De nos jours d’autres genres sont en honneur ; les maîtres, dans leurs leçons, doivent les avoir tous également en vue. […] Elle m’a été enseignée par deux maîtres dont l’autorité a depuis long-temps force de loi dans nos écoles ; Rollin et Fénélon. […] Puissé-je avoir approché de la perfection dont ces grands maîtres pensaient qu’un pareil ouvrage était susceptible. […] Cet art n’est pas facile ; Démosthène, Cicéron et les maîtres les plus célèbres en étaient persuadés. […] La nature et l’occasion sont les seuls maîtres.
Les maîtres de l’art restreignent la métonymie aux usages suivants : 1º la cause pour l’effet, Bacchus pour le vin, Cérès pour le pain. […] Mais Thomas, mon cher maître, ma vie, mon Glocestre, Thomas, la plus belle de ces branches d’un tronc royal, a été coupée par la main de l’envie, et la hache sanglante de l’assassin37 ». […] Près du maître des dieux leur gémissante voix Accuse l’insensé qui méconnut leurs droits. […] Milton imite et surpasse ici Homère lui-même, qui prête ce même sentiment à la terre, lorsque le maître des dieux presse son auguste épouse entre ses bras : Τοίσι δ᾽ ὑπὸ χθὼν δῖα φύεν νεοθηλέα ποίην, Λωτόν θ᾽ ἑρσήεντα, ἰδὲ κρόκον, ἠδ᾽ ὑάκινθον Πυκνὸν καὶ μαλακόν, ὃς ἀπὸ χθονὸς ὑψόσ᾽ ἔεργε, etc.
L’auteur qui écrit comme tout le monde n’a point de style, il manque d’originalité ; on pourra le lire avec plaisir, mais il n’aura jamais un nom parmi les maîtres. […] Buffon, ce grand maître en l’art d’écrire, nous en offre à chaque page des modèles. […] Aussi intrépide que son maître, le cheval voit le péril et l’affronte ; il se fait au bruit des armes, il l’aime, il le cherche, et s’anime de la même ardeur. […] Vous, les maîtres des nations, vous vous êtes rendus les esclaves des hommes frivoles que vous avez vaincus !
Il part avec trente mille hommes de pied seulement, et cinq mille chevaux ; entre dans l’Asie mineure (ou Natolie) ; défait au passage du Granique (fleuve de Bithynie) une armée de cent mille Perses ; gagne ensuite sur Darius, leur roi, la bataille d’Issus (petite ville de Cilicie) ; se rend maître, dans la Phénicie, de la fameuse ville de Tyr, après un siège de sept mois ; pénètre dans la Judée (contrée célèbre de la Syrie) ; marche vers la ville de Gaza dont il s’empare ; arrive à Memphis, capitale de l’Égypte ; se remet à la poursuite de Darius, qu’il défait en bataille rangée, près d’Arbelles dans l’Assyrie ; entre triomphant dans Babylone, et puis dans Suze, capitale du royaume de Perse ; réduit en cendres Persépolis, ancienne demeure de ces rois ; traverse les déserts, franchit les fleuves et les montagnes ; pousse ses conquêtes jusqu’aux Indes ; ramène son armée par une autre route ; subjugue de nouveaux peuples ; revient à Babylone, craint, respecté, adoré comme un Dieu, et y meurt l’an 513 avant J. […] Après avoir été reçu maitre des requêtes à 20 ans, et procureur-général du Parlement de Paris à 55, il fut nommé surintendant des finances, en 1653, dans un temps où elles étaient épuisées. […] Habile politique, il gouverna sa patrie pendant quarante ans, et il en fut le seul maître pendant les quinze dernières années, ayant fait bannir tous ses rivaux. […] De retour à Athènes au bout de dix ans, il eut la douleur de trouver cette ville livrée à ses anciennes factions, et d’y voir Pisistrate, seul maître absolu du gouvernement.
y a-t-il rien de plus nouveau que de voir un homme de Macédoine se rendre maître des Athéniens ? […] Son ombre eût pu encore gagner des batailles : et voilà que dans son silence son nom même nous anime ; et ensemble il nous avertit que, pour trouver à la mort quelque reste de nos travaux, et n’arriver pas sans ressource à notre éternelle demeure, avec le Roi de la terre, il faut encore servir le Roi du Ciel. » Servez donc ce Roi immortel et si plein de miséricorde, qui vous comptera un soupir et un verre d’eau donné en son nom, plus que tous les autres ne feront jamais tout voire sang répandu ; et commencez à compter le temps de vos utiles services du jour que vous vous serez donnés à un maître si bienfaisant.
L’originalité de Chateaubriand est dans l’accord de ses dissonances : procédant de maîtres opposés, il s’inspire du passé comme de l’avenir ; il mêle tous les styles, il rapproche les idées et les sentiments les plus contraires. […] Une espèce de sauvage, presque nu, pâle et miné par la fièvre, garde ces tristes chaumières : on dirait qu’aucune nation n’a osé succéder aux maîtres du monde dans leur terre natale, et que les champs sont tels que les a laissés le soc de Cincinnatus, ou la dernière charrue romaine.
C’est que sous les yeux du maître on est plus près de la source des grâces. […] Si l’on est maître de son sort, c’est la crainte du monde et de ses jugements qui en décide ; en un âge tendre, on regarde comme une loi la volonté de ceux de qui l’on tient la vie ; on n’ose produire des désirs qui contrediraient leurs desseins : on étouffe des répugnances qui deviendraient bientôt des crimes.
Elles expliquent au contraire, de la manière la plus simple, les variations que l’on a pu reprocher aux jugements de M. de La Harpe, qui, sans fléchir jamais sur la sévérité de ses principes en matière de goût, sans jamais s’écarter de la route tracée par les grands maîtres, a voulu concilier quelquefois deux choses naturellement inconciliables, son respect pour les anciens, et sa complaisante admiration pour quelques modernes, qui connaissaient peu ou jugeaient mal ces mêmes anciens. […] Quelquefois aussi (et il serait injuste de ne pas en convenir d’abord) des circonstances impérieuses ont exercé sur ce même talent une influence dont il n’a pas été le maître d’éluder entièrement le despotisme. […] Partisans tous deux de la bonne école, et admirateurs passionnés des grands maîtres ; ayant puisé tous deux d’excellentes leçons dans la société de Louis Racine ; partis enfin des mêmes principes, et près que du même point, ils ont suivi l’un et l’autre une carrière différente, mais également distinguée par des succès honorables.
Salluste et Tacite restent les maîtres sous ce rapport. […] Certains maîtres seuls sont admirables sous ce rapport.
Le cheval qui porte son maître à la chasse du tigre se pavane sous la peau de ce même animal2 ; l’homme demande tout à la fois, à l’agneau ses entrailles pour faire résonner une harpe, à la baleine ses fanons pour soutenir le corset de la jeune vierge, au loup sa dent la plus meurtrière pour polir les ouvrages légers de l’art, à l’éléphant ses défenses pour façonner le jouet d’un enfant : ses tables sont couvertes de cadavres. […] Les puissants écrivains, les nobles poëtes, les maîtres éminents qui sont parmi vous, regardent avec douceur et avec joie de belles renommées surgir de toutes parts dans le champ éternel de la pensée.