Il est impossible de ne point nous sentir une affection filiale pour celui dont la bonté attentive semble n’avoir cherché dans le récit même des faits de l’histoire qu’une occasion de salutaires conseils, qu’un moyen de nous rendre meilleurs et plus heureux ; il ne veut pas d’autre gloire ; il n’écrit que pour faire le bien. […] De là viennent tant de harangues qui sont rapportées dans les histoires, et qui nous sont presque incroyables, tant elles sont loin de nos mœurs. […] La poésie, l’histoire et la philosophie ont toutes le même objet, et un très grand objet, l’homme et la nature. […] On sait assez que le style de l’histoire n’est pas celui d’une oraison funèbre ; que la comédie ne doit point se servir des tours hardis de l’ode, des expressions pathétiques de la tragédie, ni des métaphores et des comparaisons de l’épopée. […] L’allusion est une comparaison qui se fait dans l’esprit, et par laquelle on dit une chose qui a du rapport à une autre, sans faire une mention expresse de celle-ci ; elle se tire de l’histoire, de la fable, des coutumes, des mœurs, de quelque parole ou maxime célèbre.
J’ai pensé aussi qu’en mettant sous les yeux des jeunes gens des morceaux choisis de nos meilleurs écrivains, je pouvais bien par occasion leur apprendre un trait d’histoire ; leur faire connaître un homme célèbre, un Dieu, un héros de la fable, la situation d’une ville, d’un pays, etc.
et comparez, sur la durée des représentations théâtrales à Athènes, les auteurs cités dans la note C, à la fin de l’Histoire de la Critique. — Dacier : « comme on dit que cela se pratiquait autrefois. » Batteux : « la clepsydre, dont on dit qu’on s’est servi beaucoup autrefois, je ne sais en quel temps. » C’est outrer le sens du mot φασί et supposer chez Aristote l’aveu d’une ignorance qui serait bien étrange.
« La poésie, l’histoire et la philosophie, dit Buffon, que je ne puis rappeler assez, ont toutes le même objet, et un très-grand objet, l’homme et la nature. […] L’histoire ne peint que l’homme, elle le peint tel qu’il est : ainsi le ton de l’historien ne deviendra sublime que quand il fera le portrait des plus grands hommes, quand il exposera les plus grandes actions, les plus grands mouvements, les plus grandes révolutions, et partout ailleurs, il suffira qu’il soit majestueux et grave.
Les hommes seuls par conséquent y sont admis ; et le sujet ne peut en être tiré que de la mythologie, qui est l’histoire fabuleuse des Dieux, des demi-Dieux et des héros de l’antiquité. […] C’est la vie champêtre avec tous les agréments qu’elle peut avoir, et qu’elle a eus dans ces beaux siècles du monde, auxquels l’histoire ou la fiction, a donné le nom d’âge d’or : c’est cette vie délicieuse que le poète doit nous représenter, pour nous en faire jouir, autant qu’il est possible, par le charme de l’illusion. […] Que sert ce vain amas d’une inutile gloire, Si de tant de héros célèbres dans l’histoire, Il ne peut rien offrir aux jeux de l’univers Que de vieux parchemins qu’ont épargnés les vers Si tout sorti qu’il est d’une source divine, Son cœur dément en lui sa superbe origine, Et n’ayant rien de grand qu’une sotte fierté, S’endort dans une lâche et molle oisiveté ? […] Tant d’exemples fameux que l’histoire raconte, Ne suffisaient-ils pas sans la perte d’Oronte ? […] Telle est dans une Ode du même poète à Auguste, l’histoire de Régulus, qui étant prisonnier à Carthage, et ayant été à Rome, sous le serment d’un prompt retour, pour y annoncer les conditions de la paix, persuada lui-même au sénat de ne pas les accepter, et retourna à Carthage, pour y subir la mort qui l’y attendait.
Peu de temps après, le Génie du christianisme étonna par la grandeur de son objet et la richesse d’un plan qui embrassait sans effort une prodigieuse variété de connaissances en tout genre : on y admira surtout le parti que l’imagination et la sensibilité de l’auteur avaient su tirer d’un sujet qui semblait ne devoir offrir que des discussions arides, que des raisonnements secs et abstraits ; et on lui sut gré de nous avoir donné un cours presque complet d’histoire naturelle, de poésie, d’éloquence, une poétique enfin de tous les beaux arts, au lieu de traités théologiques sur la nécessité et la vérité de la religion chrétienne. […] Mais l’emploi même de cette figure supposait un travail réfléchi, qui ne pouvait s’accorder avec l’infatigable mobilité de l’imagination de Voltaire, avec cette avidité de succès qui embrassait et traitait à la fois la tragédie, la comédie, la physique, l’histoire, les contes, les romans, etc. […] Quant à ceux, je le répète encore, qui, pour avoir mis en vers secs, décousus et froidement corrects quelques lambeaux d’un dictionnaire de physique ou d’histoire naturelle, prétendent aussi à l’honneur du genre, il est incontestable qu’ils en ont un ; mais il est bien plus sûr encore que ce n’est pas celui de M.
Pour s’instruire d’exemple, en dépit de l’envie, Il lira seulement l’histoire de ma vie. […] Fais lire au prince, en dépit de l’envie, Pour son instruction l’histoire de ta vie : D’un insolent discours ce juste châtiment Ne lui servira pas d’un petit ornement. […] La Harpe, moins heureux toutefois en jugeant Corneille que lorsqu’il apprécie Racine ; Geoffroy, dans son Cours de littérature dramatique ; Lemercier, dans son Cours analytique de littérature générale ; les Observations critiques de Palissot, dans son édition de Corneille ; le travail que François de Neuf-château joignit à la collection des Chefs-d’œuvre de cet auteur (Didot, 1814-1819) ; l’Histoire de la littérature française de M.
Sur la question que soulève cette assertion d’Aristote, voy. la note D, § 1, à la fin de l’Histoire de la Critique.
Et comme tes exploits étonnant les lecteurs, Seront à peine crus sur la foi des auteurs ; Si quelque esprit malin les veut traiter de fables, On dira quelque jour pour les rendre croyables : Boileau, qui dans ses vers pleins de sincérité, Jadis à tout son siècle a dit la vérité, Qui mit à tout blâmer son étude et sa gloire, A pourtant de ce roi parlé comme l’histoire. […] Telles sont celles-ci de Bossuet dans son Discours de l’histoire universelle. […] Il continua de travailler pour la liberté du roi ; et quand il fut délivré, il continua à le bien servir. » Le lecteur qui ne serait pas au fait de l’histoire, n’aurait-il pas bien de la peine à démêler les divers rapports du mot prince et du pronom il, employé tant de fois ? […] On dit fort bien, par exemple, que la géographie et la chronologie sont les deux yeux de l’histoire, parce qu’en la personnifiant, on doit nécessairement lui supposer des yeux, par l’un desquels elle voit les lieux, et par l’autre, les temps.
J’ouvre le poëme de la Pitié, je tombe sur l’histoire d’une jeune fille qui consacrait son existence à soigner son vieux père : Son âme, dévouée à ces doux exercices, A son vieux domestique enviait ses services ; Les plus humbles emplois flattaient son tendre orgueil. […] Mascaron en aurait signalé lui-même une sublime, lorsque, dans un de ses sermons, rappelant à Louis XIV l’histoire de Nathan, envoyé de Dieu pour annoncer à David le châtiment de son adultère, il ajouta ces remarquables paroles de saint Bernard : « Si le respect que j’ai pour vous ne me permet de dire la vérité que sous des enveloppes, il faut que vous ayez plus de pénétration que je n’ai de hardiesse, et que vous entendiez plus que je ne vous dis. » Je bornerais volontiers la métalepse à l’une de ses applications, la plus ingénieuse, et en même temps la plus hardie, à cette forme par laquelle un écrivain semble effectuer lui-même ce qu’il ne fait que raconter ou décrire.