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28. (1912) Morceaux choisis des auteurs français XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles

Mais, après son départ, la discorde s’étant mise parmi ceux qui y demeurèrent, et les vivres leur manquant, ils reprirent la route de France. […] Croyez-vous qu’il suffise d’en porter le nom et les armes574, et que ce nous soit une gloire d’être sorti d’un sang noble lorsque nous vivons en infâmes ? […] Voilà la plus belle sentence que j’aie entendue de ma vie : Il faut vivre pour manger et non pas manger pour vi… Non, ce n’est pas cela. […] Valère. — Qu’il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger. […] Or ceux qui vivent avec les princes aiment mieux leurs intérêts que celui du prince qu’ils servent ; et ainsi ils n’ont garde de lui procurer un avantage en se nuisant à eux-mêmes.

29. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

Qu’il vive donc, Seigneur, et qu’il nous fasse vivre ! […] J’ai cent moyens tout prêts pour m’empêcher de vivre, La rivière, le feu, le poison et le fer. […] Ses opéras vivront par le sentiment, par l’intérêt, mais surtout par le talent de la composition, par le mérite du style et par le charme de l’harmonie. […] Il veut fonder un cloître, et destiné le reste À vivre sans éclat, toujours simple et modeste. […] Vivez donc, et tâchons de tromper ces barbares.

30. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Il ne leur a pas pleu qu’en ma vieille saison Je sceusse quel bien c’est de vivre en sa maison, De vivre entre les siens sans crainte et sans envie. […] Ceux que de force on fait vivre en captivité. […] Puis n’ay-je assez vécu pour mes jours, pour ma gloire ? […] Vivez tant que nature icy vous souffrira. […] qui sans passion pourroit vivre sur terre, Ayant des os, des nerfs, des poumons et du sang ? 

31. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — D’Aguesseau. (1668-1751.) » pp. 124-129

L’une et l’autre sont absolument nécessaires à tout homme qui veut avoir une foi éclairée et rendre à Dieu ce culte spirituel, cet hommage de l’être raisonnable à son auteur, qui est le premier et le principal devoir des créatures intelligentes ; mais l’une et l’autre sont encore plus essentielles à ceux qui sont destinés à vivre au milieu de la corruption du siècle présent, et qui désirent sincèrement d’y conserver leur innocence, en résistant au torrent du libertinage qui s’y répand avec plus de licence que jamais, et qui serait bien capable de faire trembler un père qui vous aime tendrement, si je ne croyais, mon cher fils, que vous le craignez vous-même. […] Transporté loin de lui par ses désirs, et vieux dans sa jeunesse, il méprise le présent ; et courant après l’avenir, il veut toujours vivre et ne vit jamais1. […] Toujours occupés de ce qu’ils veulent être et jamais de ce qu’ils sont, pleins de vastes projets, le seul qui leur échappe est celui de vivre contents de leur état.

32. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Florian 1755-1794 » pp. 473-479

Le chateau de cartes Un bon mari, sa femme, et deux jolis enfants, Coulaient en paix leurs jours dans le simple héritage Où, paisibles comme eux, vécurent leurs parents5. […] Les vivres tiraient à leur fin ; Point de terre voisine, et bientôt plus de pain. […] Partir avant le jour, à tâtons, sans voir goutte, Sans songer seulement à demander sa route, Aller de chute en chute, et, se traînant ainsi, Faire un tiers du chemin jusqu’à près de midi ; Voir sur sa tête alors s’amasser les nuages, Dans un sable mouvant précipiter ses pas, Courir en essuyant orages sur orages, Vers un but incertain où l’on n’arrive pas ; Détrompé, vers le soir, chercher une retraite ; Arriver haletant, se coucher, s’endormir : On appelle cela naître, vivre et mourir.

33. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Massillon, 1663-1742 » pp. 205-215

Reçu à l’Académie française, il consacra le reste de ses jours aux devoirs de l’épiscopat, et ne vécut pas assez pour être attristé par les scandales qui prouvèrent trop que son royal auditeur ne profita pas de ses exhortations. […] Vous rêvez que vous avez vécu. […] Quand vous auriez commencé à vivre avec le monde, le passé ne vous paraîtrait pas plus long ni plus réel. […] Dieu seul nous connaît, et nous ne nous connaissons pas nous-mêmes : nos penchants nous séduisent ; nos préjugés nous entraînent ; le tumulte des sens fait que nous nous perdons de vue : tout ce qui nous environne nous renvoie notre image ou adoucie ou changée ; et il est vrai que nous ne pouvons nous choisir à nous-mêmes un état sans nous méprendre, parce que nous ne nous connaissons pas assez pour décider sur ce qui nous convient : nous sortons même des mains de la souveraineté et de la sagesse divine ; nous devenons à nous-mêmes nos guides et nos soutiens ; semblables au prodigue de l’Évangile, en forçant le père de famille de laisser à notre disposition et à notre caprice les dons et les talents dont il voulait lui-même régler l’usage, nous rompons tous les liens de dépendance qui nous liaient encore à lui, et au lieu de vivre sous la protection de son bras, il nous laisse errer loin de sa présence au gré de nos passions, dans des contrées étrangères1.

34. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Joubert, 1754-1824 » pp. 388-398

On ne se lasse pas de les relire, et il est digne de vivre dans la compagnie des maîtres1. […] On nous l’a fait considérer comme un châtiment, comme le coup porté par un exécuteur tout-puissant, comme un supplice, enfin ; et nos amis, nos proches, quand nous avons cessé de vivre, quittent notre lit de repos comme ils quitteraient l’échafaud où l’on nous aurait mis à mort. […] « Il est des esprits méditatifs et difficiles qui sont distraits dans leurs travaux par des perspect ves immenses et les lointains du beau céleste, dont ils voudraient mettre partout quelque image ou quelque rayon, parce qu’ils l’ont toujours devant la vue, même alors qu’ils n’ont rien devant les yeux ; esprits amis de la lumière, qui, lorsqu’il leur vient une idée à mettre en œuvre, la considèrent longuement et attendent qu’elle reluise, comme le prescrivait Buffon, quand il définissait le génie l’aptitude à la patience ; esprits qui ont éprouvé que la plus aride matière et les mots même les plus ternes renferment en leur sein le principe et l’amorce de quelque éclat, comme ces noisettes des fées, où l’on trouvait des diamants, quand on en brisait l’enveloppe, et qu’on avait des mains heureuses ; esprits qui sont persuadés que ce beau dont ils sont épris, le beau élémentaire et pur, est répandu dans tous les points que peut atteindre la pensée, comme le feu dans tous les corps ; esprits attentifs et perçants qui voient ce feu dans les cailloux de toute la littérature, et ne peuvent se détacher de ceux qui tombent en leurs mains qu’après avoir cherché longtemps la veine qui le recélait, et l’en avoir fait soudainement jaillir ; esprits qui ont aussi leurs systèmes, et qui prétendent par exemple, que voir en beau et embellir, c’est voir et montrer chaque chose telle qu’elle est réellement dans les recoins de son essence, et non pas telle qu’elle existe aux regards des inattentifs, qui ne considèrent que les surfaces ; esprits qui se contentent peu, à cause d’une perspicacité qui leur fait voir trop clairement et les modèles qu’il faut suivre et ceux que l’on doit éviter ; esprits actifs, quoique songeurs, qui ne peuvent se reposer que sur des vérités solides, ni être heureux que par le beau, ou du moins par ces agréments divers qui en sont des parcelles menues et de légères étincelles ; esprits bien moins amoureux de gloire que de perfection, qui paraissent oisifs et qui sont les plus occupés, mais qui, parce que leur art est long et que la vie est toujours courte, si quelque hasard fortuné ne met à leur disposition un sujet où se trouve en surabondance l’élément dont il ont besoin et l’espace qu’il faut à leurs idées, vivent peu connus sur la terre, et y meurent sans monument, n’ayant obtenu en partage, parmi les esprits excellents, qu’une fécondité interne et qui n’eut que peu de confidents. » 1. […] Il se rappelle quelques erreurs, quelques préjugés, quelques préventions inséparables du milieu incomplet où il avait vécu.

35. (1872) Recueil de compositions françaises pour préparer au discours latin les candidats au baccalauréat ès-lettres. Première série

Puissiez-vous vivre dénués de tout, sans patrie, exilés dans votre camp, et vous entre-tuer avec ces armes plus souvent fatales à vos chefs qu’à ceux des ennemis !  […] Les Macédoniens ont des vivres à peine pour un mois ; ensuite ils ne sauraient subsister que de rapine. […] Il est doux de vivre avec honneur et de mourir en laissant le souvenir immortel de son nom. […] Mais il est temps de nous séparer, moi pour mourir, vous, pour vivre. […] En effet, celui qui vivrait, comme moi, au milieu de nombreux malheurs, ne jugerait-il pas que la mort est un bienfait pour lui ?

36. (1883) Morceaux choisis des classiques français (prose et vers). Classe de troisième (nouvelle édition) p. 

Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine ! […] Quand je parle des anciens Romains, j’entends ceux qui ont vécu avant que l’accroissement de leur empire eût altéré la simplicité de leurs mœurs. […] Quand le moment viendra d’aller trouver les morts, J’aurai vécu sans soins, et mourrai sans remords. […] Enfants disgraciés, nés dans le dénûment pour vivre dans la privation, leurs jours pénibles se consument dans les inquiétudes d’un besoin toujours renaissant. […] — Je voudrais vivre avec les hommes.

37. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre IV. Beautés morales et philosophiques. »

« Dégoûté justement de tout ce que je voi, » Je me hâte de vivre, et de vivre avec moi. […] Combien de méchants vivent tranquilles et meurent après avoir insulté toute leur vie à la probité de l’homme de bien, et avoir joui, avec une apparente sécurité, du ciel même qu’ils irritaient ? […] Sans doute Mécène et tous les grands de Rome devaient s’accommoder d’une philosophie douce et complaisante, dont la base était de vivre pour soi, et qui se proposait seulement de raffiner les jouissances, et non pas de les diminuer. […] Quand pourrai-je, tantôt goûtant un doux sommeil, Et des bons vieux auteurs amusant mon réveil, Tantôt ornant sans art mes rustiques demeures, Tantôt laissant couler mes indolentes heures, Boire l’heureux oubli des soins tumultueux, Ignorer les humains, et vivre ignoré d’eux !

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