Pour y parvenir, l’écrivain rattachera la description tantôt aux héros du poëme, du drame, du roman, du discours, par l’harmonie ou les contrastes qu’il établit entre la nature extérieure et les sentiments qui les animent ; tantôt au lecteur lui-même, en mettant l’action en lui, en réveillant, pour les lui faire partager ou du moins comprendre, les émotions humaines qui dorment au sein de la nature, en faisant pénétrer enfin dans les objets physiques un élément moral. […] Ainsi, quand la Phèdre de Racine, poursuivie par les remords, fuit jusqu’au fond des enfers, et y trouve son père qui tient l’urne fatale et juge tous les pâles humains ; ainsi quand le Fabricius de Jean Jacques cherche vainement dans la Rome de marbre et d’or, esclave et énervée, ces toits de chaume et ces foyers rustiques qu’habitaient jadis la modération et la vertu ; ainsi quand tout à l’heure Massillon nous montrait, en frissonnant lui-même, le tableau terrible du jugement dernier.
Tartuse devait donc triompher ; mais, d’autre part, l’hypocrisie, dans tout le développement que lui donne Tartuse, est si odieuse, que la moralité universelle, la conscience du genre humain réclamait contre ce vice une peine exemplaire. […] Il est minuit ; Fiesque, le chef de la conjuration, visite une dernière fois sa flotte ; en passant d’un navire à l’autre, le pied lui manque, il tombe et disparait à jamais sous les flots ; c’est-à-dire que le hasard inintelligent, brutal, vient anéantir en un instant, sans lutte possible, toutes les combinaisons des passions et des volontés humaines.
Dans la quatrième partie, Bossuet nous fait voir : 1° La vanité de la gloire humaine. — 2° La véritable gloire du prince de Condé, sa piété dans ses dernières années ; — 3° Le tableau de ses derniers moments ; ses adieux au roi et à sa famille On ne divise pas toujours les discours d’une manière uniforme ; ils peuvent très bien n’avoir que deux ou trois parties que l’on appelle quelquefois Points. […] Pleurez donc sur ces faibles restes de la vie humaine, pleurez sur cette triste immortalité que nous donnons aux héros ; mais approchez en particulier, vous qui courez avec tant d’ardeur dans la carrière de la gloire, âmes guerrières et intrépides !
Je tremble, quand je songe avec quelle facilité votre successeur, quel qu’il soit (car vous aurez un successeur, et bientôt peut-être), améliorera le sort des hommes qui vous avaient été confiés, et leur fera trouver son administration plus protectrice, plus prévoyante, plus soigneuse d’eux-mêmes et plus humaine que la vôtre. » 2. […] L’esprit humain a la faculté d’une évocation admirable.
Une longue paix donne aux hommes le temps de s’étudier et de se connaître : alors naît le théâtre, miroir de la vie humaine. […] Voulez-vous avoir une idée de la puissance du courant qui emporte les œuvres humaines, jetez les yeux sur votre siècle et arrêtez-vous un instant à considérer avec moi les étonnantes modifications que les mœurs ont apportées dans nos goûts littéraires.
Non, Messieurs, je ne puis soutenir ces grandes paroles, par lesquelles l’arrogance humaine tâche de s’étourdir elle-même, pour ne pas apercevoir son néant. […] On trouve aussi beaucoup de force de sentiment dans ces vers de M. de Lamartine, sur la mort du chrétien : Déposer le fardeau des misères humaines, Est-ce donc là mourir ? […] Le sentiment est sublime quand, fondé sur une vraie vertu, il nous élève au-dessus de nous-mêmes, en nous montrant, comme l’a dit Sénèque, dans la faiblesse humaine, une constance presque divine, et en nous pénétrant d’un enthousiasme mêlé de respect, de surprise et d’admiration. […] Quand on dit : Les rieurs seront du côté de l’esprit ; la partie pensante du genre humain, du côté de la raison , on fait moins sentir l’opposition que si on disait : Les rieurs seront du côté de l’esprit ; les penseurs, du côté de la raison.
En vain dira-t-on que ce n’est point là le ton dramatique, que le théâtre tragique ou comique est l’image de la vie humaine, que les hommes entre eux ne parlent pas ainsi, etc. […] Le rire, cette faculté si essentiellement humaine, n’est point l’expression des joies extrêmes ; le triomphe ou l’entière satisfaction des grandes passions, si rare d’ailleurs, a plutôt quelque chose de sérieux.
Madame Deshoulières, par exemple, a écrit sur la prudence humaine ces vers aussi profonds que bien tournés : Non, rien n’est si trompeur que la sagesse humaine : Hélas !
Règles pour les ouvrages de littérature Ce que je viens de dire, doit faire juger qu’il y a des règles pour la composition des ouvrages de littérature ; règles qui, émanées de la saine raison, fondées sur la nature du cœur humain, sont invariables, et indépendantes du caprice des hommes, et qui, par conséquent, ont été et seront les mêmes dans tous les temps et chez toutes les nations.
Sans compter les ressources immenses que les livres saints offrent au prédicateur qui sait en faire usage, pour donner du poids et de la solidité à son discours, combien l’art oratoire ne leur a-t-il pas d’obligations, à ne le considérer même ici que sous les rapports humains ?