La mort de Socrate philosophant tranquillement avec ses amis est la plus douce5 qu’on puisse désirer ; celle de Jésus expirant dans les tourments, injurié, raillé, maudit de tout un peuple, est la plus horrible qu’on puise craindre. […] Voici un rêve de bonheur qui vaut bien celui de Rousseau ; je le rencontre dans Furetière : « Que l’on serait heureux si l’on pouvait avoir des livres choisir, et des amis plus encore !
voilà, chères amies, voilà ce qui me détermine à mourir, etc. ». […] Soit donc qu’on les ait reçues de ses pères, soit qu’on les ait acquises par son travail et par son industrie, pourvu que ce soit par des voies légitimes, elles ne peuvent que rendre un homme plus estimable, lorsqu’il en ennoblit l’usage, par des libéralités qu’il verse dans le sein de ses amis, des gens de mérite, des malheureux. […] Chercher, par exemple, à procurer un emploi à son ami, c’est une chose honnête. […] Éloignés de leurs amis par tant de terres et par tant de mers, dans un pays où l’on ne pouvait les entendre, où l’on ne voulait pas même les écouter, ils eurent recours à M. de Lamoignon, comme à un homme incorruptible, qui prendrait le parti des faibles contre les puissants, et qui débrouillerait ce chaos d’incidents et de procédures, dont on avait enveloppé leur cause. […] Et vous, ne viendrez-vous pas à ce triste monument, vous, dis-je, qu’il a bien voulu mettre au rang de ses amis ?
Ce prince magnifique et généreux s’étant souvenu un soir qu’il n’avoit rien donné dans la journée, dit cette parole à jamais mémorable : Mes amis, voilà un jour que j’ai perdu.
dit un fourbe, il est de mes amis : Je l’ai connu laquais avant qu’il fût commis : C’est un homme d’honneur, de piété profonde, Et qui veut rendre à Dieu ce qu’il a pris au monde. […] Un gros de nos amis, etc. […] cher ami, demeure, Demeure ; il n’est pas temps… Je veux que ce chrétien, Devant elle amené… Non… Je ne veux plus rien… Je me meurs,… Je succombe à l’excès de ma rage. […] Richelieu, grand, sublime, implacable ennemi ; Mazarin, souple, adroit, et dangereux ami : L’un fuyant avec art, et cédant à l’orage ; L’autre aux flots irrités opposant son courage : Des princes de mon sang ennemis déclarés ; Tous deux haïs du peuple, et tous deux admirés ; Enfin, par leurs efforts ou par leur industrie, Utiles à leurs rois, cruels à la patrie. » Voltaire, Henriade, ch. […] Rousseau, sous un des arbres de l’avenue de Vincennes, un jour qu’il allait voir son ami Diderot, qui était retenu prisonnier dans le donjon : Ô Fabricius !
Car nous nous garderons de confondre avec les lettres véritables des ouvrages complets, soit traités philosophiques ou didactiques, soit romans, qui se présentent sous la forme épistolaire ; à peine a-t-on commencé à lire ces prétendues lettres, qu’on voit apparaître un auteur qui parle, non à un ami, mais au public.
Une lettre ne doit point être allongée sans nécessité, excepté entre amies qui aiment à causer. […] Les lettres de demande entre amies sont affranchies de toutes règles. […] Les supérieurs ont seuls le droit d’écrire des lettres de conseils ; entre amies, il ne faut donner de conseils qu’autant qu’on y est invitée. […] Ô mes amis, que Dieu vous garde un père ! […] on connaît ses amis.
Il fit assassiner le vieux Parménion, qui lui avait rendu les services les plus signalés, et tua de sa propre main, au milieu d’un repas et de l’ivresse, Clitus, un de ses plus fidèles amis. […] Il en retira Thésée, son ami, qui y était enchaîné sur une pierre, pour avoir voulu enlever Proserpine, femme de Pluton ; et la seconde fois, il ramena sur la terre la généreuse Alceste, qui s’était dévouée à la mort, pour sauver la vie de son mari Admète. […] Pouvant prétendre à tout, il se contenta, jusqu’à la mort, du simple rang de chevalier romain, il ne cessa d’être le protecteur des sciences et des arts, et l’ami des gens de lettres estimables, particulièrement de Virgile et d’Horace. […] On rapporte qu’un jour, il dit en riant à ses amis : Ce petit garçon que vous voyez-là, (c’était son fils) est l’arbitre de toute la Grèce ; car il gouverne sa mère.
Dans l’histoire, un personnage se développe et se fait connaître par ses actions ; dans les mémoires, le lecteur est transporté dans l’intimité d’une famille, et il faut qu’il parcoure la galerie des portraits de tous ses membres et de tous ses amis ou ennemis. […] Le chien, le bœuf, le cerf, sont vraiment ses amis, A leur grave conseil par lui je suis admis ; Louis qui n’écoutait, du sein de la victoire, Que des chants de triomphe et des hymnes de gloire, Dont peut-être l’orgueil goûtait peu la leçon Que reçoit dans ses vers l’orgueil du roi lion, Dédaigna Lafontaine et mit son art frivole : Chantre aimable ! […] Le chien, le boeuf, le cerf sont vraiment ses amis, trait naïf, on peint bien ceux qu’on aime bien. […] Les deux justices sont représentées avec des attributs fort opposés, et sont accompagnées de figures allégoriques mises dans l’ombre par un seul mot, d’un côté le désespoir, ami cruel et mauvais conseiller, est le seul compagnon de la justice des hommes.
J’aurais peut-être renoncé à les traduire et à les commenter, si je n’avais été secouru dans cette tâche délicate par mon collègue et ami M.
Un seul jour perdu devrait nous laisser des regrets mille fois plus vifs et plus cuisants qu’une grande fortune manquée ; et cependant ce temps si précieux nous est à charge ; toute notre vie n’est qu’un art continuel de le perdre ; et, malgré toutes nos attentions à le dissiper, il nous en reste toujours assez pour ne savoir encore qu’en faire ; et cependant la chose dont nous faisons le moins de cas sur la terre, c’est de notre temps ; nos offices, nous les réservons pour nos amis ; nos bienfaits, pour nos créatures ; nos biens, pour nos proches et pour nos enfants ; notre crédit et notre faveur, pour nous-mêmes ; nos louanges, pour ceux qui nous en paraissent dignes ; notre temps, nous le donnons à tout le monde, nous l’exposons, pour ainsi dire, en proie à tous les hommes : on nous fait même plaisir de nous en décharger ; c’est comme un poids que nous portons au milieu du monde, cherchant sans cesse quelqu’un qui nous en soulage. […] Une liaison d’amitié nous fait suivre la fortune et la destinée d’un ami.
Il est peu d’écrivains qui aient été jugés avec plus de sévérité, ou exaltés avec plus d’enthousiasme que M. de La Harpe ; et l’exagération a été aussi odieuse d’un côté que ridiculement affectée de l’autre ; en sorte que l’on peut dire de lui que le zèle indiscret de ses amis n’a pas moins contribué à troubler son repos, que l’acharnement de ses ennemis. […] Les amateurs d’anecdotes littéraires n’ont point oublié que Brébeuf avait d’abord commencé la traduction de l’Énéide, et que, fatigué à chaque instant par les contrariétés que lui faisait éprouver la dissonance perpétuelle de son ton boursouflé, avec la douce mélodie et le charme continu de l’expression de Virgile, il alla confier son embarras à Ségrais son ami, qui, de son côté, suait sang et eau pour se monter au ton de Lucain qu’il essayait de traduire, et que les deux amis se proposèrent et firent un échange, dont les deux poètes latins n’eurent guère à s’applaudir, mais dont Virgile surtout se trouva fort mal.
Un ami de Voltaire lui indiquait un vers dont la suppression eût donné plus de finesse à la pensée. […] Ecrivain, ne vous permettez jamais de raillerie offensante, et ne soyez pas de ceux qui perdraient vingt amis plutôt qu’un bon mot ; n’étendez point votre satire à une nation, à une fraction sociale tout entière, sans dire au moins un mot des exceptions : toute règle en a, et souvent de nombreuses ; Molière, qui sut distinguer si bien le vrai dévot du tartufe, devait croire que tous les médecins n’étaient pas des Diafoirus et des Purgon.
» C’était le cri du cœur, le souvenir de la patrie : le bananier lui rappelait sa terre natale, sa famille, ses amis, toute sa vie passée.
— La bienveillance est le zèle pour le bien de ceux qui nous écoutent ou nous lisent ; tous les hommes sont portés à croire les discours de ceux qu’ils pensent être leurs amis. […] Que nous servirait d’être conduits par un homme de bien, par un ami véritable, si lui-même il ignorait la route ? […] Il est tué, vous disparaissez, vous fuyez ses amis (conséquents). […] il n’y a pas d’amis. » Ce sophisme est l’arme habituelle de tous les chefs de séditions populaires. […] j’ai contristé les pauvres, les meilleurs amis de mon Dieu.
La joie que cette espèce de dénouement produit appartient au comique et non au tragique, car dans le comique, les plus grands ennemis, fussent-ce Oreste et Égisthe, deviennent amis au dénouement ; et personne n’y donne la mort ni ne la reçoit. […] Il est nécessaire que ces actions se fassent par des personnes amies entre elles, ou ennemies ou indifférentes. […] Cet homme, après des travaux infinis, revient chez lui, se fait connaître à quelques amis fidèles, attaque ses ennemis, les fait périr, et se rétablit dans son premier état. » Voilà le fond de l’action ; tout le reste est détail ou épisode. […] Pélée, prince vertueux et ami des dieux.
Les Asiatiques, amis du faste et licencieux dans leurs mœurs, avaient un style pompeux et diffus.
Le mot sacramentel, Ami lecteur, qui commence toutes les préfaces de nos vieux écrivains, est l’expression naïve de ce besoin. […] Vous comprenez que cette modestie, cette douce et harmonieuse simplicité disposent notre esprit en faveur de l’auteur et de son œuvre ; nous devenons les amis de l’écrivain qui ne met pas tout en feu en arrivant, Et pour donner beaucoup ne nous promet que peu.
Je demandais à un ami ce que signifiaient, à son sens, deux vers où Delille décrit les travaux de certains prisonniers : Et d’un art inventif l’élégante merveille S’en va rendre plus pure ou la bouche ou l’oreille. Cet ami était musicien : « Ce sont des chronomètres, » me répondit-il.
« Et vous, ne viendrez-vous pas à ce triste monument, vous, dis-je, qu’il a bien voulu mettre au rang de ses amis ? […] Ce ne sont point, Messieurs, de ces faux amis du jour, esclaves de la fortune, et toujours prêts à nous abandonner dans l’adversité ; martyrs généreux de l’amitié, on les voit s’échapper de l’asile doré de l’opulence, où l’on veut les retenir captifs, et mi, où comme tant de parasites qui sont loin de les valoir, ils seraient traités magnifiquement, pour retourner dans l’humble galetas du pauvre auquel ils sont attachés par un lien que l’amitié rend indissoluble.
Si l’on vient à chercher pour quel secret mystère Alidor, à ses frais, bâtit un monastère : « Alidor, dit un fourbe, il est de mes amis, Je l’ai connu laquais, avant qu’il fût commis ; C’est un homme d’honneur, de piété profonde, Et qui veut rendre à Dieu ce qu’il a pris au monde. » Voilà jouer d’adresse et médire avec art ; Et c’est avec respect enfoncer le poignard1. […] Et l’on ne peut nier que Chapelain n’eût pour son temps beaucoup de littérature et de mérite : mais il fut un de ces poëtes attardés qui avaient le malheur de parler une tout autre langue que Boileau et ses amis.
Le critique vraiment honnête homme se dit à lui-même, en prenant la plume, ce que la reine de Carthage disait à Énée : « Je ne mettrai aucune différence entre le Troyen et le Tyrien. » Que l’auteur de l’ouvrage qu’il va juger soit son ami ou son ennemi, ce critique se persuade sans peine que s’il trahit la vérité, s’il écrit une seule ligne contraire à sa façon de penser, il trompera bassement ses lecteurs et se manquera à lui-même en se vengeant de son ennemi par un lâche mensonge, ou en usant envers son ami d’une coupable indulgence.
montaigne ami des humbles Si j’avois des enfants masles, je leur desirasse1 volontiers ma fortune. […] A ceux qui vous diront la ville et ses merveilles Fermez bien votre cœur, paysans, mes amis !
Cicéron et Quintilien enseignent ouvertement qu’on peut employer le mensonge en faveur de ses amis. […] mon ami ! […] Enfin, un ami véritable, un père de notre âme nous est donné : on pourra tout lui dire. […] Dans la vie, rien n’est préférable à un ami fidèle. […] … Mes amis, écoutez un mot, un seul mot.
« Comment vous y prendre, dit-il à son ami, et par où commencer un pareil éloge ?
paraît condamné à traîner, loin des hommes, une existence pénible et pleine d’amertume, puise dans les Lettres un courage ferme et d’abondantes consolations : elles lui font oublier ses disgrâces, ses revers, et lui tiennent lieu d’amis, de rang et de fortune.
. — Je plains ces misères cachées que la crainte d’êtres connues rend plus pesantes1 Un homme aimable Étes-vous bien aise de savoir, mon cher ami, ce que le monde appelle quelquefois un homme aimable ?
Du peuple épouvanté j’ai traversé la presse Pour venir de ces lieux enlever ma princesse, Et regagner le port, où bientôt nos amis Viendront couverts du sang que je vous ai promis. […] Non, non, c’est Hermione, amis que je veux suivre : A son dernier arrêt je ne puis plus suivre.
Pincez-vous4 comme on pince un léthargique ; faites-vous piquer par vos amis pour vous réveiller. […] Il n’y a qu’un petit nombre de vrais amis sur qui je compte, non par intérêt, mais par pure estime ; non pour vouloir tirer aucun parti d’eux, mais pour leur faire justice en ne me défiant point de leur cœur.
Mon chien lui-même était mon ami, non mon esclave ; nous avions toujours la même volonté, mais jamais il ne m’a obéi. […] Tous ses sens semblent devenir meilleurs pour le tourmenter : il voit au milieu de la nuit des lueurs menaçantes ; il est toujours environné de l’odeur du carnage ; il découvre le goût du poison jusque dans les mets qu’il a lui-même apprêtés ; son oreille, d’une étrange subtilité, trouve le bruit où tout le monde trouve le silence ; et, en embrassant son ami, il croit sentir sous ses vêtements un poignard caché. » 3. […] Ne faut-il pas, chrétiens, qu’elle ait découvert intérieurement une beauté bien exquise dans ce qui s’appelle devoir, pour oser assurer positivement qu’elle doit s’exposer sans crainte, qu’il faut s’exposer même avec joie à des fatigues immenses, à des douleurs incroyables et à une mort assurée, pour les amis, pour la patrie, pour le prince, pour les autels ?
« Vous avez des amis, parce que vous l’êtes vous-même ; car on commande tout aux sujets, excepté l’amour.
Les personnes amies de l’étude reconnaîtront ensuite aisément quels sont ceux qui ont le plus approché de ces modèles. » 1.
Raisonnable que je haïsse mes amis, mes reproches, ceux à qui je dois la vie, c’est-à-dire, que je m’en détache ; quand ? […] Je n’ai pas craint de citer ici tous ces divers exemples, parce que j’ai cru que c’était le meilleur moyen de faire sentir aux jeunes Orateurs sacrés, qu’en louant les hommes illustres, ils ne doivent jamais oublier qu’ils parlent à la face des autels, et dans le sanctuaire de la divinité que la religion doit être le principe et la fin de tous leurs éloges ; et que s’ils rehaussent par la pompe et la magnificence du style, la gloire du grand Capitaine, du grand Homme d’État, de l’habile Négociateur, du Magistrat intègre et éclairé, ils doivent un hommage non moins éclatant à l’ami de la vérité, au zélateur de la justice, au vrai sage, et surtout au vrai chrétien. […] Il nous le représente ensuite ; 1º comme un Héros supérieur à sa propre gloire, c’est-à-dire, qui fit tout pour l’acquérir hors de la désirer et de la chercher ; 2ºcomme un Héros sans ostentation ; 3º comme un Héros ennemi de la flatterie ; 4º comme un Héros aussi humain qu’il était grand ; 5º comme un Héros que l’amour de lui-même n’avait point gâté ; bon père, aimable maître, parfait ami. […] Le grand Condé 104, prêt à en venir aux mains avec les Espagnols, près de Lens105, ne dit que ces mots sublimes à ses troupes qui avaient toujours vaincu sous lui : Amis, souvenez-vous de Rocroi 106 , de Fribourg 107 et de Nordlingue 108.
Si c’est votre ami qui s’est rendu coupable, ne le défendez pas, livrez-le, dans son intérêt, à la vindicte des lois. Si c’est votre ennemi, employez pour le justifier toutes les ressources de votre éloquence et tout le crédit de vos amis. […] Des voyageurs se sont donné rendez-vous chez un ami dans une ville éloignée. […] Le goût français, ami de la simplicité et du naturel a éloigné du barreau l’appareil tragique des vêtements déchirés, des cheveux épars, des enfants en larmes et des vieillards à cheveux blancs.
Il est triste, sans doute, pour les amis des lettres, d’être obligés d’avouer que ce qui trouble les états est ce qui favorise le plus, ou la seule chose plutôt qui favorise l’éloquence.
Sans condamner la manière serrée et austère de saint Basile, son ami, saint Grégoire de Nazianze crut devoir accorder quelque chose à la délicatesse de son siècle.
Ô tendre ami !
Les gens amis de la chicane.
La Rochefoucauld 1613-1680 [Notice] Grand seigneur, homme d’intrigue, mêlé à toutes les cabales de la Régence et de la Fronde, ambitieux trompé par ses espérances, malheureux à la guerre, dupe de ses amis, et victime de ses ennemis, trahi, méconnu dans ses affections et son dévouement, échappé du naufrage avec une fortune compromise et une santé détruite, n’ayant plus de ressources que du côté de l’esprit, le duc de La Rochefoucauld consola ses disgrâces par un livre où ses ressentiments lui inspirent la misanthropie d’une morale pessimiste.
mon père, mon meilleur ami, je dois donc bientôt te perdre. […] Dans ce monde imposteur, tout est couvert de fard ; Tout, jusqu’aux passions, est esclave de l’art… La haine s’y déguise en amitié traîtresse ; La vengeance y sourit, et la haine y caresse ; L’ardente ambition, l’orgueil impétueux Y rampent humblement à replis tortueux… De l’adulation la basse ignominie, En avilissant l’âme, énerve le génie… Dans la retraite, ami, la sagesse t’attend, C’est là que le génie et s’élève et s’étend ; Là règne avec la paix l’indépendance altière ; Là notre âme à nous seuls appartient tout entière. […] Elle trembla quand elle vit Le monarque qui réunit Les dons d‘Orphée et ceux d’Alcide ; Doublement elle vous craignit, Et jetant son ciseau perfide, Chez ses sœurs elle s’en alla ; Et pour vous le trio fila Une trame toute nouvelle, Brillante, dorée, immortelle, Et la même que pour Louis ; Car vous êtes tous deux amis : Tous deux vous forcez des murailles, Tous deux vous gagnez des batailles Contre les mêmes ennemis ; Vous régnez sur des cœurs soumis, L’un à Berlin, l’autre à Versailles245, etc. […] Celle qu’il fit sur la mort de Tibulle, son ami, est très belle. […] Telle est aussi celle qu’adresse Malherbe à François du Perrier, son ami, pour le consoler de la mort de sa fille, et dans laquelle il lui dit avec autant de délicatesse que de sentiment : Mais elle était du monde, où les plus belles choses Ont le pire destin ; Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses, L’espace d’un matin.
Chez eux, un philosophe était un ami vrai de la sagesse, un partisan naturel de l’ordre et des lois, et non point un empesé déclamateur de vérités triviales, et bien moins encore un frondeur cynique de tout ce qui était l’objet de la croyance ou du respect public.
La Boétie fut digne d’être l’ami de Montaigne, et ces deux noms sont à jamais inséparables.
Rien ne marche au hasard, mon cher ami ; tout est déterminé par une puissance qui nous dit rarement son secret.
Spiritualiste chrétien, écrivain épris de la perfection, ami et mentor de Chateaubriand, critique supérieur, bien que raffiné jusqu’à l’excès, il serait mort inconnu de la postérité, si ses reliques n’avaient été sauvées de l’oubli par la piété de quelques admirateurs.
Écoutez avec quel accent M. de Sacy parle de ses amis du dix-neuvième siècle : « Oh !
Fragment de préface J’avais un de mes amis en Limousin qui habitait une forte méchante maison.
D’illustres princes de l’Église n’ont pas dédaigné d’applaudir à nos efforts ; de nous féliciter d’avoir publié ce travail consciencieux, qui non seulement ne contient rien de contraire aux principes de la saine doctrine en ce qui concerne la foi et les bonnes mœurs, mais encore est très propre à éclairer l’esprit des jeunes humanistes, à épurer leur goût et à orner leur cœur, et qui mérite une place distinguée parmi les livres classiques édités de nos jours ; de nous louer d’avoir mis de la netteté dans notre plan, de la clarté dans notre méthode, de la justesse dans nos définitions, et surtout d’avoir rattaché à notre enseignement les modèles si parfaits qu’offrent les poètes bibliques et liturgiques, trop indignement méconnus ; de nous permettre de compter sur leurs plus favorables dispositions à l’égard de nos travaux, et sur la reconnaissance de tous les amis des lettres, mais surtout des lettres chrétiennes ; d’apprécier toute l’importance de notre œuvre, et d’appeler sur elle les bénédictions les plus abondantes ; enfin, de nous exhorter à servir la cause des bonnes-lettres avec un zèle qui ne se ralentisse jamais.
et vos amis seraient d’avis que vous fissiez de votre bon gré ce que le plus grand effort de vos ennemis ne vous saurait contraindre de faire.
Sincère, hardi pour le bien public, implacable contre la bassesse, aussi franc avec ses amis que terrible pour ses ennemis, vraiment épris de la vertu, sensible à toutes les délicatesses de l’honneur, il fut le Tacite de Versailles.
Moins entreprenant que laborieux, moins courageux que résigné, pieux, soumis, indulgent, modeste, soucieux avant tout du repos et de la paix, aussi pressé de fuir la gloire que d’autres le sont de la rechercher, il se vit emporté malgré lui dans l’orageuse destinée de ses amis, et la fortune prit comme un malin plaisir à le jeter dans les controverses d’une polémique qui répugnait à son caractère.
Quant à l’immortel Fénelon, il était à la fois trop modeste, trop ami du goût, trop attaché aux doctrines de l’antiquité, trop sensible à la véritable poésie, pour donner le nom de poème à son Télémaque.
Si l’un de ses amis tombe dans la disgrâce, il cesse à l’instant tous ses rapports avec lui, sans aucune explication, comme une chose qui va de soi-même.
La mort de son ami Patrocle, tué par Hector, lui fit reprendre les armes. […] -C., visita ce tombeau d’Achille, et porta envie au double honneur de ce héros, d’avoir eu un ami si fidèle pendant sa vie, et un chantre tel qu’Homère, après sa mort. […] Il se délassait des travaux de sa place par les charmes de la littérature, et admit particulièrement au nombre de ses amis les PP.
Elle fait apercevoir, entre des faits disparates au premier coup d’œil, le caractère général qui permet de les rapporter l’un à l’autre ; entre des personnages divers, le point de contact qui les groupe, comme amis ou comme ennemis, autour d’une même idée. […] Malheureusement mon courage et mon talent ne vont pas si loin, et c’est ce que je regrette et comme poëte et comme ami dévoué de mon héros.
Pour célébrer la naissance de Platon, Laurent de Médicis n’offrait-il pas à ses amis ce fameux banquet dont Marsile Ficin a consacré la mémoire ? […] N’en déplaise à ces amis du paradoxe qui déplorent les conséquences de cette invasion grecque et latine, nous ne regretterons pas que le xvie siècle tout entier ait été transporté d’une admiration presque superstitieuse en face des modèles qui révélèrent enfin, avec l’idéal trop ignoré jusqu’alors, les secrets perdus de la haute poésie et de la véritable éloquence.
Sire, j’ai été votre ami depuis six ans1. […] Après avoir rattaché votre âme au monde par l’amour filial et l’amour maternel, appréciez pour quelque chose l’amitié et le vif intérêt que je prendrai toujours à la femme de mon ami.
Ainsi on présume qu’un joueur jouera, qu’un ivrogne boira, qu’un père ne déposera pas contre son fils, un ami contre son ami, etc. […] En style de dialecticien, on définira un ami de cette manière : Un ami est un autre soi-même. On dira en style poétique : Qu’un ami véritable est une douce chose ! […] Qu’un homme ait à juger son ami, traduit en justice, il lui paraîtra ou que le tort de l’accusé n’est rien en lui-même, ou que c’est peu de chose. […] Il épargnera, dans ses railleries, les amis et les personnes constituées en dignité.
Iphigénie était accoutrée comme Mme de Sévigné, lorsque Boileau adressait ces beaux vers à son ami : Jamais Iphigénie, en Aulide immolée, N’a coûté tant de pleurs à la Grèce assemblée, Que dans l’heureux spectacle à nos yeux étalé N’en a fait sous son nom verser la Champmeslé.
A l’ombre d’un ami perdu2.
Le, on dit : l’ami, l’enfant, l’instinct, l’oiseau, l’univers, l’honneur, etc., pour le enfant, etc.
. — Qu’appelez-vous trop friand, dit alors mon flatteur d’un ton de voix élevé : vous n’y pensez pas, mon ami ; apprenez que vous n’avez rien de trop bon pour le seigneur Gil Blas de Santillane, qui mérite d’être traité comme un prince. » Je fus bien aise qu’il eût relevé les dernières paroles de l’hôte, et il ne fit en cela que me prévenir.
Pour comprendre son originalité, rappelons-nous que cet homme de bien, attaché à tous ses devoirs jusqu’au scrupule ; que ce père si tendre et cet ami si dévoué reçut de la nature une âme ardente, une sensibilité inquiète, irritable, maladive et presque féminine, comme le prouvent ses vives épigrammes, ses lettres à Nicole, sa préface de Britannicus, et la fin de sa vie.
Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire, A ses regards voilés je trouve plus d’attraits ; C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourire Des lèvres que la mort va fermer pour jamais.
Il était tout simple que l’ami de la raison, le héros et le martyr de la morale, se déclarât l’antagoniste des sophistes de son temps.
Apprenez, maître Jacques, vous et vos pareils, que c’est un coupe-gorge qu’une table remplie de trop de viandes2 ; que, pour bien se montrer ami de ceux que l’on invite, il faut que la frugalité règne dans les repas qu’on donne, et que, suivant le dire d’un ancien, il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger.
. — Gardons toujours en nous une chambre d’ami, disponible et prête à faire accueil aux nouveaux-venus.
On dirait qu’il a été le contemporain, l’ami des personnages, dont il analyse les sentiments.
Prévenez ce temps-là, je vous conjure, et n’attendez pas à être de ses amis jusques à ce que vous y soyez contraint.
— Je hais également le bouffon et l’enflé. — On ne ferait son ami de l’un ni l’autre. […] Que n’ajoute-t-il que Fulvie et Mélanie l’ont condamné sans l’avoir lu, et qu’il est ami de Fulvie et de Mélanie. […] Si vous n’étiez pas en France, il faudrait percer au travers de tous les hasards et de tous les obstacles pour y venir ; et maintenant que vous y êtes, on voudrait que vous en sortissiez ; et vos amis seraient d’avis que vous fissiez de votre bon gré ce que le plus grand effort de vos ennemis ne saurait vous contraindre de faire ! […] Il commence par un éloge magnifique de l’agriculture et du commerce, il pèse dans ses balances d’épicier le mérite du duc de Sully et du grand ministre Colbert : et ne pensez pas qu’il s’abaisse à citer le nom du duc de Sully, il l’appelle l’ami d’Henri IV : et il s’agit de vendre des saucissons et des harengs frais ! […] Adieu ; s’il y a quelque chose de nouveau dans la littérature, secouez votre infâme paresse, et écrivez à votre ami.
Autrement on s’attirerait l’épigramme ou le conseil que Maynard adressait à un poète de son temps : Ce que ta plume produit Est couvert de mille voiles : Ton discours est une nuit Veuve de lune et d’étoiles ; Mon ami, chasse bien loin Cette noire rhétorique ; Tes écrits auraient besoin D’un devin qui les explique ; Si ton esprit veut cacher Les belles choses qu’il pense, Dis-moi, qui peut t’empêcher De le servir du silence ? […] Il se montre vaillant, laborieux, ami de la justice et de la gloire.
Outre ce premier régime, qu’on appelle direct, certains verbes actifs peuvent avoir un second régime, qu’on appelle indirect : ce second régime se marque par les mots à ou de : comme donner une image à l’enfant ; enseigner la grammaire à l’enfant ; écrire une lettre à son ami : à l’enfant, est le régime indirect des verbes donner, enseigner ; à son ami, est le régime indirect du verbe écrire.
Mais cette lutte même, quelque affligeante qu’elle fût pour les vrais amis de l’ordre et du repos des états, n’en servit que mieux la cause de l’éloquence, en mettant toutes les passions, tous les intérêts aux prises, dans le sein d’une assemblée, qui n’offrit plus qu’un champ de bataille, et dont chaque séance était un combat opiniâtre, au lieu d’une discussion sage et paisible des opinions contraires ; et la nation vit avec douleur ses représentants partagés en deux corps d’armée, également décidés à ne rien rabattre de leurs prétentions, à ne rien abandonner de leurs droits.
Du bruit, du vide, amis, voilà, je pense, Le portrait de beaucoup de gens.
Une campagne aride, hérissée de ronces et d’épines, et un coteau riant, couvert des fruits et de moissons, un reptile qui se traîne dans la fange des marécages, et un aigle qui plane au sommet des airs ; le caractère d’un Néron, l’opprobre du genre humain, et celui d’un Titus, les délices de son peuple ; le caractère du menteur, lâche et impudent, et celui de l’ami ferme et courageux de la vérité, tiennent également à la belle nature, lorsqu’ils sont bien imités, c’est-à-dire, représentés avec tous les traits qui les rendent parfaits chacun dans son espèce.
Quelque soin que vous preniez pour éviter les mauvaises compagnies, comme je suis persuadé que vous le ferez, et quelque attention que vous ayez dans le choix de vos amis, il sera presque impossible que vous soyez jamais assez heureux pour ne rencontrer jamais quelqu’un de ces prétendus esprits forts qui blasphèment ce qu’ils ignorent.
Ailleurs pourtant, madame de Maintenon gémit souvent sur elle-même : « Ne faites point de vœux pour moi, écrit-elle à une amie, peut-être ajouteraient-ils quelques jours à ma vie. » Aurait-elle voulu être prise au mot ?
Il était bon ami ; il eût même souhaité d’être aimé du peuple ; mais quoiqu’il eût la civilité, l’extérieur et beaucoup d’autres parties propres à cet effet, il n’en eut jamais le je ne sais quoi qui est encore en cette matière plus requis qu’en toute autre.
Il s’agit de la femme de Laurent de Normandie, d’une famille noble de la Picardie, compatriote et ami de Calvin.
Alors, les langues se délient, et les vérités s’échappent, à l’insu des orateurs qui, venant faire chacun leur confession, disent tout le contraire de ce qu’ils veulent dire, écrasent leurs amis, relèvent leurs ennemis, et se blessent de leurs propres armes.
Mais je vous connais mieux, malgré votre silence : Le poëte a chez vous bien des secrets amis.
La Rochefoucauld 1613-1680 [Notice] Grand seigneur, homme d’intrigue, mêlé à toutes les cabales de la Régence et de la Fronde, ambitieux déçu dans ses rêves et précipité du faîte de ses espérances, malheureux à la guerre, dupe de ses amis et victime de ses ennemis, trahi, méconnu dans ses affections et son dévouement, échappé du naufrage avec une fortune compromise et une santé détruite, n’ayant plus de ressources que du côté de l’esprit, le duc de La Rochefoucauld consola ses disgrâces par un livre où ses ressentiments lui inspirent la misanthropie d’une morale pessimiste.
Sujets, amis, parents, tout deviendra stérile ; Et dans ce jour fatal l’homme à l’homme inutile Ne paîra point à Dieu le prix de sa rançon…. […] L’empereur Romain la découvre ; et dans l’instant même où il pourrait faire mourir ce chef des conjurés, non seulement il lui pardonne, mais encore il lui dit : Soyons amis, Cinna ; c’est moi qui t’en convie.
Leurs récits cachent toujours une leçon morale sous une forme embellie de toutes les richesses de la fiction ; ils brillent par une imagination féconde, crédule, amie du merveilleux.
Ne pouvant s’autoriser encore contre l’usage, il fit connaître à ses amis qu’il allait à l’armée faire sa cour, qu’il lui coûtait moins d’exposer sa vie que de dissimuler ses sentiments, et qu’il n’achèterait jamais ni de faveur, ni de fortune, aux dépens de sa probité.
Écuyer et ami du roi de Navarre, il épargna plus d’une faute à un maître qui mit son dévouement à de rudes épreuves.
Ainsi, du mot amicus sont dérivés amicilia, amitié ; amicè, amicalement ; amiculus, petit ami.
Mes amis ont déploré mes malheurs et mon affliction. […] Il a été fait réellement ainsi que vos amis se plaisent à le répéter. […] On peut distinguer un ami véritable d’un ami complaisant. […] Comme il n’y avait point d’hôtelleries publiques chez les anciens, on allait loger chez ses amis. […] — Inimicitia, inimitié, brouillerie qui survient entre les amis.
Mis en relation avec les religieux de Port-Royal, devenu leur disciple candide, et bientôt leur intrépide avocat, il composa pour les défendre contre leurs adversaires les Lettre de Louis de Montale à un provincial de ses amis (1656-57).
Si quelques années après vous reveniez, hommes oubliés du monde, vous vous hâteriez de rentrer dans vos tombeaux, pour ne pas voir votre nom terni, votre mémoire abolie et votre prévoyance trompée dans vos amis, dans vos créatures, et plus encore dans vos héritiers et dans vos enfants. » (Bossuet, Oraison funèbre de Le Tellier.) […] Cf. la plus belle prosopopée de l’antiquité (Apostrophe à la Loi), où Socrate, dans le Criton, refuse de suivre le conseil de ses amis qui lui avaient ménagé les moyens de s’enfuir de sa prison ; — le Danube en colère, dans Victor Hugo (Orientales, xxxv). […] « Sa férocité était extrême et se montrait en tout : c’était une meule toujours en l’air, et dont ses amis n’étaient jamais en sûreté ». […] Cf. la fin de l’idylle dans laquelle André Chénier en donne une poétique définition : Du Pange, c’est vers toi qu’à l’heure du réveil Court cette jeune Idylle au teint frais et vermeil : « Va trouver mon ami, va, ma fille nouvelle », Lui disais-je. […] Nos enfants, nos amis, nos voisins, tout le monde nous voit faire mauvais ménage (énumération) ; ils entendent tes cris, tes plaintes, les injures dont tu m’accables (accumulation) ; ils t’ont vue, les yeux égarés, le visage en feu, la tête échevelée, me poursuivre, me menacer (description) ; ils en parlent avec frayeur ; la voisine arrive : on le lui raconte ; le passant écoute et va le répéter (hypotypose).
Point d’ennuyeux causeur, de témoin importun ; Lui seul, de ma maison exacte sentinelle, Mon chien, ami constant et compagnon fidèle, Prend ci mes pieds sa part de la douce chaleur. […] Ses mains, autour du trône avec confusion, Semaient la jalousie et la division, Opposant sans relâche, avec trop de prudence, Les Guises aux Condés et la France à la France ; Toujours prête à s’unir avec des ennemis, Et changeant d’intérêt, de rivaux et d’amis, Esclave des plaisirs, mais moins qu’ambitieuse, Infidèle à sa secte et superstitieuse, Possédant en un mot, pour n’en pas dire plus, Les défauts de son sexe et peu de ses vertus.
Après la chute de l’empire qu’il avait servi sans enthousiasme, mécontent, déclassé, il devint avocat de l’opposition, et se métamorphosant en ami du peuple, en vigneron matois, en canonnier à cheval, il guerroya, au nom d’un libéralisme bourgeois et tracassier, contre les petites vexations locales, les abus de pouvoir, les préfets, les maires et les gendarmes.
Mon bien cher ami, Avant de vous témoigner ma reconnaissance pour votre Cours de littérature, j’ai tenu à le parcourir.
Flots d’amis renaissants, puissent mes destinées Vous amener à moi de dix en dix années, Attentifs à mon œuvre, et pour moi c’est assez2 !
Je vous remets, mon cher ami, la disposition de tout ce qui me regarde : offrez mes services, pour quelque emploi que ce soit, si vous le jugez convenable, et n’attendez point ma réponse pour agir ; je me tiendrai heureux et honoré de tout ce que vous ferez pour moi et en mon nom.
Dans le genre judiciaire, au barreau, c’est l’amour de la justice, le, zèle d’un ami, un motif d’humanité, l’intérêt qu’inspire le malheur ; il peut même suffire quelquefois que ce soit le devoir de l’état, comme quand on défend un coupable auquel la loi accorde ce moyen. […] C’était le conseil de Dieu d’instruire les rois à ne point quitter son église, etc. » Mathan, dans Athalie, peint sa criminelle ambition : « Ami, peux-tu penser que d’un zèle frivole, « Je me laisse aveugler pour une vaine idole, « Pour un fragile bois, que malgré mon secours « Les vers sur son autel consument tous les jours ? […] « Richelieu, grand, sublime, implacable ennemi ; « Mazarin, souple, adroit, et dangereux ami : « L’un fuyant avec art, et cédant à l’orage, « L’autre, aux flots irrités opposant son courage ; « Des princes de mon sang ennemis déclarés ; « Tous deux haïs du peuple, et tous deux admirés ; « Enfin, par leurs efforts, ou par leur industrie, « Utiles à leurs rois, cruels à la patrie. » « Ô toi, moins puissant qu’eux, moins vaste en tes desseins, « Toi dans le second rang, le premier des humains, « Colbert, c’est sur tes pas que l’heureuse abondance, « Fille de tes travaux, vient enrichir la France ; « Bienfaiteur de ce peuple, ardent à t’outrager, « En le rendant heureux, tu sauras t’en venger : « Semblable à ce héros, confident de Dieu même, « Qui nourrit les Hébreux pour prix de leur blasphème. » Bossuet, dans l’oraison funèbre du prince de Condé, met en parallèle son héros et Turenne, mais de manière que, sans rien ôter à la gloire de l’un, il relève celle de l’autre : « Ça été dans notre, etc. […] « Cher ami, si mon père un jour désabusé « Plaint le malheur d’un fils faussement accusé, « Pour apaiser mon sang et mon ombre plaintive, « Dis-lui qu’avec douceur il traite sa captive, « Qu’il lui rende… » À ce mot, ce héros expiré N’a laissé dans mes bras qu’un corps défiguré ; Triste objet où des dieux triomphe la colère, Et que méconnaîtrait l’œil même de son père. […] Et vous, ne viendrez-vous pas à ce triste monument, vous, dis-je, qu’il a bien voulu mettre au rang de ses amis ?
On peut être en peine pour les personnes qui ont mené une vie mondaine ; mais pour un véritable ami de Dieu, qui a été fidèle et petit, on ne peut voir que son bonheur et les grâces qu’il attire sur ce qui lui reste de cher ici-bas. […] Quand on écrit sur son drapeau comme Sosie : « Ami de tout le monde », on risque de déplaire à chacun ; ou bien, ce qu’on gagne en séduction, on le perd en autorité.
Fidèle en ses paroles, incapable de déguisement, sûre à ses amis, par la lumière et la droiture de son esprit, elle les mettait à couvert des vains ombrages, et ne leur laissait à craindre que leurs propres fautes.
Les soins du nom et de la postérité sont donc frivoles ; l’honneur qu’on rend à la mémoire des hommes illustres, une erreur puérile, puisqu’il est ridicule d’honorer ce qui n’est plus ; la religion des tombeaux, une illusion vulgaire ; les cendres de nos pères et de nos amis, une vile poussière qu’il faut jeter au vent et qui n’appartient à personne ; les dernières intentions des mourants, si sacrées parmi les peuples les plus barbares, le dernier son d’une machine qui se dissout,… etc. » Ce lieu se rapproche du conséquent comme le lieu cause de l’antécédent.
Le palais d’Orléans et l’hôtel de Condé, étant unis ensemble par ces intérêts, tournèrent en moins de rien en ridicule la morgue qui avait donné aux amis de M. de Beaufort le nom d’Importants ; et ils se servirent en même temps très-habilement des grandes apparences que M. de Beaufort, selon le style1 de tous ceux qui ont plus de vanité que de sens, ne manqua pas de donner en toute sorte d’occasions aux moindres bagatelles.
Parmi les lamentations de nos Jérémies (j’appelle ainsi mes amis plaintifs), je mêle toujours de bons augures et de bonnes espérances.
Il n’y a pas un grand homme, pas un sage, qui n’ait fini par restreindre à un très petit nombre d’écrivains favoris l’élite imposante des amis que la lecture lui avait donnés, parmi les maîtres de la parole. — Les commençants qui veulent se former un goût sûr et un bon style, doivent donc lire peu de livres, et les choisir dans le genre de leur talent.
Il communiqua à ses amis un plan de lecture sur la composition littéraire. […] Ses amis n’ont jamais à douter de sa tendresse ; il n’est point d’étranger qu’elle n’accueille favorablement ; et ses ennemis, si elle peut en avoir, sont toujours assurés d’un pardon généreux. […] Cédant plus au vœu de ses amis qu’à son amour pour la gloire, il se décida à en envoyer un seul volume à M. […] L’hiver était commencé lorsqu’il acheva ce volume, et ses amis se flattaient de l’espoir de le voir jouir quelque temps encore de la gloire qu’il devait en attendre. Mais, le 24 décembre, les premiers symptômes de la maladie qui devait le conduire au tombeau se déclarèrent ; il ne ressentit d’abord que de légères douleurs d’entrailles, et il continua à recevoir les visites de ses amis.
Signalons pourtant un exemple, celui de l’élision, qui, pour éviter un hiatus, faisait dire m’amour et m’amie ? N’y avait-il pas là je ne sais quoi de caressant ou de calin que ne rendra jamais le rétablissement du pronom possessif dans :mon amour et mon amie ?
Que si l’homme est absent de vos tableaux rustiques, Quel peuple d’animaux sauvages, domestiques, Courageux ou craintifs, rebelles ou soumis, Esclaves patients ou généreux amis, Dont le lait vous nourrit, dont vous filez la laine, D’acteurs intéressants vient d’occuper la scène ! […] La moralité ou vérité morale, qui résulte du récit allégorique de l’apologue, est une maxime générale, plus ou moins piquante, et ordinairement exprimée d’une manière vive et précise, propre à la graver dans la mémoire ; Rien n’est si dangereux qu’un ignorant ami : Mieux vaudrait un sage ennemi.
Ce qui m’indigne, ce qui me révolte le plus dans leur conduite, c’est que ce n’est plus à leurs brigands, ce n’est plus à des hommes abîmés de dettes et souillés de forfaits, c’est à vous qu’ils s’adressent ; c’est par le ministère de ce qu’il y a de plus vertueux qu’ils veulent perdre les amis de la vertu.
N’est-ce point Pascal qui écrivait à un ami : « Excusez la longueur de cette lettre ; je n’ai pas eu le temps de la faire plus courte » ?
Dans Corneille, ce vers si connu : Soyons amis, Cinna, c’est moi qui t’en convie, qui faisait pleurer le grand Condé.
« Les vrais amis, écrivait-il en 1714, font toute la douceur et toute l’amertume de la vie. » On peut voir particulièrement ses lettres au chevalier Destouches.
Le lion tint conseil, et dit : « Mes chers amis, Je crois que le ciel a permis Pour nos péchés cette infortune.
Regnard a composé aussi des satires, et dans l’une d’elles, dans le Tombeau de Boileau, il eut même l’imprudence d’attaquer le modèle du genre ; mais, par une épitre placée en tête de la comédie des Ménechmes, il fit amende honorable : le successeur de Molière ne pouvait demeurer injuste pour Boileau, l’ancien ami et le panégyriste de ce grand homme.