Elle atteint son plus haut degré de beauté quand, après avoir exposé avec feu les choses qu’on a l’air d’écarter, on peint plus vivement encore celles sur lesquelles on appui. […] Quand la césure est employée avec goût, elle produit de véritables beautés : L’univers ébranlé s’épouvante. — Le Dieu De Rhodope ou d’Athos réduit la cime en feu. […] J’abandonne l’étude de tous ces genres aux élèves qui ont des dispositions naturelles à la poésie, recommandant à ceux qui n’ont pas reçu le feu sacré de s’occuper de prose.
C’est que dans tous les écrivains qui ont parlé avec la conviction des vérités qu’ils annonçaient, la parole divine a vraiment la chaleur pénétrante et l’activité du feu : Sermo Dei ignitus .
Tandis que la guerre civile ou religieuse met la France en feu, nous sommes aussi tentés d’appeler sagesse la modération souriante que Montaigne (1533-1592) oppose au dogmatisme hautain d’où procèdent les excès et les violences.
Et, si ce n’est assez de toute l’Italie, Que l’orient contr’elle à l’occident s’allie ; Que cent peuples, unis des bouts de l’univers, Passent, pour la détruire, et les monts et les mers : Qu’elle-même sur soi renverse ses murailles, Et de ses propres mains déchire ses entrailles ; Que le courroux du ciel, allumé par mes vœux, Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux !
Mais, docile autant que courageux, il ne se laisse pas emporter à son feu ; il sait réprimer ses mouvements : non seulement il fléchit sous la main de celui qui le guide, mais il semble consulter ses désirs ; et, obéissant toujours aux impressions qu’il en reçoit, il se précipite, se modère ou s’arrête, et n’agit que pour y satisfaire.
Fénelon décrit de la manière suivante le commencement d’un beau jour : Cependant l’aurore vint ouvrir au soleil les portes du ciel et nous annonça un beau jour : l’Orient était tout en feu, et les étoiles, qui avaient été longtemps cachées, reparurent à l’arrivée de Phébus. […] L’hypotypose (ὑποτυπόω, mettre sous les yeux) est une description qui peint un objet quelconque, comme une tempête, une bataille, un incendie, une situation, une passion, etc. ; mais avec tant de feu, avec des couleurs si vives et si animées, des traits si énergiques et si frappants, que l’on croit avoir une vision réelle de cet objet.
On espère remplir les vides par des détails ingénieux : mais l’intérêt languit ; et l’on peut dire de l’intérêt ce qu’un poète a dit de l’âme, que c’est un feu qu’il faut nourrir, et qui s’éteint s’il ne s’augmente . […] Le dialogue sera soigné : on veut qu’il soit libre, aisé, piquant, vif, serré, plein de verve et de feu, mais sans affectation et sans recherche.
Après qu’on eut mangé, mille et mille fusées S’élançant vers les cieux, ou droites ou croisées, Firent un nouveau jour, d’où tant de serpenteaux D’un déluge de flamme attaquèrent les eaux, Qu’on crut que, pour leur faire une plus rude guerre, Tout l’élément du feu tombait du ciel en terre.
Louis XIV ne s’exposait pas volontiers, si j’en crois ce vers de Boileau : Louis, les animant du feu de son courage, Se plaint de sa grandeur qui l’attache au rivage.
C’est là qu’en arrivant, plus qu’en tout le chemin, Vous trouverez partout l’horreur du nom romain, Et la triste Italie encor toute fumante Des feux qu’à rallumés sa liberté mourante.