler, que ces règles de l’art soient les plus grands mystères du monde : et cependant ce ne sont que quelques observations aisées que le bon sens a faites sur ce qui peut ôter le plaisir que l’on prend à ces sortes de poëmes3 ; et le même bon sens qui a fait autrefois ces observations les fait fort aisément tous les jours sans le secours d’Horace et d’Aristote.
Le premier redoutable, mais suspect à ses juges, qui, à force de le croire habile, le regardaient comme dangereux : le second, précédé au barreau par cette réputation d’honnête homme, qui est la plus forte recommandation d’une cause, la première qualité de l’avocat, et peut-être la première éloquence de l’orateur.
Au contraire, un jeune homme né pour la vertu, que la tendresse d’une mère retient dans les murailles d’une ville forte, pendant que ses camarades dorment sous la toile et bravent les hasards, celui-ci qui ne risque rien, qui ne fait rien, à qui rien ne manque, ne jouit ni de l’abondance, ni du calme de ce séjour : au sein du repos, il est inquiet et agité ; il cherche les lieux solitaires ; les fêtes, les jeux, les spectacles ne l’attirent point, la pensée de ce qui se passe en Moravie2 occupe ses jours, et pendant la nuit il rêve des combats qu’on donne sans lui3 1.
On va voir si Eschyle lui-même, le sombre, le tragique Eschyle a des conceptions plus fortes ; et si jamais le génie de la terreur a rien inspiré aux poètes d’aucun temps, qui puisse approcher, même de loin, du tableau que nous allons mettre sous les yeux du lecteur. […] quelle heureuse réunion des pensées les plus fortes et des images les plus poétiques.
Votre bon cœur est pressé de reconnaissance et d’amitié pour moi ; je vous permets de le dire ; car je suis fort touchée de ces sentiments, et ce sont des vertus : mais il fallait le dire sans chercher des termes et des expressions plus propres à une déclamation qu’à une lettre. » L’autre excès est le trop de négligence. […] Mon cher frère, je me figurerais en votre place, qu’en tout état et en tout temps, je dois être modeste ; et quoique les bien faits du Roi honorent ses plus grands sujets, je m’en tiendrais dans ce sens fort glorieux ; mais j’irais aussi jusqu’à considérer dans ce bienfait ma patrie entière, et je ferais en sorte que ma conduite fût l’expression de ma reconnaissance.
Amelot de la Houssaye a traduit de l’espagnol un fort bon ouvrage, intitulé : L’Homme de cour, par Balthasar Gracïan. […] Ce sont des méditations pour tous les jours de l’année, partagées en deux points, courtes, pleines de choses, et qui n’occupent, au nombre de trois cent soixante-six, qu’un seul volume in-12 … Quand je parle de la méditation, je la distingue fort de l’oraison.
Dis-lui que de mon fils l’amour est assez fort… Crois-tu que dans son cœur il ait juré sa mort ? […] Phœnix même en répond, qui1 l’a conduit exprès Dans un fort éloigné du temple et du palais.
Un souffle les emporte ; La force la plus forte, C’est un cœur innocent ! […] La meilleraie 2 Mon frère, la tempête a donc été bien forte ; Le vent impétueux qui souffle, et nous emporte De récif en récif, A donc, quand vous partiez, d’une aile bien profonde Creusé le vaste abîme, et bouleversé l’onde, Autour de votre esquif, Que1 tour à tour, en hâté, et de peur du naufrage, Pour alléger la nef en butte au sombre orage, En proie au flot amer, Il a fallu, plaisirs, liberté, fantaisie, Famille, amour, trésors, jusqu’à la poésie, Tout jeter à la mer !
Mais nos jeunes versificateurs feront bien d’être sévères pour eux-mêmes, sur ce chapitre, et de ne pas écrire, par exemple, je voi, je croi, pour je vois, je crois ; ni, à plus forte raison, tu voi, tu croi, pour tu vois, tu crois. […] *** Il survivrait, coupable, à la honte, au remord, Plus vivant que la vie, et plus fort que la mort. […] Non, princes, ce n’est point au bout de l’univers Que Rome fait sentir tout le poids de ses fers : Et de près inspirant les haines les plus fortes, Tes plus grands ennemis, Rome, sont à tes portes.
Tout est peint dans un détail de circonstances affreuses : l’image du danger est exprimée dans chaque parole de l’historien ; et jamais tableau n’a paru plus fini dans l’histoire, ni touché de plus fortes couleurs et avec de plus grands traits. […] La simplicité du style fait le caractère propre des historiens sacrés : mais c’est une simplicité, tantôt majestueuse, tantôt énergique, tantôt naïve, tantôt pleine de douceur, et toujours une simplicité sublime, qui transporte et maîtrise l’âme ; simplicité admirable, qui seule serait pour l’homme qui réfléchit, une bien forte preuve de la vérité des écritures. […] Le savant Larcher a donné une fort bonne traduction de cette histoire, qu’il a enrichie d’excellentes notes.
3° Le sublime d’image, qui représente une action et peint un objet, avec des couleurs vives et fortes, comme dans ces vers où Corneille parle de l’attitude de Pompée devant ceux qui allaient l’assassiner : ………………… et s’avance au trépas Avec le même front qu’il donnait les États. […] Il ne faut pas le confondre avec cette figure de rhétorique par laquelle l’orateur exprime souvent un mouvement de dépit, d’indignation ou quelque forte émotion. […] Le temps fort sur lequel la voix montait s’appelait ἀρσὶς, et le temps faible où la voix s’abaissait prenait le nom de θέσις. […] La syllabe sonore est celle qui fait entendre un son fort après la consonne du radical. […] Ils ont été fort en vogue chez nos anciens poètes.
Cic. — Oppidum (de opes), place forte. […] Densus aër est moins fort que crassus aër. — Spissus se dit. d’une forêt, d’un buisson. […] Fort en reparties ingénieuses. — Facetiæ, facéties, enjouement, soit dans les paroles, soit dans les actions. […] Hor. — Procerus, fort haut, fort long. […] Interire est plus général et plus fort que perire.
Lorsque l’adjectif exprime la qualité d’un objet à un très haut degré, il est au superlatif absolu ; et il est précédé du mot très ou fort : = l’homme savant et modeste est très estimable. […] Ainsi, aigu fait au féminin aiguë : blond, blonde ; dur, dure ; égal, égale ; fort, forte ; grand, grande ; méchant, méchante ; niais, niaise ; perclus, percluse ; sensé, sensée ; vrai, vraie. […] Moule, signifiant un petit poisson enfermé dans une coquille, est féminin : = une grosse moule ; de fort bonnes moules.
Ce qui rehausse la gloire de cet Orateur, c’est qu’en louant les morts, il donne aux vivants les leçons les plus fortes et les plus touchantes. […] Il récapitulera ensuite les preuves les plus convaincantes et les plus décisives qu’il aura développées, et mettra en usage, pour intéresser les Juges et se les rendre favorables, tout ce que l’éloquence a de plus fort, de plus agréable et de plus touchant. […] La connaissance des places fortes du royaume, de leur situation, des postes qu’il est important de fortifier, et du nombre actuel des troupes qui les gardent, est absolument nécessaire pour parler touchant la sûreté des frontières. […] Quant aux matières d’état qui se traitent dans le cabinet des princes, on peut conjecturer que les ministres mettent tout leur soin à faire des rapports exacts, à appuyer leur avis par des raisons fortes et solides, sans blesser le respect dû au souverain, et les égards qu’ils doivent à leurs pareils.
Le discours éloquent que nous parcourons est terminé par un morceau de la sensibilité la plus vraie sur la mort de M. de Vauvenargues, jeune homme qui annonçait une âme forte, et qui, bien dirigé, eût donné peut-être aux lettres et à la philosophie un second Pascal.
« Les poëtes, dans la peinture des mœurs de la vieillesse, font reconnoître la foiblesse de l’âge, et celle du sexe dans la peinture des mœurs des femmes : elles sont moins propres que les hommes, soit à cause de la délicatesse des fibres, soit à cause de la frivole éducation qu’on leur donne, à soutenir des inclinations fortes et égales.
La plupart des traités sur l’art d’écrire sont des rhétoriques où l’on enseigne fort au long la manière de composer un discours.
Il y a un ton, un accent pour la colère, et cet accent doit être vif, prompt et coupé ; il y en a un autre pour la douleur et la plainte : il est touchant, égal, mêlé de quelques interruptions, accompagné de gémissements ; un autre encore pour la crainte, humble, hésitant, bas et faible le ton de la violence est pressant, véhément, menaçant, impétueux ; l’accent du plaisir est doux, tendre, plein d’abandon ; le chagrin qui ne cherche point à inspirer la pitié, prend un ton grave, sombre, uniforme. » Telles sont les recommandations générales de Cicéron qui nous semblent fort utiles aux lecteurs ou aux orateurs qui ne veulent point affecter désagréablement leur auditoire par une prononciation froide ou monotone.
Mais les passions furent plus fortes que la sagesse.
J’aurais cependant fort souhaité de pouvoir être témoin de votre conduite ; je m’attends que vous m’en rendrez compte ; car, sans cela, au lieu de prospérités, je vous souhaite les jalousies réciproques, l’incompatibilité d’humeur, une belle-mère acariâtre, des beaux-frères querelleurs, des belles-sœurs ennuyeuses et aimant lire de mauvais romans, de la fumée en hiver, des moustiques en été, des fermiers qui payent mal, de fâcheux voisins, des procès à foison, des valets qui vous volent, un méchant cuisinier, une femme de chambre maladroite, un carrosse mal attelé, un cocher ivrogne, de l’eau trouble, du vin vert, du pain de Beauce2, des créanciers impatients, un bailli3 chicaneur, des lévriers au coin du feu, des chats sur votre lit, un curé qui prêche mal et longtemps, un vicaire mauvais poëte.
Napoléon 1696-1821 [Notice] Toute âme supérieure, au moment où elle s’anime, peut se dire maîtresse de la parole : car une pensée forte et vive emporte nécessairement avec elle son expression.
Ne perdez point de vue, au fort de la tempête, Ce panache éclatant qui flotte sur ma tête ; Vous le verrez toujours au chemin de l’honneur.
Dacier : « Enfin elle ne reçut que fort tard la grandeur et la gravité qui luy sont convenables, car elle ne se deffit qu’avec peine de ses petits sujets et de son style burlesque, qu’elle avoit retenu de ces pièces satyriques, d’où elle sortoit. » Batteux : « On donna aux fables plus de grandeur, et au style plus d’élévation.
Quant aux six autres, Ritter les rapporte : 1° aux mots étrangers, 2° à la métaphore, 3° à l’accent, 4° à la ponctuation, 5° à l’ambiguïté des termes, 6° à l’usage, et il compare fort à propos cette fin du chapitre xxv avec le chapitre iv des Réfutations sophistiques ce qui ne l’empêche pas de regarder tout ce chapitre xxv comme une interpolation.
On lui donne un grand vilain nom, dont l’épithète est fort jolie : c’est un rhumatisme volant.
Leur forte culture est devenue plus nécessaire aujourd’hui qu’autrefois, aux hommes publics obligés de faire prévaloir leurs pensées par la parole, et de donner les raisons de leurs actes.
Fénelon raconte la mort tragique du fils d’Idoménée, et il nous la rend fort touchante par l’emploi d’une belle comparaison. […] Il ne nous appartient point ici d’en développer les avantages ; mais nous dirons avec La Harpe, qu’il est nécessaire d’étudier la logique, même avant la rhétorique, et qu’elle est l’appui le plus fort de l’éloquence. […] Casimir Delavigne, dans sa tragédie les Enfants d’Édouard ; l’amour de la patrie, si profondément gravé dans le cœur de tous les hommes, et l’amour non moins puissant du sol natal, qui exerce une influence si forte sur les animaux eux-mêmes, sur les oiseaux, sur les abeilles comme nous le confirme le savant Alibert en parlant un jour de ces dernières.
Il ne peut être que fort dangereux pour moi, sans doute, de me trouver, en fait d’éloquence, d’un autre avis que M. le cardinal Maury : mais il ne me paraît pas avoir rendu à ce Panégyrique et à l’Éloge funèbre des officiers, toute la justice que méritent ces deux productions.
Fort heureusement pour nous, deux hommes d’un savoir exact et d’une érudition éprouvée, moins élevés assurément que les auteurs précédemment nommés, mais plus accessibles aux classes de nos collèges, pour lesquelles ils ont d’ailleurs précisément travaillé, l’abbé Batteux et Domairon, nous ont laissé des ouvrages où se trouve tout ce que les jeunes gens peuvent désirer de savoir sur l’objet qui nous occupe ici : l’un y a consacré trois volumes de ses Principes de littérature l’autre a écrit pour le même objet sa Rhétorique française et sa Poétique française en deux volumes.
Fragment de préface J’avais un de mes amis en Limousin qui habitait une forte méchante maison.
. — Ces observations nous paraissent fort justes.
Ce petit genre de poésie était fort en usage chez les anciens. […] La Chanson est un poème fort court, auquel on joint un air pour être chanté.
Si, comme nous nous sommes efforcés de le démontrer déjà, l’orateur est rarement pathétique, rarement très éloquent, lorsque sa langue et son cœur ne sont point d’intelligence ; et si ce principe est rigoureusement vrai, par rapport aux genres d’éloquence que nous avons examinés, à combien plus forte raison ne doit-il pas l’être pour la prédication ?
Sitôt que Henri se fut approché de Rouen, se saisissant des postes avantageux, et brûlant les moulins jusqu’aux portes, les bourgeois, extrêmement alarmés, témoignèrent si peu de résolution de se défendre, quoique le duc d’Aumale et Brissac, qui étaient dans la ville avec douze cents chevaux, tâchassent de les rassurer, et crièrent si fort au secours, qu’il fallut que le duc de Mayenne y vînt lui-même avec toute son armée.
Il s’élève une question sur la nature des richesses, et, comme il n’est pas nécessaire de tenir les choses pour en raisonner, n’ayant pas un sou, j’écris sur la valeur de l’argent et sur son produit net ; sitôt, je vois du fond d’un fiacre se baisser pour moi le pont d’un château fort, à l’entrée duquel je laissai l’espérance et la liberté.
Voilà un trait fort éloquent dans son amère ironie.
Casimir Delavigne 1794-1843 [Notice] Doué d’une imagination brillante et facile, d’une sensibilité tendre et généreuse, nourri de fortes études, Casimir Delavigne fut un artiste consciencieux qui, fidèle aux exemples des maîtres, les suivit pieusement dans toutes les voies où ils guidèrent son talent.
Un des principaux moyens de l’acquérir est de diminuer cette forte impression que les défauts des autres font sur nous.
Mâle, n. m. et adj. m. l’opposé de femelle, fort, vigoureux.
Dix-huit années de préparation studieuse à laquelle s’ajouta l’expérience du monde nourrirent sa forte éloquence, qui, à partir de 1669, se multiplia sans relâche pour semer le bon grain.
Il a l’ampleur des périodes savantes, le ton grandiose et volontiers solennel, le tour naturel, l’expression simple et forte, la touche hardie, le dessin large et lumineux.
Ce sont les accidents extraordinaires qui lui font considérer ce qu’il en retire ordinairement d’utile, et que1, sans le commandement, il serait lui-même la proie du plus fort, il ne trouverait dans le monde ni justice, ni raison, ni assurance pour ce qu’il possède, ni ressource pour ce qu’il avait perdu ; et c’est par là qu’il vient à aimer l’obéissance, autant qu’il aime sa propre vie et sa propre tranquillité1.
179Le sage et l’imprudent, et le faible et le fort, Tous sont précipités dans les mêmes abîmes : Le cœur juste et sans fiel, le cœur pétri de crimes, Tous sont également les vains jouets du sort. […] Loin des ambitieux, de Rome et du fracas, À l’abri de ces vents qui portent le trépas, Retiré dans mon fort, qu’ai-je de mieux à faire Que d’égayer un peu ma muse familière ?
Les philosophes y coudoient les fanatiques ; le scepticisme y avoisine les fortes convictions ; l’ironie s’y mêle à l’enthousiasme ; tous les contrastes s’y heurtent au milieu d’une effervescence où le moindre choc d’opinions provoque des explosions redoutables. […] Un siècle qui nous offre de pareils noms a préparé d’avance l’heure privilégiée où le génie français, fidèle à sa nature, formé par la religion, la philosophie et l’antiquité, conservant de ses agitations civiles une émotion sans trouble, et fort de sa foi politique, aura cette heureuse proportion, ce parfait équilibre de hardiesse et de prudence, d’imagination et de raison, qui est le caractère éminent d’une grande époque littéraire.
Mais si leur voix n’est pas assez forte, écoutez Jésus-Christ qui se joint à eux : « Ingrat, déloyal, vous dit-il, tu manges5 et tu te reposes à ton aise ; et tu ne songes pas que je suis souffrant en cette maison, que j’ai la fièvre en cette autre, et que partout je meurs de faim, si tu ne m’assistes6. » La royauté Certes, ce ne sont ni les trônes, ni les palais, ni la pourpre, ni les richesses, ni les gardes qui environnent le prince, ni cette longue suite de grands seigneurs, ni la foule des courtisans, non1, non, ce ne sont pas ces choses que j’admire le plus dans les rois. […] Comme elle se sent forte et vigoureuse, elle bannit la crainte et tend les voiles de toutes parts à l’espérance qui l’enfle et qui la conduit6.
Il dit fort posément ce dont on n’a que faire, Et court le grand galop quand il est à son fait. […] Il est fort à la mode.
Vous avez en général besoin de vous pénétrer du sentiment de votre force et de la dignité qui convient à l’homme libre : divisés et pliés depuis des siècles à la tyrannie, vous n’eussiez pas conquis votre liberté ; mais sous peu d’années, fussiez-vous abandonnés à vous-mêmes, aucune puissance de la terre ne sera assez forte pour vous l’ôter. […] Ses places fortes, ses capitales, ses magasins, deux cent quatre-vingts drapeaux, sept cents pièces de bataille, cinq grandes places de guerre, sont en notre pouvoir.
Ce passage est fort obscur.
Il ne contribua pas peu par son délicat enjouement à polir, à épurer notre langue et à lui donner plus de facilité et de finesse, tandis que Balzac la rendait plus forte, plus généreuse et plus sonore.
Vain par-dessus tout et fort épris de lui, La Rochefoucauld a donné, et c’est là son tort, l’intérêt et la vanité comme les principes de nos sentiments, de nos pensées et de nos actions : on peut voir le Journal des savants, année 1851, p. 714.
Et qu’aurait fait l’innocence, Si l’outrageuse licence, De qui le souverain bien Est d’opprimer et de nuire, N’eût trouvé pour la détruire Un bras fort comme le tien ?
En dépouillant toute une bibliothèque pour en condenser la substance ou la fleur, nous n’avons pas songé surtout, comme un autre recueil fort estimable, à former les aptitudes oratoires du rhétoricien.
Une fort belle esquisse de Rubens, qui représente un tournoi, explique comment, avec ce jupon de fer, on pouvait cependant monter à cheval.
En dépouillant toute une bibliothèque pour en condenser la substance ou la fleur, nous n’avons pas songé surtout, comme tel autre recueil fort estimable, à former les aptitudes oratoires du rhétoricien.
Cette dernière traduction est restée fort estimée, malgré la disposition au moins singulière que lui donna son auteur. […] Les effets de terreur et de pitié peuvent être inhérents au jeu scénique ; mais ils peuvent aussi prendre leur source dans la constitution même des faits, ce qui vaut mieux et est l’œuvre d’un poète plus fort. […] On est fort en tous ces effets, ou seulement en quelques-uns d’entre eux. […] Car, si un tel brave le danger sans nécessité, à plus forte raison le fera-t-il lorsqu’il sera beau de le faire, et s’il est capable de faire des largesses au premier venu, à plus forte raison en fera-t-il à ses amis, car c’est le plus haut degré de la vertu que de rendre service à tout le monde. […] Leurs colères sont vives, mais peu fortes, et le désir ou les a quittés, ou se montre faiblement ; par suite, ils sont incapables ou d’avoir des désirs, ou de mettre à exécution ceux qu’ils peuvent avoir, à moins que ce ne soit en vue d’un profit.
Celui qui est fort riche, mais qui ne possède pas le bonheur, est supérieur à l’homme heureux, seulement en deux points : celui-ci est au-dessus du riche, pour plusieurs raisons. […] D’ailleurs, les villes et les places fortes de l’Afrique ne sont ni entourées de murs, ni construites sur des montagnes ; situées en plaine, sans fortifications, alarmées par la crainte d’une ruine prochaine, toutes seront disposées à s’associer à notre expédition. […] Aujourd’hui, je ne me serais pas présenté devant vous pour vous adresser un discours, si j’étais guidé par une détermination personnelle ou par une espérance irréfléchie, ou par un désir quelconque plus fort que cette espérance. […] La Grèce est un pays où la pauvreté a toujours été en honneur ; mais à la pauvreté s’est adjointe la vertu, fille de la sagesse et de la loi qui est forte ; grâce à son secours, la Grèce repousse loin d’elle et la pauvreté et la domination. […] Jamais non plus personne n’a pu persuader à la république d’Athènes de prendre le parti du plus fort, en n’agissant pas conformément à la justice, ni de vendre sa liberté pour obtenir son salut ; mais elle a toujours persisté à combattre pour la prééminence et à s’exposer aux dangers pour l’honneur.
Le sublime fait naître des sensations trop fortes pour être durables ; celles qui résultent du beau sont susceptibles d’une plus longue durée.
Quand le poète a épuisé tous les côtés saillants de son sujet, il l’abandonne pour ne pas affaiblir l’impression qu’il a produite : l’inspiration dure peu, surtout quand elle est forte ; elle s’épuise par elle-même.
Cet éloge, qui nous paraît aujourd’hui fort exagéré, était si bien dans l’opinion commune au xviie siècle, que Lancelot, à la fin de son Traité de versification française, n’hésite pas à dire : « Il n’y a guère d’ouvrages en vers qui soient plus beaux que le sonnet, ni aussi plus difficiles.
Dix-huit années de préparation studieuse, à laquelle s’ajouta l’expérience du monde, nourrirent sa forte éloquence, qui, à partir de 1669, se multiplia sans relâche, pour semer le bon grain.
Voici comme il s’en exprime, dans un article, d’ailleurs fort indulgent, sur le meilleur ouvrage de Thomas, son Essai sur les Éloges.
) Et quand Ovide, d’après toutes les cosmogonies existantes, nous dira que cet être, quel qu’il fût, fit l’homme à l’image des dieux, Finxit in effigiem moderantûm cuncta Deorum, il s’ensuit que la copie d’un modèle qui n’existe que dans le vague, et qui est tout ce que l’on veut qu’il soit, ne peut être que quelque chose de fort imparfait, et qui laisse toujours beaucoup à désirer.
Un singe la ramasse ; Vite entre deux cailloux la casse, L’épluche, la mange, et lui dit : — Votre mère eut raison, ma mie, Les noix ont fort bon goût, mais il faut les ouvrir.
Il est vrai que l’âme de ce scélérat, ainsi décrite, inspire à notre cœur le plus vil mépris, l’aversion la plus forte.
Elle est au moins plus délicate que forte, et, ayant sa puissance bornée, ou elle ne porte pas plus loin que les sens, ou, pour le plus, elle ne touche que légèrement le dehors de l’âme.
Le canon tirait contre la maison ; mais, les pierres étant fort molles, il ne faisait que des trous et ne renversait rien.
Il dit quelque part fort heureusement : « Il n’est point de prairie qu’une danse de bergères ne rende plus riante, ni de tempête que le naufrage d’une barque ne rende plus terrible. » 1.
Toutefois je ne trouve pas fort étrange qu’un esprit grand et généreux comme le vôtre ne se puisse accommoder à ces contraintes serviles auxquelles on est obligé dans la cour ; et puisque vous m’assurez tout de bon que Dieu vous a inspiré de quitter le monde, je croirais pécher contre le Saint-Esprit si je tâchais à vous détourner d’une si sainte résolution1 ; même vous devez pardonner à mon zèle, si je vous convie de choisir Amsterdam pour votre retraite, et de préférer cette ville, je ne dirai pas seulement à tous les couvents des capucins et des chartreux, mais aussi à toutes les plus belles demeures de France et d’Italie2.
J’avais fait un voyage par un fort beau temps, et sans accidents, jusqu’à la dernière journée.
Ce ne sont pas seulement des hommes à combattre : ce sont des montagnes inaccessibles, ce sont des ravines et des précipices, d’un côté ; c’est, de l’autre, un bois impénétrable, dont le fond est un marais, et derrière, des ruisseaux, de prodigieux retranchements : ce sont partout des forts élevés et des forêts abattues qui traversent des chemins affreux ; et au-dedans, c’est Merci avec ses braves Bavarois, enflés de tant de succès et de la prise de Fribourg : Merci, qu’on ne vit jamais reculer dans les combats ; Merci, que le prince de Condé et le vigilant Turenne n’ont jamais surpris dans un mouvement irrégulier, et à qui ils ont rendu ce grand témoignage, que jamais il n’avait perdu un seul moment favorable, ni manqué de prévenir leurs desseins, comme s’il eût assisté à leurs conseils.
Vous me mandez impérieusement que, malgré nos gaillardises passées, je sois encore votre ami, afin que vous soyez encore le mien ; comme si votre amitié me devoit être fort précieuse après cette incartade, et que je dusse prendre garde seulement au peu de mal que vous m’avez fait, et non pas à celui que vous m’avez voulu faire.
De plus, il convient de s’attacher aux circonstances les plus propres à caractériser l’objet décrit, à en marquer les traits d’une manière forte et prononcée, et de choisir celles qui offrent quelque chose de neuf et d’original, qui peuvent saisir l’imagination et tenir l’attention fixée. […] Parmi les caractères les plus remarquables, nous mentionnerons la Femme Forte de l’Écriture, le Glorieux de Théophraste, le Fat, le Docteur et l’Homme Docte de La Bruyère, le Vrai Chrétien de Massillon, le Disputeur de Rulhière, le Chevalier d’Aimé Martin, la Jeunesse du jour de Colin d’Harleville, et les Petits Savoyards. […] Cette exposition a pour effet de surprendre, d’étonner, d’impressionner d’une manière aussi forte qu’agréable. […] … Je vous dirai aussi que vous me feriez plaisir de vous attacher à votre écriture ; je veux croire que vous avez écrit votre lettre fort vite ; le caractère en paraît beaucoup négligé.
« Je me souviens, dit quelque part Montesquieu, qu’en sortant d’une pièce intitulée Esope à la cour, je fus si pénétré du désir d’être plus honnête homme que je ne sache pas avoir formé une résolution plus forte. » Honneur à Boursault qui sut choisir un sujet assez moral pour inspirer un si beau désir à une si belle âme !
La critique a beau élever sa voix sévère, le mal est plus fort que la raison et la vérité36.
Un conte de trois pages ne s’appellera jamais un roman ; tandis qu’un roman est, dans toute la rigueur du terme, un conte suffisamment long ; et, comme il y a des contes qui sont, en effet, fort longs, il est évident qu’on pourrait les appeler tout aussi bien des romans.
Ils ont beau vers le ciel leurs murailles accroître, Beau d’un soin assidu travailler à leurs forts, Et creuser leurs fossés jusqu’à faire paroître Le jour entre les morts7.
. — Vir, homme, tiré de la racine primitive vi, force, désigne un homme fort, courageux ; et, par analogie, un homme de cœur, un homme de mérite.
Le grand allongement des mâchoires est la principale cause de la différence entre la tête des quadrupèdes et celle de l’homme : c’est aussi le caractère le plus ignoble de tous ; cependant, quoique les mâchoires du cheval soient fort allongées, il n’a pas comme l’âne un air d’imbécillité, ou de stupidité comme le bœuf.
La Macédoine, son ancien royaume, tenu par ses ancêtres depuis tant de siècles, fut envahi de tous côtés comme une succession vacante, et après avoir été longtemps la proie du plus fort, il passa enfin à une autre famille. […] Des cent quarante-deux livres qui composaient ce magnifique ouvrage, il ne nous en reste qu’une trentaine ; et fort heureusement un epitome ou abrégé de l’ouvrage entier, rédigé par un auteur inconnu.
Elle proscrit le ton de hauteur et de supériorité, les décisions fastueuses et caustiques, les expressions dures ou même trop fortes.
Aussi les critiques qui ont voulu parler du genre épistolaire ont-ils cherché inutilement et fort arbitrairement à en restreindre l’étendue, ou bien ils se sont bornés à caractériser les œuvres de ceux qui s’y sont fait un nom.
Le jeune homme, qui n’estoit point lourdaut de luy mesme, le feit vouluntiers, sans rien repliquer au contraire6 : et quand il eut demouré quelque temps auprès de luy, estant tousjours à l’entour de sa personne, il commença à congnoistre et gouster la bonté de son naturel, et l’affection7 et intention qui le mouvoit à faire ce qu’il faisoit, l’austérité de sa vie ordinaire et sa constance à supporter tous travaux, sans jamais se lasser : dont il se prit à8 l’aimer et honorer fort affectueusement, et depuis alla preschant9 à ses parents et amis que Lycurgus n’estoit pas ainsi rude ne rebours comme10 il sembloit de prime face11, ains estoit le plus doulx et le plus aimable envers les autres qu’il estoit possible.
C’est alors que, fort de leur propre conscience qu’il a dévoilée, et dont il connaît tous les secrets, il prend hautement la parole pour eux, et multiplie ses réponses, qui les laissent sans réplique.
Là où les imaginations ont perdu cette première candeur, le poète épique ne saurait naître ; il appartient à la jeunesse des nations et des idiomes ; seulement, si la nation est rude et l’idiome grossier, on a ces longs récits en vers qui amusaient nos aïeux ; si, au contraire, la nouvelle langue est belle et forte dès son origine, on entend la voix du Dante.
Fermée à l’ennemi1, la maison s’ouvre au jour, Légère comme un kiosk, forte comme une tour.
Vauvenargues n’a pas ce courage intéressé qui aime la guerre pour l’avancement, pour ce qu’elle rapporte, et place l’héroïsme à intérêts ; ce qui lui plaît, c’est la mort qu’on brave, c’est l’emploi des qualités fortes, la fermeté, la patience, les nuits laborieuses, les longues marches, avec la faim et la soif pour compagnes, tout ce qui trempe l’âme, tout ce qui l’élève.
On doit éviter comme contraires à l’harmonie : 1° La répétition trop fréquente de la même lettre, surtout celle des consonnes doubles, des consonnes fortes et aspirées, comme les lettres p, q, r, f, k, s, t, x. […] Au dessus de cent, le nombre le plus fort précède toujours le plus petit, avec ou sans et. […] De même, pour reproduire des sons durs et pénibles à entendre, il faut multiplier les syllabes rudes, les mots où abondent les consonnes fortes et les aspirées.
Mes yeux virent Sisyphe, et cette énorme pierre, Qu’avec de longs efforts il roulait sur la terre ; Son corps demi-penché, ses bras forts et nerveux Poussaient au haut du mont ce rocher raboteux.
le charme de sentir est-il si fort que nous ne jouissions rien prévoir ?