Les ducs de Bourgogne et de Berri étant devenus régend du royaume à cause de la maladie de Charles VI, dépouillèrent Clisson de toutes ses charges, et le condamnèrent à un bannissement perpétuel.
Dans les temps modernes, ce qui n’était autrefois que l’accessoire est devenu le principal ; et la poésie descriptive a envahi le genre didactique au point de l’absorber entièrement dans certaines compositions. […] La satire est un petit poème, un discours en vers dans lequel on attaque directement les vices, les ridicules et le mauvais goût, pour corriger les hommes, ou au moins pour empêcher les erreurs, les travers et les faux jugements de devenir funestes en se propageant. […] Le récit des désordres et la peinture des vices deviennent hideux, blessent la pudeur sans corriger la licence, et effraient l’innocence, lorsque ces scandales sont exposés à la vue dans toute leur crudité. […] Ainsi, dans la fable du Loup devenu berger : Il s’habille en berger, endosse un hoqueton, Fait sa boulette d’un bâton, Sans oublier la cornemuse ; Pour pousser jusqu’au bout la ruse, Il aurait volontiers écrit sur son chapeau : C’est moi qui suis Guillot, berger de ce troupeau.
Envoyé en Espagne, il chassa du trône de Castille Pierre le-Cruel, devenu par ses tyrannies le fléau de ses sujets, et assura cette couronne à Henri de Transtamare, son frère.
C’est pour avoir eu des modèles, que ces grands hommes sont devenus des modèles à leur tour. […] L’ambitieux ne jouit de rien ; ni de sa gloire, il la trouve obscure ; ni de ses places, il veut monter, plus haut ; ni de sa prospérité, il sèche et dépérit au milieu de son abondance ; ni des hommages qu’on lui rend, ils sont empoisonnés par ceux qu’il est obligé de rendra lui-même ; ni de sa faveur, elle devient amère, dès qu’il faut la partager avec ses concurrents ; ni de son repos, il est malheureux, à mesure qu’il est obligé d’être plus tranquille… L’ambition le rend donc malheureux : mais de plus, elle l’avilit et le dégrade. […] Voulez-vous tarir la source de la race royale ; et le sang de Charlemagne67 et de Saint-Louis68, qui ont tous combattu pour la gloire de votre nom, est-il devenu pour vous comme le sang d’Achab, et de tant de rois impies dont vous exterminiez toute la postérité ? […] Le consul Marcellus73 avait pris le parti de Pompée74 contre César75, qui étant devenu vainqueur, l’exila de Rome, et le rappela ensuite à la prière du sénat. […] Que deviennent alors ces beaux titres, dont notre orgueil est flatté ?
Mettant donc à profit notre expérience de trente années et les études toutes spéciales que nous avons faites sur la langue latine, nous avons revu avec le plus grand soin cette nouvelle édition, nous l’avons remaniée presque en entier, et, suivant le conseil du vieux poëte, nous sommes devenu à notre égard un Aristarque sévère, tantôt effaçant ce qu’il y avait de trop, tantôt ajoutant ce qui faisait défaut, tantôt éclaircissant ou modifiant ce qui nous semblait obscur ou défectueux.
Vous êtes riche ; laissez-nous travailler à le devenir. […] Qu’est devenue cette vivacité ? […] Il faut, à la vérité, qu’ils soient toujours graves et modestes ; il faut même qu’ils deviennent puissants et pathétiques dans les endroits où le discours s’élève et s’échauffe. […] Souvent une chose qui, dite d’abord, n’aurait paru rien, devient décisive lorsqu’elle est réservée pour un autre endroit où l’auditeur sera préparé par d’autres choses à en sentir toute la force. […] De pareils chefs-d’œuvre sont très-rares ; tout est d’ailleurs devenu lieu commun.
Son style devient ainsi vif et coupé, ou lent et périodique. […] qu’est-il devenu ? […] eussiez-vous dit, que sont devenus ces toits de chaume et ces foyers rustiques qu’habitaient jadis la modération et la vertu ? […] On voit ici les idées qui sont liquides et bouillantes comme de la lave, et en même temps souples et molles comme de la cire ; on les verse dans le moule du langage, qui est ciselé, et elles prennent l’empreinte de tous les recoins du moule ; elles se figent, et cette cire, cette lave, en se refroidissant, devient du granit.
Tout ce qui agite l’âme avec violence, tout ce qui lui cause une émotion douce, tout ce qui l’impressionne et fait naître en elle on enthousiasme véritable, peut devenir la matière de l’ode. […] Que sont-ils devenus ? […] Les déserts s’embelliront et deviendront fertiles ; les collines seront revêtues d’allégresse ; et les vallées enrichies de la multitude des grains, élèveront la voix et chanteront l’hymne de vos louanges. […] Ce sont les plaintes de Job, qui expriment les pins terribles angoisses de l’âme, et qui semblent résumer les gémissements de l’humanité souffrante ; ce sont les lugubres et touchantes lamentations de Jérémie, qui passent pour les élégies les plus sublimes que l’on connaisse ; ce sont des psaumes en grand nombre, parmi lesquels il faut citer les sept psaumes pénitentiaux, et particulièrement celui qui est devenu, dans l’Église, le cantique de la mort.
Une autre méthode abrégée de raisonnement syllogistique est de réunir un assez grand nombre de propositions tellement liées ensemble que l’attribut de l’une devienne continuellement le sujet de celle qui la suit, jusqu’à ce qu’on arrive à une conclusion en réunissant le sujet de la première à l’attribut de la dernière. […] Mais c’est par cela même que l’orateur et l’écrivain doivent se mettre en garde contre l’abus, et ne jamais perdre de vue ces excellents préceptes de Cicéron, auxquels il est difficile de rien ajouter : « Nous avertirons l’orateur, dit Cicéron59, de n’employer la raillerie ni trop souvent, car il deviendrait un bouffon ; ni au préjudice des mœurs, il dégénérerait en acteur de mimes ; ni sans mesure, il paraîtrait méchant ; ni contre le malheur, il serait cruel ; ni contre le crime, il s’exposerait à exciter le rire au lieu de la haine ; ni enfin sans consulter ce qu’il se doit à lui-même, ce qu’il doit aux juges, ou ce que les circonstances demandent, il manquerait aux convenances.
Britannieus est mort, mais que deviendra Junie ? […] Cessez à présent d’être leurs mères pour devenir leurs juges ; leur vie et leur mort sont entre vos mains.
L’histoire ne peint que l’homme, elle le peint tel qu’il est : ainsi le ton de l’historien ne deviendra sublime que quand il fera le portrait des plus grands hommes, quand il exposera les plus grandes actions, les plus grands mouvements, les plus grandes révolutions, et partout ailleurs, il suffira qu’il soit majestueux et grave. Le ton du philosophe pourra devenir sublime toutes les fois qu’il parlera des lois de la nature, de l’être en général, de l’espace, de la matière, du mouvement et du temps, de l’âme, de l’esprit humain, des sentiments, des passions ; dans le reste, il suffira qu’il soit noble et élevé.
Passant des cellules de Port-Royal aux salons de la Fronde, il devint presque le contemporain chevaleresque des grandes dames qui posèrent devant sa toile, entre les figures imposantes des deux ministres dont la grandeur se mêla aux intrigues d’une cour romanesque. […] Mais songeons-nous un seul instant qu’il y a là des malheureux qui souffrent et peut-être vont périr ; dès là1 ce spectacle nous devient insupportable.
Donc c’est la loi de Dieu qui doit être la règle constante du temps, et non pas la variation des temps qui doit devenir la règle de la loi de Dieu. […] je satisfais à vos plus tendres désirs, quand je célèbre ce monarque ; et ce cœur, qui n’a jamais vécu que pour lui, se réveille tout poudre qu’il est, et devient sensible, même sous le drap mortuaire, au nom d’un époux si chéri. […] On peut encore poser en principe que tous les sons qui sont difficiles à prononcer deviennent, dans la même proportion, durs et disgracieux à l’oreille. […] Un discours dont toutes les phrases seraient également cadencées et symétrisées avec le même art, dont toutes les chutes tomberaient avec la même harmonie, deviendrait bientôt ennuyeux et insupportable. […] Des torrents écumeux se précipitaient le long des flancs de cette montagne ; le fond de ce bassin était devenu une mer.
Les scènes mortes deviennent bientôt insipides, s’il ne n’y joint quelque sentiment qui y répande l’action et la vie. […] Aussi naïf qu’un enfant, quand il était abandonné à la seule nature, il semblait avoir tout oublié ou ne rien connaître du monde, de ses grandeurs, de ses peines, de ses plaisirs ; mais quand Dieu descendait dans son âme, Paul devenait un génie inspiré, rempli de l’expérience du présent et des visions de l’avenir. […] Ce fait, déjà si intéressant par lui-même, le devient beaucoup plus encore par la manière saisissante dont il est présenté : A qui réserve-t-on ces apprêts meurtriers ? […] Cependant, il peut arriver que les personnages aient été assez intéressants pour que l’on désire savoir ce qu’ils sont devenus. […] En effet, l’élève qui se forme à l’art d’écrire ne cherche pas seulement à acquérir la correction dans le style et la rectitude dans les appréciations et les jugements, c’est-à-dire les qualités nécessaires à l’historien ; il doit encore s’appliquer à exercer la faculté créatrice de son esprit et à donner l’essor à son imagination, afin de devenir capable d’embellir et d’amplifier un fait, et de présenter un personnage sous un point de vue plutôt que sous un autre.
Vous la trouverez partout ; remarquons seulement que la péroraison de ce morceau nous donne précisément l’exemple de l’amplification qui reste amplification, et de celle qui devient déclamation. […] Comme sa passion l’obligea de ne mettre sa politique qu’en second dans sa conduite, héroïne d’un grand parti, elle en devint l’aventurière. » Le grand mérite de ces portraits est la précision originale de la forme unie à la vérité du fond.
Encore une fois, cette substitution n’est assurément pas une faute, souvent même elle est une beauté ; mais quand tout un poëme est écrit dans ce goût, il devient d’une insupportable monotonie. […] Il y a plus : tel est le despotisme de l’usage, que le trope est devenu avec le temps plus intelligible presque que le mot propre ; vous serez mieux compris en disant un bon violon, dix mille chevaux, que si vous disiez un bon violoniste, dix mille cavaliers.
Bossuet avait à déplorer la mort d’une reine célèbre par de grands revers et de grandes vertus ; l’orateur ne voit dans ce long enchaînement de revers et de prospérités qu’une leçon éclatante que le ciel donne aux grands de la terre ; et le Psalmiste lui fournit cette grande idée, qui se féconde entre ses mains et devient le germe d’un des plus beaux discours dont s’honore l’éloquence évangélique : et nunc reges intelligite ; erudimini qui judicatis terram .
Nous ne pouvons donc qu’indiquer ceux qui peuvent devenir l’objet d’une étude plus utile et d’une instruction plus générale.
Il deviendra plus égal, plus châtié, plus maître de lui ; mais jamais souffle plus inspiré ne l’animera. […] Dès lors, Bossuet devint l’âme de son siècle, et mérita ce titre de Père de l’Église que La Bruyère lui décerna de son vivant. […] Mais ici notre imagination nous abuse encore ; la mort ne nous laisse pas assez de corps pour occuper quelque place, et on ne voit là que les tombeaux qui fassent quelque figure : notre chair change bientôt de nature, notre corps prend un autre nom ; même celui de cadavre, dit Tertullien, parce qu’il nous montre encore quelque forme humaine, ne lui demeure pas longtemps ; il devient un je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue : tant il est vrai que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprimait ses malheureux restes ! […] Il n’y aura plus sur la terre aucun vestige de ce que nous sommes : la chair changera de nature ; le corps prendra un autre nom ; « même celui de cadavre ne lui demeurera pas longtemps ; il deviendra, dit Tertullien, un je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue » : tant il est vrai que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprimait ses malheureux restes.
Mais l’éloquence seule, c’est-à-dire, le luxe des mots prodigués sur un fonds vide de choses, serait non seulement inutile, mais pourrait même devenir dangereuse : eloquentiam verò sine sapientiâ nimiùm obesse plerumque, prodesse nunqùam (id.
Carthage, devenue riche plus tôt que Rome, avait aussi été plus tôt corrompue. […] L’idée de cette pièce était très singulière : c’étaient des hommes qui devenaient fictivement plus grands, à mesure qu’ils devenaient plus raisonnables, et qui se rapetissaient fictivement aussi quand ils faisaient ou disaient quelque sottise.
Le rhéteur est forcé d’indiquer, sauf restriction préalable, tout élément de bien, lors même qu’il peut devenir élément de mal. […] Analyse : L’impie Achab détruit, et de son sang trempé Le champ que par le meurtre il avait usurpé ; Près de ce champ fatal Jézabel immolée, Sous les pieds des chevaux cette reine foulée, Dans son sang inhumain les chiens désaltérés, Et de son corps hideux les membres déchirés ; Des prophètes menteurs la troupe confondue, Et la flamme du ciel sur l’autel descendue ; Elie aux éléments parlant en souverain, Les cieux par lui fermés et devenus d’airain, Et la terre trois ans sans pluie et sans rosée ; Les morts se ranimant à la voix d’Elisée.
Bientôt ces termes neufs et originaux, employés par les écrivains les plus médiocres, perdent le premier éclat qui les distinguait ; ils deviennent familiers : alors les hommes de génie sont obligés de chercher d’autres expressions, qui souvent ne sont pas si heureuses ; c’est ce qui produit le style forcé et sauvage dont nous sommes inondés. […] Portées à l’excès, la gravité et la noblesse deviennent de la roideur ; la richesse et la magnificence, de l’enflure ; l’énergie, de la dureté ; la véhémence, de la déclamation.
Mais il n’y fit pas long séjour ; et, jetant le froc aux orties, devint, en 1524, prêtre séculier, puis secrétaire d’un évêque, Geoffroy d’Estissac. […] Mais ces éléments, dont il est comme farci, sont devenus sa substance et sa moelle.
Fils et petit-fils d’un tapissier du roi, élevé au collége de Clermont, puis dirigé vers l’étude du droit, Jean-Baptiste Poquelin suivit son étoile, et, sous le nom de Molière, devint directeur d’une troupe ambulante, sans se laisser tenter par la faveur du prince de Conti, son condisciple, qui lui offrait une charge de cour. […] Toutes les esquisses indiquées ici d’un crayon furtif sont devenues des portraits dans le Misanthrope.
Ces leçons, devenues des livres, ont gardé dans leurs parties les plus solides les qualités du grand style ; et, dans tout ce qui n’est que brillant, elles en ont encore les grands airs. […] Il se fit d’abord connaître par des fables devenues classiques.
Où sont les vrais savants, les savants un peu célèbres, qui, avant de le devenir, n’aient eu l’esprit suffisamment orné des connaissances littéraires ?
Cependant Milon est accusé, et ce procès devient, comme tout le reste, une affaire de parti. […] Aussi cet appareil formidable, ces forces militaires, qui étaient, il n’y a qu’un moment, le motif de ses craintes, vont-ils devenir celui de sa confiance.
Que je vous trouve heureux d’avoir tant d’obligations à devenir un sujet distingué, et de devoir au Roi votre vie et vos services, au double titre de votre maître et de votre père ! […] Elle s’élèvera peu à peu à un style plus noble ; et si vous devenez jamais un grand guerrier, vous lui apprendrez à vous chanter, et vous aurez de sa part un poème.
De l’espoir des Troyens seule dépositaire, Songe à combien de rois tu deviens nécessaire. […] j’étouffe en mon cœur la raison qui m’éclaire ; J’assassine à regret un roi que je révère ; Je viole en un jour les droits des souverains, Ceux des ambassadeurs, et tous ceux des humains, Ceux même des autels où ma fureur l’assiège ; Je deviens parricide, assassin, sacrilége : Pour qui ?
Pour soutenir l’attention dans un ouvrage, il est nécessaire que le fond puisse captiver l’intérêt du lecteur, de telle sorte qu’on désire vivement voir ce que deviennent les personnages qui sont en action. Si vous ne remplissez pas cette loi de l’intérêt, votre ouvrage deviendra froid, et la curiosité faisant place à l’indifférence, celle-ci amènera bientôt le dégoût qui tue les productions de l’esprit.
S’il s’abandonne à la fougue de son imagination, il deviendra diffus, et par là même, froid et languissant. […] Elle est inondée du sang de ses martyrs : mais ce sang même devient la semence la plus féconde des chrétiens. […] C’est ce que n’a point fait un abréviateur de l’Histoire sainte, dans cet endroit, où il se borne à dire que Joseph fut vendu par ses frères, calomnié par la femme de Putiphar, et qu’il devint le surintendant d’Égypte.
Un fleuve qui promène tranquillement ses ondes entre ses rives, est, sans doute, un beau spectacle ; mais qu’il se précipite avec l’impétuosité et le fracas d’un torrent, le tableau deviendra sublime.
Si elle est présentée avec une tournure heureuse et piquante, avec un style simple, riant, gracieux et surtout naïf, elle revêt un charme inexprimable ; elle devient un puissant auxiliaire pour initier l’homme à la sagesse, aux idées morales et pratiques, aux règles du bon sens, de la justice et de la raison.
Mis au collége de Navarre, il apprit le grec et devint bon latiniste.
Plût à Dieu que celui-ci fût devenu sourd, et celle-là muette ! […] C'est un éloge qui devient une satire selon les circonstances. […] Virg. — Obmutescere, devenir muet, ne savoir que dire. […] Cic. — Insanire (non sanus), devenir fou, être fou. […] Pigritiâ torpere. — Torpescere, devenir engourdi.
Aussi des débris épars de la tyrannie qui venait de succomber, vit-on se former, sur tous les points de l’Europe, une foule de petits états, tous gouvernés par de petits despotes, uniquement occupés du soin de se détruire mutuellement, et d’opprimer des peuples devenus assez stupides pour ne pas même s’apercevoir qu’ils avaient changé de joug et de maître.
Il semble avoir fondu dans son style les différents styles des plus célèbres orateurs, pour se former une manière unique, et qui est devenue son caractère distinctif.
« Sybarites tranquilles dans le sein de nos cités florissantes, occupés des raffinements de la mollesse, devenus insensibles à tout, et au plaisir même, pour avoir tout épuisé ; fatigués de ces spectacles journaliers, dont le moindre eût été une fête pour nos pères, et de ces repas continuels plus délicats que les festins des rois ; au milieu de tant de voluptés si accumulées et si peu senties, de tant d’arts, de tant de chefs-d’œuvre si perfectionnés et si peu considérés ; enivrés et assoupis dans la sécurité et dans le dédain, nous apprenons la nouvelle d’une bataille : on se réveille de sa douce léthargie, pour demander avec empressement des détails, dont on parle au hasard, pour censurer le général, pour diminuer la perte des ennemis, pour enfler la nôtre.
Un demi-tyran serait indigne d’être regardé mais l’ambition, la cruauté, la perfidie, poussées à leur plus haut point, deviennent de grands objets.
Il devint membre de l’Académie française à la fondation de ce corps en 1635, et ce ne fut qu’à la fin de sa longue carrière qu’il s’occupa de la traduction des Psaumes, où l’on trouve un accent assez ferme, mais où manque trop souvent le sentiment de la couleur originale.
Massillon, quel était son meilleur sermon : « C’est celui que je sais le mieux, répondit-il. » Et effectivement, la mémoire s’embarrasse-t-elle au milieu du plus beau discours, au milieu d’un passage éloquent, l’orateur devient un tourment pour son auditoire ; tandis qu’une mémoire sûre d’elle-même débite des choses ordinaires, mais avec assurance, avec aisance, et tous les auditeurs admirent des paroles qui paraissent couler de source.
Voiture 1598-1648 [Notice] Fils d’un fermier des vins qui fut échevin d’Amiens, protégé par son condisciple le comte d’Avaux, recherché des grands qu’il amusait en les flattant, devenu la merveille de l’hôtel de Rambouillet, maître des cérémonies chez Gaston d’Orléans, favori tour à tour de Richelieu et de Mazarin, interprète des ambassadeurs près de la reine, reçu à l’Académie française qui porta officiellement son deuil, Voiture fut un bel esprit, heureux et habile, dont le souvenir est inséparable de la société polie au milieu de laquelle s’épanouirent ses agréments.
Ne croyez pas, Monsieur le Général en chef, que j’entende par là qu’il ne soit pas possible de la sauver par la force des armes ; mais, dans la supposition que les chances de la guerre vous deviennent favorables, l’Allemagne n’en sera pas moins ravagée1.
Ce qu’il eût suffi d’indiquer dans d’autres temps, il le faut clairement énoncer aujourd’hui ; il faut attaquer sans crainte et combattre sans relâche toutes les erreurs du goût, parce qu’elles sont devenues des erreurs de morale ; toutes les hérésies littéraires, parce que l’esprit ne se trompe jamais qu’aux dépens du cœur, et que la corruption des mœurs est partout la conséquence inévitable de la dépravation du jugement.
C’est un hommage que Cicéron se plaisait à leur rendre, en avouant que, s’il était orateur lui-même, il l’était devenu dans les promenades de l’académie, et non pas à l’école des rhéteurs.
Que sont-ils devenus ?
Si l’écrivain a bien médité son sujet, s’il s’est fait un plan, « il s’apercevra aisément, dit Buffon, de l’instant auquel il doit prendre la plume ; il sentira le point de maturité de la production de l’esprit ; il sera pressé de la faire éclore ; il n’aura même que du plaisir à écrire ; la chaleur naîtra de ce plaisir, se répandra partout, et donnera de la vie à chaque expression ; tout s’animera de plus en plus ; le sentiment se joignant à la lumière, l’augmentera, la fera passer de ce qu’on a dit à ce qu’on va dire, et le style deviendra intéressant et lumineux. » Il est donc important de profiter de ce premier mouvement de verve qui suit la méditation ; il est ordinairement fécond en sentiments vifs, en pensées nobles et élevées ; c’est une flamme qui est d’autant plus précieuse qu’elle dure moins longtemps.
Je vise à la concision, je deviens obscur ; on court après la grâce : adieu le nerf et la chaleur ; tel vise au sublime, et se perd dans l’enflure ; par excès de prudence, et pour échapper à la tempête, celui-là se traîne terre à terre ; celui-ci croit trouver la variété dans le merveilleux, et son pinceau bizarre nous représente un dauphin dans les bois, un sanglier dans les flots. […] Un sujet déjà populaire deviendra la propriété de l’auteur, à condition qu’il ne se traîne pas sans gloire dans l’ornière banale, et ne calque pas servilement son modèle : mais qu’il n’aille pas non plus, imitateur sans idées, se jeter dans un cercle trop étroit, où le tiendrait captif l’amour propre, ou le plan du poëme. […] Ainsi fait un sage ami : critique judicieux, il n’a ni pitié ni excuse pour les vers lâches ou durs ; les vers négligés, il les efface d’un revers de plume ; il supprime l’emphase ambitieuse ; la phrase est un peu obscure : il vous force à l’éclaircir ; il fait le procès aux mots équivoques ; il marque tous les changements à faire : il devient un Aristarque enfin. […] 941 Et si une once est-ajoutée : 942qu’est-ce que cela devient ? […] 1350Et il n’a pas fait cela qu’une-fois ; 1351et, si, par hasard, 1352erit retractus, il est tiré de ce danger, 1353il ne deviendra pas pour-cela 1354un homme raisonnable, 1355et il n’abdiquera point 1356amorem mortis famosæ. l’amour qu’il a d’un trépas fameux.
Le sens deviendrait : « Parmi les fables, en général (qu’elles soient historiques ou inventées par le poëte), les moins bonnes, etc. » Épisodiques.] ’ΕπƐισοδιώδη.
Un esprit original se montre partout, et le vieil ouvrage qu’on retouche, en s’imposant même la loi de ne rien ajouter aux doctrines, devient, soit par les retranchements, soit par une disposition meilleure, soit par la forme et le caractère du langage, tout autre chose que ce qu’il était d’abord.
Ses travaux sont devenus le fondement le plus solide, le plus fidèle miroir de la science moderne.
Quand elles sont excessives, elles deviennent uniformes, et l’exagération, qu’on croit être un moyen de donner plus de relief à la passion, l’efface et la détruit2.
Rome s’accrut en peu de temps, et devint la maîtresse de toutes les nations. […] Celui-ci naquit contrefait et difforme, il devint en outre boiteux. […] Saturne avait d’abord régné seul ; mais Jupiter, devenu grand, ravit l’empire à son père, et le partagea avec ses frères Neptune et Pluton. […] Lorsqu’une femme se marie, tout ce qui lui appartenait devient la propriété du mari. — 5. […] La préture commença environ quatre-vingts ans après l’institution de la censure : la même année, le consulat devint accessible aux plébéiens.
Ainsi, tout est devenu sentimental, à mesure que toute espèce de sentiment s’est éteint ; et l’on a donné en mots la valeur fictive de choses qui n’existaient plus en réalité. […] …………………………… Mon dernier soleil se lève ; Et votre souffle m’enlève De la terre des vivants, Comme la feuille séchée, Qui de sa tige arrachée Devient le jouet des vents.
Plus tard, on devint plus sévère. […] Voici une comparaison : comme en creusant la pierre ou le métal on y grave des caractères qui deviennent ineffaçables, ainsi j’ai cherché à retenir vos paroles de manière à ne plus les oublier. — J’ai gravé vos paroles dans mon esprit : voilà le trope.
Celui-ci, après être devenu maréchal de France comme son père, devait périr misérablement sur l’échafaud en 1602, condamné pour crime d’Etat.
On a dit encore : « Il faut ménager le vent aux têtes Françaises, et le choisir ; car tous les vents les font tourner. » « Les Français sont les hommes du monde les plus propres à devenir fous, sans perdre la tête.
Nos poëtes ont été rarement des millionnaires ; tels qui l’étaient sont devenus, hélas !
Et tout cela nous pourrait faire ressouvenir soit des fautes où nous sommes autrefois tombés par des passions semblables, soit de celles où nous tombons encore par d’autres passions qui ne sont peut-être pas moins dangereuses et dans lesquelles nous ne sommes pas moins aveugles ; par là toute notre application se portant à nos propres défauts, nous en deviendrions beaucoup plus disposés à supporter ceux des autres.
Cicéron, quoique moins nerveux que Démosthène, devint le modèle des grands orateurs.
Mais parce qu’on ignore ce qu’ils souffrent, parce qu’on ne veut pas s’en instruire, parce qu’on craint d’en entendre parler, parce qu’on les éloigne de sa présense, on croit en être quitte en les oubliant ; et, quelque extrêmes que soient leur maux, on y devient insensible.
elles apprendront, après quelques années de guerre, à devenir sages et à vivre en paix4. […] À l’armée, on dit à des poltrons qu’ils sont des braves, et on les amène ainsi à le devenir.
C’est ainsi que ces beaux ouvrages ont établi leur autorité, et sont devenus les modèles des compositions poétiques.
Voltaire s’est trop peu rappelé, en l’appréciant, l’influence considérable qu’il a exercée sur l’idiome et sur l’esprit français ; il n’a pas été assez frappé, ce semble, de la propriété d’expression, de la pureté soutenue, de la clarté et de la rigueur de langage qui font l’originalité suprême de cet écrivain, et qui devinrent par lui les qualités de notre littérature.
Dans la seconde classe, on rapprochera ses tragédies historiques, Britannicus (1669), énergique tableau qui nous peint Rome impériale, au moment où Néron devient un monstre ; Bérénice (1670), suave élégie qui fit couler des larmes ; Bajazet (1672), nouveauté hardie qui transporte sur la scène un épisode d’histoire contemporaine ; Mithridate (1673) où Corneille est égalé par son rival.
La chair changera de nature, le corps prendra un autre nom ; même celui de cadavre ne lui demeurera pas longtemps : il deviendra, dit Tertullien, un je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue.
Plus tard, quand l’inspiration diminua, la poésie devint plus calme, plus réfléchie ; elle cessa de demander des émotions à la lyre et se sépara de la musique.
Depuis, l’épigramme est devenue une pensée fine, ingénieuse, souvent satirique et mordante.
Voici un très joli rondeau d’Adam Billaut, menuisier de Nevers sous Louis XIV, qui, sans aucune littérature, devint poète dans sa boutique, et dont les poésies, qui roulent toutes sur le vin, sont pleines de verve et d’originalité : Pour te guérir de cette sciatique Qui te retient, comme un paralytique, Entre deux draps sans aucun mouvement, Prends-moi deux brocs d’un fin jus de sarment, Puis lis comment on les met en pratique.
Ce qui est étonnant, c’est que ce même homme, sur la fin de sa vie, n’était plus rien de tout cela, et qu’il devint doux, paisible, sans intrigue, et l’amour de tous les honnêtes gens de son temps ; comme si toute son ambition d’autrefois n’avait été qu’une débauche d’esprit, et des tours de jeunesse dont on se corrige avec l’âge ; ce qui prouve bien qu’en effet il n’y avait en lui aucune passion réelle.
Ses Causeries du lundi eussent fait les délices de l’épicurien Montaigne, et seraient devenues son Plutarque français.
Sous la régence du duc d’Orléans, il devint chancelier de France, et, sauf d’assez longs intervalles d’honorable disgrâce, il continua sous Louis XV à occuper ce poste jusque dans une vieillesse avancée.
Admis dans la congrégation de la doctrine chrétienne, puis professeur de rhétorique à Narbonne, où il brilla par d’ingénieuses bagatelles que couronnaient des académies de province, il attira l’attention de Conrart, qui se plaisait à produire les talents, et, grâce à son patronage, il devint précepteur chez M. de Caumartin, qui lui fit connaître la société la plus choisie.
Le singe qui montre la lanterne magique Messieurs les beaux esprits, dont la prose et les vers Sont d’un style pompeux et toujours admirable, Mais que l’on n’entend2 point, écoutez cette fable, Et tâchez de devenir clairs.
Ils doivent parler, agir à l’imitation des hommes, dont ils deviennent les copistes et prennent les rôles, chacun suivant une certaine analogie de caractère. […] Ainsi, dans la fable du Loup devenu Berger : Il s’habille en berger, endosse un hoqueton, Fait sa houlette d’un bâton, Sans oublier la cornemuse ; Pour pousser jusqu’au bout la ruse, Il aurait volontiers écrit sur son chapeau : « C’est moi qui suis Guillot, berger de ce troupeau. » L’auteur a cherché et trouvé un grand nombre de détails tout à fait propres à la situation même qu’il veut peindre. […] Cette destination parut excuser chez les poètes ou une ivresse, ou une déraison qui se manifestait par un désordre absolu dans les idées ; de sorte que le dithyrambe devint chez les Grecs eux-mêmes, le nom d’une poésie lyrique tout à fait déréglée, quel que fût le personnage, dieu, homme ou être de raison, à qui on s’adressait.
Les bons avis de Mme de Maintenon avaient été fort utiles à Mlle d’Aubigné, qui ne laissait pas d’avoir quelque penchant à la fierté, comme sa tante le lui a reproché dans une de ses lettres où elle lui disait très-justement : « Vous serez insupportable, si vous ne devenez humble. » 1.
Orgon, à prix d’argent, veut anoblir sa race : Devenu magistrat, de mince roturier, Pour être un jour baron il se fait usurier.
se peut-il qu’un lieu, quelque cher qu’il puisse être, De l’âme tout entière ainsi devienne maître !
Le pluriel est devenu rare, dans le sens de manèges.
Les anciens en comptaient d’autres, qui ne sont plus dans nos mœurs : les oracles, les augures, les prodiges, les livres sibyllins, les réponses des prêtres, des aruspices, des devins, etc.
« Bien que l’on cultive particulièrement la langue allemande dans les écoles ecclésiastiques de mon diocèse, dit le savant Évêque, je ne désire pas moins que votre bel ouvrage, y devienne classique. » Déjà bon nombre de petits séminaires et d’institutions ont adopté le Cours complet de littérature.
Ce ne fut que plus tard, lorsqu’elle descendit du haut rang qu’elle occupait dans l’ode, dans l’épopée et même dans le genre didactique, pour devenir un moyen de délassement et de plaisir, que parut le genre dramatique, dont l’étude va clore ce Traité. […] Il se resserre de plus en plus dans les suivants ; c’est-à-dire que les obstacles se multiplient, le péril augmente, les efforts deviennent plus vifs. […] Entre les mains d’un écrivain immoral, la comédie devient une source de corruption et d’égarement. […] Le poète peut associer à ce caractère principal d’autres caractères pour ainsi dire subalternes, sans que l’action en devienne plus chargée ni plus intriguée.
XX Nous avons vu dans la grammaire que beaucoup de verbes intransitifs deviennent transitifs en composition et régissent l’accusatif en vertu de la préposition qu’ils renferment, par ex. : Adiit oraculum Jovis, il alla trouver l’oracle de Jupiter. Toutefois il faut admettre généralement que l’accusatif ne s’emploie guère qu’avec les verbes composés des cinq prépositions circum, per, præter, trans et super, ou par ceux qui, étant composés d’autres prépositions, sont devenus tout à fait transitifs, comme adire, subire, aggredi, convenire, etc. […] L'Asie est devenue la possession du peuple romain. […] Il est devenu noble lui-même par suite de la noblesse de son père.
Il porte, il est vrai, la richesse, en ce genre, jusqu’à la prodigalité ; mais qui pourrait lui faire un crime, ou même un reproche, d’un défaut qui devient à chaque instant pour nous la source d’un nouveau plaisir !
Si tu cèdes lâchement au malheur, si tu violes ton pacte solennel avec nous, tu outrages ceux qui l’ont le moins mérité, toi, tes amis, ta patrie, et nous surtout, nous qui deviendrons tes ennemies implacables pendant ta vie et qui te dénoncerons d’avance à l’animadversion de nos sœurs, chez les morts ».
Ceci devient une logomachie, et de toute façon la raison est encore de mon côté.
Grâce à elle, grâce à sa plume naturelle et fine, délicate et ferme, courant toujours et ne s’égarant jamais, la Lettre, écrite jusqu’alors avec emphase, négligence ou affectation, est devenue l’un des genres dont la littérature française a le plus droit d’être fière.
Quand il a vu que Deslon, son élève, devenu transfuge, avait établi chez lui un baquet magnétique, il a offert d’enseigner le secret de sa doctrine à quiconque voudrait donner cent louis pour ses leçons.
L’heureuse combinaison des tours et la noblesse des termes sont entrés dans le trésor de la prose oratoire : l’exagération emphatique, le faux goût, la recherche, sont demeurés sur le compte de Balzac, et l’on n’a plus compris la gloire de cet écrivain, parce que les fautes seules lui restaient, tandis que ses qualités heureuses étaient devenues la propriété commune de la langue qu’il avait embellie. » 3.
Delà vient que le Prince de Condé valait seul à la France des années entières ; que devant lui les forces ennemies les plus redoutables s’affaiblissaient visiblement par la terreur de son nom ; que sous lui nos plus faibles troupes devenaient intrépides et invincibles ; que par lui nos frontières étaient à couvert, et nos provinces en sûreté ; que sous lui se formaient et s’élevaient ces soldats aguerris, ces officiers expérimentés, ces braves dans tous les ordres de la milice, qui se sont depuis signalés dans nos dernières guerres, et qui n’ont acquis tant d’honneur au nom français, que parce qu’ils avaient eu ce Prince pour Maître et pour Chef ». […] Périclès, sous le gouvernement de qui Athènes devint si florissante et si redoutable, y fut comme le fondateur de l’éloquence. […] L’immortel d’Aguesseau, qui, après avoir occupé les hautes places de la magistrature, devint chancelier de France, nous a laissé des discours qu’il prononça étant avocat ou procureur-général.
Combien de fois n’ai-je pas retrouvé, dans la vie, d’anciens élèves, devenus hommes, qui se rappelaient et me rappelaient avec délices non pas les récréations et les plaisirs, mais les leçons et les travaux de la rhétorique ?
Je lui devins plus cher de jour en jour ; et j’appris enfin de don Fernand, qui le venait voir très-souvent, que j’en étais aimé de manière que je pouvais compter ma fortune faite.
Lorsqu’en 1362, Catherine de Médicis l’envoya pacifier la Guienne, il le fit si bien, qu’à son départ les villages ressemblaient à des cimetières : sur les routes, les branches des arbres devinrent des gibets, odieux trophées dont la seule excuse, s’il en est une, fut sa triste obéissance à des ordres fanatiques.
Après la chute de l’empire qu’il avait servi sans enthousiasme, mécontent, déclassé, il devint avocat de l’opposition, et se métamorphosant en ami du peuple, en vigneron matois, en canonnier à cheval, il guerroya, au nom d’un libéralisme bourgeois et tracassier, contre les petites vexations locales, les abus de pouvoir, les préfets, les maires et les gendarmes.
Nous lisons ailleurs : « Je ne sais pourquoi cela m’est devenu nécessaire d’écrire, quand ce ne serait que deux mots.
Il se serre de plus en plus dans le deuxième, le troisième et le quatrième ; c’est-à-dire, que le péril augmente, les obstacles se multiplient, les efforts deviennent plus vifs. […] Auguste peut pardonner aux conjurés, ou ne pas leur pardonner : Joas peut monter sur le trône, ou devenir la victime des fureurs d’Athalie. […] Le poëte peut associer à ce caractère principal d’autres caractères, pour ainsi dire, subalternes, sans que l’action en devienne plus chargée et plus intriguée. […] La comédie devint alors la satire générale des vices et des ridicules, et parut à-peu-près dans l’état où nous la voyons aujourd’hui. […] Elle devient entre les mains de la critique, dit encore l’abbé Sallier, le flambeau dont on éclaire les défauts d’un auteur qui avoit surpris l’admiration.
S’il en montrait moins, il me laisserait respirer et me ferait plus de plaisir ; il me tient trop tendu, et sa lecture me devient une étude.
— Mon père, il est donc vrai, tout est devenu pire ?
Semblables à ces étoiles extraordinaires dont on ignore les causes, et dont on sait encore moins ce qu’elles deviennent après avoir disparu, ils n’ont ni aieuls ni descendants ; ils composent seuls toute leur race.
Sur la bizarrerie en littérature Les exceptions et les bizarreries deviennent vite monotones.
Mais ce premier écueil de la vie humaine devient comme l’écueil privilégié de la vie des grands…, etc. » On voit que ce lieu rentre, sous plusieurs rapports, dans l’énumération.
Corneille avait rendu riches les libraires et les comédiens sans l’être devenu lui-même.
C’est un homme qui n’est bon à rien, et qui nous devient fort à charge, parce qu’il ne travaille point pour le couvent ; mais j’entends sonner l’heure du réfectoire.
L’heureuse combinaison des tours et la noblesse des termes sont entrés dans le trésor de la prose oratoire : l’exagération emphatique, le faux goût, la recherche, sont demeurés sur le compte de Balzac, et l’on n’a plus compris la gloire de cet écrivain, parce que les fautes seules lui restaient, tandis que ses qualités heureuses étaient devenues la propriété commune de la langue qu’il avait embellie. »
D’un autre côté, non-seulement ils sont permis au poète épique, mais lorsqu’ils sont bien exécutés, ils deviennent pour son ouvrage une brillante parure. […] L’intervention de la divinité, voilà, comme nous l’avons vu dans la définition, ce qui caractérise l’essence de ce poème, ce qui le distingue de l’histoire et surtout du poème héroïque, et ce qui devient pour le poète la source des plus sublimes beautés.
Vérité incontestable, vérité de tous les temps ; vérité si sensible, enfin, qu’il sembleront inutile de s’y arrêter, s’il n’était devenu nécessaire de ne perdre aucune des occasions qui peuvent y ramener ; si nous ne frémissions encore de la dissolution affreuse qui a été la conséquence indispensable de l’oubli de ses droits, du mépris et de la négligence de ses maximes.