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128. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Voltaire 1694-1778 » pp. 445-463

Un salon Après dîné, l’indolente Glycère5 Sort pour sortir, sans avoir rien à faire ; On a conduit son insipidité Au fond d’un char, où montant de côté, Son corps pressé gémit sous les barrières D’un lourd panier qui flotte1 aux deux portières ; Chez son amie au grand trot elle va, Monte avec joie, et s’en repent déjà, L’embrasse, et bâille, et puis lui dit : « Madame, J’apporte ici tout l’ennui de mon âme ; Joignez un peu votre inutilité A ce fardeau de mon oisiveté. » Si ce ne sont ses paroles expresses2, C’en est le sens. […] Tandis qu’il jase, et s’étudie à plaire, Un officier arrive, et le fait taire, Prend la parole, et conte longuement Ce qu’à Plaisance eût fait son régiment, Si par malheur on n’eût pas fait retraite. […] Où trouverez-vous ailleurs des soldats que la gloire console du malaise et de la faim, qu’un regard, une parole précipitent dans le danger ?

129. (1862) Cours complet et gradué de versions latines adaptées à la méthode de M. Burnouf… à l’usage des classes de grammaire (sixième, cinquième, quatrième) pp. -368

Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.

130. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome II (3e éd.)

Ses paroles sortent de sa bouche, les nôtres sortent du cœur. […] S’ils reviennent trop souvent, si l’on cherche à donner une haute importance à toutes ses paroles, en prodiguant les mots les plus énergiques, on ne se fait plus écouter avec attention. […] Mais il n’existe aucune nation, il n’existe peut-être pas une seule personne assez flegmatique pour n’accompagner ses paroles d’aucun geste, surtout en parlant de choses qui intéressent vivement. […] Chaque chose, chaque personne est amenée devant nous pour répondre ou nous adresser la parole. […] La Divinité n’a pas besoin de parole ; celui qui nous donna la vie nous apprit en même temps tout ce que nous devons savoir.

131. (1881) Rhétorique et genres littéraires

Les paroles de Monime s’adressant à Mithridate jaloux et menaçant : Je n’ai point oublié quelle reconnaissance, Seigneur, m’a dû ranger sous votre obéissance, etc. […] L’élocution, comme l’indique son nom (elocutio), est l’expression de la pensée par la parole. […] Il y a une distinction à établir entre ces noms, puisque tantôt le dialogue est supposé (Socrate, Caton), tantôt c’est l’écrivain lui-même qui prend la parole (Cicéron, Fénelon). […] Le jour ou l’homme a exprimé sa pensée par des mots, il a fait de la prose sans le savoir comme le bourgeois gentilhomme de Molière ; mais quand il a voulu donner à sa pensée une forme plus vive, capable d’entraîner et de charmer l’imagination, il a imposé un rythme à sa parole et a fait de la poésie. […] Tantôt la danse est la partie principale autour de laquelle une petite action exprimée eh paroles est ajoutée, comme dans l’opéra-ballet et la comédie-ballet, peu en usage de nos jours.

132. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre IV. Du genre dramatique. » pp. 252-332

Un homme tranquille se contente de penser, de réfléchir : ce n’est que lorsqu’il sent un grand trouble au dedans de lui-même qu’il éclate, qu’il marche à grands pas, qu’il fait des gestes et prononce des paroles. […] Le musicien rend le discours tranquille, c’est-à-dire l’entretien uni, le simple dialogue des personnages, par une espèce de chant qui approche beaucoup de l’accent naturel de la parole, et qu’on appelle récitatif. […] Le récitatif du grand opéra y est remplacé par la simple parole ou le dialogue parlé. […] Les pièces à ariettes sont celles qui sont mêlées de chants mis sur des paroles qui expriment un sentiment ou une passion. […] Bossuet et Fénelon ont fait entendre des paroles sévères contre les spectacles.

133. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE II. Du choix et de la délicatesse des expressions. » pp. 9-77

Citiùs dicto, plus vite que la parole. […] Ex. : Rectè facta, de bonnes actions ; prœclarè dicta, de belles paroles. […] Il faut apprécier les amis d’après leurs actions et non d’après leurs paroles. […] Quoi de si agréable à connaître et à entendre qu’un discours orné de sages pensées et de graves paroles ? […] comme il mesure toutes ses paroles !

134. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XII. Poésie dramatique. »

Il faut faire passer la parole d’un personnage à l’autre selon les idées, et non pour le besoin de l’auteur, qui ne doit nullement paraître. […] Ce sont les paroles mêmes de Voltaire dont je vais me servir : « Créer un sujet, inventer un nœud et un dénouement ; donner à chaque personnage son caractère et le soutenir ; faire en sorte qu’aucun d’eux ne paraisse et ne sorte sans une raison sentie de tous les spectateurs ; ne laisser jamais le théâtre vide ; faire dire à chacun ce qu’il doit dire, avec noblesse sans enflure, avec simplicité sans bassesse ; faire de beaux vers qui ne sentent point le poète et tels que le personnage aurait dû en faire s’il parlait en vers : c’est là une partie des devoirs que tout auteur d’une tragédie doit remplir. […] On y suppose une autre nature de parole que dans le monde réel : on ne peut s’exprimer qu’en chantant. […] Depuis, elle a été plus intimement mêlée à l’action, et enfin elle a exclu toute parole.

135. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre IV. Beautés morales et philosophiques. »

On raisonne, on dispute, on remplit les écoles Du souffle de l’erreur et du bruit des paroles. […] C’est que dans tous les écrivains qui ont parlé avec la conviction des vérités qu’ils annonçaient, la parole divine a vraiment la chaleur pénétrante et l’activité du feu : Sermo Dei ignitus . Et nous leur devons les armes puissantes que nous trouvons dans cette même parole, contre les attaques multipliées qui assiègent et menacent à chaque instant notre fragilité : Clypeus est sperantibus in se.

136. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — La Bruyère 1646-1696 » pp. 100-117

Image naïve des peuples, et du prince qui les gouverne, s’il est bon prince2 Giton ou le riche Giton a le teint frais, le visage plein, et les joues pendantes, l’œil fixe et assuré, les épaules larges, l’estomac haut, la démarche ferme et délibérée : il parle avec confiance, il fait répéter celui qui l’entretient, et il ne goûte que médiocrement tout ce qu’il lui dit ; il déploie un ample mouchoir3, et se mouche avec grand bruit ; il crache fort loin, et il éternue fort haut ; il dort le jour, il dort la nuit, et profondément ; il ronfle en compagnie ; il occupe à table et à la promenade plus de place qu’un autre ; il tient le milieu en se promenant avec ses égaux ; il s’arrête, et l’on s’arrête ; il continue de marcher, et l’on marche ; tous se règlent sur lui ; il interrompt, il redresse ceux qui ont la parole ; on ne l’interrompt pas, on l’écoute aussi longtemps qu’il veut parler, on est de son avis ; on croit les nouvelles qu’il débite. […] Il me semble que l’esprit de politesse est une certaine attention à faire que, par nos paroles et par nos manières, les autres soient contents de nous et d’eux-mêmes3. […] En escrivant cette parole A peu que le cueur ne me fend.

137. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Napoléon Ier , 1769-1821 » pp. 428-446

Napoléon Ier 1769-1821 [Notice] Toute âme supérieure, au moment où elle s’anime, peut se dire maîtresse de la parole ; car une pensée ferme et vive emporte nécessairement avec elle son expression. […] Le lendemain, ils firent entendre des paroles de paix ; mais elles étaient trompeuses. […] En bon chevalier, je lui ai tenu parole ; je suis au milieu de la Saxe4.

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