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23. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Diderot, 1713-1784 » pp. 303-312

C’est le Jupiter de Lucien, qui, las d’entendre les cris lamentables des humains, se lève de table et dit : « De la grêle en Thrace » ; et l’on voit aussitôt les arbres dépouillés, les moissons hachées, et le chaume des cabanes dispersé : « La peste en Asie » ; et l’on voit les portes des maisons fermées, les rues désertes, et les hommes se fuyant : « Ici, un volcan » ; et la terre s’ébranle sous les pieds, les édifices tombent, les animaux s’effarouchent, et les habitants des villes gagnent les campagnes : « Une guerre là » ; et les nations courent aux armes et s’entr’égorgent : « En cet endroit une disette » ; et le vieux laboureur expire de faim sur sa porte. […] Ils allaient toujours disputant sur les prérogatives des deux nations. […] Figure humaine de tous les âges, de tous les états, de toutes les nations : arbres, animaux, paysages, marines, perspectives ; toute sorte de poésie, rochers imposants, montagnes, eaux dormantes, agitées, précipitées ; torrents, mers tranquilles, mers en fureur ; sites variés à l’infini ; fabriques grecques, romaines, gothiques ; architectures civile, militaire, ancienne, moderne ; ruines, palais, chaumières ; constructions, gréements, manœuvres, vaisseaux ; cieux, lointains, calme, temps orageux, temps serein ; ciel de diverses saisons, lumières de diverses heures du jour ; tempêtes, naufrages, situations déplorables, victimes et scènes pathétiques de toute espèce ; jour, nuit, lumières naturelles, artificielles, effets séparés on confondus de ces lumières, aucune de ses scènes accidentelles qui ne fit seule un tableau précieux. » 1.

24. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre V. Panégyrique de Louis XV, par Voltaire. »

Le cœur du prince sentit ce que voulait dire ce cri de la nation : la crainte universelle de perdre un bon roi, lui imposait la nécessité d’être le meilleur des rois. […] Qui ne sait à quel excès la présence du souverain enflamme notre nation, et avec quelle ardeur on se dispute l’honneur de mourir ou de vaincre à ses yeux ?

25. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Principes généraux des belles-lettres. » pp. 1-374

Les mœurs générales sont les mœurs des différentes nations, des Grecs, des Romains, celles d’un peuple civilisé, celles d’un peuple barbare. […] Que les Français le mettent au-dessus des comiques de tous les temps et de tous les pays ; aucune nation ne pourra les accuser d’injustice et de partialité. […] L’Espagne a été plus féconde qu’aucune autre nation : mais elle n’en a pas un bien grand nombre qui soient connus lors de leur pays. […] Cette révolution a été commencée et achevée par plusieurs excellens poëtes, soit comiques, soit tragiques que cette nation a produits. […] Le penchant naturel de la nation et du sexe à la galanterie, n’impose point la nécessité de mêler de l’amour dans nos pièces tragiques, puisque cette même nation, ce même sexe a admiré et admire encore Athalie, Mérope, la mort de César, et d’autres tragédies sans amour.

26. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VI. des mœurs  » pp. 75-88

Ce ne sont pas, en effet, les livres sur les variétés caractéristiques des siècles et des nations qui nous manquent ; mais parfois l’esprit de flatterie, celui de dénigrement, les préjugés en un sens quelconque ont guidé les auteurs, ou bien ils ont tracé des portraits de fantaisie. […] Une méthode préférable, à mon gré, serait d’étudier, pour chaque nation, non pas seulement les écrivains qui ont prétendu la peindre ex professo, mais aussi celui qui, instinctivement, a le mieux personnifié en lui ses concitoyens, et dont les œuvres, comme un miroir, les reflètent le plus complétement ; de chercher, par exemple, parmi les écrivains grecs, romains, français, anglais celui qui est le plus réellement et le plus complétement anglais, français, romain ou grec. […] Et c’est parce que l’esprit de leur nation se résumait en eux, élevé, pour ainsi dire, à sa plus haute puissance, que l’un développait le sujet donné par les intérêts matériels et le souvenir de la vieille Angleterre, l’autre par l’amour-propre et l’honneur, le dernier par la religion et l’invocation à saint Nicolas.

27. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

Toutes les nations n’ont pas d’ailleurs le même goût. […] En outre, une nation monarchique n’a point les idées et les mœurs des États démocratiques. […] les vœux que toute la nation vous offre aujourd’hui par ma bouche ; cette nation que vous avez protégée dès le commencement, et qui, malgré ses crimes, est encore la portion la plus florissante de votre Église. […] Voilà de quelle manière le christianisme a civilisé les nations. […] Vous prétendez éteindre l’incendie de la nation avec un verre d’eau.

28. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

Autant de peur dans notre nation d’être bas qu’on est d’ordinaire sec et vague dans les expressions. […] Le goût se forme insensiblement dans une nation qui n’en avait pas, parce qu’on y prend peu à peu l’esprit des bons artistes. […] Cinna même et les Lettres provinciales, qui étonnèrent la nation, ne la dérouillèrent pas encore. […] Comme un artiste forme peu à peu son goût, une nation forme aussi le sien. […] Une nation éclairée, mais peu sociable, n’aura point les mêmes ridicules qu’une nation aussi spirituelle, mais livrée à la société jusqu’à l’indiscrétion ; et ces deux peuples conséquemment n’auront pas la même espèce de comédie.

29. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VII. Fontenelle. »

» Il s’en fallait beaucoup que l’égalité qui pouvait être entre les deux souverains ennemis, se trouvât entre les deux nations. […] Charles avait le titre d’invincible, qu’un moment pouvait lui ôter ; les nations avaient déjà donné à Pierre Alexiowitz le nom de grand, qu’une défaite ne pouvait lui faire perdre, parce qu’il ne le devait pas à des victoires ».

30. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Massillon. (1663-1742.). » pp. 120-123

Il voyait avec douleur les armes des princes chrétiens employées à s’exterminer les uns les autres, et leurs tristes divisions augmenter tous les jours l’insolence et les conquêtes des nations infidèles. […] « Louis IX, dit l’auteur de l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, chap. 58, paraissait un prince destiné à réformer l’Europe, si elle avait pu l’être ; à rendre la France triomphante et policée, et à être en tout le modèle des hommes.

31. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre III. Éloges de Pompée et de César, par Cicéron. »

La guerre civile, celle d’Afrique, celle au-delà des Alpes, celle d’Espagne, où des villes révoltées étaient unies à des nations belliqueuses ; celle des esclaves, celle des pirates ; toutes ces guerres différentes, contre tant d’ennemis divers, je ne dis pas conduites, mais terminées par le seul Pompée, prouvent qu’il n’est pas une partie de l’art militaire qui ait pu échapper à ses connaissances ». […] Témoin l’Italie, qui, de l’aveu même de Sylla vainqueur, ne fut pacifiée que par le couvage et la sagesse de Pompée : témoin la Sicile, que le même Pompée affranchit des périls qui la menaçaient de si près : témoin l’Afrique, inondée du sang des innombrables ennemis qui la foulaient et la dévoraient : témoin l’Espagne, qui vil si souvent des milliers d’ennemis vaincus et terrassés par l’effort de son bras : témoin une seconde fois, et d’autres fois encore l’Italie, qui implora le secours de Pompée absent, pour la guerre dangereuse et sanglante qu’elle avait à soutenir contre les esclaves, guerre dont la fureur, rallentie par la seule terreur du nom de Pompée, fut entièrement étouffée par sa présence : témoins toutes les contrées, toutes les nations étrangères, les mers enfin, etc. ». […] « Vous avez soumis, César, des nations redoutables par la férocité de leurs moeurs, formidables par la multitude de leurs soldats, inépuisables par la variété de leurs ressources, et presque inabordables par l’immensité des distances : mais vous n’avez vaincu pourtant que ce qui était susceptible de l’être.

32. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

L’imitation est très permise : les plus grands génies de notre nation, et ceux de l’antiquité en ont fait usage. […] Je ne saurais mieux y réussir qu’en prenant pour guide Aristote, qui en a fait une admirable peinture dans sa rhétorique, le modèle de tous les ouvrages en ce genre ; peinture qui sera vraie dans tous les temps et chez tous les peuples : car il s’agit ici, non de ces caractères, de ces mœurs qui varient dans chaque siècle, dans chaque nation, dans chaque individu, mais de ces caractères généraux, fondés sur la nature, et qui sont comme l’apanage de l’humanité. […] « Si j’adressais ces plaintes, je ne dis pas à des citoyens romains, je ne dis pas à quelques-uns de nos alliés, je ne dis pas à des nations chez lesquelles notre nom fût parvenu, je ne dis pas enfin à des hommes ; mais à des bêtes sauvages, aux pierres et aux rochers les plus durs d’un affreux désert, ces êtres muets, inanimés et insensibles seraient touchés du récit d’une action si indigne et si atroce. […] On avait oublié pour eux, non seulement cette pitié commune qu’on a pour tous les malheureux, mais encore cette politesse singulière que notre nation a coutume d’avoir pour les étrangers. […] « Je pense souvent en moi-même, et je me fais un vrai plaisir de le publier, que les hauts faits de nos plus célèbres guerriers, ceux des plus illustres potentats, ceux des plus belliqueuses nations de l’univers, ne peuvent être comparés aux vôtres ; qu’on examine la grandeur des guerres, ou la multitude des batailles, ou la variété des pays, ou la rapidité du succès, ou la diversité des entreprises.

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