Pour écrire clairement en français, c’est-à-dire pour arracher les idées de ce fonds obscur où nous les concevons, et les amener à la pleine lumière, que d’efforts et de travail ! […] Certains écrivains sont pleins d’images ; tout reluit, tout brille, tout étincelle ; mettez tout cela au creuset : pour quelques parcelles d’or, que de cendre !
paraît condamné à traîner, loin des hommes, une existence pénible et pleine d’amertume, puise dans les Lettres un courage ferme et d’abondantes consolations : elles lui font oublier ses disgrâces, ses revers, et lui tiennent lieu d’amis, de rang et de fortune.
On y trouve des préceptes utiles et des détails pleins de justesse et de goût sur les études du poète, sur son travail, sur les modèles qu’il doit suivre.
Il part donc, et abandonne une assemblée tumultueuse où sa fureur laissa un vide immense ; assemblée qui se tint ce jour-là même, et qu’il n’eût certes pas abandonnée, si, tout plein de son projet, il n’eût voulu prendre toutes les mesures capables d’en assurer l’exécution. […] Ces serviteurs fidèles, pleins de zèle et de courage, ou périrent en défendant leur maître, ou voyant que le fort de l’attaque était autour de sa voiture, qu’on les empêchait de le secourir ; entendant Clodius lui-même crier que Milon était tué, et le croyant en effet… ; les esclaves de Milon firent (car je ne veux ni éluder l’accusation, ni altérer les faits) ce que chacun de vous voudrait que fissent pour lui les siens, en pareille occasion ».
A voir ces vers pleins d’aisance, qui n’ôtent à l’expression de l’idée rien de nécessaire et ne lui ajoutent rien de superflu, il s’imagine volontiers que lui-même il n’écrirait pas autrement que l’auteur, tandis qu’il conçoit bien, en prenant la plume, la vérité de ce mot du poëte : … Sibi quivis Speret idem, sudet multum frustraque laboret Ausus idem : tantum series juncturaque pollet ! […] Déjà contre les Grecs plein d’un noble courroux, Le soin de votre fils le touche autant que vous : Il prévient leur fureur ; il lui laisse sa garde.
Elle, bonne et puissante, et de son trésor pleine, Sous leurs mains par moments faisant frémir à peine Son beau flanc plus ombré qu’un flanc de léopard, Distraite, regardait vaguement quelque part5. […] La résignation chrétienne Je viens à vous, Seigneur, père auquel il faut croire ; Je vous porte, apaisé, Les débris de ce cœur tout plein de votre gloire, Que vous avez brisé6.
Je te plains de tomber dans ses mains redoutables, Ma fille. » En achevant ces mots épouvantables, Son ombre vers mon lit a paru se baisser ; Et moi je lui tendais les mains pour l’embrasser ; Mais je n’ai plus trouvé qu’un horrible mélange D’os et de chairs meurtris, et traînés dans la fange, Des lambeaux pleins de sang, et des membres affreux Que des chiens dévorants se disputaient entre eux. […] Dans le temple aussitôt le prélat plein de gloire Va goûter les doux fruits de sa sainte victoire ; Et de leur vain projet les chanoines punis S’en retournent chez eux, éperdus et bénis. […] « Comme le grec est aujourd’hui assez ignoré de la plupart des hommes, et qu’il n’est pas possible de leur faire voir Pindare dans Pindare même, j’ai cru que je ne pouvais mieux justifier ce grand poète qu’en tâchant de faire une ode en français à sa manière, c’est-à-dire pleine de mouvements et de transports, où l’esprit parût plutôt entraîné du démon de la poésie, que guidé par la raison.
Il y a des traits d’une grande force, des pensées pleines de grâce ou de finesse, et des morceaux entiers qui respirent le ton de la véritable éloquence.
Le plus plein.]
Destiné à captiver, à toucher une multitude assemblée, l’éloquence de la chaire doit employer une action véhémente et variée, être sensible, entraînante, et pour cela pleine d’images, de tableaux et de mouvemens. […] Tout doit y être plein de force et de dignité ; il ne souffre rien de commun, rien de médiocre. […] Hors ces points formels, la matière des témoignages est pleine de suspicion, de conjectures et d’incertitudes. […] N’est-ce pas de cette force de l’imagination que sont sorties ces belles peintures de la mère d’Euryale, du malheureux Pallas, et tant d’autres dont Virgile est tout plein ? […] Soit que l’on conseille ou que l’on exhorte, soit qu’on délibère ou qu’on sollicite, soit qu’on parle aux hommes assemblés, ou qu’on disserte dans une conférence intime, l’honneur fournira presque toujours des argumens pleins d’intérêt, et donnera au discours de l’ascendant et de l’empire sur tous les cœurs.