Remarquez les mots suivants : … male si mandata loqueris, Aut dormitabo, aut ridebo… C’est un mandat qu’ont accepté l’acteur et le poëte ; c’est une passion de commande dont ils doivent prendre le masque et les paroles, mais un masque d’une irréprochable fidélité, mais des paroles d’une rigoureuse convenance. N’est-ce pas Cicéron lui-même, ce grand champion de la passion réelle, qui a dit quelque part, en rapportant l’opinion des péripatéticiens : « Pour allumer la colère dans l’âme de l’auditeur, quand même on ne la ressentirait pas, il faut la feindre du moins par ses paroles et son action. » Relisez aussi le chapitre II du VIe livre de Quintilien, où il traite des passions ; vous verrez, quoi qu’il semble, que nous ne sommes pas loin de nous entendre.
Les paroles sont les images des pensées, comme celles-ci sont les images des objets. […] La même conformité qui doit se trouver entre la pensée et l’objet, doit se trouver aussi entre la parole et la pensée. […] Ainsi les figures sont de certains tours de pensées et de paroles, qui font une beauté, un ornement dans le discours. […] La Complexion est une répétition, dans laquelle on finit par les mêmes paroles. […] L’Ironie cache un sens opposé au sens propre et littéral qu’expriment les paroles.
Or on s’abuse, si on attend longue prosperité en un regne qui n’est point gouverné du sceptre de Dieu, c’est à dire sa saincte parole. […] Mais que nostre disciple soit bien pourveu de choses, les paroles ne suyvront que trop ; il les traisnera, si elles ne veulent suyvre. […] C’est aux paroles à servir et à suyvre ; et que le gascon y arrive, si le françois n’y peult aller. […] Ceulx qui ont le corps graile, le grossissent d’embourrures ; ceulx qui ont la matière exile, l’enflent de paroles. […] Il se sert, selon le mot de Fénelon, de la parole pour la pensée, de la pensée pour la vérité.
Il me semble qu’un prophète, d’un seul trait de son fier pinceau, vous a peints d’après nature, il y a vingt-cinq siècles, lorsqu’il a dit : « Chaque parole de ce peuple est une conjuration2 » ; l’étincelle électrique, parcourant, comme la foudre dont elle dérive, une masse d’hommes en communication, représente faiblement l’invasion instantanée, j’ai presque dit fulminante, d’un goût, d’un système, d’une passion parmi les Français qui ne peuvent vivre isolés. […] Il fixe donc les bornes, au delà desquelles la voix, pour toute oreille anglaise, n’est plus que du bruit ; mais, dit-il encore : « Un orateur français se ferait entendre de plus loin, sa prononciation étant plus distincte et plus ferme. » Ce que Wren a dit de la parole orale me semble encore bien plus vrai de cette parole bien autrement pénétrante qui retentit dans les livres. […] Il la détache ; il la porte sur une roue : les membres fracassés s’enlacent dans les rayons ; la tête pend ; les cheveux se hérissent, et la bouche, ouverte comme une fournaise, n’envoie plus par intervalles qu’un petit nombre de paroles sanglantes qui appellent la mort.
Sa parole écrite semble née sans effort sur les lèvres du causeur ou de l’orateur. […] Cette altière noblesse, qui fournissait des chefs aux factions, et que Richelieu ne savait dompter que par les échafauds, est séduite par les paroles de Louis, et récompensée par les périls qu’il lui accorde à ses côtés. […] Respectée dans les cœurs, avant même d’être victorieuse par la parole, elle avait ses racines dans les mœurs publiques. […] Villemain nous échauffait le cœur par sa parole éloquente, nous l’inspirions par le plaisir qu’il avait de nous faire goûter le beau et aimer le bien. » 1.
Je me souviendrai toute ma vie d’avoir vu cette tête qui nageait dans le sang, ces yeux fermés et éteints, ce visage pâle et défiguré, cette bouche entrouverte qui semblait vouloir encore achever des paroles commencées, cet air superbe et menaçant que la mort même n’avait pu effacer. […] Le même orateur, voulant nous mettre sous les yeux le néant des choses humaines, et pour donner plus d’autorité à ses paroles, se sert de plusieurs citations de Saint Jean Chrysostome. […] 6° L’Argument personnel, ou ad hominem L’Argument personnel, ou ad hominem, sert à montrer qu’une personne est en contradiction avec elle-même, soit dans ses paroles, soit dans ses actions. […] Pour donner plus de sens à nos paroles, citons ici le tableau dans lequel un habile maître, M. […] Tel est le sentiment que font naître en nous les magnifiques paroles de l’abbé de Frayssinous sur Dieu.
. — Je le crois sur votre parole, mais je l’ai dit comme mien. […] Et quand enfin, éclairés par la théorie et fortifiés par la pratique, vous arriverez à la vie active et militante, ne faites pas alors de vos études métier et marchandise, que la plume et la parole ne soient jamais pour vous un instrument d’échange et de commerce, ou une arme d’ambition, de cupidité et d’égoïsme. […] Sans doute, les préceptes formulés dans ce livre et les exercices qu’il recommande sont indispensables à l’écrivain, mais comme préparation ; une fois à l’œuvre, c’est à ce triple amour qu’il doit demander l’inspiration, c’est de lui seul que viennent les grandes pensées et les dignes paroles, c’est lui seul qui donne la solide gloire et les palmes toujours vivantes.
Expliquez cette parole du poète et montrez qu’elle est vraie. […] Expliquer et commenter cette parole de Fénelon : l’orateur ne doit se servir de la parole que pour la pensée et de la pensée que pour la vérité et la vertu. […] Vous donnerez, sans préambule, la parole à l’orateur. […] Il s’y montre tel qu’il est et il n’y déguise pas plus sa pensée que sa parole. […] Les poètes, eux aussi, ont des paroles suaves qui calment et qui rassérènent.
. — La grammaire est la science des signes de la parole et des règles à suivre pour les employer convenablement. — L’histoire naturelle, prise dans toute son étendue, est une histoire immense ; elle embrasse tous les objets que nous présente l’univers….. » Buffon n’a pas commencé autrement. […] Le ministre de Dieu, paraissant dans la chaire de vérité pour distribuer la manne céleste à des fidèles altérés de sa parole, comme le cerf des eaux vives, n’a pas besoin de réclamer une faveur dont il est assuré d’avance, car c’est à des frères qu’il s’adresse, ni de se concilier les esprits par la modeste simplicité du langage, car c’est un plus puissant que lui qui commande l’attention. […] » Je ne demanderai certes pas à l’accusateur de Verrès d’émousser le tranchant de sa parole, et ce n’est point avec une colère digne et contenue que Louvet écrasera Robespierre. […] Il est debout ; baissé vers la terre un instant Son regard se leva sur les princes du camp ; Puis, lorsqu’il les voit tous attentifs, il commence, Et sa parole unit ls grâce à l’éloquence : « Si vos vœux et les miens avaient fléchi les Dieux, Dit-il, un tel debat n’eût point troublé ces lieux ; Achille aurait encor ses armes ; nous, Achille.
Pour nous, nous dirons à l’écrivain : Point de pruderie dédaigneuse, mais cette bienséance qu’on doit garder pour les paroles comme pour les habits, et qui, loin de blesser la vérité, est elle-même un élément de vérité ; cette dignité de langage, que recommande Cicéron et que comportent tous les arts86 ; en un mot ce familier noble, comme l’appelle Marmontel, qui tout en modifiant le discours d’après les temps et les personnes, ne le laisse jamais se dégrader et s’avilir, et conserve avec la nature une ressemblance, mais cette ressemblance embellie, sans laquelle il n’y a plus d’art. […] J’appellerai également riches ou fécondes ces phrases de Florus que loue Montesquieu : Florus nous représente en peu de paroles toutes les fautes d’Annibal : « Lorsqu’il pouvait, dit-il, se servir de la victoire, il aima mieux en jouir ; quum victoria posset uti, frui maluit. » Il nous donne une idée de toute la guerre de Macédoine, quand il dit : « Ce fut vaincre que d’y entrer ; introisse victoria fuit. » Il nous donne tout le spectacle de la vie de Scipion, quand il dit de sa jeunesse : « C’est le Scipion qui croît pour la destruction de l’Afrique ; hic crit Scipio qui in exitium Africæ crescit. » Vous croyez voir un enfant qui croit et s’élève comme un géant. […] Les rhéteurs appellent véhémentes, par exemple, les paroles de Nisus accourant au secours d’Enryale : Me, me ; adsum, qui feci ! […] Analysez tous les faits, toutes les choses, toutes les paroles que vous regardez ou qu’on vous donne comme sublimes, et vous trouverez au fond cet élément d’une rare puissance physique ou morale qui contraste avec la faiblesse et l’imbécillité de tout le reste.