Chez les Latins, Catulle, né à Vérone, l’an 86 avant Jésus-Christ, a fait un grand nombre d’épigrammes qui se distinguent souvent par un tour heureux et délicat, ainsi que par la douceur, le sentiment et la naïveté. […] Le madrigal, au contraire, a quelque chose de plus doux, de plus simple, de plus délicat : ici c’est le cœur qui parle, le sentiment qui se fait jour ; et sa pointe toujours aimable, gracieuse, n’a de piquant que ce qu’il lui en faut pour n’être pas fade. […] Il y a de l’esprit dans ce madrigal ; mais il n’y en a qu’autant qu’il en faut pour assaisonner le sentiment.
Son goût pour l’intrigue était excessif, et l’on ne doit en chercher la cause que dans ses besoins pécuniaires ; de sorte que ces éclairs brillants de génie, ces expressions de sentiment qui auraient honoré l’homme le plus vertueux, n’étaient pour ce profond machiavéliste qu’une simple spéculation. […] Mais le sentiment de la justice n’était pas tellement éteint encore, qu’il ne se ranimât fréquemment dans les cœurs ; toutes les idées les plus simples n’étaient pas encore arrivées à ce point de renversement total, où rien de ce qui a été ne saurait plus être, où tout se confond, où il faut absolument un nouveau langage, pour exprimer des choses inouïes.
On a pu relever, sans doute, quelques défauts dans ce bel ouvrage : pour nous, qui l’avons lu comme il a été composé, avec l’âme seulement,et qui n’avons pas le malheur de chercher à raisonner ce qui ne doit être que senti, nous y avons trouvé une imagination brillante, et plutôt au-delà qu’au-dessous de son sujet, une intarissable fécondité de sentiments tendres ou sublimes, de réflexions pieuses ou touchantes ; et quelques taches nous ont facilement échappé, perdues au milieu de tant de beautés d’un ordre si nouveau et d’un rang si supérieur. […] Ce qu’on n’a peut-être point assez observé dans Homère, c’est que l’homme y est en général beaucoup plus grand, beaucoup plus parfait que le dieu ; qu’il s’y montre plus intéressant, y étale des sentiments plus nobles et plus vrais.
Il sait assortir les nuances du sentiment et de la pensée, caresser l’oreille, et charmer l’esprit par l’heureux choix des mots et l’harmonie d’une période savante. […] On vit dans les villes par où son corps a passé les mêmes sentiments que l’on avait vus autrefois dans l’empire romain, lorsque les cendres de Germanicus furent portées de la Syrie au tombeau des Césars.
Lorsqu’il ne s’agit que d’exposer un fait, de tracer un tableau rapide, de s’abandonner à un sentiment, dans certaines questions même politiques ou judiciaires, il arrive quelquefois que les développements se présentent à l’imagination en même temps que l’idée première, et marchent de front avec elle, ou en découlent tout naturellement. […] Si je veux atteudrir les juges, sera-t-il hors de propos de dire qu’Athènes, cette ville si sage, regardait la pitié non-seulement comme un sentiment de l’âme, mais comme une divinité ? […] Aussi voyons-nous non-seulement que les orateurs sèment leurs discours des sentiments des poëtes, mais que les philosophes même, eux qui méprisent si fort tout ce qui est étranger à leurs études, daignent emprunter quelquefois l’autorité d’un vers cité à propos. » Instit. orat.
C’est pour moi un adoucissement à mes maux, une consolation à mes douleurs d’être l’objet d’un sentiment si bienveillant. […] Maintenant, quoi qu’il en soit, de quelque côté que penchent vos sentiments et vos opinions, il faut vous prononcer avant la nuit. […] , et non pas à un profond sentiment de pitié et d’humanité. […] Puissiez-vous approuver, vous et le peuple romain, les sentiments que j’espère conserver toujours ! […] quels sont vos sentiments, juges, au récit de ces forfaits ?
Les sentiments sont susceptibles de différents degrés ; la vérité de la déclamation consiste à se placer dans le degré convenable, ni au-dessous, ni au-dessus. […] Voilà six phases diverses par lesquelles passera le même sentiment, l’indignation, et ces phases seront indiquées par quelques mots, par exemple : L’étonnement. — Quoi ! […] C’est en observant avec art toutes ces nuances du sentiment que l’on acquiert la vérité de la déclamation. […] cet instrument si délicat et si souple, qui se prête à toutes les nuances du sentiment, à toute l’énergie des passions. […] Ce principe, généralement adopté, n’est pourtant pas sans exception : car on trouve assez fréquemment dans nos bons poètes, lorsqu’ils veulent presser un récit ou exprimer un grand sentiment, trois ou quatre rimes suivies.
Voilà mes véritables sentiments. […] Cette lettre, que l’on rapporte à l’année 1682, jette beaucoup de jour sur les sentiments et la conduite de Mme de Maintenon relativement à la révocation de l’édit de Nantes, qu’on lui a souvent attribuée en partie.
Au sentiment de l’art antique il a su allier celui de l’art chrétien. […] « Il n’y a de bon dans l’homme que ses jeunes sentiments et ses vieilles pensées. » Joubert.
Ils analysent leurs sentiments, plus qu’ils n’agissent. […] Que vous flattez agréablement mes sentiments, quand vous confirmez ce que j’ai avancé touchant la part que l’amour doit avoir dans les belles tragédies, et la fidélité avec laquelle nous devons conserver à ces vieux illustres les caractères de leur temps, de leur nation et de leur humeur !