., et quand il avait appris à rapprocher un sujet de tous les articles de cette nomenclature, à appliquer toutes les faces d’une idée à ce type commun, à bien voir ce que chacun de ces universaux pourrait fournir, il croyait, et avec raison, ce me semble, avoir facilité l’invention. […] Comme il les fond dans ses propres conceptions, si bien qu’on ne saurait plus les en détacher, et que le bien des autres semble lui appartenir à aussi bon droit qu’à ceux même qu’il a dépouillés ! […] On sent, comme le philosophe, que pour avoir une connaissance de cette campagne, il faut arrêter ses regards successivement d’un objet sur un autre, observant d’abord ceux qui appellent plus particulièrement l’attention, qui sont plus frappants, qui dominent, autour desquels et pour lesquels les autres semblent s’arranger ; ensuite, quand on a la situation respective des premiers, passant successivement à tous ceux qui remplissent les intervalles ; enfin, ne décomposant ainsi que pour recomposer, afin qu’une fois les connaissances acquises, les choses, au lieu d’être successives, aient dans l’esprit le même ordre simultané qu’elles ont au dehors.
On peut dire aussi qu’il y a richesse toutes les fois qu’une phrase, un mot même réveille plusieurs idées profondes, découvre un vaste tableau, ou fait saisir à l’instant des rapports qui semblaient ne devoir se révéler qu’à la réflexion ou à une lecture longue et variée. […] Enfin il nous fait voir le grand caractère d’Annibal, la situation de l’univers, et toute la grandeur du peuple romain, lorsqu’il dit : « Annibal fugitif cherchait au peuple romain un ennemi par tout l’univers ; qui, profugus ex Africa, hostem populo romano toto orbe quœrebat. » Voici maintenant un passage de Massillon qui peut, ce me semble, donner une idée de la magnificence du style, parce qu’il exprime une grande idée par une grande image. […] Longin, qui fait mal à propos rentrer dans le sublime tant de choses qui ne lui appartiennent pas, et jusqu’à l’ode de Sapho, la plus brûlante expression de l’amour sensuel, Longin cite, comme modèle de ce qu’il nomme sublime d’image, ce passage d’Euripide, où Phébus cherche à guider, dans son téméraire voyage, Phaéton déjà lancé dans les cieux : Le père cependant, plein d’un trouble funeste, Le voit rouler de loin sur la plaine céleste, Lui montre encor sa route, et du plus haut des cieux Le suit autant qu’il peut, de la voix et des yeux : « Va par là, lui dit-il, reviens, détourne, arrête… » « Ne vous semble-t-il pas, ajoute Longin, que l’âme du poëte monte sur le char avec Phaéton, partage tous ses périls et vole dans l’air avec les chevaux ?
Le pléonasme, dans le langage ordinaire, consiste à ajouter à la phrase des mots qui lui sont ou qui lui semblent inutiles. […] Voici une construction de Racine qui, ce me semble, me fera comprendre. […] « Et cela est fondé en raison, dit Vaugelas, parce que, lorsque nous voulons bien assurer et affirmer une chose, il ne suffit pas de dire simplement, je l’ai vu, je l’ai oui, puisque bien souvent il nous semble avoir vu et oui des choses que, si l’on nous pressait d’en dire la vérité, nous n’oserions assurer.
« Jetez les yeux de toutes parts : voilà tout ce qu’a pu la magnificence et la piété pour honorer un héros : des titres, des inscriptions, vaines marques de ce qui n’est plus ; des figures qui semblent pleurer autour d’un tombeau, et des fragiles images d’une douleur que le temps emporte avec tout le reste ; des colonnes qui semblent vouloir porter jusqu’au ciel le magnifique témoignage de notre néant ; et rien ne manque dans tous ces donneurs que celui à qui on les rend. […] « Pour moi, s’il m’est permis, après tous les autres, de venir rendre les derniers devoirs à ce tombeau, ô prince, le digne objet de nos louanges et de nos regrets, vous vivrez éternellement dans ma mémoire ; votre image y sera tracée, non point avec cette audace qui promettait la victoire ; non, je ne veux rien voir en vous de ce que la mort y efface ; vous aurez dans cette image des traits immortels ; je vous y verrai tel que vous étiez à ce dernier Jour, sous la main de Dieu, lorsque sa gloire sembla commencer à vous apparaître.
Il lui semblait « ne pouvoir faire plus grande faveur à son esprit que de le laisser en pleine oisiveté s’arrêter et rasseoir en soi ». […] Montaigne voyageur Le voyager2 me semble un exercice proufitable : l’ame y a une continuelle exercitation3 à remarquer des choses incogneues et nouvelles ; et ie ne sçache point meilleure eschole à façonner la vie, que de luy proposer incessamment la diversité de tant d’aultres vies, fantasies et usances4, et luy faire gouster une si perpetuelle varieté de formes de nostre nature. […] Il veut dire, ce me semble : « Je me repose sur l’idée qu’ils me seront un secours tout prêt. » 3.
Il me semble qu’il doit faire impression sur tout homme bien organisé. […] Il n’est aucun malheur qui ne semble nous menacer tous, dans un désordre si universel. […] Car refuser à celui que je chérissais par dessus tout et qui me témoignait la plus grande affection, à celui surtout qui me demandait une chose juste, une chose glorieuse, cela me semblait trop pénible. […] Il semble voir l’ardeur de ces regards pleins de feu et de sang, la vibration rapide de ces langues au triple dard, qui s’agitent dans une gueule béante ; il semble entendre ces sifflements aigus, si bien imités par la répétition de la lettre s. […] En les lisant, il semble voir ce malheureux luttant de toutes ses forces contre ces effroyables nœuds, tout couvert de sang et du poison de ces monstres ; il semble entendre ses cris épouvantables, si bien figurés par ces mots pleins d’une sonorité effrayante, et mis au nombre pluriel : clamorés horrendos… Le mot vittas ajoute de l’intérêt à la peinture : ce n’est point une victime ordinaire, c’est un prêtre orné de bandelettes que les serpents dévorent.
Il aime les cimes supérieures, et sa devise pourrait être ; Haut les cœurs Dans Eleusis et Psyché, qui furent ses premières œuvres, et font revivre des légendes antiques, la nature semble être une médiatrice entre l’âme et Dieu. […] Les faux marchent toujours, allongeant derrière elles Les rangs d’épis tombés en réseaux parallèles, Et qui semblent, de loin, tissu fauve et doré, Des toiles de lin neuf qu’on blanchit sur le pré4.
Cet ouvrage, qui témoigne, dans son auteur, d’une véritable science littéraire, nous a semblé mériter non seulement des éloges, mais une propagation qui ne peut être que profitable aux bonnes études. […] Voilà, ce me semble, la devise qui lui convient.
N’allait-elle pas gagner tous les cœurs, c’est-à-dire la seule chose qu’ont à gagner ceux, à qui la naissance et la fortune semblent tout donner ? […] Il semblait à son gré gouverner le tonnerre, Foulait aux pieds ses ennemis vaincus. […] Ces trois poètes, dit Rollin, semblent avoir partagé entre eux les trois vers d’Homère, et les trois circonstances qui y sont employées. […] Bossuet présente une image sublime, lorsqu’à la suite de cette pensée que j’ai déjà citée, tout était Dieu, excepté Dieu lui-même , il ajoute : et le monde que Dieu avait fait pour manifester sa puissance, semblait être devenu un temple d’idoles .
Les palmes dont je vois ta tête si couverte Semblent porter écrit le destin de ma perte. […] J’en montre plus de flamme, et j’en fais mieux ma cour… Tout le secret1 ne gît qu’en un peu de grimace ; A mentir à propos, jurer de bonne grâce, Etaler force mots qu’elles n’entendent pas ; Faire sonner Lamboy, Jean de Vert et Galas2 Nommer quelques châteaux de qui les noms barbares Plus ils blessent l’oreille, et plus leur semblent rares ; Avoir toujours en bouche angles, lignes, fossés, Vedette, contrescarpe, et travaux avancés3 : Sans ordre et sans raison, n’importe, on les étonne ; On leur fait admirer les baies4 qu’on leur donne ; Et tel, à la faveur d’un semblable débit, Passe pour homme illustre et se met en crédit. […] C’est-à-dire, des sentiments qui nous appartiennent en propre, des sentiments personnels, intérieurs : brièveté qui semblerait aujourd’hui un peu dure. […] Ce dernier, dans ses Plaideurs, a pris encore la même liberté à l’égard de quelques-uns des traits du Cid, ce qui semblait une irrévérence à Corneille.