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83. (1867) Rhétorique nouvelle « Troisième partie. la rhétorique » pp. 194-

Mais, si indépendant que soit le génie, il ne doit pas présumer assez de ses forces pour rejeter les conseils de l’expérience. […] De même, si la rhétorique ne forme pas les grands orateurs, elle entretient la vigueur de leur talent, comme le gymnase les forces de l’athlète. […] Il en est des âmes comme du royaume de Dieu, elles appartiennent à celui qui les enlève de vive force. […] L’âme humaine est un écho qui répond à tout sentiment vrai exprimé avec force. […] On voit le moment où il va courir après son client, lui sauter à la gorge et le ramener de force à sa place pour achever sa péroraison.

84. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre V. De l’Éloquence politique chez les Français. »

., une force d’expression, un caractère d’énergie oratoire, dont elle n’offrait pas encore de modèle, et dont nous multiplierions volontiers les exemples, si ces matières, complètement étrangères, d’ailleurs, aux études des jeunes gens, n’avaient de plus l’inconvénient de rappeler des souvenirs auxquels il est difficile de toucher, sans réveiller des passions. […] « Son esprit (dit l’abbé Sicard) était brûlant comme le soleil qui éclaira son berceau, sa tête remplie de principes justes et sains ; homme étonnant, qui mieux que lui les eût fait triompher, si d’anciens ressentiments ne l’avaient jeté dans un parti dont il faisait la force, dont il était la gloire, et dont il était sur le point de déserter les drapeaux, quand la mort vint empêcher cette réparation solennelle à la cause qu’il avait combattue jusqu’alors avec tant de courage, de talent et de persévérance. » Cependant cet athlète si redoutable, dont la seule apparition à la tribune semblait en devoir écarter tous ceux qui n’y monteraient pas pour soutenir ou défendre ses opinions ; ce turbulent tribun du peuple, qui jouissait et abusait même insolemment de toute l’influence que donne une grande popularité, trouva un adversaire digne de son talent, dans un homme qui, célèbre jusque-là par des succès dans la chaire évangélique, et par de pacifiques triomphes d’académie, ne laissait pas soupçonner en lui le publiciste profond, l’homme d’état complètement familiarisé avec tous les ressorts et tous les secrets de l’administration. […] Que penseront nos neveux de cet homme qui soutint presque seul les assauts multipliés d’un si puissant adversaire ; et qui, vaincu même, et accablé malgré lui de toutes les forces réunies de l’éloquence et de la raison, trouvait encore, dans son inépuisable génie, les ressources nécessaires pour pallier sa défaite, ou la tourner au profit de la cause qu’il défendait ?

85. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre IV. Thomas. »

Mais Thomas se croyait appelé à faire une révolution dans l’éloquence ; et cette révolution consistait à substituer le jargon philosophique à la belle et noble simplicité dont Voltaire et Buffon viennent de nous donner des exemples ; aux mouvements de l’âme, de froides et ridicules exclamations ; et le langage technique des sciences exactes à ces figures hardies ou touchantes qui donnent tant de force ou de chaleur au style. […] Rien de plus aisé à comprendre : « Il étudiait l’art qui enseigne les propriétés du mouvement, qui mesure les temps et les espaces, qui calcule les vitesses et commande aux éléments dont il s’assujétit les forces ; l’art de faire mouvoir tous ces vastes corps, d’établir un concert et une harmonie de mouvement entre cent mille bras, de combiner tous les efforts qui doivent concourir ensemble, de calculer l’activité des forces et le temps de l’exécution. — Maurice écartait les barrières du préjugé pour reculer les limites de son art : après avoir trouvé le bien, il cherchait le mieux. — Il s’élançait au-delà du cercle étroit des événements, et créait des combinaisons nouvelles ; imaginait des dangers pour trouver des ressources ; étudiait surtout la science de fixer la valeur variable et incertaine du soldat, et lui donner le plus grand degré d’activité possible ».

86. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre troisième. De l’élocution. »

L’on sent combien ce tour de phrase donne de force à l’affirmation. […] et sentira la force immense du pléonasme toi. […] À force d’outrer une expression, on peut rendre fausse une pensée, et c’est un grand défaut dans le style. […] C’est un trope modeste qui paraît affaiblir par l’expression ce qu’on veut laisser entendre dans toute sa force. […] S’il s’agit d’images ou de sentiments elle unit leurs commencements, leurs progrès et leur force.

87. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Ponsard 1814-1868 » pp. 583-600

Toute force s’énerve en ce relâchement, Et, de notre déclin signe plus alarmant ! […] Tout nous appartient, clubs, comités, ministères, Justice, emplois civils et forces militaires ; Et la Convention acclame, sans débats, Nos décrets qu’elle vote et ne discute pas. […] La force et la clémence. […] Ce mot n’a plus aujourd’hui la même force. […] Il faut que les hommes obéissent au devoir et à la loi, ou à la force et à un maître.

88. (1892) La composition française aux examens du baccalauréat de l’enseignement secondaire moderne, d’après les programmes de 1891, aux examens de l’enseignement secondaire des jeunes filles et aux concours d’admission aux écoles spéciales pp. -503

Une grande douleur demande une grande force d’âme et un grand courage ; or c’est par une grande force d’âme que l’homme est grand. […] Ce n’est point un caprice, un tour de force, un jeu de société, c’est un œuvre sérieuse. […] Cette guerre n’est point au-dessus de nos forces ; elle ne dépasse pas nos ressources. […] La confiance qu’il inspire est sa force la plus solide. […] Aux héroïnes de Corneille appartient, dit-on, la noblesse, la force d’âme.

89. (1883) Morceaux choisis des classiques français (prose et vers). Classe de troisième (nouvelle édition) p. 

Il se distingua en Sorbonne ; on remarqua de fort bonne heure la force et la vivacité de son esprit. […] Il n’y a pas encore eu d’autre souverain que la force. […] Le loup a beaucoup de force, surtout dans les parties antérieures du corps, dans les muscles du cou et de la mâchoire. […] La délicatesse des parties, quoiqu’elle aille à une finesse inconcevable, s’accorde avec la force et la solidité. […] Les proportions qui font et les équilibres et les multiplications des forces mouvantes y sont observées dans une justesse où rien ne manque.

90. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VI. De l’élocution et du style. »

L’énergie du style, c’est la force, la vivacité de la pensée et du sentiment. La véhémence est un degré supérieur à la force ; elle entraine et subjugue par les mouvements hardis et les figures passionnées. […] Les figures sont certains tours de parole ou de pensée qui donnent au style de la force, de la grâce ou de la noblesse, soit en changeant la signification d’un mot (figures de mots), soit en construisant la phrase d’après certaines tournures vives et singulières (figures de pensées). […] La répétition a pour but d’ajouter de la force à la pensée, en reproduisant plusieurs fois les mêmes mots. […] Un poids invincible, une force irrésistible nous entraîne : il faut sans cesse avancer vers le précipice.

91. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre second. De la disposition. »

C’est quelquefois la marche que suit l’orateur, lorsqu’il reconnaît la nécessité de frapper de grands coups dès l’abord, afin que ses auditeurs ou ses lecteurs, surpris à l’improviste, soient comme étonnés de la force de ses moyens, et qu’il n’ait plus ensuite qu’à achever son triomphe par le développement des idées accessoires qu’il a réservées pour les dernières. […] On se met dès l’abord au niveau des passions des auditeurs pour en accroître la force et le mouvement. […] Il cherchera à affaiblir les preuves, il les séparera pour détruire la force de leur réunion ; il affectera peut-être de ne pas répondre, ou il répondra ironiquement, mais décemment. […] L’on doit encore répéter dans toute sa force l’objection qu’on va réfuter, et y répondre complètement.

92. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Massillon, 1663-1742 » pp. 205-215

Sur la force du tempérament ? […] C’est le respect humain qui préside presque toujours à la décision de nos destinées, et qui nous force à des choix que tous nos penchants désavouent. […] Quand la force combat la force, la plus puissante détruit la moindre ; quand on oppose les discours aux discours, ceux qui sont véritables et convaincants confondent et dissipent ceux qui n’ont que la vanité et le mensonge ; mais la violence et la vérité ne peuvent rien l’une sur l’autre.

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