Il y a ici deux expressions qui se contrarient : on fond de l’or, de l’argent, etc., mais on ne fond pas une écorce. […] Tel est cet épisode, arrivé au Passage du Rhin par l’armée française, sous les yeux de Louis le Grand : Le chevalier de Nantouillet était tombé de cheval : il va au fond de l’eau, il revient, il retourne, il revient encore ; enfin il trouve la queue d’un cheval, il s’y attache ; ce cheval le mène à bord, il monte sur le cheval, se trouve à la mêlée, reçoit deux coups dans son chapeau, et revient gaillard. […] Le tronc d’un vieux palmier qui, du fond des déserts, Vient visiter les pyramides.
Mais le plus beau monument du talent oratoire de Pélisson, celui qui honorera à jamais l’éloquence et l’amitié, ce sont les Mémoires qu’il composa pour la défense du célèbre Fouquet, qui, tombé en un moment du faîte de la puissance dans la disgrâce la plus complète, inspirait, du fond de sa prison, de beaux vers à La Fontaine, et des discours éloquents à Pélisson.
Ces efforts des rhéteurs, louables en eux-mêmes, n’ont pourtant rien produit de nouveau ni d’utile : car, depuis Aristote et Quintilien, qui les premiers ont traité de la Rhétorique, les préceptes n’ont varié que dans la forme, le fond est resté le même.
C’est la nature qui nous donne la voix, cet organe précieux qui sait pénétrer jusqu’au fond du cœur de nos semblables et y porter la joie, la douleur, en un mot toutes les émotions possibles.
On connaît le vrai bien comme le vrai baume : on fait l’essai du baume en le distillant dedans l’eau ; car s’il va au fond et qu’il prenne le dessous, il est jugé pour être du plus fin et précieux : ainsi, pour connaître si un homme est vraiment sage, savant, généreux, noble, il faut voir si ses biens tendent à l’humilité, modestie et soumission ; car alors ce seront de vrais biens ; mais s’ils surnagent, et qu’ils veuillent paraître, ce seront des biens d’autant moins véritables qu’ils seront plus apparents2.
S’il te reste au fond du cœur le moindre sentiment de vertu, viens, que je t’apprenne à aimer la vie. […] Il faut donc tirer l’exorde du fond même de la question, puisqu’il est fait pour y préparer ; autrement, il ne serait plus qu’un hors-d’œuvre. […] « La plupart des fautes de langage, dit Voltaire, sont, au fond, des défauts de justesse. […] Il y a cette différence que, toute vaste et grande qu’elle est, elle a ses bornes, et que vous n’en avez point, et que tous ceux qui connaissent votre esprit avouent qu’il n’a ni fond ni rive. […] Pour que cette figure soit irréprochable, il faut qu’elle porte sur un fond vrai et solide, et qu’elle ne roule pas sur des mots vides de sens.
Car, si le comique est la forme de son génie, le bon sens en est le fond et la substance. […] Nous lisons dans une lettre de Voltaire cette apologie du théâtre : « Les génies français formés par Corneille, Racine et Molière appellent du fond de l’Europe les étrangers qui viennent s’instruire chez nous, et qui contribuent à l’abondance de Paris.
Ce n’est pas assez bien respecter la pudeur Que d’avoir seulement son culte au fond du cœur. […] J’ai peur qu’à dire vrai tes regards ne se noient Dans un fond vaporeux dont les lignes ondoient, Et que tous ces grands mots, bonheur, vertu, raison, Dont la demi-lueur flotte sur l’horizon, N’éclairent qu’une vague et fausse perspective Qu’on voit s’évanouir aussitôt qu’on arrive.
J’ai dit le plus ordinairement, parce que nous avons des églogues, soit de Virgile, soit de Segrais, soit de madame Deshoulières, qui sont purement lyriques : le seul sentiment en fait tout le fond. […] Cette âme, ce rayon de la divinité, Dans le calme des sens, médite en liberté, Sonde ses profondeurs, cherche au fond d’elle-même, Les trésors qu’en son sein cacha l’Être suprême, S’échauffe par degrés, prépare ce moment, Où saisi tout à coup d’un saint frémissement, Sur des ailes de feu l’esprit vole et s’élance, Et des lieux et des temps franchit l’espace immense ; Ramène tour à tour son vol audacieux, Et des cieux à la terre et de la terre aux cieux. […] Connaissant peu la basse jalousie, De la licence ennemis généreux, Ils ne mêlaient aucun fiel dangereux, Aucun poison, à la pure ambroisie ; Et les zéphirs225 de ces brillants coteaux, Accoutumés au doux son des guitares, Par des accords infâmes ou barbares, N’avaient jamais réveillé les échos ; Quand évoqués par le crime et l’envie, Du fond du Styx226 deux monstres abhorrés, L’obscénité, la noire calomnie, Osant entrer dans ces lieux révérés, Vinrent tenter des accents ignorés. […] Il montre un grand fond de raison dans ses satires. […] Son génie tire du fond de son sujet des figures hardies et variées, des images vives et frappantes, qu’il met aussitôt en usage, en négligeant ces transitions scrupuleuses, ces liaisons grammaticales qui ne feraient qu’énerver sa poésie.
C’est un grand fond de génie, une justesse d’esprit exquise, une imagination extrêmement féconde, et surtout un cœur plein de feu noble et qui s’allume aisément à la vue des objets.