Ses pensées, sans être trop élevées ou trop fortes, sont toujours vives, naturelles et délicates. […] Le style de l’élégie doit être simple, naturel, sans apprêt, doux et tendre. […] Ce genre de poésie doit présenter une suite d’idées naturelles et piquantes, d’images douces et gracieuses. […] Son caractère est la naïveté ; tout doit y être en sentiment ; et le style doit en être simple, naturel et délicat. […] De tous les peuples de l’Europe, le Français est celui dont le naturel est le plus porté à ce genre léger de poésie.
La Rhétorique n’enseigne pas à les trouver, mais elle dirige les dispositions et les émotions naturelles. […] Elle doit être complète, claire, progressive et naturelle. […] Tous les bons écrivains sont naturels. […] Rien n’est donc plus fréquent et plus naturel. […] En général, les gestes sont naturels chez l’orateur, mais l’art peut les perfectionner.
Quoiqu’il ne cherche qu’à convaincre et à persuader, il plaît néanmoins par sa diction ; qui est toujours naturelle, abondante, pure et noble. […] Chapelain, des plans heureux, et très bien remplis, une marche libre, aisée et naturelle, une diction noble et pure, beaucoup de force et d’onction. […] Il y règne une éloquence vive et naturelle, quoiqu’on y trouve quelques endroits faibles, excepté dans celui de Saint Louis. […] Il y règne d’un bout à l’autre une éloquence noble, sublime, et en même temps naturelle : c’est un vrai chef-d’œuvre. […] Le style de ces sortes de discours doit être simple, naturel, mais surtout très clair et propre au sujet.
C’est de notre sentiment naturel pour la beauté que provient notre jouissance ; mais la raison nous indique pourquoi nous l’éprouvons et sur quoi elle est fondée. […] C’est en le comparant au goût général, qu’on peut reconnaître que le goût d’un individu est juste et naturel. […] Les nations dont le génie est ardent et vif, conservèrent un penchant naturel pour un genre de conversation qui offre à l’imagination quelque chose de séduisant. […] Ils vivaient errants et dispersés, n’avaient aucune connaissance du cours naturel des choses, et chaque jour se trouvaient en relation avec des objets nouveaux pour eux. […] Les tons, en effet, les regards et les gestes, sont les interprètes naturels des affections de l’âme.
Également merveilleux, soit que le pinceau captif s’assujettisse à l’imitation d’un modèle, soit que sa muse, dégagée d’entraves, s’abandonne à elle-même ; incompréhensible, soit qu’il emploie pour éclairer ses tableaux l’astre du jour ou celui de la nuit, la lumière naturelle ou les lumières artificielles ; toujours harmonieux, vigoureux et sage, tel que ces grands poëtes, ces hommes rares, en qui le jugement gouverne si parfaitement la verve qu’ils ne sont jamais ni exagérés ni froids. […] Cela n’est pas naturel. […] De la grâce et du naturel Sachez donc ce que c’est que la grâce, ou cette rigoureuse et précise conformité des membres avec la nature de l’action. […] Le Fils naturel, le Père de famille. […] Figure humaine de tous les âges, de tous les états, de toutes les nations : arbres, animaux, paysages, marines, perspectives ; toute sorte de poésie, rochers imposants, montagnes, eaux dormantes, agitées, précipitées ; torrents, mers tranquilles, mers en fureur ; sites variés à l’infini ; fabriques grecques, romaines, gothiques ; architectures civile, militaire, ancienne, moderne ; ruines, palais, chaumières ; constructions, gréements, manœuvres, vaisseaux ; cieux, lointains, calme, temps orageux, temps serein ; ciel de diverses saisons, lumières de diverses heures du jour ; tempêtes, naufrages, situations déplorables, victimes et scènes pathétiques de toute espèce ; jour, nuit, lumières naturelles, artificielles, effets séparés on confondus de ces lumières, aucune de ses scènes accidentelles qui ne fit seule un tableau précieux. » 1.
Il ne faut pas confondre la pensée naïve avec la pensée naturelle. […] Toute pensée naïve est naturelle : mais toute pensée naturelle n’est pas naïve, parce que le naturel peut avoir quelque chose de grand, de sublime ; au lieu que le naïf a toujours quelque chose de petit ou de moins élevé. […] Voilà une pensée naturelle, tirée du fond de la chose, qui n’a absolument rien d’étranger au sujet, et qui paraît n’avoir rien coûté à l’orateur. […] Dans ceux qui appartiennent à la mémoire, l’écrivain expose, raconte : il faut que son style soit uni, facile, naturel et rapide. […] Ils sont employés dans le sens figuré, quand on les fait passer de leur signification propre ou naturelle, à une signification étrangère.
Mais, dira-t-on, quel est le charme du style épistolaire, si ce n’est le naturel et l’abandon ; et doit-on écrire une lettre comme un traité de philosophie ? Non, sans doute ; mais il faut bien distinguer l’abandon et le naturel, du désordre et de la confusion. […] Changer l’ordre naturel de la syntaxe, c’est ce qu’on appelle une inversion. […] Quand on peint ce que l’on a vu soi-même, le langage prend quelque chose de naturel et de vivant, tandis qu’à une description empruntée il manque toujours la vie et la couleur. […] À la veille d’un si grand jour, et dès la première bataille, il est tranquille : tant il se trouve dans son naturel !
La sensibilité est avant tout une qualité naturelle. […] L’exorde sera naturel si on le tire du fond du sujet. […] Que votre œuvre soit naturelle et animée, qu’elle ne sente pas le cabinet et le travail. […] La tête doit être tenue droite et dans une position naturelle. […] Telle est la justice de Dieu ; telle est l’infirmité naturelle des hommes.
Ce qui dérive de la faiblesse et de l’irritabilité des organes : la finesse de perception, la délicatesse de sentiment, la mobilité des idées, la docilité de l’imagination, les caprices de la volonté, la crédulité superstitieuse, les craintes vaines, les fantaisies et tous les vices des enfants ; ce qui dérive du besoin naturel d’apprivoiser un être sauvage, fier et fort, par lequel on est dominé : la modestie, la candeur, la simple et timide innocence, ou, à leur place, la dissimulation, l’adresse, l’artifice, la souplesse, la complaisance, tous les raffinements de l’art de séduire et d’intéresser ; enfin, ce qui dérive d’un état de dépendance et de contrainte, quand la passion se révolte et rompt les liens qui l’enchaînent : la violence, l’emportement, et l’audace du désespoir : voilà le fond des mœurs du côté du sexe le plus faible, et par là le plus susceptible de mouvements passionnés. « Du côté de l’homme, un fond de rudesse, d’âpreté, de férocité même, vices naturels de la force ; plus de courage habituel, plus d’égalité, de constance ; les premiers mouvements de la franchise et de la droiture, parce que, se sentant plus libre, il est moins craintif et moins dissimulé ; un orgueil plus allier, plus impérieux, plus ouvertement despotique, mais un amour-propre moins attentif et moins adroit à ménager ses avantages ; un plus grand nombre de passions, et chacune moins violente, parce que, moins captive et moins contrariée, elle n’a point, comme dans les femmes, le ressort que donne la contrainte aux passions qu’elle retient : voilà le fond des mœurs du sexe le plus fort. » La plupart de ces remarques sont d’une vérité évidente. […] Oui, messieurs, donnez-moi la carte d’un pays, sa configuration, son climat, ses eaux, ses vents, et toute sa géographie physique ; donnez-moi ses productions naturelles, sa flore, sa zoologie, etc., et je me charge de vous dire a priori quel sera l’homme de ce pays, non pas accidentellement, mais nécessairement, non pas à telle époque, mais dans toutes. » Tout en approuvant les idées de M. […] L’étude des diverses relations naturelles ou sociales contribue puissamment à l’invention. […] Le Père de famille, le Fils naturel de Diderot, beaucoup d’autres drames de cette époque, appartiennent à cet ordre d’idées qui n’était pas à dédaigner.
Il a l’ampleur des périodes savantes, le ton grandiose et volontiers solennel, le tour naturel, l’expression simple et forte, la touche hardie, le dessin large et lumineux. […] Il semble qu’on n’a jamais parlé une meilleure langue, plus pure, plus limpide, plus naturelle, convenant mieux à la prompte communication des sentiments et des idées, pourvu que ces idées ne soient pas trop hautes, ni ces sentiments trop profonds ; car ils briseraient de toutes parts cette légère enveloppe, tandis qu’elle va merveilleusement à la taille de la société nouvelle, qui succède à la grande société du dix-septième siècle. […] Mais sa prose est d’une qualité exquise, simple, naturelle, rapide, d’une lumière incomparable. […] Il a redonné du ton à la langue, mais aux dépens du naturel ; il a porté le soin jusqu’à l’afféterie, laissé paraître l’effort, prodigué les grands mouvements, gâté souvent l’éloquence par la déclamation, et frayé la route à la rhétorique. […] Il y a plus : lorsque l’illusion va trop loin, le sentiment de l’art disparaît pour faire place à une impression purement naturelle et quelquefois insupportable.