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160. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 140-145

[Notice] Peu d’hommes ont plus que Voltaire remué par leur génie et rempli de leur nom le monde : aucun n’a plus fortement agi sur son temps. […] Le kan des Tartares et le bacha, qui voulaient prendre le roi en vie, honteux de perdre du monde et d’occuper une armée entière contre soixante personnes, jugèrent à propos de mettre le feu à la maison pour obliger le roi à se rendre.

161. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Bernardin de Saint-Pierre. (1737-1814.) » pp. 153-158

Les riches et les puissants croient qu’on est misérable et hors du monde quand on ne vit pas comme eux ; mais ce sont eux qui, vivant loin de la nature, vivent hors du monde.

162. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Rabelais, 1483-1553 » pp. -

Mutant bonne femme est morte, qui estoit la plus cecy, la plus cela qui feust14 au monde. […] Le fils d’un géant De l’enfance de Pantagruel 13 Ie trouue par les anciens historiographes et poetes, que plusieurs sont nez en ce monde en façons bien estranges que seroient trop longues à racompter1 : lisez le vije liure de Pline2, si aués loysir. […] Certains iours vers le matin que on le vouloit faire tetter vne de ses vaches (car de nourrisses il n’en eut iamais aultrement, comme dict l’hystoire) il se deffit des liens qui le tenoyent au berceau vn des bras, et vous prent ladicte vache par dessoubz le iarret, et luy mangea la moytié du ventre, auecques le foye et les roignons, et l’eust toute deuoree, n’eust esté qu’elle14 cryoit horriblement comme si les loups la tenoient aux iambes, auquel cry le monde arriua, et osterent ladicte vache à Pantagruel ; mais ilz ne sceurent si bien faire que le iarret ne luy en demourast comme il le tenoit, et le mangeoit tresbien comme vous feriez d’vne saulcisse, et quand on luy voulut oster l’os, il l’aualla bien tost, comme vn Cormaran1 feroit vn petit poisson, et apres commença à dire : « bon, bon, bon ! 

163. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre II. — Division de la rhétorique : Invention, Disposition, Élocution »

Saint Chrysostome a bien compris cette vérité, quand il a dit : « Gloire, richesses, noblesse, puissance, pour les hommes du monde ne sont que des noms ; pour nous, si nous servons Dieu, ce sont des choses : au contraire, la pauvreté, la honte, la mort, sont des choses trop effectives et trop réelles pour eux ; pour nous, ce sont seulement des noms, » parce que celui qui s’attache à Dieu, ne perd ni ses biens, son honneur, ni sa vie. […] Le voici :     L’Europe est la plus belle partie du monde ;     La France est le plus beau royaume de l’Europe ;     Paris est la plus belle ville de France ;     Ma rue est la plus belle rue de Paris ;     Ma maison est la plus belle de la rue ;     Ma chambre est la plus belle de la maison ; Donc, ma chambre est la plus belle du monde. […] Sachez, monsieur, que tant va la cruche à l’eau qu’enfin elle se brise ; et, comme dit fort bien cet auteur que je ne connais pas, l’homme est, en ce monde, ainsi que l’oiseau sur la branche ; la branche est attachée à l’arbre ; qui s’attache à l’arbre suit de bons préceptes ; les bons préceptes valent mieux que les belles paroles ; les belles paroles se trouvent à la cour ; à la cour sont les courtisans : les courtisans suivent la mode ; la mode vient de la fantaisie ; la fantaisie est une faculté de l’Âme : l’âme est ce qui nous donne la vie ; la vie finit par la mort ; la mort nous fait passer au ciel ; le ciel est au-dessus de la terre ; la terre n’est point la mer ; sa mer est sujette aux orages ; les orages tourmentent les vaisseaux ; les vaisseaux ont besoin d’un bon pilote ; un bon pilote a île la prudence ; la prudence n’est pas dans les jeunes gens ; les jeunes gens doivent obéissance aux vieux ; les vieux aiment les richesses ; les richesses font les riches ; les riches ne sont pas pauvres ; les pauvres ont de la nécessité ; la nécessité n’a point de loi ; qui n’a pas de loi vil en bête brute ; et, par conséquent, vous serez damné à tous les diables. […] La gaieté, les travaux rustiques, les folâtres jeux, sont les premiers cuisiniers du monde, les ragoûts fins sont bien ridicules à des gens en haleine depuis le lever du soleil.

164. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gilbert. (1751-1780.) » pp. 297-303

Tout un monde sophiste, en style de sermon, De longs écrits moraux nous ennuie avec zèle… ………………………………………………… Nos modestes aïeux Palaient moins de vertus et les cultivaient mieux6. […] Trop peu soutenue dans son ensemble, elle renferme ces vers dignes à jamais d’être cités : L’Éternel a brisé son tonnerre inutile ; Et, d’ailes et de faux dépouillé désormais, Sur les mondes détruits le Temps dort immobile.

165. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

Malherbe compare une jeune personne à une rose : Elle était de ce monde, où les plus belles choses Ont le pire destin ; Et rose elle a vécu ce que vivent les roses, L'espace d'un matin. […] Sous un ombrage solitaire, Près d'un ruisseau qui tombe et fuit, Oui, la douleur est moins amère Que dans le monde, où tout est bruit. […] Mais mon âme immortelle, aux siècles échappée, Ne sera point frappée, Et des mondes brisés foulera le tombeau. […] L'histoire est générale ou particulière ; l'histoire générale embrasse les événements du monde connu ; l'histoire particulière ne parle que de ceux d'un royaume, d'une province, etc. […] L'histoire naturelle est un tableau abrégé des objets que renferme le monde ; elle se rattache à la physique.

166. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

À son début et à mesure qu’elle se développe, elle associe et l’Égypte et la Grèce et l’Asie Mineure, les trois parties principales du monde connu. […] La terre au loin gémit, le jour fuit, le ciel gronde Et l’Africain, tremblant, craint la chute du monde. […] Ce n’est plus votre fils, c’est le maître du monde. […] Que d’autres mains s’illustrent par de vains talents ; le seul talent digne de Rome est celui de conquérir le monde et d’y faire régner la vertu. […] Bourdaloue fait usage de cette figure dans le passage suivant : « Tout l’univers est rempli de l’esprit du monde : on juge selon l’esprit du monde, on agit, on se gouverne selon l’esprit du monde.

167. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Buffon, 1707-1788 » pp. 282-302

L’histoire naturelle comparée a l’histoire politique Comme, dans l’histoire civile, on consulte les titres, on recherche les médailles, on déchiffre les inscriptions antiques, pour déterminer les époques des révolutions humaines et constater les dates des événements moraux : de même, dans l’histoire naturelle, il faut fouiller les archives du monde, tirer des entrailles de la terre les vieux monuments, recueillir leurs débris, et rassembler en un corps de preuves tous les indices des changements physiques qui peuvent nous faire remonter aux différents âges de la nature2. […] Grand Dieu, dont la seule présence soutient la nature et maintient l’harmonie des lois de l’univers ; vous qui du trône immobile de l’empyrée voyez rouler sous vos pieds toutes les sphères célestes sans choc et sans confusion ; qui du sein du repos reproduisez à chaque instant leurs mouvements immenses, et seul régissez dans une paix profonde ce nombre infini de cieux et de mondes ; rendez, rendez enfin le calme à la terre agitée ! […] C’est dans les contrées les plus chaudes du nouveau monde que se trouvent toutes les espèces d’oiseaux-mouches ; elles sont assez nombreuses, et paraissent confinées entre les deux tropiques, car ceux qui s’avancent en été dans les zones tempérées n’y font qu’un court séjour ; ils semblent suivre le soleil, s’avancer, se retirer avec lui, et voler sur l’aile des zéphyrs à la suite d’un printemps éternel. […] S’avançant pas à pas vers un monde enchanté, Voit poindre le jour pur de l’immortalité, Et, dans la douce extase où ce regard la noie, Sur la terre en mourant elle exhale sa joie.

168. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre II. — Choix des Pensées »

Et ailleurs, dans la fable : le Rat qui s’est retiré du monde, cette réflexion faite à propos du rat qui s’est creusé son trou dans un fromage de Hollande, n’est-elle pas fort amusante ? […] Rousseau, dans une pièce de vers intitulée Aveuglement des hommes, demande aux riches de la terre à quoi leur serviront leurs richesses, lorsque la mort viendra les frapper : Que deviendront alors, répondez, grands du monde, Que deviendront ces biens où votre espoir se fonde, Et dont vous étalez l’orgueilleuse moisson ? […] Ainsi Bossuet voulant nous montrer que Dieu seul est le maître absolu de tous les hommes, nous annonce d’abord que sa puissance s’exerce dans les cieux, et sur tous les empires du monde, puis il nous amène à conclure que ce Dieu peut alors élever et abaisser son gré les princes et les rois : Celui qui règne dans les cieux, de qui relèvent tous les empires, à qui seul appartient la gloire, la majesté, l’indépendance est aussi le seul qui se glorifie de faire la loi aux rois, et de leur donner, quand il lui plaît, de grandes et terribles leçons.

169. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre premier. Apologie de Socrate par Platon. »

. — Il ne me reste qu’une grâce à demander à mes accusateurs, c’est de traiter un jour mes fils comme moi, s’ils vous donnent les mêmes sujets de plainte ; c’est de ne les point épargner, si vous les voyez préférer à la vertu les richesses ou quelque chose au monde que ce soit. — C’est un trait de justice que Socrate et ses enfants ont peut-être quelque droit d’attendre de vous. […] Socrate, crois en ces lois qui t’ont élevé, qui t’ont nourri ; et ne préfère à la justice ni tes fils, ni ta vie, ni rien au monde. — Ce n’est pas nous qui te condamnons, c’est la perversité des hommes qui te poursuit.

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