Mais avant d’entrer dans le détail de ces discours, il est indispensable de faire connaître les héros qui en étaient l’objet, et c’est Bossuet lui-même qui va nous en tracer le parallèle. […] « Quel objet se présente à mes yeux ?
Chaque objet cependant s’éclaircit ; à deux pas, Je vois le lit de chêne et son coffre6, et plus bas (Vers la porte, en tournant), sur le bahut énorme, Pêle-mêle, bassins, vases de toute forme, Pain de seigle, laitage, écuelles de noyer, Enfin, plus bas encor, sur le bord du foyer, Assise à son rouet près du grillon qui crie, Et dans l’ombre filant, je reconnais Marie. […] Que ces vers vous apprennent à regarder la nature attentivement, et avec réflexion, pour peindre les objets avec exactitude.
D’abord, vos définitions, conçues dans des termes clairs et précis, signalent le genre et l’espèce, embrassant ainsi tout l’objet, mais aussi le seul objet qu’elles doivent déterminer.
Tous ces objet n’étaient point revêtus de ces riches teintes de pourpre, de jaune doré, de nacarat1, d’émeraudes, si communes le soir dans les couchants de ces parages ; ce paysage n’était point un tableau colorié : c’était une simple estampe, où se réunissaient tous les accords de la lumière et des ombres. […] A mesure que nous approchions, le trouble de leurs têtes augmentait : comme ils en étaient absents depuis plusieurs années, ils ne pouvaient se lasser d’admirer la verdure des collines, le feuillage des arbres, et jusqu’aux rochers du rivage couverts d’algues et de mousse, comme si tous ces objets leur eussent été nouveaux.
Le style tempéré convient aux poèmes descriptifs et didactiques pour les parties plus ornées, comme les épisodes, les descriptions ; aux discours académiques, aux poésies badines, aux panégyriques et aux oraisons funèbres, lorsque la personne qui en est l’objet n’offre pas des faits d’un intérêt extraordinaire, et à tous les discours d’apparat. […] Les objets sublimes sont toujours grands dans leurs dimensions, les objets beaux sont comparativement petits ; la beauté est unie et polie, elle aime la parure et les ornements ; le sublime est simple, souvent même rude et négligé ; la légèreté et la délicatesse s’unissent à la beauté, tandis que le sublime demande la solidité et les masses ; les limites sont inséparables du beau, le sublime peut être illimité, et le plaisir qu’il procure est accru par l’absence même des limites ; l’exacte proportion des parties entre souvent dans la composition du beau, mais dans le sublime on fait peu de cas de la symétrie ; enfin, le sentiment du sublime réveillant en nous ce qu’il y a de grand, de noble, de sérieux dans notre nature, nous élève au-dessus de nous-mêmes et nous dispose au mépris de ce qui est vil, aux généreux sacrifices et aux vertus austères, tandis que le sentiment du beau excite toutes les affections bienveillantes de notre nature et nous dispose à l’amitié, aux sentiments aimables, aux passions douces. […] Partout où la nature présente un objet grand et majestueux, partout où le cœur humain laisse voir une affection noble et magnanime, si vous en saisissez fortement l’image, dit Blair, si vous la montrez dans toute sa chaleur et dans tout son éclat, vous rencontrerez le sublime.
Du discernement à apporter dans nos lectures et les objets de nos études. […] Cette merveille rappelle le souvenir d’un objet semblable dont parle Mme de Sévigné dans une de ses lettres à Mme de Grignan (4 décembre 1673) : « On disait l’autre jour à M. le Dauphin qu’il y avait un homme à Paris qui avait fait pour chef-d’œuvre un petit chariot traîné par des puces.
Il est facile, du reste, de comprendre ce qui convient selon l’objet de la lettre et les différentes situations des correspondants. […] Une imagination active et mobile, comme l’est ordinairement celle des femmes, l’attache successivement à tous ces objets, et nous nous y attachons avec elle.
Et cette division logique, en vous ouvrant comme une route entre les objets de votre enseignement, vous a montré la méthode que vous deviez suivre. […] Je désespérais de trouver l’objet de mes rêves et de mes désirs, quand j’ai rencontré votre ouvrage.
Quoique chacun de ces traits puisse s’appliquer à différents objets, il faut néanmoins que tous ces traits réunis conviennent uniquement à la chose, dont le nom est le mot cherché : c’est la première et la plus essentielle règle de l’énigme. […] Crœsus, roi de Lydie, envoya pour cet objet, Ésope à Amasis, roi d’Égypte. […] Le poète y fait le plus souvent l’éloge du mort ; et il doit alors y mettre les grâces et la délicatesse du madrigal, en prenant néanmoins un ton plus noble et plus élevé, et en caractérisant la personne qui en est l’objet.
Voltaire se jugeait peut-être lui-même en disant : « Je suis comme les petits ruisseaux : ils sont transparents, parce qu’ils sont peu profonds. » L’esprit 1 Ce qu’on appelle esprit est tantôt une comparaison nouvelle, tantôt une allusion fine : ici, l’abus d’un mot qu’on présente dans un sens et qu’on laisse entendre dans un autre ; là, un rapport délicat entre deux idées peu communes : c’est une métaphore singulière ; c’est une recherche de ce qu’un objet ne présente pas d’abord, mais de ce qui est en effet dans lui ; c’est l’art, ou de réunir deux choses éloignées, ou de diviser deux choses qui paraissent se joindre, ou de les opposer l’une à l’autre ; c’est celui de ne dire qu’à moitié sa pensée, pour la laisser deviner ; enfin, je vous parlerais de toutes les différentes façons de montrer de l’esprit, si j’en avais davantage. […] D’Aguesseau disait aussi bien finement : « Penser peu, parler de tout, ne douter de rien ; n’habiter que les dehors son âme, et ne cultiver que la superficie de son esprit ; s’exprimer heureusement ; avoir un tour d’imagination agréable, une conversation légère et délicate, et savoir plaire sans savoir se faire estimer, être né avec le talent équivoque d’une conception prompte, et se croire par là au-dessus de la réflexion ; voler d’objets en objets, sans en approfondir aucun ; cueillir rapidement toutes les fleurs, et ne donner jamais aux fruits le temps de parvenir à leur maturité : c’est une faible peinture de ce qu’il plaît à notre siècle d’honorer du nom d’esprit. » 1.