/ 225
120. (1845) Les auteurs latins expliqués... Horace. Art poétique pp. -72

Homère a montré sur quel ton peuvent se chanter les hauts faits des rois et des héros, et les horreurs de la guerre. […] Enfin, qu’il ne débute pas, comme autrefois le poëte cyclique, en nous criant. « Je chanterai la fortune de Priam, et cette guerre fameuse…. » Quelles merveilles attendre après un début si emphatique ? […] Ce n’est pas lui qui remonte à la mort de Méléagre, pour raconter le retour de Diomède ; ni aux deux œufs de Léda, pour chanter la guerre de Troie. […] 208Homère a montré 209en quel rhythme (en quels vers) 210les actions (les exploits) 211et des rois et des chefs, 212et les guerres funestes, 213pouvaient (peuvent) être écrites. […] 413Et il ne commence pas 414le retour de Diomède 415à la mort de Méléagre, 416ni la guerre de-Troie 417aux deux œufs de Léda.

121. (1883) Poétique et Rhétorique (trad. Ruelle)

Sur la paix et la guerre, il faut connaître les forces de l’État, savoir quelles elles sont déjà et quelles elles peuvent être ; en quoi elles consistent ; en quoi elles peuvent s’accroître ; quelles guerres ont été soutenues et dans quelles conditions. Il faut connaître non seulement les ressources de son propre pays, mais encore celles des pays limitrophes ; savoir ceux avec lesquels une guerre est probable, afin d’être en paix avec ceux qui sont plus forts et de se réserver de faire la guerre avec ceux qui sont plus faibles. […] Il n’est pas moins nécessaire d’avoir considéré l’issue de la guerre, non seulement dans le pays, mais chez d’autres peuples, car les causes semblables amènent, naturellement, des résultats analogues. […] La beauté de l’homme, dans la force de l’âge, consiste à bien supporter les fatigues de la guerre et à porter dans sa physionomie un air agréable qui, en même temps, inspire la crainte. […] C’est pour cela que l’on honore par-dessus tout les justes et les braves ; car la première de ces vertus rend des services durant la paix, et la seconde durant la guerre.

122. (1883) Morceaux choisis des classiques français (prose et vers). Classe de troisième (nouvelle édition) p. 

J’osai, dans le ciel même, déclarer la guerre au Roi du ciel. […] Ils aimaient la guerre avec passion, comme le moyen de devenir riches dans ce monde, et, dans l’autre, convives des dieux. […] Point de tournois, point de guerre ; peu d’étrangers et de pèlerins ; de longs jours monotones, de tristes et interminables soirées mal remplies par le jeu d’échecs. […] Je dis sa valeur ; car qui pourrait redire ici tout ce que son courage lui fit entreprendre d’héroïque dans une guerre si fameuse par ses malheurs et par sa foi ? […] Mais il est instruit de la guerre des Géants, il en raconte le progrès et les moindres détails ; rien ne lui échappe.

123. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre X. Petits poèmes. »

Voyez sa première épitre, adressée au roi Louis XIV, où il vante les bienfaits de la paix et combat la manie de la guerre et des conquêtes. […] Il est bien vrai, d’un autre côté, que cette forme servit d’abord à exprimer les plaintes, les chagrins, les regrets, etc. ; mais plus tard les distiques ayant exprimé l’ardeur de la guerre dans les chants de Tyrtée, l’exhortation à la vertu dans les poèmes de Théognis, des maximes morales ou des invocations aux dieux chez Solon, tout cela rentra dans le genre élégiaque, où nous ne le mettrions certainement pas103. […] Malherbe, dans cette ode admirable adressée au roi Louis XIII en 1627, lorsqu’il allait réduire la Rochelle et chasser les Anglais qui, pour soutenir la révolte dans cette ville, avaient fait une descente en l’île de Ré, après avoir à moitié traité son sujet et avoir annoncé au roi que la Victoire l’attend aux bords de la Charente, rappelle que cette déesse a sauvé autrefois Jupiter attaqué par les Titans, et, à ce propos, raconte rapidement cette guerre : Telle en ce grand assaut où des fils de la terre La rage ambitieuse à leur honte parut, Elle sauva le ciel et rua le tonnerre         Dont Briare mourut. […] Le voilà revenu maintenant à son sujet ; les dix-huit ou vingt vers qu’il a consacrés à cette guerre très poétique, mais étrangère à l’expédition de la Rochelle, sont ici la digression.

124. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — La Fontaine 1622-1695 » pp. 339-378

madame la belette, Que l’on déloge sans trompette, Ou je vais avertir tous les rats du pays5 » La dame au nez pointu6 répondit que la terre Était au premier occupant7 C’était un beau sujet de guerre Qu’un logis8où lui-même il n’entrait qu’en rampant ! […] « Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme, Et reprenez vos cent écus1. » Les animaux malades de la peste Un mal qui répand la terreur2, Mal que le ciel en sa fureur, Inventa pour punir les crimes de la terre, La peste3 (puisqu’il faut l’appeler par son nom), Capable d’enrichir en un jour l’Achéron, Faisait aux animaux la guerre. […] Malherbe a dit dans une ode contre la maréchale d’Ancre : Va-t’en à la malheure, excrément de la terre, Monstre qui dans la paix fais les maux de la guerre. […] Il a sa fierté de moucheron : il déclare la guerre ; mais il est fanfaron et étourdi : il juge la force sur la taille des gens.

125. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre X. du commencement  » pp. 131-145

N’est-ce pas encore pour éveiller l’attention, autant que pour gagner la bienveillance, en prévenant la crainte d’une narration infinie, qu’Horace conseille au poëte de ne point faire remonter la guerre de Troie au double œuf de Léda, ni le retour de Diomède à la mort de Méléagre, mais de se jeter dès l’abord au cœur même de l’action ? […] « Je prouverai, dit-il dans ce dernier : 1° que la guerre est nécessaire ; 2° qu’elle est dangereuse et difficile ; 3° que Pompée seul peut la terminer heureusement. » Et dans le Pro Murena : « Il me semble que toute l’accusation se réduit à trois chefs : par le premier on attaque Murena dans ses mœurs ; par le second, dans sa candidature ; par le troisième, on l’accuse de brigues46. » Au reste, toutes les formes de l’exorde rentrent dans l’éloquence du barreau et de la tribune ; c’est là surtout qu’il est un point capital.

126. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIX. des qualités accidentelles du style. — noblesse, richesse, énergie, sublime  » pp. 257-273

J’appellerai également riches ou fécondes ces phrases de Florus que loue Montesquieu : Florus nous représente en peu de paroles toutes les fautes d’Annibal : « Lorsqu’il pouvait, dit-il, se servir de la victoire, il aima mieux en jouir ; quum victoria posset uti, frui maluit. » Il nous donne une idée de toute la guerre de Macédoine, quand il dit : « Ce fut vaincre que d’y entrer ; introisse victoria fuit. » Il nous donne tout le spectacle de la vie de Scipion, quand il dit de sa jeunesse : « C’est le Scipion qui croît pour la destruction de l’Afrique ; hic crit Scipio qui in exitium Africæ crescit. » Vous croyez voir un enfant qui croit et s’élève comme un géant. […] L’air était calme, et du dieu de la guerre Elle étouffait les foudres assoupis.

127. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre V. De la disposition. »

« Quel sera le crime de l’homme du roi, qui, trompé dès le début de son expédition, frustré de la moitié des forces qu’on s’était engagé à lui fournir, enchaîné bientôt par une puissance absolue, dépourvu de tous moyens, sans vivres, sans argent, sans vaisseaux, sans soldats, traversé par mille obstacles, oublié de sa cour, tandis que les ennemis recevaient des renforts multipliés de la leur ; malgré l’excessive infériorité de ses forces, malgré l’esprit de sédition et de vertige répandu dans une armée qui n’a ni solde, ni nourriture ; malgré la désertion journalière et la défection totale de cette armée sans cesse quittant ses drapeaux pour aller joindre l’ennemi, trouve moyen de faire la guerre pendant trois ans sans interruption ; prend dix places, en manque une, et la manque parce que son escadre l’abandonne et laisse la mer libre à l’escadre ennemie ; gagne dix batailles, en perd une, et la perd, parce qu’une partie de ses troupes disparaît au commencement de l’action, et le laisse sur le champ de bataille, au moment où il fond sur l’ennemi ; dispute le terrain pied à pied ; lorsqu’il ne peut plus se défendre, tient pendant cinq mois en échec des forces vingt fois supérieures aux siennes ; et après avoir épuisé toutes les ressources que son zèle et son imagination pouvaient lui suggérer, après avoir payé et nourri de son argent le peu de troupes qui lui restait, est enfin obligé de rendre une ville2 bloquée par terre et par mer, une ville prise par la famine, où il ne restait pas un grain de riz, où l’on avait mangé les arbres et le cuir, sans autre défense, en un mot, que quelques canonniers, et une poignée de soldats, qui n’avaient plus la force de remuer un canon, même pas celle de se trainer jusqu’aux remparts. […] sous lui se sont formés tant de renommés capitaines que ses exemples ont élevés aux premiers honneurs de la guerre !

128. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Rabelais, 1483-1553 » pp. -

Dans cette arène sanglante des guerres civiles et religieuses, on avait besoin de rire, pour ne pas pleurer. […] Emprunté aux arts, aux métiers, à la guerre, à la marine, à la basoche, son français a exploité toutes les sources techniques, tout le trésor du fonds national.

129. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Sévigné, 1626-1696 » pp. 76-88

Toujours une soif et un besoin d’argent, en paix comme en guerre ! […] Nicole, était si étendu, qui était le centre de tant de choses : que d’affaires, que de desseins, que de projets, que de secrets, que d’intérêts à démêler, que de guerres commencées, que d’intrigues, que de beaux coups d’échecs à faire et à conduire !

/ 225