Restent donc les esprits ordinaires, c’est-à-dire le grand nombre qui a besoin d’être soutenu, dirigé, réglé dans ses mouvements et sa marche. […] L’avocat se propose de persuader aux juges que Milon était parti de Rome sans nul dessein d’attaquer Clodius, sans nulle prévision de ce qui allait arriver ; comme. ii. prépare les esprits à l’admettre par cette description si simple en apparence, mais où les détails les plus familiers ont leur valeur morale : Milon, ce jour-là même, était resté au Sénat jusqu’à la fin de la séance ; il rentra chez lui, changea de chaussure et d’habit et comme d’ordinaire il attendit que sa femme fût prête. […] De même, dans le Misanthrope, Oronte prouve que son sonnet est bon parce qu’il lui plaît ; resterait à prouver que tout ce qui plaît à Oronte est bon. […] Par exemple à cette phrase : Cette redoutable infanterie de l’armée d’Espagne restait encore, Bossuet a substitué par une heureuse inversion : Restait cette redoutable infanterie de l’armée d’Espagne, et cette inversion plaçant bien, en vue le verbe restait présente l’image de l’héroïque immobilité des soldats espagnols. […] Les idées et les mots restent les mûmes ; la construction gâte tout, et au lieu d’une expression élevée et juste, nous n’avons plus qu’un lourd balancement de propositions et d’épithètes.
que la plus indispensable des dispositions dans un traducteur, est cette espèce d’analogie naturelle qui le rapproche, à son insu, du modèle qu’il se propose d’imiter, qui établit d’avance entre eux un rapport de goût et de sentiments, sans lequel le traducteur, quel que soit d’ailleurs son talent, restera toujours infiniment au-dessous de son auteur. […] Soyons donc moins surpris que M. de La Harpe soit resté quelquefois si loin de son modèle, et gardons-nous surtout de juger à la rigueur ce qui ne peut être considéré que comme un simple essai, où l’on rencontre néanmoins de beaux vers, des morceaux assez heureux, et des corrections même qui décèlent partout le grand sens et le goût exquis du traducteur, Le Tasse, il est vrai, reste encore à traduire : Exoriare aliquis !
Il est inutile de nous étendre sur l’origine et les progrès de cette sorte d’ouvrage, et de faire connaître ceux qui nous sont restés ou que l’on connaît des Grecs et des Romains.
Il se termine par des Éléments de Rhétorique convenant à tout le monde, mais spécialement destinés aux jeunes personnes qui ne voudraient point rester étrangères à cette science.
Après l’acte d’abjuration, qui pacifia si heureusement la France, il resta ce qu’il était avant, l’âpre censeur qui ne désarme pas en face des défections intéressées.
L’heureuse combinaison des tours et la noblesse des termes sont entrés dans le trésor de la prose oratoire : l’exagération emphatique, le faux goût, la recherche, sont demeurés sur le compte de Balzac, et l’on n’a plus compris la gloire de cet écrivain, parce que les fautes seules lui restaient, tandis que ses qualités heureuses étaient devenues la propriété commune de la langue qu’il avait embellie. » 3.
En effet, dès que l’astre du jour se fut caché, quelques-uns de ces rayons décomposés éclairèrent les arcades demi-transparentes du pont d’une couleur ponceau, se reflétèrent dans les vallons, et au sommet des rochers, tandis que des torrents de lumière couvraient ses contours de l’or le plus pur2 ; mais la masse entière resta dans sa demi-teinte obscure, et on voyait autour des nuages qui s’élevaient de ses flancs les lueurs des tonnerres dont on entendait les roulements lointains.
Les paroles passent, mais les écrits restent. […] Ceux qui s’en vont sont plus heureux que ceux qui restent, ils n’ont plus rien à pleurer. […] nous autres, vauriens, nous restons dans cette vallée de misères.
après être restés si longtemps, il est bien honteux de partir sans avoir rien fait. […] Parler à la tribune, en effet, n’est-ce pas agir, puisque la délibération resterait stérile, si l’action n’en devait pas sortir ? […] » Quand vous dépouilleriez cette admirable logique de l’ornement du style, il vous resterait encore, en lisant le résumé des harangues de Démosthène, le plaisir de suivre une démonstration bien faite.
Aprés un tableau rapidement esquissé de l’état de la langue française avant Corneille, l’orateur continue : « La langue française restait donc à jamais dans la médiocrité, sans un de ces génies faits pour changer et pour élever l’esprit de toute une nation : c’est le plus grand de vos premiers académiciens, c’est Corneille seul qui commença à faire respecter notre langue des étrangers, précisément dans le temps que le cardinal de Richelieu commençait à faire respecter la couronne.