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86. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

Les notions sur le style ne m’ont point paru avoir été données encore avec la précision et la clarté convenables. […] Enfin, depuis deux jours la superbe Athalie Dans un sombre chagrin paraît ensevelie. […] Qu’un homme ait à juger son ami, traduit en justice, il lui paraîtra ou que le tort de l’accusé n’est rien en lui-même, ou que c’est peu de chose. […] Mais il est rare qu’il puisse le paraître sans courir le risque d’être suspect. […] Alors ce n’est plus lui qui paraît vouloir donner l’impulsion, c’est lui qui la reçoit 

87. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre VI. D’Aguesseau et Séguier. »

Toujours environné de ces censeurs rigoureux, et plein d’un saint respect pour le tribunal devant lequel il doit paraître, il voudrait, suivant le souhait d’un ancien orateur, qu’il lui fût permis non seulement d’écrire avec soin, mais de graver avec effort les paroles qu’il y doit prononcer. […] C’est là qu’il pèse scrupuleusement jusques aux moindres expressions, dans la balance exacte d’une juste et savante critique : c’est là qu’il ose retrancher tout ce qui ne présente pas à l’esprit une image vive et lumineuse ; qu’il développe tout ce qui peut paraître obscur à un auditeur médiocrement attentif ; qu’il joint les grâces et les ornements â la clarté et à la pureté du dicours ; qu’en évitant la négligence, il ne fuit pas moins l’écueil également dangereux de l’affectation ; et que, prenant en main une lime savante, il ajoute autant de force à son discours, qu’il en retranche de paroles inutiles ; imitant l’adresse de ces habiles sculpteurs qui, travaillant sur les matières les plus précieuses, en augmentent le prix à mesure qu’ils les diminuent, et ne forment les chefs-d’œuvre les plus parfaits de leur art, que par le simple retranchement d’une riche superfluité ». […] Une foule d’écrivains obscurs, ne pouvant s’illustrer par l’éclat des mêmes talents, a fait paraître la même audace… Enfin, la religion compte aujourd’hui presque autant d’ennemis déclarés, que la littérature se glorifie d’avoir produit de prétendus philosophes.

88. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

C’est à Bordeaux qu’il fit paraître, en 1580, les deux premiers volumes de ses Essais. […] Elle courut manuscrite en 1593, et parut antidatée l’année suivante. […] C’est entre 1648 et 1651 que parurent les romans de Mlle de Scudéry (Cyrus, Clélie), fort goûtés à l’hôtel de Rambouillet : de même que pour Chapelain, l’impression fut leur écueil auprès des gens de goût et de bon sens. […] Quoiqu’ils tâchent de se couvrir par un silence contraint, l’émotion de leur esprit paroît toujours dans le trouble de leurs yeux. […] Il ne me sembla pas si grand, ni si victorieux, le jour qu’il entra dans la Rochelle, qu’il me le parut alors ; et les voyages qu’il fit de sa maison à l’arsenal me semblent plus glorieux pour lui que ceux qu’il a faits delà les monts, et desquels il est revenu avec Pignerol et Suse.

89. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre troisième. De l’élocution. »

La vie nous paraît courte et les heures longues. […] Mais ni lui, ni Dumarsais, ni aucun rhéteur, que je sache, n’a songé à remonter à la véritable  origine de la métaphore, qui pourtant me  paraît assez facile à reconnaître. […] C’est un trope modeste qui paraît affaiblir par l’expression ce qu’on veut laisser entendre dans toute sa force. […] Quand Boileau dit : Pradon, comme un soleil, en nos ans a paru. […] Paraissez ; bienfaiteurs du monde Voilà votre postérité !

90. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre V. Des sermons de Bossuet. »

Multipliez vos jours, comme les cerfs et les corbeaux que la fable ou l’histoire de la nature fait vivre durant tant de siècles ; durez autant que ces grands chênes sous lesquels nos ancêtres se sont reposés, et qui donneront encore de l’ombre à notre postérité ; entassez dans cet espace qui paraît immense, honneurs, richesses, plaisirs : que vous profitera cet amas, puisque le dernier souffle de la mort, tout faible, tout languissant, abattra tout à coup cette vaine pompe avec la même facilité qu’un château de cartes, vain amusement des enfants ? […] Vous allez le sentir, et il vous paraîtra si simple et si naturel, que vous penserez qu’il a dû s’offrir de lui-même. […] Les libertins déclarent la guerre à la providence divine, et ils ne trouvent rien de plus fort contre elle, que la distribution des biens et des maux, qui paraît injuste, irrégulière, sans aucune distinction entre les bons et les méchants.

91. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Bruyère, 1646-1696 » pp. 155-177

Toutefois, le nom de Théophraste servit de bouclier à la première édition de ses Caractères, qui parut en 1688. […] combien de ces mots aventuriers qui paraissent subitement, durent un temps, et que bientôt on ne revoit plus ! […] Son caractère est noble et facile, inspire le respect et la confiance, et fait que les princes nous paraissent grands et très-grands, sans nous faire sentir que nous sommes petits2. […] Il est vrai qu’il est rare de les voir réunies dans un même sujet ; il faut que trop de choses concourent à la fois, l’esprit, le cœur, les dehors, le tempérament1 ; et il me paraît qu’un monarque qui les rassemble toutes en sa personne est bien digne du nom de grand. […] Il est si prodigieusement flatté dans toutes les peintures que l’on fait de lui, qu’il paraît difforme près de ses portraits ; il lui est impossible d’arriver jamais jusqu’où la bassesse et la complaisance viennent de le porter ; il rougit de sa propre réputation.

92. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — La Bruyère. (1646-1696.) » pp. 91-100

N’y épargnez rien, grande reine : employez-y l’or et tout l’art des plus excellents ouvriers ; que les Phidias et les Zeuxis de votre siècle déploient toute leur science sur vos plafonds et sur vos lambris ; tracez-y de vastes et de délicieux jardins, dont l’enchantement soit tel qu’ils ne paraissent pas faits de la main des hommes ; épuisez vos trésors et votre industrie sur cet ouvrage incomparable ; et, après que vous y aurez mis, Zénobie, la dernière main, quelqu’un de ces pâtres qui habitent les sables voisins de Palmyre, devenu riche par le péage de vos rivières, achètera un jour à deniers comptants cette royale maison pour l’embellir et la rendre plus digne de lui et de sa fortune. […] Quand vous voyez quelquefois un nombreux troupeau qui, répandu sur une colline vers le déclin d’un beau jour, paît tranquillement le thym et le serpolet, ou qui broute dans une prairie une herbe menue et tendre qui a échappé à la faux du moissonneur, le berger soigneux et attentif est debout auprès de ses brebis ; il ne les perd pas de vue, il les suit, il les conduit, il les change de pâturages : si elles se dispersent, il les rassemble ; si un loup avide paraît, il lâche son chien, qui le met en fuite ; il les nourrit, les défend ; l’aurore le trouve déjà en pleine campagne, d’où il ne se retire qu’avec le soleil. […] Quelle condition vous paraît la plus délicieuse et la plus libre, ou du berger ou des brebis ? […] Harassée… Ce vieux mot paraît venir du verbe latin recrudescere dans le sens d’empirer.

93. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre IV. Genre dramatique. »

Tous les personnages doivent paraître ou être désignés dans le premier acte. […] Dans les entractes, l’auteur peut faire supposer que l’action continue ; il profite de cet intervalle pour écarter de la scène les choses qu’il ne veut pas y faire paraître, et il reprend son action un peu plus loin, en ayant soin que ce vide soit-expliqué et motivé par la suite. […] Et que l’amour, souvent de remords combattu, Paraisse une faiblesse et non une vertu. […] D’une quantité de causes, mais qui paraissent toutes se rattacher à un centre commun : le contraste. […] L’observation des unités de temps et de lieu paraît être moins rigoureuse encore pour la comédie que pour la tragédie : dans la haute comédie, ces unités font pourtant un excellent effet ; on aurait tort de les négliger.

94. (1867) Rhétorique nouvelle « Première partie. L’éloquence politique » pp. 34-145

Les manifestations trop libres de la joie ou de la douleur, les effusions désordonnées de l’amour ou de la haine leur paraissent honteuses, moins parce qu’elles révèlent une âme faible et incapable de se contenir, que parce qu’elles sortent des limites de la convenance. […] « — Peut-être, dit l’orateur en finissant, peut-être, venant d’une main ennemie, ces présents te paraissent odieux ; mais songe aux autres Grecs, songe au malheureux peuple foulé par la guerre. […] Jeune, il s’était exercé silencieusement à la pratique des affaires dans la société des philosophes et dans l’étude approfondie de Thucydide, son maître en politique, dévoré du désir de paraître, mais attendant l’heure propice. […] Il s’excusait, lui si jeune, de prendre part à la discussion avant que tous les orateurs eussent parlé ; il avait écouté attentivement toutes les opinions émises, et si une seule lui avait paru bonne et utile, il aurait gardé le silence11. […] Si cette perte vous paraît légère, à la bonne heure !

95. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — D’Aguesseau. (1668-1751.) » pp. 124-129

Les leçons qu’il reçut de lui, en développant les rares dispositions qu’il devait à la nature, le firent paraître de bonne heure propre aux fonctions les plus importantes. […] Il sera donc fort important pour vous d’avoir fait de bonne heure un grand fonds de religion, et de vous être mis hors d’état de pouvoir être ébranlé ou même embarrassé par des objections qui ne paraissent spécieuses à ceux qui les proposent que parce qu’elles flattent l’orgueil de l’esprit ou la dépravation du cœur, qui voudraient pouvoir se mettre au large, en secouant le joug de la religion. […] Vous devez même éviter avec soin de paraître vouloir dogmatiser : c’est caractère qui ne convient point à un jeune homme, et qui ne sert qu’à donner à des libertins le plaisir de le tourner en ridicule, et que quelquefois même la religion avec lui.

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