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156. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre II. Du genre didactique. » pp. 161-205

Sans doute la satire, entre les mains d’un homme de talent, peut faire une rude guerre au mauvais goût, et réprimer, au moins en partie, les scandales littéraires ; sans doute elle peut, sinon faire tomber tous les ridicules, au moins en diminuer le nombre ; elle pourra même faire rougir le vice, et peut-être lui arracher de loin en loin quelques victimes. […] Mais les hommes pervers, mais les hommes coupables Dont le pied grave au sol des traces plus durables, Ce sont tous ces auteurs qui, le scalpel en main, Cherchent, les yeux ardents, au fond du cœur humain, La fibre la plus vive, et la plus sale veine, Pour en faire jaillir des flots d’or à main pleine. […] Non, le gain les excite, et l’argent les enfièvre, L’argent leur clôt les yeux et leur noircit la lèvre ; L’argent, l’argent fatal, dernier dieu des humains, Les prend par les cheveux, les secoue à deux mains, Les pousse dans le mal, et pour un vil salaire, Leur mettrait les deux pieds sur le corps de leur père. […] Il sera Dieu : même je veux Qu’il ait en sa main un tonnerre.

157. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — La Satire Ménippée, 1594 » pp. -

Une cohue de voix discordantes et d’amendements insensés clôt la séance ; mais ce tapage n’empêche pas le gros bon sens populaire d’avoir le dernier mot par la bouche de Trepelu, le vigneron de Suresnes, soutenant avec la logique de Sganarelie que « le roi est le vrai soleil de France, et que le soleil est une belle invention, quoiqu’il gèle parfois sur les vignes. » Éditée pour la première fois en août 1594, trois mois après l’entrée d’Henri IV à Paris, la Ménippée avait circulé sous main avant l’ouverture des portes. […] Cependant je courray la vache et le manant, tant que je pourray : et n’y aura paysan, laboureur ny marchand autour de moy, et à dix lieues à la ronde, qui ne passe par mes mains, et qui ne me paye taille ou rançon.

158. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Massillon 1643-1743 » pp. 133-138

Mais le temps est ce trésor précieux dont nous avons hérité en naissant, et que le Seigneur nous laisse par pure miséricorde ; il est entre nos mains, et c’est à nous d’en faire usage. […] Ainsi le temps, ce don de Dieu, ce bienfait le plus précieux de sa clémence, et qui doit être le prix de notre éternité, fait tout l’embarras, tout l’ennui et le fardeau le plus pesant de notre vie1 La loi doit régner sur les rois Sire, c’est le choix de la nation qui mit d’abord le sceptre entre les mains de vos ancêtres ; c’est elle qui les éleva sur le bouclier militaire et les proclama souverains.

159. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Lacordaire 1802-1861 » pp. 279-285

On voit entrer une sorte de paysan, petit de taille, l’air ingénu, de gros souliers aux pieds, et un bâton à la main. […] Je me représente l’image vénérable d’un homme qui n’a pas pesé sur la terre, dont le cœur n’a jamais conçu l’injustice, et dont la main ne l’a point exécutée ; qui non-seulement a respecté les biens, la vie, l’honneur de ses semblables, mais aussi leur perfection morale ; qui fut observateur de sa parole, fidèle dans ses amitiés, sincère et ferme dans ses convictions, à l’épreuve du temps qui change et qui veut entraîner tout dans ses changements, également éloigné de l’obstination dans l’erreur et de cette insolence particulière à l’apostasie qui accuse la bassesse de la trahison ou la mobilité honteuse de l’inconstance : Aristide enfin dans l’antiquité, l’Hôpital1 dans les temps modernes, voilà l’honnête homme.

160. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — De Laprade Né en 1812 » pp. 576-582

Le jour pose, en naissant, un rayon sur sa bouche ; D’une main, supportant son corps demi penché. […] L’œuvre languit ; la main, en essuyant la tempe, Retombe mollement avec l’eau qui la trempe1.

161. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Cours complet de littérature à l’usage des séminaires et des colléges rédigé d’après les meilleurs critiques anciens et modernes par M. l’abbé A. Piron. Chanoine, Vicaire général, Membre de l’Académie des Arcades, ancien Professeur de littérature. » pp. 1-8

Cette nouvelle Poétique peut donc être mise très avantageusement entre les mains des jeunes humanistes, car non seulement elle ne leur offre aucun danger au double point de vue des croyances et des mœurs, mais elle est très propre à éclairer leur esprit, à épurer leur goût et à orner leur cœur. […] Monsieur le Vicaire général, Aussitôt que j’ai eu votre Traité de littérature entre les mains, je me suis mis à le lire et à l’étudier.

162. (1811) Cours complet de rhétorique « Notes. »

Il s’endort sur les fleurs, il sourit ; et soudain Le glaive à son réveil étincelle en sa main. […] Mais plus je relis moi-même l’auteur des Martyrs, plus je me croirais fondé à penser que ces lectures ont été faites dans un âge où l’on sent trop vivement pour méditer beaucoup ; où le désir de réparer des années perdues fait courir rapidement, et par toutes les routes à la fois, vers le but qu’on se propose d’atteindre, ce qui n’est pas toujours le plus court moyen d’y arriver ; étonné, ébloui de tant de richesses littéraires, que de nouvelles lectures, augmentent encore tous les jours, l’imagination échauffée tour à tour, quelquefois en même temps, par les beautés sublimes des Prophètes, d’Homère, de Virgile, de Milton, du Dante, etc., etc., comment se faire un emploi sage et judicieux de ces nombreux trésors qui se pressent et s’accumulent sous vos mains ? […] Le comble de l’art et le prodige du talent, dans le traducteur, était d’avoir fait lire et aimer Virgile, de ceux qui le connaissaient à peine de nom ; et d’avoir placé sur la toilette et entre les mains des belles, celui de tous les ouvrages anciens qui devait, par la nature même de son sujet, prétendre le moins à cet.honneur. […] Quant aux reproches rapportés plus haut, ils sont fondés jusqu’à un certain point, il faut l’avouer, et la critique a pu craindre la contagion d’un exemple aussi séduisant ; car c’en est fait de notre poésie, et nous retombons au-dessous des Ronsards et des Dubartas, si cette manière, si heureuse entre les mains de M. 

163. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VI. De l’Harmonie du Style. »

Sa démarche ferme et hardie annonce sa noblesse et son rang ; il ne touche à la terre que par ses extrémités les plus éloignées ; les bras ne lui sont pas donnés pour servir d’appui à la masse de son corps ; sa main ne doit pas fouler la terre : elle est réservée à des usages plus nobles, pour exécuter les ordres de la volonté, saisir les objets éloignés, écarter les obstacles et tout ce qui pourrait nuire, retenir ce qui peut plaire, et le mettre à la portée des autres sens ». […] « Cet homme (Machabée,) que Dieu avait mis autour d’Israël comme un rempart d’airain, où se brisèrent tant de fois toutes les forces de l’Asie, venait tous les ans, comme le moindre des Israélites, réparer, avec ses mains triomphantes, les ruines du sanctuaire ».

164. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre VI. Contes, romans, nouvelles. »

Il y a aujourd’hui un grand nombre d’ouvrages estimables faits pour ce but, et qui sont mis avec fruit entre les mains des jeunes gens ou des jeunes personnes. […] Ils se sont échauffés sur un coup, ont mis l’épée à la main, et se sont blessés tous deux mortellement.

165. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Malherbe 1555-1628 » pp. 302-309

Les sceptres devant eux n’ont point de privilèges, Les immortels5 eux-mêmes en sont persécutés ; Et c’est aux plus saints lieux que leurs mains sacriléges   Font plus d’impiétés. […] Ces vers cornéliens me rappellent aussi Scarron disant sur un autre ton : Superbes monuments de l’orgueil des humains, Pyramides, tombeaux, dont la riche structure A témoigné que l’art, par l’adresse des mains Et l’assidu travail, peut vaincre la nature, Par l’injure des ans vous êtes abolis, Ou du moins la plupart vous êtes démolis : Il n’est point de ciment que le temps ne dissoude : Si vos marbres si durs ont senti son pouvoir, Dois je trouver mauvais qu’on méchant pourpoint noir, Qui m’a duré deux ans, soit percé par le coude ?

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