Les connaissances profondes doivent seules fournir les matériaux dont l’assemblage forme le fond de toute composition estimable. […] Elles nous conduisent à des recherches subtiles sans être pénibles, et profondes sans être arides ni obscures. […] Plusieurs objets nous frappent intérieurement et font sur nous une profonde impression, sans que nous soyons capables d’en assigner la cause. […] Le calme d’une belle matinée est beau, le profond silence de la nuit est sublime. […] Cette structure est le fruit d’un art poussé très loin, et peu de sciences reposent sur une logique plus profonde et plus épurée.
Ces lettres, que leur auteur ne destinait pas à la publicité, n’en sont que plus précieuses à nos yeux : car, en y racontant tout ce qu’elle a vu, tout ce qu’elle a appris, tout ce qu’elle a entendu dire, Mme de Sévigné s’y peint surtout elle-même avec sa tendresse maternelle, toujours profonde, parfois déçue, avec ses vertus et ses faiblesses, ses hautes qualités et ses petits travers ; prenant place ainsi, sans l’avoir cherché, parmi les écrivains français les plus originaux, parmi ceux qu’on égale peut-être, mais qu’on n’imite et qu’on ne surpasse pas. […] Il y avait déjà quelque temps qu’ils étaient sortis d’Abbeville, et qu’ils couraient dans un profond silence. […] De ce travail naquit un livre savant et profond sur la matière1043, dont le système allait à une répartition exacte, à soulager le peuple de tous les frais qu’il supportait et de beaucoup d’impôts, qui faisait entrer les levées directement dans la bourse du Roi, et, conséquemment, ruineux à l’existence des traitants, à la puissance des intendants, au souverain domaine des ministres des finances1044. […] En apercevant l’obscurité profonde qui régnait dans ce vaste lieu, je fus saisi d’une terreur qui me fit dresser les cheveux : je rétrograde, je sors, je me mets à fuir tout tremblant.
Il sut accorder une politique profonde avec une justice exacte ; et peut-être est-il le seul souverain qui mérite cette louange : prudent et ferme dans le conseil, intrépide dans les combats sans être emporté, compatissant comme s’il n’avait jamais été que malheureux.
Et n’est-ce pas elle qui, selon les différentes conjonctures et les divers sentiments dont elle est émue, tantôt nous aigrit des dépits les plus amers, tantôt nous envenime des plus mortelles inimitiés, tantôt nous enflamme des plus violentes colères, tantôt nous accable des plus profondes tristesses, tantôt nous dessèche des mélancolies les plus noires, tantôt nous dévore des plus cruelles jalousies, qui fait souffrir à une âme comme une espèce d’enfer, et qui la déchire par mille bourreaux intérieurs et domestiques ?
Elle exprime souvent une résolution froide et calme, mais ferme et généreuse, et fait ainsi une profonde impression sur les âmes. […] L’obscurité vient encore de ce qu’on veut paraître fin, délicat, profond, mystérieux ; on croit par là en imposer au vulgaire qui admire aisément ce qu’il ne comprend pas. […] Le travail de translation commande la lenteur et la réflexion nécessaires pour qu’une œuvre littéraire laisse de profondes impressions. […] Une telle impartialité annoncerait un cœur flétri ou une profonde ignorance des devoirs de l’écrivain. […] Pour arriver à cette tristesse profonde qui fait le plaisir de la tragédie, le poète doit effrayer et attendrir, exciter la terreur et la pitié.
Là, sur ce théâtre changeant et mobile, où la scène varie à chaque instant ; où, sous les apparences du repos, règne le mouvement le plus rapide : dans cette légion d’intrigues cachées, de perfidies ténébreuses, de méchanceté profonde et réfléchie : dans cette région, où l’on respecte, sans estimer ; où l’on applaudit, sans approuver ; où l’on sert, sans aimer ; où l’on nuit, sans haïr ; où l’on s’offre par vanité ; où l’on se promet par politique ; où l’on se donne par intérêt : où l’on s’engage sans sincérité ; où l’on se retire, où l’on s’abandonne sans bienséance et sans pudeur : dans ce labyrinthe de détours tortueux, où la prudence marche au hasard ; où la route de la prospérité mène si souvent à la disgrâce ; où les qualités nécessaires pour avancer, sont souvent un obstacle qui empêche de parvenir ; où vous n’évitez le mépris, que pour tomber dans la haine ; où le mérite modeste est oublié, parce qu’il ne s’annonce pas ; où le mérite qui se produit, est écarté, opprimé, parce qu’on le redoute ; où les heureux n’ont point d’amis, puisqu’il n’en reste point aux malheureux : là, dès les premiers pas que l’abbé de Fleuri fait dans ces sentiers embarrassés, on croirait qu’il les a parcourus mille fois… Il apporte à la cour les talents qu’on vient y chercher ; il n’y prend aucun des vices qu’elle a coutume de donner… Les sociétés du goût le plus fin, le plus délicat et le plus difficile, le reçoivent, l’appellent et l’invitent… Il se concilie tous les esprits ; il obtient tous les suffrages ». […] Aucun citoyen n’ignore qu’on admire en lui des connaissances étendues, un esprit profond, un discernement juste, un cœur droit et pur, dévoré de l’amour du bien général. […] On ne peut lire les sermons de ce grand orateur, sans s’apercevoir presque à chaque page qu’il avait fait une étude bien profonde du cœur humain. […] Comment éprouver une émotion vive et profonde, pour la faire naître dans les autres ?
Mais ce défaut (si c’en est un) est si heureusement compensé par des beautés du premier ordre, par ces développements profonds du cœur humain, par cette abondance de pensées fortes ou sublimes qui mettent le héros tout entier sous les yeux du lecteur, que l’on pardonne volontiers à l’historien de prendre la parole, et de se mettre à la place d’un personnage qui n’eût pas toujours été capable de parler aussi bien. […] Leur génie s’enflamme avec le leur, leurs pensées s’élèvent ; et de ce concours admirable, de ce choc sublime de deux grandes âmes, résultent ces traits qui frappent, qui entraînent, qui n’excitent et ne laissent après eux qu’un sentiment, celui de l’admiration la plus profonde.
Nulle science n’est pour elles trop profonde, Et céans beaucoup plus qu’en aucun lieu du monde ; Les secrets les plus hauts s’y laissent concevoir, Et l’on sait tout chez moi, hors ce qu’il faut savoir. […] Jamais encore on n’avait peint l’homme, dans cette sphère de la vie, avec une vérité si profonde ; jamais on n’avait saisi avec cette sagacité pénétrante les caractères, leurs traits saillants et leurs nuances variées ; jamais on n’était descendu aussi avant dans les obscurs replis où se cachent les ressorts des actions humaines.
— Une conviction profonde, une passion ardente produit les élans de l’éloquence, en dehors et au-dessus des leçons des rhéteurs. […] Peu de classifications ont des racines aussi profondes, des principes aussi solides, des caractères aussi distincts. […] Celui-là seul peut exciter les passions qui les éprouve en lui-même, soit par un sentiment réel et profond, soit par une imagination vive qui supplée au sentiment. […] Molière veut marquer d’un trait fort et profond la différence entre la dévotion et l’hypocrisie ; c’est encore par l’amplification qu’il établit cette distinction délicate : Eh ! […] Sans doute, l’écrivain qui veut rendre un sentiment profond ou un tableau pittoresque doit multiplier les traits qui pourront communiquer cette impression ou mettre sous les yeux une vive peinture de choses ; mais l’amplification qui revêtirait une idée secondaire et sans valeur glacerait l’intérêt et fatiguerait l’esprit.
Analyser avec goût les auteurs, soumettre les ouvrages à une critique judicieuse et impartiale, étudier le caractère des écrivains, l’influence qu’ils ont reçue de leur siècle, celle qu’ils ont exercée sur lui à leur tour ; constater les progrès de la pensée et de la langue mêler à cette étude des observations justes et profondes sur les mœurs, le goût et l’art d’écrire : tel est l’objet multiple de l’histoire littéraire.