On ne saurait citer un meilleur exemple dans ce genre que la fable des Deux Pigeons.
Toute narration, petite ou grande, roman ou conte, histoire ou fable, doit présenter un objet principal, un personnage qui lui serve de centre ; et autour duquel se groupent l’action et l’intérêt ; tous les détails doivent s’y rattacher, de près ou de loin.
Il est plus que probable qu’Homère n’avait aucune connaissance de l’art du poète, lorsque, ne prenant pour guide que son génie, il a mis en vers une fable régulière, qui a fait l’admiration de tous les siècles. […] C’est en vain que l’on dit que le poète fait ici allusion à la fable d’Encelade étendu sous l’Etna, et suppose que ce sont les mouvements et les convulsions du géant qui occasionnent ce bruit effroyable.
Non plus que La Fontaine, dans sa fable du taon et du moucheron, en disant : Comme il sonna la charge, il sonne la victoire.
On ne saurait aller nulle part où l’on ne vous entende accommoder de toutes pièces ; vous êtes la fable et la risée de tout le monde ; et jamais on ne parle de vous que sous les noms d’avare, de ladre, de vilain et de fesse-mathieu. » Dans les sujets graves, la familiarité même de l’expression peut ajouter à l’énergie de la pensée. […] Ainsi, dans un sujet tiré de la fable ou de toute autre histoire merveilleuse, le merveilleux une fois admis, il faut conserver jusqu’à la fin aux personnages et aux faits la couleur qu’on leur a donnée d’abord.
Lorsque l’initiateur ne procède point avec prudence et mesure ; lorsque, par des vues intéressées et personnelles, il appelle prématurément les inférieurs à une condition supérieure, il en est la première victime : c’est la fable d’Orphée ou de Prométhée. […] L’Italie est aujourd’hui le seul pays où le bouvier et le vigneron, le laboureur et le berger, remplissent, avec leurs femmes et leurs enfants, les salles de spectacle ; c’est le seul où ils puissent comprendre des tragédies qui leur représentent les héros des temps passés, et des fables poétiques dont le souvenir ne leur est point absolument étranger.
La lecture réfléchie des meilleurs modèles, tels que les discours de Cicéron pro Murenâ, les satires d’Horace, les Lettres provinciales de Pascal, les Fables de La Fontaine, aidera le talent naturel, en égayant l’imagination et en accoutumant l’esprit à ces tours agréables qui savent dire le vrai en riant, et donnent des grâces à la raison.
Comme je pouvais choisir, j’ai donné à l’un de ces débris le nom du temple d’Hélène ; à l’autre, celui du tombeau d’Alcmar81 : j’ai cru voir les monuments héroïques d’Égée et de Cadmus ; je me suis déterminé ainsi pour la Fable, et n’ai reconnu pour l’histoire que le temple de Lycurgue. […] Le jour finissait lorsque je m’arrachai à ces illustres débris, à l’ombre de Lycurgue, aux souvenirs des Thermopyles, et à tous les mensonges de la Fable et de l’histoire. […] La Fable n’établit nulle part que Jupiter et les autres dieux se soient eux-mêmes divinisés.
Néanmoins ces hommes, profondément affectés des calamités de leur premier état, et ayant encore sous les yeux les ravages des inondations, les incendies des volcans, les gouffres ouverts par les secousses de la terre, ont conservé un souvenir durable et presque éternel de ces malheurs du monde : l’idée qu’il doit périr par un déluge universel ou par un embrasement général ; le respect pour certaines montagnes, sur lesquelles ils s’étaient sauvés des inondations ; l’horreur pour ces autres montagnes qui lançaient des feux plus terribles que ceux du tonnerre, la vue de ces combats de la terre contre le ciel, fondement de la fable des Titans et des assauts contre les dieux : tous ces sentiments fondés sur la terreur se sont dès lors emparés à jamais du cœur et de l’esprit de l’homme ; à peine est-il encore aujourd’hui rassuré par l’expérience du temps, par le calme qui a succédé à ces siècles d’orage, enfin par la connaissance des effets et des opérations de la nature : connaissance qui n’a pu s’acquérir qu’après l’établissement de quelque grande société dans les terres paisibles. […] n’est-ce pas un apologue, une fable, où l’on emploie l’homme comme un animal, pour nous donner des leçons ou des exemples ?
Toi, favori de la nature, Toi, La Fontaine, auteur charmant, Qui, bravant et rime et mesure, Si négligé dans ta parure, N’en avais que plus d’agrément ; Sur tes écrits inimitables Dis-nous quel est ton sentiment : Eclaire notre jugement Sur tes contes et sur tes fables. […] La Fontaine, dans ses opéras, emploie le même genre qui lui est si naturel dans ses contes et dans ses fables.