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42. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VI. Des éloges funèbres. »

Que le cœur en soit épris ; que l’amour en devienne plus actif, à mesure que la connaissance en devient plus parfaite ; que la mémoire vous redise tous les jours : ceux qui nous l’ont acquise, sensibles au cri de l’honneur, à la voix de l’opinion, savaient braver les dangers. […] » Aussi ne sont-ce pas des pleurs, mais des consolations et une leçon que j’offre maintenant aux pères des guerriers dont nous célébrons la mémoire : ils savent que leurs fils naquirent soumis aux viscissitudes de la fortune.

43. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Chapitre II. Moyens de se préparer à la composition. »

C’est le meilleur moyen de fie former à la fois la pensée, le jugement et le style ; on se pénètre peu à peu des tours, des images, de l’harmonie des bons auteurs ; on s’enrichit la mémoire ; le goût se forme ; on acquiert le sentiment du beau, qui est l’idéal auquel doivent aspirer tous les arts. […] J’entends par préparation éloignée tout ce qui peut contribuer à développer l’intelligence de la jeunesse, à orner sa mémoire et son cœur, à former son jugement, son goût et son style. […] Si nous avons à décrire les phénomènes de la nature, les splendeurs du soleil à son lever ou à son coucher, la lumière se jouant en mille nuances autour de notre globe, le calme d’une belle nuit, un orage, la mer et ses mille aspects merveilleux, la campagne et ses charmes enivrants ; si nous voulons peindre l’homme et la société avec les vertus, les passions ou les travers qui nous présentent sans cesse un drame ou une comédie vivante, il vaut mieux interroger notre mémoire et nos impressions que les livres ; nos compositions auront une couleur plus vraie, nous y ferons circuler davantage la chaleur et la vie.

44. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Beaumarchais, 1732-1799 » pp. 344-356

Ses mémoires, qui passionnent l’opinion, sont les Provinciales du dix-huitième siècle. […] On peut lui appliquer ce trait : « qui dit auteur, dit oseur. » Exorde de son quatrième mémoire 1 Si l’être bienfaisant qui veille à tout m’eût un jour honoré de sa présence et m’eût dit : « Je suis Celui par qui tout est ; sans moi tu n’existerais point ; je te douai d’un corps sain et robuste ; j’y plaçai l’âme la plus active ; tu sais avec quelle profusion je versai la sensibilité dans ton cœur et la gaieté sur ton caractère ; mais tu serais trop heureux si quelques chagrins ne balançaient pas cet état fortuné : aussi tu vas être accablé sous des calamités sans nombre ; déchiré par mille ennemis ; privé de ta liberté, de tes biens ; accusé de rapines, de faux, d’imposture, de corruption, de calomnie ; gémissant sous l’opprobre d’un procès criminel ; garrotté dans les liens d’un décret ; attaqué sur tous les points de ton existence par les plus absurdes on dit ; et ballotté longtemps au scrutin de l’opinion publique, pour décider si tu n’es que le plus vil des hommes ou seulement un honnête citoyen », je me serais prosterné, et j’aurais répondu : « Être des êtres, je te dois tout, le bonheur d’exister, de penser et de sentir ; je crois que tu nous as donné les biens et les maux en mesure égale ; je crois que ta justice a tout sagement compensé pour nous, et que la variété des peines et des plaisirs, des craintes et des espérances, est le vent frais qui met le navire en branle et le fait avancer gaiement dans sa route. […] Il s’agit ici des mémoires contre M.

45. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Sainte-Beuve. Né en 1804. » pp. 566-577

Alors la page de l’esprit est toute blanche, et la mémoire boit avidement tout ce qu’on y verse. […] Cela ne nous a jamais semblé plus vrai que lorsqu’on y entre, non avec une curiosité vague ou un labeur trop empressé, mais guidé par une intention particulière d’honorer quelque nom choisi, et par un acte de piété studieuse à accomplir envers une mémoire. […] Mais ce qui nous donne à songer plus particulièrement et ce qui suggère à notre esprit mille pensées d’une morale pénétrante, c’est quand il s’agit d’un de ces hommes en partie célèbres et en partie oubliés, dans la mémoire desquels, pour ainsi dire, la lumière et l’ombre se joignent ; dont quelque production toujours debout reçoit encore un vif rayon qui semble mieux éclairer la poussière et l’obscurité de tout le reste ; c’est quand nous touchons à l’une de ces renommées recommandables et jadis brillantes, comme il s’en est vu beaucoup sur la terre, belles aujourd’hui, dans leur silence, de la beauté d’un cloître qui tombe, et à demi-couchées, désertes et en ruine.

46. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

En cette practique des hommes, i’entends y comprendre, et principalement, ceulx qui ne vivent qu’en la mémoire des livres : il practiquera, par le moyen des histoires, ces grandes ames des meilleurs siècles. […] Les harangues qu’il prononça, à différentes reprises, devant les Notables, les États-Généraux, les Parlements, son Mémoire au roi Charles IX sur la paix, son Traité (inachevé) de la réformation de la justice — je ne parle que pour mémoire de ses poésies latines, — appartiennent aux lettres du siècle. […] Pellisson lut deux fois en une nuit ses Mémoires, et goûta cette négligence molle et légère qui allonge et enchevêtre quelque peu la phrase d’incises à la manière latine (elle savait et parlait le latin) et de parenthèses s’arrêtant où elles peuvent, mais qui la relève toujours par une saillie de l’esprit ou du cœur. […] Ses Mémoires, adressés à Brantôme, racontent ses souvenirs de 1559 à 1582. […] Le cardinal de Retz donne à la littérature historique de ce temps son chef-d’œuvre, qui est un des chefs-d’œuvre de notre langue, ses Mémoires ; La Rochefoucauld porte dans la rédaction des siens l’observation pénétrante et la vigueur de style qui ont immortalisé ses Maximes.

47. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Retz, 1614-1679 » pp. 38-42

Ses Mémoires, dont la franchise va jusqu’au cynisme, nous plaisent par leur vivacité dramatique. […] « Ses Mémoires sont très-agréables à lire ; mais conçoit-on qu’un homme ait le courage, ou plutôt la folie de dire de lui-même plus de mal que n’en eût pu dire son plus grand ennemi ?

48. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Mais, dans ces années, celles de la Restauration ont encore un éclat particulier, et qui ne s’est effacé d’aucune mémoire. […] Mémoires, liv.  […] Mémoires, liv.  […] Ses premiers travaux avaient été des mémoires scientifiques et littéraires composés pour l’Académie de Bordeaux. […] Mémoires, Première Partie.

49. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre X. du commencement  » pp. 131-145

Elle soutient l’attention, soulage la mémoire de l’auditeur, régularise la marche du discours, et oppose à ses écarts une contrainte salutaire. […] Si des faits mêlés à ces préliminaires leur donnent de la valeur aux yeux de l’écrivain, les auditeurs à qui l’initiation manque, n’ont aucun motif pour s’intéresser à des choses vagues et générales dont l’explication leur est inconnue… « Débuter par préparer longuement et en multipliant les explications le dénoûment d’un drame que les lecteurs ne soupçonnent pas encore, c’est les rebuter, c’est fatiguer leur mémoire, c’est risquer enfin d’établir entre ces préambules et le fond du sujet une disproportion qui lui soit défavorable et le rende moins important. […] plus ils cherchent à le digérer et à l’éclaircir, plus ils m’embrouillent. — Je vous crois sans peine, et c’est l’effet le plus naturel de tont cet amas d’idées qui reviennent à la même, dont ils chargent sans pitié la mémoire de leurs auditeurs. » « Quand on divise, dit Fénelon, il faut diviser simplement, naturellement, il faut que ce soit une division qui so trouve toute faite dans le sujet même ; une division qui éclaircisse, qui range les matières, qui se retienne aisément et qui aide à retenir tout le reste ; enfin une division qui fasse voir le grandeur du sujet et de ses parties. » Enfin Condillac, venant à l’appui de tout ce qui précède : « Commencer, dit-il, par des divisions sans nombre pour afficher beaucoup de méthode, c’est s’égarer dans un labyrinthe obscur pour arriver à la lumière.

50. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 277-290

j’ai combattu soixante ans pour ta gloire ; J’ai vu tomber ton temple et périr ta mémoire ; Dans un cachot affreux abandonné vingt ans, Mes larmes t’imploraient pour mes tristes enfants : Et lorsque ma famille est par toi réunie, Quand je trouve une fille, elle est ton ennemie ! […] Beau portrait du calme qu’une âme forte conserve au milieu des dangers : Duplessis-Mornay, qui a laissé aussi des Mémoires curieux sur les événements et les guerres auxquels sa vie a été mêlée, se montra même sur les champs de bataille un sage, ami des hommes : ce qui ne l’empêchait nullement d’être un héros. […] Pasquier, XIV, 10, ainsi que dans les Mémoires de Sully (liv.

51. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

Action et Mémoire. — L’action est la traduction du discours par la voix et le geste. […] Souvent nous avons écarté à dessein ceux qui sont dans toutes les mémoires. […] Les poëtes sont dans toutes les mémoires. […] (Mémoires, tome IX, chap.  […] C’est alors que naissent les langues techniques, faites pour seconder la mémoire et faciliter le travail.

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