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29. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Introduction »

Vivant sous la tente patriarcale, éprouvant peu de besoins, trouvant la terre docile à leurs désirs et produisant sans culture les fruits les plus délicieux, entourés de nombreux troupeaux qui leur assuraient une existence facile, exempte de soucis, ne soupçonnant pas l’existence des honneurs et des richesses, n’abandonnant leurs cœurs qu’à des passions douces et innocentes, les hommes durent nécessairement se contenter d’un langage fort limité pour l’expansion de leurs sentiments et l’expression de leurs idées. Rendre hommage au Créateur, affectionner leur famille, veiller à l’instruction et à la conservation de leurs troupeaux dans les belles plaines voisines du Tigre et de l’Euphrate, recueillir les fruits de la terre complaisante : telles furent leurs principales occupations, et presque les seules idées qu’ils durent transmettre à leurs fils ; aussi n’eurent-ils besoin pour ce travail que d’un très petit nombre d’expressions ou de mots, et la nomenclature du premier langage dut être, sans contredit, fort restreinte.

30. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lamartine 1790-1869 » pp. 506-523

Venez compter vos fils, vos amants et vos frères ; Venez sur ces débris disputer aux vautours L’espoir de vos vieux ans, le fruit de vos amours… Que de larmes sans fin sur eux vont se répandre ! […] La mère et les enfants, qu’un peu d’ombre rassemble, Sur l’herbe, autour du père, assis, rompent ensemble Et se passent entre eux de la main à la main Les fruits, les œufs durcis, le laitage et le pain ; Et le chien, regardant le visage du père, Suit d’un œil confiant les miettes qu’il espère. […] Je vins au presbytère Comme j’avais coutume, à la Saint-Jean d’été, A pied, par le sentier du chamois fréquenté, Mon fusil sous le bras, et mes deux chiens en laisse, Montant, courbé, ces monts que chaque pas abaisse1 Mais songeant au plaisir que j’aurais, vers le soir, A frapper à sa porte, à monter, à m’asseoir Au coin de son foyer tout flamboyant d’érable, A voir la blanche nappe étendue, et la table, Couverte par ses mains de légume et de fruit, Nous rassembler causant bien avant dans la nuit2.

31. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Vauvenargues, 1715-1747 » pp. 336-343

ou pourquoi l’on voit des années qui n’ont ni printemps ni automne, où les fruits de l’année sèchent dans leur fleur2 ? […] « Je vais lire vos Portraits, lui écrivait Voltaire ; si jamais je veux faire celui du génie le plus naturel, de l’homme du plus grand goût, de l’âme la plus haute et la plus simple, je mettrai votre nom au bas. » Vauvenargues disait ailleurs : « On doit se consoler de n’avoir pas les grands talents, comme on se console de n’avoir pas les grandes places : on peut être au-dessus de l’un et de l’autre par le cœur. » Citons encore de lui quelques pensées détachées : « Les feux de l’aurore ne sont pas si doux que les premiers regards de la gloire. » « Les orages de la jeunesse sont environnés de jours brillants. » « Les premiers jours du printemps ont moins de grâce que la vertu naissante d’un jeune homme. » « La servitude abaisse l’homme jusqu’à s’en faire aimer. » « La liberté est incompatible avec la faiblesse. » « Le fruit du travail est le plus doux plaisir. » « C’est un grand signe de médiocrité que de louer toujours modérément. » « Si vous avez quelque passion qui élève vos sentiments, qui vous rend plus généreux, plus compatissant, plus humain, qu’elle vous soit chère. » « Les conseils de la vieillesse éclairent sans échauffer, comme le soleil d’hiver. » « Les longues prospérités s’écoulent quelquefois en un moment, comme les chaleurs de l’été sont emportées par un jour d’orage. » 1.

32. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre II. Des petits Poèmes. »

La naïveté consiste à dire ingénument tout ce que l’on pense, sans que rien ne paraisse en aucune manière être l’ouvrage de l’art ou le fruit de la réflexion. […] Le ciel, sous lequel ils vivaient, n’était pas toujours serein : leurs champs n’étaient pas à l’abri des vents pernicieux, de la grêle, des orages : il arrivait quelquefois qu’un souffle mortel desséchait leurs fruits ; que des maladies contagieuses frappaient leurs troupeaux. […] Les Dieux entendent ta prière ; car autrement, pourquoi notre cabane serait-elle à l’abri de tout danger, et ombragée par des rameaux courbés sous le poids de leurs fruits ? […] Cet esprit peut même être orné de certaines connaissances, mais toutes relatives à l’art champêtre, à la culture des terres et des fruits, aux maladies des troupeaux, à la qualité des pâturages, à l’influence des vents, et des astres. […] Ces passages subits d’un objet à un autre, ces brusques sorties que fait le poète, ces écarts, ces digressions de l’ode sont le fruit de l’enthousiasme, mais d’un enthousiasme dirigé par la raison.

33. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre Ier. Des exercices préparatoires à la composition » pp. 209-224

Un célèbre docteur avait dit : Timeo hominem unius libri  ; et M. de Bonald assure que de deux hommes également favorisés de la nature, celui-là réussira mieux dans l’art d’écrire et possédera surtout la manière la plus originale, qui aura lu le plus souvent et avec le plus de fruit un petit nombre d’excellents ouvrages et moins d’ouvrages médiocres. […] Lire au delà de certaines bornes, c’est presque toujours se fatiguer sans fruit.

34. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « À mes anciens élèves de l’école militaire de Paris. » pp. -

Je ne doute pas que, s’ils s’appliquent, comme vous vous êtes appliqués vous-mêmes, à cette étude des Belles-Lettres, ils n’y fassent les mêmes progrès, et n’en recueillent les mêmes fruits.

35. (1883) Morceaux choisis des classiques français (prose et vers). Classe de troisième (nouvelle édition) p. 

Jamais Flore chez lui n’osa tromper Pomone ; Chaque fleur du printemps était un fruit d’automne. […] Tel est le fruit amer des discordes civiles. […] C’est votre fête à vous, quand on cueille ce fruit ; C’est le jour du fou rire, et des chants et du bruit ;         Venez ceints de pampre et de lierre. […] Ils apportent sous le pôle les fruits des zones brûlantes et toutes les productions de l’univers. Les brillants oiseaux d’Amérique voguent sur la Néva avec des bosquets d’orangers ; ils retrouvent en arrivant la noix du cocotier, l’ananas, le citron et tous les fruits de leur terre natale.

36. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — La Fontaine (1621-1695.) » pp. 194-204

Non que le travail n’ait mûri les fruits spontanés du génie de La Fontaine ; mais le comble de l’art fut pour lui, comme pour tous les maîtres, d’en dissimuler la trace : au mérite de plaire il joignit essentiellement, d’après sa propre expression, celui de paraître n’y penser pas. […] Ajoutons que sur La Fontaine, ainsi que sur la plupart des écrivains de l’époque classique, on recourra avec beaucoup de fruit aux deux Histoires de la littérature française qu’ont fait paraître MM.

37. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre IV. Continuation du même sujet. Historiens latins. »

Il n’en est pas de même des historiens latins : leurs harangues sont des morceaux si achevés, dans leur genre, qu’il est impossible de s’y prêter à la moindre illusion, et de ne pas y reconnaître, à chaque mot, l’art étudié de l’orateur, et la correction élégante de l’écrivain qui a mûri toutes ses pensées par la réflexion, choisi et pesé chacune de ses expressions, et donné à ses phrases le tour et l’harmonie qui sont le fruit du travail, et ne se présentent guère à celui qui ne s’est pas fait une étude de les rechercher et de les placer à propos. […] De trente nations malheureux conquérants, La peine était pour vous, le fruit pour vos tyrans. […] Les amateurs en vont juger ; et, pour les mettre à portée de le faire avec moins de difficulté et plus de fruit, nous comparerons exactement la prose de l’historien et les vers du poète, en accompagnant l’un et l’autre texte de quelques observations.

38. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Notes. Pour l’intelligence des exemples cités dans ce troisième volume. — M — article » p. 417

Ce dernier traité fut, suivant le président Hénault, le fruit des réflexions du cardinal Mazarin, qui montra bien, dit-il, que l’art de lire dans l’avenir n’étoit pas une chimère pour les hommes vraiment politiques.

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