/ 394
47. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — La Bruyère 1646-1696 » pp. 100-117

Il n’est jamais du nombre de ceux qui forment un cercle pour discourir ; il se met derrière celui qui parle, recueille furtivement ce qui se dit, et se retire si on le regarde. […] C’est un homme qui est de mise un quart d’heure de suite, qui le moment d’après baisse, dégénère, perd le peu de lustre qu’un peu de mémoire lui donnait, et montre la corde. […] Sa vanité l’a fait honnête homme, l’a mis au-dessus de lui-même, l’a fait devenir ce qu’il n’était pas. […] Saint-Marc Girardin a dit : « Le portrait du riche et du pauvre, de La Bruyère, est encore de mise de nos jours, comme il le sera de tout temps. […] Couper veut dire se mettre entre deux personnes.

48. (1867) Rhétorique nouvelle « Troisième partie. la rhétorique » pp. 194-

Il appelait leur art une routine ; il le comparait à une cuisine, où l’on élabore savamment des mets fins qui excitent l’appétit des hommes, mais qui leur font perdre la santé. […] Au plus fort de la dispute arrive leur hôte qui les met d’accord en les embrassant et en leur souhaitant la bienvenue. […] Ce que le récit historique met en réflexions, l’oraison funèbre le met en tableau. […] Les trouvez-vous favorablement disposés, tant mieux : car il est plus facile de lancer au galop un cheval en haleine que de le mettre au trot quand il est au repos. […] Il laisse cette mise en scène au mélodrame et réduit le pathétique à l’expression la plus simple des sentiments.

49. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Michel de L’Hospital, 1505-1573 » pp. -

Les avocats Vous ne sçauriez veoir rien au monde si impudent, ny si hardy à mettre en avant ung faulx faict et une menterie en plein barreau ; ilz ont des fronts d’acier3, et, n’ayant point d’apprehension de perdre leur honneur, tout leur est indifferent, pourveu que rien ne tourne à leur dommaige. Vous oyrez4 crier, braire et tempester à l’appetit d’une partie hargneuse5 ; vous verrez les langues impures, venales et mercenaires mettre l’honneur des plus vertueux, illustres et grands personnaiges en compromis6, et ce dont je ne me sçaurois assez estonner, ces asnes d’Arcadie à qui les judges debvroient, à toutes les fois qu’ilz s’oublient et s’esmancipent contre la decence de leur robbe, mettre ung mords de bride, et leur fermer la bouche avec une bonne et grave reprimande, ilz les laissent divaguer de maniere qu’il semble à ces effrontez qu’ilz ont faict quelque beau chef-d’œuvre quand ilz ont, dient-ilz, bien lavé la teste7 à ung homme d’honneur, et mettent ceste haulte et sotte vanterie parmy leurs trophées… Et neantmoins ce sont ceulx ordinairement qui ont le plus de praticque1, parce qu’ilz se mettent à tous les jours, à toutes les causes ; et les bons playdeurs2, qui intenteroient ung procez sur la pointe d’une eguille3, les recherchent plus volontairement que les aultres, dont les mœurs sont composees à la prudence et modestie4 : vray ornement d’ung sçavant homme de bien, d’advocat5, lequel, faisant trop6 plus de cas de l’honneur que de gaing, ne soubtient jamais de cause contre sa conscience ; aussy la deffend il avec tant de vigueur, de force et de solides raisons, que l’on recognoist à vue d’œil7 qu’il ne se fonde pour obtenir la victoire que sur la verité et la justice de sa cause.

50. (1873) Principes de rhétorique française

— Mettre le bien absolu au-dessus de tous les intérêts particuliers. […] Alors on peut éclater dès le début parce que l’orateur ou l’écrivain ne fait que se mettre à l’unisson des esprits auxquels il s’adresse. […] Pour être vraisemblable, elle mettra les faits d’accord avec le caractère des personnes. […] Le portrait est la peinture animée des personnes mises en action. […] A la bataille de Chéronée, ‘il avait enfoncé et mis en fuite l’aile droite de l’armée ennemie.

51. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVIII. des qualites essentielles du style. — harmonie  » pp. 240-256

Les langues du Nord, semées de voyelles sourdes, hérissées de consonnes âpres, ne peuvent guère mettre l’harmonie que dans le rhythme, et c’est pourquoi leur accentuation bien marquée et leur construction généralement souple leur permettent de donner à la phrase une symétrie et des développements rhythmiques. […] Aussitôt qu’il eut porté de rang en rang l’ardeur dont il était animé, on le vit presque en même temps pousser l’aile droite des ennemis, soutenir la nôtre ébranlée, rallier le Français à demi vaincu, mettre en fuite l’Espagnol victorieux, porter partout la terreur, et étonner de ses regards étincelants ceux qui échappaient à ses coups. […] Mais enfin, il faut céder…, etc. » Mettons de côté pour un moment la suite et la convenance du récit, la couleur et l’énergie de l’expression ; n’examinons que le rhythme et le mouvement, et nous verrons quelle valeur l’harmonie bien comprise ajoute au discours. […] « Les compositeurs se mirent à l’œuvre, et au bout de peu de jours le plus actif et le plus laborieux des ouvriers quitta sa casse pour venir déclarer au prote qu’il allait manquer d’a. […] Il fallut réfléchir sur cette singulière particularité qui mettait en défaut tous les calculs et tous les usages.

52. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IV. Genre didactique. »

Son premier soin sera donc de mettre l’ordre le plus clair, le plus précisât le plus exact dans la distribution et l’arrangement des matières. […] Ils servent, d’ailleurs, à en approfondir d’autres que le lecteur débrouille sans peine, dès lors qu’on a mis sous ses yeux ces premiers éléments, et qu’il en a la mémoire remplie. […] Non seulement chaque chose doit être mise à sa place, mais encore elle doit être expliquée en son lieu par elle-même, et avoir le plus de clarté qu’il est possible37. […] L’auteur didactique doit s’appliquer à tendre nettement ses idées, et à mettre de la simplicité, de la clarté dans son style, sans cependant négliger les ornements convenables et propres à faire disparaître la sécheresse de l’instruction. […] Rollin, flatté par l’heureux débit de ses deux premiers volumes, en donna deux autres, et acheva par là de mettre le public de son côté.

53. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Massillon 1643-1743 » pp. 133-138

Il a de l’onction, il est insinuant, il connaît intimement le cœur humain, met la passion aux prises avec la foi, et sait dire aux grands de courageuses vérités. […] Semblables à un malade à qui une longue langueur a rendu tous les mets insipides4, ils essayent de tout, et rien ne les pique et ne les réveille ; et un dégoût affreux, dit Job, succède à l’instant à une vaine espérance de plaisir dont leur âme s’était d’abord flattée. […] Ainsi le temps, ce don de Dieu, ce bienfait le plus précieux de sa clémence, et qui doit être le prix de notre éternité, fait tout l’embarras, tout l’ennui et le fardeau le plus pesant de notre vie1 La loi doit régner sur les rois Sire, c’est le choix de la nation qui mit d’abord le sceptre entre les mains de vos ancêtres ; c’est elle qui les éleva sur le bouclier militaire et les proclama souverains. […] Leurs naissance seule les mit ensuite en possession du trône ; mais ce furent des suffrages publics qui attachèrent d’abord ce droit et cette prérogative à leur naissance. […] -à-d. : ils mettent leur amour-propre à figurer parmi les fêtes.

54. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 313-335

S’il est un seul d’entre vous qui sache mettre assez de tempérance en ses désirs pour ne jamais souhaiter que le temps s’écoule, celui-là ne l’estimera point trop courte. […] Les plus pervers ne sauraient perdre tout à fait ce penchant : souvent il les met en contradiction avec eux-mêmes. […] Je trouvais mon couvert mis sur ma terrasse. […] « Un continuel besoin d’épanchement met à tout moment mon cœur sur mes lèvres. […] Il y a telle de mes périodes que j’ai tournée et retournée cinq ou six nuits dans ma tête avant qu’elle fût en état d’être mise sur le papier.

55. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Beaumarchais 1732-1799 » pp. 199-202

Nul n’a mis en circulation plus de malices devenues proverbes. […] perdu dans la foule obscure, il m’a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu’on n’en a mis depuis cent ans pour gouverner toutes les Espagnes. […] J’apprends la chimie, la pharmacie, la chirurgie, et tout le crédit d’un grand seigneur peut à peine me mettre à la main une lancette de vétérinaire ! Las d’attrister des bêtes malades, et pour faire un métier contraire, je me jette à corps perdu dans le théâtre ; me fussé-je mis une pierre au cou ! […] Las de nourrir un obscur pensionnaire, on me met un jour dans la rue ; et comme il faut dîner quoiqu’on ne soit plus en prison, je taille encore ma plume, et demande à chacun de quoi il est question.

56. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre X. Petits poèmes. »

Les personnages mis en scène dans l’apologue sont ordinairement des animaux. […] Un poème de cette espèce, si on y met de l’esprit, sera nécessairement froid, fade, langoureux, ou chargé d’ornements frivoles non moins ridicules que déplacés. […] Dans les autres poèmes, en effet, le poète n’est pas le personnage mis en scène ; son art même consiste souvent à se faire oublier. […] Les cantates sont des pièces destinées à être mises en musique, et la musique en est l’objet principal. […] Ordinairement, les récitatifs et les airs se succèdent alternativement, quoiqu’on puisse mettre, si on le veut, deux ou trois airs de suite.

/ 394