Non, vous ne vous rendrez pas complices des entreprises qu’on ose former contre la vérité. […] Comme ils sont au premier jour de la vie, ils n’ont point de souvenirs, ils osent espérer tout. […] Il n’exerce plus de prestiges, il ne peut plus rien ; il ne peut plus imprimer de craintes, il ne peut plus offrir d’espérances : c’est donc le moment où vous lui devez non seulement le plus de justice, mais, j’oserai le dire, le plus de faveur. […] Nul ne peut s’en apercevoir : le cœur est descendu de la chaire, et c’est à peine s’il ose y remonter quelquefois… On se figure que c’est assez pour le bien que de démontrer clairement ou non clairement la vérité aux hommes. […] si des déclarations moins solennelles ne garantissaient pas notre respect pour la foi publique, notre horreur pour l’infâme mot de banqueroute, j’oserais scruter les motifs secrets, et peut-être, hélas !
Chacun dit du bien de son cœur, et personne n’en ose dire de son esprit.
L’appeler, faire du bruit, je n’osais ; m’échapper tout seul, je ne pouvais ; la fenêtre n’était guère haute, mais en bas deux gros dogues hurlant comme des loups… En quelle peine je me trouvais ; imaginez-le si vous pouvez.
Longtemps il demeura dans la même position, sans oser détourner la tête.
Dans cette enfance, ou, pour mieux dire, dans ce chaos du poëme dramatique parmi nous, votre illustre frère, après avoir quelque temps cherché le bon chemin, et lutté, si je l’ose ainsi dire, contre le mauvais goût de son siècle, enfin inspiré d’un génie extraordinaire, et aidé de la lecture des anciens, fit voir sur la scène la raison, mais la raison accompagnée de toute la pompe, de tous les ornements dont notre langue est capable ; accorda heureusement la vraisemblance et le merveilleux, et laissa bien loin derrière lui tout ce qu’il avait de rivaux, dont la plupart, désespérant de l’atteindre, et n’osant plus entreprendre de lui disputer le prix, se bornèrent à combattre la voix publique déclarée pour lui, et essayèrent en vain, par leurs discours et leurs frivoles critiques, de rabaisser un mérite qu’ils ne pouvaient égaler.
Nous aultres ignorants estions perdus, si ce livre ne nous eust relevé du bourbier : sa mercy95, nous osons à cett’ heure et parler et escrire ; les dames en regentent les maistres d’eschole ; c’est nostre breviaire. […] Les imbecilles102 sentent encores quelque image de cecy : car en Italie ie disois ce qu’il me plaisoit, en devis communs ; mais aux propos roides, ie n’eusse osé me fier à un idiome que ie ne pouvois plier ny contourner oultre son allure commune : i’y veulx pouvoir quelque chose du mien. […] Mais puisqu’il vient à propos de parler de lui, et qu’il y a trois mois que je ne l’ai osé faire, permettez-le-moi à cette heure, et trouvez bon que, dans l’abattement où vous met cette nouvelle, je prenne mon temps de dire ce que je pense. […] n’auroient-ils pas dit qu’il ne falloit pas recommencer une entreprise où trois de nos rois avoient manqué, et à laquelle le feu roi n’avoit osé penser ! […] Aristote en use autrement dans la définition qu’il fait de la tragédie, où il décrit les qualités que doit avoir celle-ci, et les effets qu’elle doit produire, sans parler aucunement de ceux-là : et j’ose m’imaginer que ceux qui ont restreint cette sorte de poëme aux personnes illustres n’en ont décidé que sur l’opinion qu’ils ont eue qu’il n’y avoit que la fortune des rois et des princes qui fût capable d’une action telle que ce grand maître de l’art nous prescrit.
Le destin à ses yeux n’oserait balancer. […] On en jugera par ces vers d’une épître à ce monarque : Je n’ose de mes vers vanter ici le prix. […] Osons dire en effet que ces mots, me vois-je condamnée, au lieu de m’avez-vous condamnée, n’auraient pas rendu le vers de Racine moins poétique.
Voici celle de notre vieux satirique Regnier, qui la fit aussi lui-même : J’ai vécu sans nul pensement, Me laissant aller doucement À la bonne loi naturelle, Et si m’étonne fort pourquoi La mort osa songer à moi, Qui ne songeai jamais à elle.
Ma vie, j’ose le dire ; a donc été une longue étude historique ; et si on en excepte ces moments violents où l’action vous étourdit, où le torrent des choses vous emporte au point de ne pas vous laisser discerner ses bords, j’ai presque toujours observé ce qui se passait autour de moi, en le rapportant à ce qui s’était passé ailleurs, pour y chercher ce qu’il y avait de différent ou de semblable.
Osons marquer les différences ; car toute la morale aboutit là.