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53. (1865) Cours élémentaire de littérature : style et poétique, à l’usage des élèves de seconde (4e éd.)

L’esprit, dit M. […] L’esprit, ajoute M. […] Les règles doivent donc respecter la liberté de l’esprit et l’indépendance du génie. […] La délicatesse est pour le cœur ce que la finesse est pour l’esprit. […] On peut avoir de l’esprit dans une lettre ; mais cet esprit doit être si naturel qu’il semble ne rien coûter.

54. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

Sans cette première culture, l’esprit même le plus naturellement disposé à devenir riche et fertile, le sera-t-il de son propre fonds ? […] Sans ralentir la chaleur de l’esprit, elle l’aide efficacement dans la méditation du sujet. […] Moyens qu’on trouve dans les dispositions d’esprit et de cœur des auditeurs. […] Mais il y a long-temps que l’esprit est devenu la dupe du cœur. […] Chacun se faisant une raison de sa passion, ce qui est un plaisir dans le cœur est une vérité dans l’esprit.

55. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Montesquieu 1666-1755 » pp. 148-157

Dès l’enfance, il lisait, plume en main, avec réflexion, cherchant, dit-il, l’esprit des choses : c’était déjà sa vocation qui s’annonçait. […] Il ne publia qu’à soixante ans l’Esprit des lois (1748), dont vingt-deux éditions traduites dans toutes les langues s’épuisèrent en dix-huit mois. […] Je n’ai jamais vu un décisionnaire aussi universel ; son esprit ne fut jamais suspendu par le moindre doute. […] Martyr ; il veut dire que son esprit juste à l’excès est blessé par l’à peu près qui se mêle à l’esprit de conversation. […] Il faut que l’esprit soit hospitalier pour tous les goûts, pour toutes les connaissances.

56. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Buffon, 1707-1788 » pp. 175-184

Ce sont des pensées qui ne brillent que par l’opposition1 ; l’on ne présente qu’un côté de l’objet, on met dans l’ombre toutes les autres faces ; et ordinairement ce côté qu’on choisit est une pointe, un angle sur lequel on fait jouer l’esprit avec d’autant plus de facilité, qu’on l’éloigne davantage des grandes faces sous lesquelles le bon sens a coutume de considérer les choses. […] Aussi, plus on mettra de cet esprit mince et brillant dans un écrit, moins il aura de nerf, de lumière, de chaleur et de style ; à moins que cet esprit ne soit lui-même le fond du sujet, et que l’écrivain n’ait pas eu d’autre objet que la plaisanterie ; alors l’art de dire de petites choses devient peut-être plus difficile que l’art d’en dire de grandes. […] Ce défaut est celui des esprit cultivés, mais stériles ; ils ont des mots en abondance1, point d’idées ; ils travaillent donc sur les mots, et s’imaginent avoir combiné des idées, parce qu’ils ont arrangé des phrases, et avoir épuré le langage quand ils l’ont corrompu en détourant les acceptions2. […] Je lis dans Joubert : « Buffon a du génie pour l’ensemble, et de l’esprit pour les détails ; mais il y a en lui une emphase cachée, un compas toujours trop ouvert. » 1. […] « Pensez maintenant comment aurait pu prendre un tel ascendant une créature si faible, et exposée, selon le corps, aux insultes de tous les autres, si elle n’avait en son esprit une force supérieure à toute la nature visible, un souffle immortel de l’Esprit de Dieu, un rayon de sa face, un trait de sa ressemblance : non, non, il ne se peut autrement.

57. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Silvestre de Sacy. Né en 1801. » pp. 522-533

M. de Sacy est un esprit attique, un causeur qui ne professe jamais et semble n’écrire que pour se satisfaire lui-même, ou quand le cœur lui en dit. […] qu’elle soit la ressource et qu’elle fasse les délices de ces esprits qui ne goûtent que le parfait ! […] N’a-t-elle pas les derniers restes de la barbarie à dissiper et tout un monde d’âmes et d’esprits à affranchir de l’ignorance ? […] Vient-il à l’esprit de personne de relire La Rochefoucauld dans ces moments-là ? […] Ils aimaient les beaux livres, mais ils les aimaient pour les lire ; ils en paraient leurs esprits, ils en nourrissaient leur cœur.

58. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — La Bruyère 1646-1696 » pp. 100-117

Il est enjoué, grand rieur, impatient, présomptueux, colère, libertin1, politique, mystérieux sur les affaires du temps : il se croit des talents et de l’esprit ; il est riche. […] L’on peut définir l’esprit de politesse ; l’on ne peut en fixer la pratique : elle suit l’usage et les coutumes reçues ; elle est attachée aux temps, aux lieux, aux personnes, et n’est point la même dans les deux sexes, ni dans les différentes conditions : l’esprit tout seul ne la fait pas deviner ; il fait qu’on la suit par imitation, et que l’on s’y perfectionne. […] L’homme d’esprit, de mérite, ou de valeur, devient en un instant un génie de premier ordre, un héros, un demi-dieu. […] Libertin, c’est-à-dire esprit fort. […] Vauvenargues dit : « Qui peut soutenir son esprit et son cœur au-dessus de sa condition ?

59. (1867) Rhétorique nouvelle « Deuxième partie. L’éloquence du barreau » pp. 146-

C’est que l’esprit de ce peuple est sociable autant que celui des Romains est personnel. […] L’esprit est satisfait, les oreilles sont charmées ; le cœur n’est pas ému. […] De pareils contrastes nous en disent plus sur l’esprit des deux races que toutes les réflexions. […] Jamais il ne venait à l’esprit de personne de demander : Comment a-t-il dit ? […] Ses Philippiques sont l’œuvre d’un grand esprit et d’un citoyen courageux.

60. (1854) Éléments de rhétorique française

Ainsi Voltaire, ayant à parler de l’esprit, commence par se demander : Qu’est-ce que l’esprit ? […] L’esprit suit la même loi dans la conception de ses pensées. […] Si je descends au fond des abîmes, votre esprit est là. […] La finesse ne s’adresse qu’à l’esprit ; la délicatesse s’adresse en même temps à l’esprit et au cœur. […] Comment l’esprit des jeunes gens peut être préparé à la composition.

61. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre II. division de la rhétorique. — de l’invention  » pp. 24-37

Ce n’est pas seulement en augmentant le nombre des idées que ces études étrangères sont utiles, elles perfectionnent l’esprit même, parce qu’elles en exercent d’une manière plus égale les diverses facultés. » Chaque science éclaire l’esprit sur l’objet dont elle s’occupe, et l’esprit éclairé sur un point aperçoit mieux tous les autres. […] Le mot de Buffon : « La méditation féconde l’esprit humain ; » et celui de Rousseau : « L’habitude de réfléchir ouvre l’entendement, » nous conduisent au troisième élément de l’invention, la méditation. […] Quand l’esprit se l’est ainsi assimilé, pour ainsi dire, qu’il en a fait comme une partie de sa substance, alors il s’éprend pour lui d’un amour presque fanatique ; et ce qu’on appelle vaguement l’inspiration, n’est rien que cet amour, et cet amour, secondé par les circonstances, crée des prodiges. […] L’esprit y revient plus frais, il voit bien des choses sous un jour nouveau, et rencontre des idées échappées à un premier travail. […] Je n’attendrai rien de la nature d’un enfant en qui le jugement devance l’esprit… Ils ne cherchent qu’à éviter les défauts, et tombent par là même dans le pire des défauts, celui de n’avoir aucune qualité. »Quintit.., Institut. orat., II, 4.

62. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Saint-Simon, 1675-1755 » pp. 223-233

Ce spectacle attira toute l’attention que j’y pus donner parmi les divers mouvements de mon âme, et ce qui tout à la fois se présenta à mon esprit. […] Cet esprit demi-voilé et entrevu, plaît à la fois par le mystère et la clarté. […] L’esprit de Fénelon avait quelque chose de plus doux que la douceur même, de plus patient que la patience. […] L’esprit y a suppléé à tout. Il justifie le mot de Bossuet disant de Fénelon : “Il a plus d’esprit que moi, il en a à faire peur.”

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