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65. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fénelon 1651-1715 » pp. 118-132

toi-même qui jouis maintenant d’une jeunesse si vive et si féconde en plaisirs, souviens-toi que ce bel âge n’est qu’une fleur qui sera presque aussitôt séchée qu’éclose : tu te verras changer insensiblement ; les grâces riantes, les doux plaisirs qui t’accompagnent, la force, la santé, la joie s’évanouiront comme un beau songe ; il ne t’en restera qu’un triste souvenir ; la vieillesse languissante et ennemie des plaisirs viendra rider ton visage, courber ton corps, affaiblir tes membres, faire tarir dans ton cœur la source de la joie, te dégoûter du présent, te faire craindre l’avenir, te rendre insensible à tout, excepté à la douleur. […] Demandez-lui ce qu’il a fait de sa matinée : il n’en sait rien, car il a vécu sans songer s’il vivait ; il a dormi le plus tard qu’il a pu, s’est habillé fort lentement, a parlé au premier venu, a ait plusieurs tours dans sa chambre, a entendu nonchalamment la messe.

66. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Victor Hugo Né à Besançon en 1802 » pp. 540-556

Dieu submergea, Je travaillais dans l’ombre, et je songeais déjà, Tandis que j’écrivais, sans peur, mais sans système6, Versant le barbarisme à grands flots sur le thème7, Inventant aux auteurs des sens inattendus. […] D’autres vont maintenant passer où nous passâmes ; Nous y sommes venus, d’autres vont y venir ; Et le songe qu’avaient ébauché nos deux âmes, Ils le continueront sans pouvoir le finir !

67. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Fénelon, 1651-1715 » pp. 178-204

Demandez-lui ce qu’il a fait de sa matinée : il n’en sait rien, car il a vécu sans songer s’il vivait ; il a dormi le plus tard qu’il a pu, s’est habillé fort lentement, a parlé au premier venu, a fait plusieurs tours dans sa chambre, a entendu nonchalamment la messe. […] Il faut songer à rajeunir en Jésus-Christ pour la vie éternelle, et laisser vieillir cet homme extérieur, qui est, selon saint Paul, « le corps du péché ». […] Ils ne songent qu’à charger leurs discours d’ornements ; semblables aux méchants cuisiniers qui ne savent rien assaisonner avec justesse, et qui croient donner un goût exquis aux viandes en y mettant beaucoup de sel et de poivre.

68. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XXIV. » pp. 128-130

. — Dacier et Batteux ne s’inquiètent que du raisonnement même d’Aristote, sans songer aux difficultés que présente le texte même.

69. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Jean-Baptiste Rousseau 1670-1741 » pp. 441-444

Ôde à philomèle 1 Pourquoi, plaintive Philomèle, Songer encore à vos malheurs, Quand, pour apaiser vos douleurs, Tout cherche à vous marquer son zèle2?

70. (1873) Principes de rhétorique française

Songez-vous au bonheur qui les a signalés ? […] Racine a fait concourir toutes les circonstances de personne, de temps, de cause et d’effet dans cette admirable défense d’Hippolyte : Examinez ma vie, et songez qui je suis. […] Racine fait dire à Andromaque lorsqu’elle veut rendre Pyrrhus odieux, justifier sa haine et la faire partager : Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle    Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle ; Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants, Entrant à la lueur de nos palais brûlants, Sur tous mes frères morts se faisant un passage, Et, de sang tout couvert, échauffant le carnage ; Songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourants Dans la flamme étouffés, sous le fer expirants ; Peins-toi dans ces horreurs Andromaque éperdue : Voilà comme Pyrrhus vint s’offrir à ma vue. […] Dans le choix des arguments, songer moins à leur nombre qu’à leur valeur. […] Chacun des vers suivants est une expression nouvelle et dus vive du même sentiment, si bien qu’on reprocherait presque à Molière l’abus de l’amplification, si l’on ne songeait à l’importance de la distinction que le moraliste veut établir.

71. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre II. Les Oraisons ou discours prononcés. »

Chacune a les siens propres ; les anciens, qui ne songeaient dans leurs traités qu’aux discours du barreau, les rapportaient à six espèces principales : la loi, les titres, la renommée, le serment, la question 9, les témoins, tous moyens placés hors de la cause même prise dans son abstraction et sa généralité, mais qui se rattachent toujours à la cause particulière dont il s’agit. […] pas plus qu’un songe de la nuit. […] Ils passeront dans nos annales jusqu’à nos derniers neveux ; mais pour vous, ce n’est déjà plus qu’un songe, qu’un éclair qui a disparu, et que chaque jour efface même de votre souvenir. […] Quant à la péroraison, il est évident qu’on ne peut songer à y remuer les passions que dans des causes essentiellement touchantes ; on rirait avec raison de l’avocat qui voudrait attendrir ses juges, et qui verserait d’abondantes larmes à propos d’un mur mitoyen ou d’une contravention de police.

72. (1867) Rhétorique nouvelle « Troisième partie. la rhétorique » pp. 194-

— Car, disait-il, à quoi ont songé ces hommes d’État ? […] Périclès, à la tribune, ne songeait guère aux subtilités de Protagoras ; Démosthène se rappelait avec dépit le rhéteur Isée, son maître, qui, disait-il, avait pensé le gâter, et Lysias, après avoir enseigné la rhétorique jusqu’à l’âge de cinquante ans, renonçait tout à coup à son art et déclarait hautement que l’éloquence est affaire d’expérience et non de théorie. […] Il songe moins à assurer le succès de sa cause qu’à éviter de la compromettre. […] On les cueillait déjà vingt ou trente siècles avant que les critiques eussent songé à les nommer et à les classer.

73. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VII. Éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1744, par Voltaire. »

C’est un corps animé d’une infinité de passions différentes, qu’un homme habile fait mouvoir pour la défense de la patrie : c’est une troupe d’hommes armés qui suivent aveuglément les ordres d’un chef, dont ils ne savent pas les intentions : c’est une multitude d’âmes, pour la plupart viles et mercenaires, qui, sans songer à leur propre réputation, travaillent à celle des rois et des conquérants : c’est un assemblage confus de libertins, qu’il faut assujétir à l’obéissance ; de lâches qu’il faut mener au combat ; de téméraires, qu’il faut retenir ; d’impatients, qu’il faut accoutumer à la confiance, etc. » Malgré le respect dû au nom de Fléchier, et surtout à l’oraison funèbre de Turenne, son plus bel ouvrage, qui ne voit, dans le premier de ces deux morceaux, le véritable orateur, l’écrivain plein de son sujet ; et, dans le second, le rhéteur presque uniquement occupé du soin d’assembler et de faire contraster des mots ?

74. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Voiture 1598-1648 » pp. 15-17

Idole et victime de la mode, il porta la livrée de son temps, et la postérité l’a puni d’avoir plus songé au présent qu’à l’avenir.

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