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166. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Molière 1622-1672 » pp. 379-400

Et s’y veut contenter de la fausse pensée Qu’ont tous les autres gens que nous sommes heureux. […] Mais5 vous savez qu’il est des choses6 dans la vie Qu’on ne peut excuser, quoiqu’on en ait envie ; Et je me vis contrainte à demeurer d’accord Que l’air dont vous vivez vous faisait un peu tort ; Qu’il prenait dans le monde une méchante face ; Qu’il n’est conte fâcheux que partout on n’en fasse ; Et que, si vous vouliez, tous vos déportements7 Pourraient moins donner prise aux mauvais jugements ; Non que j’y croie au fond l’honnêteté blessée : Me préserve le ciel d’en avoir la pensée ! […] Molière releva souvent par des pensées fortes et hardies des situations qui n’avaient dessein que de prêter à rire. […] Voyant sa fin arriver, il se tourna tout troublé vers Christophe : Mon fils, lui dit-il, je me sens tourmenté par une triste pensée. […] Où le poëte a-t-il découvert cette langue qui n’est qu’à lui, pleine de verve et de séve, franche et hardie, délicate et simple, qui embrasse avec tant de souplesse tous les contours de la pensée, en même temps qu’elle lui donne un si puissant relief ?

167. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Alfred de Vigny 1799-1863 » pp. 530-539

Il avait la recherche du rare et de l’exquis, mais surtout dans l’idée ; son effort d’artiste vers la perfection consistait moins dans le travail du style, toujours soigné pourtant, que dans la spiritualisation de plus en plus exquise de la pensée, et aussi dans l’art savant de la composition où aucun de ses rivaux ne l’a égalé. » Louis Ratisbonne, Auteurs et Livres. […] Rappelons ces pensées de La Bruyère sur le Mérite personnel : « S’il est heureux d’avoir de la naissance, il ne l’est pas moins d’être tel qu’on ne s’informe plus si vous en avez. […] « Il écrivait : « L’honneur, c’est la poésie du devoir », et de cette pensée exquise il faisait la devise de sa vie. »Louis Ratisbonne.

168. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Observations générales sur l’Art d’écrire les Lettres » pp. 339-364

Deux excès sont à éviter dans le style épistolaire ; le trop d’art, c’est-à-dire, les pensées raffinées, les mots sonores, les figures éclatantes, les périodes nombreuses, les tours pompeux ou alambiqués. […] Le ton doit en être modeste et respectueux, à proportion de la qualité de la personne à laquelle on écrit ; les expressions choisies, sans le paraître ; les pensées justes et convaincantes ; les tours agréables et propres à persuader. […] Dire qu’on se trompa hier, c’est faire voir, suivant la pensée de Pope, qu’on est plus sage aujourd’hui. […] Il avait le plaisir de voir décamper l’armée des ennemis devant lui ; et le 27, qui était samedi, il alla sur une petite hauteur pour observer leur marche : son dessein était de donner sur l’arrière-garde, et il mandait au Roi, à midi, que dans cette pensée, il avait envoyé dire à Brisachb qu’on fît les prières de Quarante heures.

169. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Lamennais, 1782-1854 » pp. 455-468

» Et comme il était absorbé dans cette pensée, un autre voyageur survint, et celui-ci, ayant fait ce qu’avait fait le premier et s’étant trouvé aussi impuissant à remuer le rocher, s’assit en silence et baissa la tête. […] Cette pensée calme ; elle fait qu’on tourne avec espérance ses regards vers l’occident, là où naît l’aurore du jour qui n’est pas de la terre, du jour que ne trouble aucun orage, et que la nuit n’obscurcit jamais1. […] Qu’importent les pensées, les opinions ? […] Partout où vous verrez, au lieu de l’oubli de soi, des pensées personnelles, au lieu du zèle désintéressé et de l’abnégation sévère, l’amour des richesses et des jouissances que procurent les richesses, dites : Dieu n’est pas là ; son envoyé n’est pas venu encore, et priez pour qu’il vienne bientôt. » (Commentaires de l’Évangile selon saint Marc, édition Garnier.)

170. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre IV. Éloge de Trajan, par Pline le jeune. »

Il y a des traits d’une grande force, des pensées pleines de grâce ou de finesse, et des morceaux entiers qui respirent le ton de la véritable éloquence. […] Quelques pensées détachées achèveront de faire connaître le caractère et le genre d’éloquence de Pline.

171. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Préface » pp. -

« Jamais il ne faut permettre, a dit Nicole, que les enfants apprennent rien par cœur qui ne soit excellent ; car les choses qu’ils ont apprises sont comme des moules ou des formes que prennent leurs pensées lorsqu’ils les veulent exprimer. » Rollin demandait, d’après ce motif, des recueils français « qui, composés exprès, épargnassent aux maîtres la peine nécessaire pour feuilleter beaucoup de volumes, et aux élèves des frais considérables pour se les procurer ». […] Cette œuvre modeste, qui n’a pas paru inutile, se complète par deux recueils du même genre, où domine, avec de légères modifications de méthode, une pensée commune : d’un côté, par un recueil plus simple, rédigé pour les classes élémentaires ; de l’autre, par le présent recueil plus élevé, spécialement destiné aux classes supérieures1.

172. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VI. Analyse du discours sur l’esprit philosophique, par le P. Guénard. »

Sans cesse il vient accuser de témérité, et lier par de timides conseils la noble hardiesse du pinceau créateur : naturellement scrupuleux, il pèse et mesure toutes ses pensées, et les attache les unes aux autres par un fil grossier qu’il veut toujours avoir à la main ; il voudrait ne vivre que de réflexions, ne se nourrir que d’évidence ; il abattrait, comme ce tyran de Rome, la tête des fleurs qui s’élèvent au-dessus des autres : observateur éternel, il vous montrera tout autour de lui des vérités, mais des vérités sans corps, pour ainsi dire, qui sont uniquement pour la raison, et qui n’intéresseraient ni les sens ni le cœur humain. […] Profitez de ses idées originales et hardies, c’est la source du grand et du sublime ; mais donnez du corps à ces pensées trop subtiles ; adoucissez par le sentiment la fierté de ses traits ; abaissez tout cela jusqu’à la portée de nos sens : nous voulons que les objets viennent se mettre sous nos yeux ; nous voulons un vrai qui nous saisisse d’abord, et qui remplisse toute notre âme de lumière et de chaleur. […] mais c’est une raison ivre d’orgueil qui s’évanouit dans ses pensées, et que Dieu livre à ses illusions.

173. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — J. B. Rousseau. (1671-1741.) » pp. 254-266

L’élévation de la pensée, la magnificence des images, l’harmonie et la vigueur du style lui assurent, malgré ses défauts, une place à côté de nos classiques. […] Racine avait rendu la même pensée dans Athalie, I, 4 : Le jour annonce au jour sa gloire et sa puissance. […] Voltaire a rendu la même pensée dans un de ses Discours en vers, avec plus de bonheur, suivant La Harpe : C’est du même limon que tous ont pris naissance.

174. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Alfred de Musset 1810-1857 » pp. 564-575

Pas un sanglot ne sort de sa gorge oppressée2 ; Muet et chancelant, sans force et sans pensée, Il s’asseoit à l’écart, les yeux sur l’horizon, Et, regardant s’enfuir sa moisson consumée, Dans les noirs tourbillons de l’épaisse fumée L’ivresse du malheur emporte sa raison. […] Celui-là sur l’airain a gravé sa pensée ; Dans un rhythme doré l’autre l’a cadencée ; Du moment qu’on l’écoute, on lui devient ami. […] Vous sentiez les tourments dont mon cœur est rempli, Et vous la connaissiez, cette amère pensée Qui fait frissonner l’homme en voyant l’infini.

175. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre II. Des différentes espèces de Discours Oratoires. »

Ses Sermons étincelants d’esprit, pleins de pensées justes et profondes, de raisonnements solides, et de portraits finis de nos mœurs, abondent en images et en sentiments. […] Le style en est riche et fleuri, les pensées belles et lumineuses, les descriptions vives et frappantes. […] Il y joint à la noblesse des pensées, toute l’harmonie et toutes les grâces de l’élocution. […] On exige qu’il joigne à la justesse et à l’élévation des pensées, une diction riche, nombreuse et variée. […] On y trouve beaucoup de pensées neuves et ingénieuses.

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