/ 378
204. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Retz, 1614-1679 » pp. 38-42

La providence de Dieu y pourvut ; car le cardinal Mazarin, qui prit sa place, ne devait causer aucun ombrage à l’État du côté de l’usurpation. […] Il prenait d’ordinaire très-bien son parti. […] Il n’a pas eu le temps de les prendre par lui-même, parce qu’il a été prévenu dès sa jeunesse par la chute imprévue des grandes affaires et par l’habitude au bonheur.

205. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Bossuet. (1627-1704.) » pp. 54-68

Signaler par là ses nombreux chefs-d’œuvre à l’attention des jeunes gens, pour qu’ils en prennent une connaissance plus approfondie, tel est le but que nous avons voulu atteindre2. […] Si les arbres poussent leurs racines autant qu’il est convenable pour les soutenir ; s’ils étendent leurs branches à proportion, et se couvrent d’une écorce si propre à les défendre contre les injures de l’air ; si la vigne, le lierre et les autres plantes qui sont faites pour s’attacher aux grands arbres ou aux rochers en choisissent si bien les petits creux, et s’entortillent si proprement aux endroits qui sont capables de les appuyer ; si les feuilles et les fruits de toutes les plantes se réduisent à des figures si régulières, et s’ils prennent au juste, avec la figure, le goût et les autres qualités qui suivent de la nature de la plante, tout cela se fait par raison : mais, certes, cette raison n’est pas dans les arbres. […] Ces semences, tant qu’elles sont vertes et crues, demeurent attachées à l’arbre pour prendre leur maturité : elles se détachent d’elles-mêmes quand elles sont mûres ; elles tombent au pied de leurs arbres, et les feuilles tombent dessus. […] Ceux qui trouvent que les animaux ont de la raison, parce qu’ils prennent pour se nourrir et se bien porter les moyens convenables, devraient dire aussi que c’est par raisonnement que se fait la digestion… Toute la nature est pleine de convenances et disconvenances, de proportions et disproportions, selon lesquelles les choses, ou s’ajustent ensemble, ou se repoussent l’une l’autre : ce qui montre, à la vérité, que tout est fait par intelligence, mais non pas que tout soit intelligent. […] Ce mot est pris ici dans le sens de force, conformément à l’étymologie du mot latin virtus (vis).

206. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Notes. Pour l’intelligence des exemples cités dans ce troisième volume. — V — article » p. 425

En 1703, il fut pleinement vainqueur à Hochstet ; et l’on a remarqué que le terrein qu’il occupa, est précisément le même où Marlborough et le prince Eugène prirent leurs postes l’année suivante, dans la seconde bataille de ce nom qu’ils gagnèrent sur nos généraux. Villars étoit alors dans les Cévennes, où il réduisit des fanatiques appelés Camisars, qui, soutenus par des puissances étrangères, avoient pris les armes, et commettoient toutes sortes de violences.

207. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre III. Analyse et extraits des Harangues d’Eschine et de Démosthène, pour et contre Ctésiphon. »

On accourut à cette cause de tous les pays de la Grèce, comme à un spectacle extraordinaire ; et c’en était un en effet, de voir aux prises les deux plus grands orateurs de leur siècle, ministres tous deux, et souvent employés l’un et l’autre dans les affaires de leur ville et de leur nation ; animés tous deux par leur intérêt personnel, et par l’animosité la plus vive. […] L’orateur s’y prend aussi bien qu’il est possible pour rendre son adversaire odieux. […] Il semble, quand on l’entend, que toutes les ombres qu’Eschine vient d’évoquer, accourent pour se ranger autour de la tribune de Démosthène, et le prennent sous leur protection. […] Prenez-y garde, Athéniens, ce dernier décret efface la gloire du premier : il est flétrissant pour vous, si l’autre est honorable ; et si nos libérateurs méritaient une récompense, Démosthène est indigne d’une couronne ».

208. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre IX. de la disposition. — proportions, digressions, transitions, variété  » pp. 118-130

Il est des auteurs qui, emportés par une première fougue, ou s’abandonnant par intervalles aux écarts de leur imagination, laissent prendre soit aux idées qui s’offrent d’abord, soit à celles qui leur sourient davantage, un développement auquel le reste ne correspond pas. […] Racine veut une idée qui justifie à la fois les compliments et les reproches adressés à Pyrrhus ; il trouve l’exemple d’Achille : — Oui, comme ses exploits… Mais, ce qu’il n’eût pas fait… Bossuet en veut une qui rapproche la bataille de Roeroy de celle de Lens ; il trouve l’Espagne vaincue à Lens comme à Rocroy : — Elle ne savait pas… Il aurait pu prendre également la France victorieuse dans les deux journées, etc. […] L’école appelée romantique, qui pourtant ne pactisait guère avec Boileau et tenait ses préceptes en médiocre estime, s’avisa de prendre celui-ci à la lettre, et substituant la confusion à la variété, poussa jusqu’aux dernières limites de l’hyperbole le passage du grave au doux et du plaisant au sévère. […] Ne donnons point sans doute nos mœurs aux vieux âges, mais, s’il fallait choisir, je l’aimerais mieux encore que de prendre les leurs.

209. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XV. de l’élocution  » pp. 203-216

Que Voltaire traite un sujet sérieux sur le ton de la plaisanterie, ceci appartient à sa manière d’envisager les choses ; mais il est bien évident que s’il a pris le ton simple ou tempéré, qui est celui de la plaisanterie, c’est qu’il n’aura pas eu l’intention de s’élever aux idées générales, et s’il lui arrive, chemin faisant, d’agrandir sa pensée, son ton s’élèvera forcément dans la même proportion. […] Ensuite, la distinction que je propose une fois admise, le jeune homme, à qui l’on recommande de se faire un style, ne demandera plus lequel il doit prendre, du simple, du sublime ou du tempéré ; lequel des trois constitue ce que l’on peut appeler un bon ou un mauvais style. […] Imiter n’est pas s’arrêter à une vaine ressemblance de mots et de formes, prendre l’apparence pour la réalité, l’ombre pour le corps. […] Etudiez sans doute nuit et jour les exemplaires grecs et latins, pour l’invention et la disposition, mais n’allez point former votre style sur la période livienne ou cicéronienne, ou sur la concision de Tacite, notre langue y répugne ; autant vaudrait prendre pour modèles de diction française Gœthe ou Walter Scott.

210. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Massillon, 1663-1742 » pp. 205-215

S’il n’est ni dialecticien comme Bourdaloue, ni sublime et pathétique comme Bossuet, il a de l’onction, il est insinuant, il connaît intimement le cœur humain, met la passion aux prises avec la foi, et sait dire aux grands de courageuses vérités. […] Rappelez seulement les victoires, les prises de places, les traités glorieux, les magnificences, les événements pompeux des premières années de ce règne. […] Tel prend le parti des armes, et suit une route d’où mille raisons de tempérament, de goût, de conscience, d’intérêt même, l’éloignent, parce que, né avec un nom, il n’oserait se borner aux soins domestiques, et que le monde regarderait ce repos comme une indigne lâcheté. […] Personne presque ne prend dans son propre cœur la décision de sa destinée.

211. (1827) Résumé de rhétorique et d’art oratoire

L’éloquence judiciaire a pris aussi une face nouvelle. […] avec quelle facilité il prend les diverses formes qu’on veut lui donner ! […] Elle prend alors le nom de métaphore outrée. […] Il est toujours grave, sérieux, passionné, prend tout sur un ton élevé, ne s’abaisse jamais, et ne hasarde aucune plaisanterie. […] Tout se vivifie, tout prend une face nouvelle.

212. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre V. Beautés oratoires. »

Chef de la religion et des armées, dépositaire et organe de toutes les lois, Moïse a su prendre tous les tons et remplir tous les devoirs que lui imposaient ces fonctions diverses ; mais il ne s’agit ici que de l’orateur. […] vous traverserez aujourd’hui le Jourdain, pour vaincre des nations qui vous passent en nombre et en force, pour prendre des villes dont les remparts s’élèvent jusqu’aux cieux. […] Voilà cependant ce dont il faut que l’on convienne, à moins que l’on n’ait pris le parti bien formel de ne rien voir que son opinion, ou celle plutôt d’après laquelle on s’en est fait une.

213. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Mme de Maintenon. (1635-1719.) » pp. 76-82

prenez-vous que je vous aie écrit une lettre mélancolique3 ? […] Prenez ce temps-là pour venir à Paris. […] Aimez Dieu, soyez honnête homme ; prenez patience, et rien ne vous manquera. » 1.

/ 378