Je crois sentir, Sire, en moi-même, que je suis appelé à cet honneur, par quelque chose de plus invincible et plus noble que l’ambition. M. le duc de Biron, sous qui j’ai l’honneur de servir, pourra faire connaître ma naissance et ma conduite à Votre Majesté, lorsqu’elle le lui ordonnera ; et j’espère qu’elle ne trouvera rien, dans l’une ni dans l’autre, qui puisse me fermer l’entrée de ses grâces2. […] Je sais combien il y a de gentilshommes en Provence, qui, par leur naissance et par leur mérite, sont beaucoup plus dignes que moi d’obtenir cet honneur ; mais vous, mon cher Saint-Vincent, Monclar, le marquis de Vance, vous m’auriez peut-être aidé de votre recommandation, et cela m’aurait tenu lieu de toutes les qualités qui me manquent.
Nous concevons enfin, difficilement, qu’une plaisanterie, quelle que soit sa nature, puisse trouver aisément sa place dans un lieu et dans des circonstances où l’on décide de l’honneur et de la fortune de nos concitoyens. […] Mais quel est l’avocat, en lui supposant encore quelque sentiment d’honneur et de probité, qui voulût se charger ainsi d’une haine étrangère, se rendre l’instrument méprisable du ressentiment de son client, et devenir à son gré, violent, emporté, sans d’autre motif que celui de servir, pour un vil intérêt, la passion d’un ennemi qui n’a ni les moyens, ni le courage de se venger lui-même ?
Et quel honneur peut espérer de moins Un écrivain libre de tous ces soins, Que rien n’arrête, et qui, sûr de se plaire, Fait, sans travail, tous les vers qu’il veut faire ? […] Tibère eut cet honneur.
O mon âme, que d’honneur et de gloire ! […] C’est trop d’honneur que vous lui faites, monsieur. […] J’ai du bien assez pour ma fille ; je n’ai besoin que d’honneurs, et je veux la faire marquise. […] On dit que c’était à force d’avoir de l’honneur à sa manière ; on le loua fort, on loua, et on blâma son courage. […] (Sermon sur l’honneur.)
C’est un des ouvrages, en prose, qui font le plus d’honneur à sa plume et à notre langue. […] Quant à l’officier, il fut et sera le même dans tous les temps parmi nous, et partout on le reconnaîtra sans peine dans le portrait suivant : « Idolâtre de son honneur et de son pays, bravant de sang-froid la mort, avec toutes les raisons d’aimer la vie, quittant gaîment les délices de la société pour des fatigues qui font frémir la nature ; humain, généreux, compatissant, tandis que la barbarie étincelle de rage partout autour de lui ; né pour les douceurs de la société, comme pour les dangers de la guerre ; aussi poli que fier, orné souvent par la culture des lettres, et plus encore par les grâces de l’esprit.
Nous serons tous gens d’honneur, et nous courrons après la gloire, comme nous courions après l’argent, etc. […] Car à qui appliquerait-on plus à propos ces paroles que disait autrefois à Dieu même le modèle de la patience et de la misère, qu’à celui qui, par le courroux du ciel et de votre majesté, s’est vu enlever en un seul jour, et comme d’un coup de foudre, biens, honneur, réputation, serviteurs, famille, amis, santé, sans consolation et sans commerce, qu’avec ceux qui viennent pour l’interroger et pour l’accuser ?
Pleurez ce sang, pleurez ; ou plutôt, sans pâlir, Considérez l’honneur qui doit en rejaillir. […] Quels honneurs ! […] À de plus grands honneurs un roi peut-il prétendre ? […] Dois-je oublier Hector, privé de funérailles, Et traîné sans honneur autour de nos murailles ? […] L’honneur d’un si beau choix serait trop acheté, Si l’on nous soupçonnait de quelque lâcheté.
Gardez bien vos rangs, je vous prie : si la chaleur du combat vous les fait quitter, pensez aussitôt au ralliement, c’est le gain de la bataille : et si vous perdez vos enseignes, cornettes ou guidons, ne perdez point de vue mon panache blanc ; vous le trouverez toujours au chemin de l’honneur et de la victoire ». […] Ne perdez point de vue, au fort de la tempête, Ce panache éclatant qui flotte sur ma tête ; Vous le verrez toujours au chemin de l’honneur.
L’estimation et le prix d un homme consiste au cœur et en la volonté : c’est là où gist son vray honneur. […] Certes, celuy qui tasche à s’enrichir par tels moyenz, de riche de biens, depviendra pauvre d’honneur. […] Où est l’honneur de notre Université ? […] Qui est ce cruel qui tout à un coup m’a ravy mes biens, mon honneur et ma vie ? […] Vous m’en ferez une que vous me devez, si vous me faites l’honneur de m’aimer toujours autant que vous avez fait autrefois, et si vous croyez que je suis votre, etc.
Je savais que les langues que l’on y apprend sont nécessaires pour l’intelligence des livres anciens ; que la gentillesse des fables réveille l’esprit ; que les actions mémorables des histoires le relèvent, et qu’étant lues avec discrétion elles aident à former le jugement ; que la lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés, qui en ont été les auteurs, et même une conversation étudiée en laquelle ils ne nous découvrent que les meilleures de leurs pensées ; que l’éloquence a des forces et des beautés incomparables ; que la poésie a des délicatesses et des douceurs très-ravissantes ; que les mathématiques ont des inventions très-subtiles, et qui peuvent beaucoup servir tant à contenter les curieux qu’à faciliter tous les arts et diminuer le travail des hommes ; que les écrits qui traitent des mœurs contiennent plusieurs enseignements et plusieurs exhortations à la vertu qui sont fort utiles ; que la théologie enseigne à gagner le ciel ; que la philosophie donne moyen de parler vraisemblablement1 de toutes choses et de se faire admirer des moins savants ; que la jurisprudence, la médecine et les autres sciences apportent des honneurs et des richesses à ceux qui les cultivent ; et enfin, qu’il est bon de les avoir toutes examinées, même les plus superstitieuses et les plus fausses2, afin de connaître leur juste valeur et se garder d’en être trompé. […] Puis, pour les autres sciences, d’autant qu’elles empruntent leurs principes de la philosophie, je jugeais qu’on ne pouvait avoir rien bâti qui fût solide sur des fondements si peu fermes ; et ni l’honneur ni le gain qu’elles promettent n’étaient suffisants pour me convier à les apprendre : car je ne me sentais point, grâce à Dieu, de condition1 qui m’obligeât à faire un métier de la science pour le soulagement de ma fortune ; et, quoique je ne fisse pas profession de mépriser la gloire en cynique, je faisais néanmoins fort peu d’état de celle que je n’espérais point pouvoir acquérir qu’à faux titres. […] Si c’est pour votre propre intérêt, il est certain que vous la pouvez mieux réparer que l’autre, en ce que l’acquisition d’un fidèle ami peut autant valoir que l’amitié d’un bon frère2 ; et si c’est pour l’intérêt de celui que vous regrettez, comme sans doute votre générosité ne vous permet pas d’être touché d’autre chose, vous savez qu’il n’y a aucune raison ni religion qui fasse craindre du mal après cette vie à ceux qui ont vécu en gens d’honneur, mais qu’au contraire l’une et l’autre leur promettent des joies et des récompenses.