Une blessure est cause de la mort, le feu est cause de la chaleur. […] Nous-mêmes, nous nous sommes exécutés à l’avance en nous dévouant à des supplices mille fois pires que la mort. […] Leur vie et leur mort sont entre vos mains. […] Narration oratoire. — Lally-Tollendal raconte le procès et la mort de son père. […] Dieu, c’est tout dire, et la mort aussi, et l’éternité aussi, et, après cela, qu’y a-t-il à ajouter ?
Donnons ici, comme un modèle de l’art de faire ces petits récits, la page que La Harpe consacre au mesmérisme dans sa Correspondance littéraire, à propos de la mort de Court de Gébelin. […] Court de Gébelin est mort chez Mesmer. […] On n’avait pas encore débité tous les exemplaires de cette lettre, quand M. de Gébelin est mort de cette même maladie dont il était si bien guéri.
Retiré à Saint-Jean-d’Angély, chassé de cet asile, il s’enfuit à Genève ; condamné à mort par le parlement, il se maria pour prouver qu’il vivait encore. […] En 1577, cinq ans après la Saint-Barthélemy, au moment où Henri III révoquait l’édit de pacification, d’Aubigné, blessé, en danger de mort, tout frémissant d’une lutte récente, exalté par la fièvre, la colère et la lecture de la Bible, écrivit ce livre pour rendre du cœur à des vaincus, et « faire grincer de rage » les vainqueurs. […] Par luy Beroalde adverti que leur procés estoit faict se mit à taster le pouls1 à toute la compagnie, et les fit resoudre à la mort très facilement.
Mais tout à coup cet appareil fantastique, ces montagnes surmontées de palmiers, ces orages qui grondaient sur leurs sommets, ce fleuve, ce pont, tout se fondit et disparut à l’arrivée de la nuit, comme les illusions du monde aux approches de la mort. […] si le jour n’est lui-même qu’une image de la vie, si les heures rapides de l’aube, du matin, du midi et du soir, représentent les âges si fugitifs de l’enfance, de la jeunesse, de la virilité et de la vieillesse, la mort, comme la nuit, doit nous découvrir aussi de nouveaux cieux et de nouveaux mondes1 ! […] Mais bientôt émues elles-mêmes par ces scènes religieuses de lumière et d’ombre, et surtout par le sentiment du tombeau de Jean-Jacques, elles se mirent à chanter une romance ; leurs voix douces, se mêlant aux chants lointains des rossignols1 me firent sentir que s’il y avait des harmonies entre la lumière de l’astre des nuits et les forêts, il y en avait encore de plus touchantes entre la vie et la mort.
. — Dès qu’une infirmité fâcheuse menace votre vie, qu’un événement inattendu met vos biens et votre fortune en péril, qu’une mort prochaine est sur le point de vous enlever une personne ou chère ou nécessaire ; alors vous levez les mains au ciel, vous y faites monter des gémissements et des prières ; vous vous adressez au Dieu qui frappe et qui guérit ; vous savez prier alors ; vous n’allez pas chercher hors de votre cœur des leçons et des règles pour apprendre à lui exposer votre peine, ni consulter des maîtres habiles pour savoir ce qu’il faut lui dire ; vous n’avez besoin que de votre douleur : vos maux tout seuls ont su vous instruire. — Si vous priez rarement, le Seigneur sera toujours pour vous un Dieu étranger et inconnu, pour ainsi dire, devant qui vous serez dans une espèce de gêne et de contrainte ; avec qui vous n’aurez jamais ces effusions de cœur, cette douce confiance, cette sainte liberté que la familiarité toute seule donne, et qui fait tout le plaisir de ce commerce divin. […] Je me dirais : Tout ne finit pas pour nous avec la vie, tout rentre dans l’ordre à la mort ». […] Voyez ce tableau du pécheur mourant : « Alors le pécheur mourant ne trouvant plus dans le souvenir du passé que des regrets qui l’accablent ; dans tout ce qui se passe à ses yeux, que des images qui l’affligent ; dans la pensée de l’avenir, que des horreurs qui l’épouvantent : ne sachant plus à quoi avoir recours, ni aux créatures qui lui échappent, ni au monde qui s’évanouit, ni aux hommes qui ne sauraient le délivrer de la mort, ni au Dieu juste qu’il regarde comme un ennemi déclaré, dont il ne doit plus attendre d’indulgence, il se roule dans ses propres horreurs ; il se tourmente, il s’agite pour fuir la mort qui le saisit, ou du moins pour se fuir lui-même.
Ils ne chicanent pas le courage, le dévouement, le mépris de la mort, le sacrifice de soi-même ; ils prennent l’homme tel qu’il est, et ne lui demandent pas de se dépouiller de ce moi qui est le fond de son être. […] La gloire ne sera jamais à l’avenir ce qu’elle était du temps d’Alexandre et de César : nous en connaissons trop la vanité ; le christianisme a trop fait planer l’idée de la mort sur nos courtes et terrestres immortalités. […] On lui fit un crime de ne pas s’être tué comme Caton, ou, après avoir accepté le pardon de César, de s’être réjoui de sa mort, et d’avoir prolongé contre Antoine une lutte inutile. […] Par cette mort il a confirmé toute sa vie, imprimé à ses ouvrages le sceau de la vérité ; il a fini comme devait finir l’homme qui, trente ans plus tôt, s’écriait dans ses Verrines, avec une sensibilité si profonde : O doux nom de liberté !
…………… J’ai vécu plus que toi ; mes vers dureront moins ; Mais au bord du tombeau, je mettrai tous mes soins À suivre les leçons de ta philosophie, À mépriser la mort, en savourant la vie, À lire tes écrits pleins de grâce et de sens, Comme on boit d’un vin vieux qui rajeunit les sens. […] Si pourtant l’objet de notre étude ce jour-là, et en quelque sorte de notre dévotion, est un de ces morts fameux et si rares dont la parole remplit les temps, l’effet ne saurait être ce que nous disons : l’autel alors nous apparaît trop lumineux ; il s’en échappe incessamment un puissant éclat qui chasse bien loin la langueur des regrets et ne rappelle que des idées de durée et de vie. […] Pope, poëte anglais, mort en 1744, chef de l’école classique. […] Fontanes, poëte et homme d’État, grand maître de l’Université, mort en 1821.
Nous n’en citerons ici que deux : une sur la rose, et l’autre sur les guerriers morts aux Thermopyles. […] Passant, va annoncer à Lacédémone que nous sommes morts ici pour obéir à ses lois. […] Le poète y fait le plus souvent l’éloge du mort ; et il doit alors y mettre les grâces et les délicatesses du madrigal, en prenant cependant un ton plus noble et plus élevé, et en résumant d’un trait la vie et le caractère de la personne qui en est l’objet. […] L’épitaphe à la gloire d’un mort est de toutes les louanges la plus noble et la plus pure, surtout lorsqu’elle n’est que l’expression vraie du caractère et des actions d’un homme de bien.
car le grec et le latin ne furent pas toujours des langues mortes : il fut un temps où Homère, Virgile, Horace étaient vus du même œil que nous ! […] S’il décrit la mort de quelque grand personnage, il la rend aussi touchante que la catastrophe d’une scène tragique. […] Quelques auteurs modernes ont voulu imiter ses Dialogues des morts. […] Outre son étonnante bravoure et son noble mépris pour la mort, il déploie encore les autres belles qualités d’un héros. […] C’est ainsi qu’on ne s’est point lassé d’admirer le quatrième livre, qui renferme la passion malheureuse et la mort funeste de la reine de Carthage.
Bossuet avait à déplorer la mort d’une reine célèbre par de grands revers et de grandes vertus ; l’orateur ne voit dans ce long enchaînement de revers et de prospérités qu’une leçon éclatante que le ciel donne aux grands de la terre ; et le Psalmiste lui fournit cette grande idée, qui se féconde entre ses mains et devient le germe d’un des plus beaux discours dont s’honore l’éloquence évangélique : et nunc reges intelligite ; erudimini qui judicatis terram . […] L’empereur Julien s’était proposé d’établir, dans ses temples, un cours de prédications, formé sur le plan des chaires chrétiennes ; mais la mort l’empêcha d’accomplir ce projet.