Jourdain faisait de la prose. […] Différents genres dé composition en prose. […] Dans l’ordre des faits généraux de l’humanité, la prose a précédé les vers, mais dans celui des faits particuliers de l’histoire littéraire, la poésie a précédé la prose. […] Il y a aussi beaucoup de comédies en prose. […] Ces trois derniers comiques n’ont écrit qu’en prose.
Depuis les Provinciales, la prose française est à ce point constituée, que, sans fléchir, elle peut recevoir l’impression des génies les plus divers. […] Mais sa prose est d’une qualité exquise, simple, naturelle, rapide, d’une lumière incomparable. […] Que voulez-vous, je vous prie, que Rousseau fasse de cette prose exténuée ? […] La force avait fini par manquer à la prose française ; Rousseau la lui a rendue : c’est là son titre immortel. […] Ce n’est pas, en effet, la prose de Voltaire, d’un tour aisé et d’une étoffe un peu légère, c’est la prose forte et laborieuse de Rousseau qui a servi de modèle à M. de Chateaubriand, le père de la littérature contemporaine.
En Grèce, la prose littéraire ne naquit visiblement que vers l’an 600 avant Jésus-Christ, et déjà, depuis environ trois siècles Homère avait composé ses immortels poèmes. La prose arabe date de Mahomet ; en Irlande, la prose n’apparaît qu’au douzième siècle. La prose est le langage libre, sans règle ni mesure fixe : on l’emploie surtout dans les genres de composition où domine la raison positive. […] Quoique la prose puisse servir à l’expression de la poésie, les vers n’en sont pas moins la vraie langue poétique. […] Alors naît aussi la prose, expression de la pensée réfléchie : l’histoire raconte les évolutions des peuples dans leur sphère d’activité.
Vous ne voulez que de la prose. […] Par la raison, monsieur, qu’il n’y a, pour s’exprimer, que la prose ou les vers. […] Il n’y a que la prose ou les vers ? […] Tout ce qui n’est point prose est vers, et tout ce qui n’est point vers est prose. […] De la prose.
Toutes les langues ont des syllabes plus ou moins susceptibles de vitesse ou de lenteur, et cette variété suffit à l’harmonie de la prose. […] Mais cette harmonie est-elle toujours admissible, et serait-elle toujours supportable dans la prose, et dans la nôtre en particulier ? […] Voilà pourquoi, en grande partie, le Claudien de la prose française, Thomas, est déchu si rapidement de la réputation collégiale dont il avait joui un moment. […] Buffon est, de tous nos bons auteurs, celui peut-être qui a donné à notre prose le plus d’harmonie, de nombre et de coloris, quelquefois même trop poétique. […] N’outrons rien ; mais admettons, avec Aristote, qu’une prose trop harmonieuse, trop rythmique serait ridicule, par cela seul qu’elle passerait les limites qui la séparent de la poésie : ποίημα γὰρ ἕσται ; mais qu’une prose totalement dénuée du charme de l’harmonie, serait également défectueuse, parce qu’elle n’offrirait point à l’oreille le repos qu’elle attend et dont elle a besoin : τὸ δὲ ἄῤῥυθμον, ἀπέραντον.
Des genres de prose et de leurs caractères différents. […] La prose, qui est l’expression libre de la pensée, sans entraves ni contrainte, la prose n’exclut pas l’inspiration poétique. […] Dans la prose, le vers blanc est une négligence et une tache. […] Caractères de la prose. […] Principaux genres de prose.
L’épopée n’emploie que la prose ou les vers.] […] « Aristote, dont les jugements sont des lois, dit positivement que l’épopée peut être écrite en prose ou en vers : et ce qu’il y a de remarquable, c’est qu’il donne au vers homérique ou vers simple un nom qui le rapproche de la prose, ψɩλομɛτρία, comme il dit de la prose poétique, ψɩλοί λόγοɩ. » (Chateaubriand, Préface des Martyrs.
Au xviiie siècle, cette contagion infecta non-seulement la tragédie et le poëme descriptif, elle envahit encore toute la prose. […] Bientôt l’exagération du style soutenu, et d’autre part l’extrême difficulté de la rime et le peu de ressources que présente la prose aux partisans fanatiques de l’harmonie, firent imaginer la prose métrique ou scandée, mélange prétentieux de vers blancs d’inégale mesure et d’inversions poétiques, genre amphibie et bâtard, qui n’a ni les qualités de la prose, ni celles de la poésie. Marmontel et Bitaubé donnèrent l’exemple, et ce style, à son tour, amena la prose lyrique, dithyrambique, ossianique, tout ce qu’il y a de plus opposé à la solidité naturelle, à la justesse, à la clarté, à la précision de l’esprit français. […] Mais entre ces deux excès, n’y a-t-il pas ce bon style des contemporains de la Fronde, à la fois large et précis, libre et correct, primesautier et pourtant réfléchi, qui réunit les bons côtés des deux siècles, du xvie et du xviie , le style de Molière et de la Fontaine, dans les vers, de Pascal, de Bossuet, de Fénelon, de madame de Sévigné, dans la prose ?
Sans doute, tout cela se trouve dans la prose ; mais, comme dans les beaux-arts, il s’agit non seulement de rendre la nature, mais de la rendre avec tous ses agréments et ses charmes possibles, la poésie, pour arriver à sa fin, a dû ajouter au style de la prose un nouveau degré de perfection. C’est pour cette raison que les pensées, les mots, les tours, les figures ont, dans la poésie, un degré de hardiesse, de liberté, qui paraîtrait excessif dans la prose. […] Il y a deux sortes de langage dans une même langue : l’un qui se nomme prose, et l’autre vers. […] Pour donner une définition précise de la poésie du vers, nous dirons qu’un vers est poétique ou véritablement vers quand il a un ton, une nuance au-dessus du ton et de la nuance qu’aurait la phrase si elle était en prose ; quand son expression a une élévation, une force, un agrément dans les mots et les tours, qu’on ne trouve point dans le même genre traité en prose ; en un mot, quand il montre le langage ennobli, enrichi, paré, élevé au-dessus de ce qu’il est quand il n’est que de la prose. […] Qu’est-ce que le vers, et comment le vers français se distingue-t-il de la prose ?
La poésie emploie souvent cette figure, et la prose poétique peut l'admettre quelquefois ; mais la prose ordinaire n'emploie l'hyperbate, qui place le régime indirect avant le régime direct, que lorsque le régime indirect est le plus court et que cette transposition ajoute à la clarté ou à l'harmonie de la phrase. […] On ne dirait pas, en prose : Ce jardin est agréable, ses allées sont bien tracées. […] La comédie s'écrit en prose ou en vers indifféremment. […] Aucun animal ne pouvant pousser des cris du fond des flots, la prose ordinaire rejette cette expression. […] La prose aussi emploie frais pour fraichement.