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130. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre II. De l’Éloquence. » pp. 318-338

C’est elle sans doute qui leur mit devant les yeux l’utile et l’honnête, leur fit goûter la raison, les rendit doux et humains, cimenta parmi eux la bonne foi et la justice, les accoutuma à la subordination, et les détermina non seulement à ne pas épargner leurs peines, mais même à sacrifier leur vie pour le bien public. […] S’il peint par des images, ces images sont moins fortes que gracieuses : s’il exprime des sentiments, ces sentiments portent dans l’âme une émotion plus douce que vive.

131. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Sainte-Beuve. Né en 1804. » pp. 566-577

accueilleraient les plus ingénieux modernes, les La Rochefoucauld et les La Bruyère, lesquels se diraient en les écoutant : « Ils savaient tout ce que nous savons, et, en rajeunissant l’expérience, nous n’avons rien trouvé. » Sur la colline la plus en vue, et de la pente la plus accessible, Virgile entouré de Ménandre, de Tibulle, de Térence, de Fénelon, se livrerait avec eux à des entretiens d’un grand charme et d’un enchantement sacré : son doux visage serait éclairé de rayons et coloré de pudeur, comme ce jour où, entrant au théâtre de Rome dans le moment qu’on venait d’y réciter ses vers, il vit le peuple se lever tout entier devant lui par un mouvement unanime, et lui rendre les mêmes hommages qu’à Auguste lui-même. […] Sur la même colline que Virgile, et un peu plus bas, on verrait Xénophon, d’un air simple qui ne sent en rien le capitaine, et qui le fait plutôt ressembler à un prêtre des Muses, réunir autour de lui les attiques de toute langue et de tout pays : les Addison, les Pellisson, les Vauvenargues, tous ceux qui sentent le prix d’une persuasion aisée, d’une simplicité exquise, et d’une douce négligence mêlée d’ornement.

132. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — CHAPITRE PREMIER. Du genre léger on des poésies fugitives » pp. 75-95

Le madrigal, au contraire, a quelque chose de plus doux, de plus simple, de plus délicat : ici c’est le cœur qui parle, le sentiment qui se fait jour ; et sa pointe toujours aimable, gracieuse, n’a de piquant que ce qu’il lui en faut pour n’être pas fade. […] Le tour est délicat, il est simple, il est doux : c’est tout ce qu’on peut souhaiter dans un madrigal bien fait.

133. (1827) Résumé de rhétorique et d’art oratoire

Celui dont le cœur est sec et sans délicatesse est incapable d’éprouver les douces sensations qui résultent, pour l’homme de goût, des beautés de l’éloquence et de la poésie. […] ô qu’il est doux de plaindre Le sort d’un ennemi, lorsqu’il n’est plus à craindre ! […] Par l’orné, comme le nom l’indique, un style fleuri, doux et coulant, plus amant de la grâce que de la force. […] Ses discours sont pleins de moralité et de bonnes pensées ; ils sont doux et coulants, mais dépourvus de force. […] Nous trouvons chaque chose en sa place ; il n’essaie jamais d’émouvoir qu’après s’être efforcé de convaincre, et réussit surtout à exciter les passions les plus douces.

134. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE IV. Des Figures. » pp. 144-262

. — Blandiri (de blandus, doux), flatter par des paroles doucereuses. […] Ov. — Dulcis, doux au goût. […] Ov. — Lenis, doux au toucher. […] Au figuré : Suavis homo. — Mansuetus (quasi manui assuetus), doux, traitable. […] Cic. — Nitere, briller d’un éclat doux, comme ce qui est poli.

135. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

Madame de La Fayette craint toujours pour votre vie ; elle vous cède sans difficulté la première place auprès de moi, à cause de vos perfections ; et quand elle est douce, elle dit que ce n’est pas sans peine ; mais enfin cela est réglé et approuvé ; cette justice la rend digne de la seconde, elle l’a aussi : La Troche s’en meurt ; je vais toujours mon train, et mon tram aussi pour la Bretagne. […] Tel paraît à nos yeux le plumage du paon, lorsqu’il se promène paisible et seul dans un beau jour de printemps ; mais si sa femelle vient tout à coup à paraître, si les feux, de l’amour, se joignant aux secrètes influences de la saison, le tirent de son repos, lui inspirent une nouvelle ardeur et de nouveaux désirs, alors toutes ses beautés se multiplient, ses yeux s’animent et prennent de l’expression, son aigrette s’agite sur sa tête et annonce l’émotion intérieure ; les longues plumes de sa queue déploient en se relevant leurs richesses éblouissants ; sa tête et son cou, se renversant noblement en arrière, se dessinent avec grâce sur ce fond radieux, où la lumière du soleil se joue en mille manières, se perd et se reproduit sans cesse, et semble prendre un nouvel éclat plus doux et plus moelleux, de nouvelles couleurs plus variées et plus harmonieuses ; chaque mouvement de l’oiseau produit des milliers de nuances nouvelles, des gerbes de reflets ondoyants et fugitifs, sans cesse remplacés par d’autres reflets et d’autres nuances toujours diverses et toujours admirables. […] L’ironie douce et l’allusion lui sont très ordinaires, il tire ses métaphores d’objets familiers, mais agréables. […] Fille aimable du bienfait, tu te fais reconnaître à ton tour : tu ménages, dans l’ordre social, un doux échange de procédés et un commerce de tendres affections.

136. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre IX. De l’élégie. »

Le poète élégiaque se plaît à verser des larmes, à exhaler sa douleur par des expressions tantôt vives et entrecoupées, comme des sanglots qui partent de l’âme ; tantôt douces et harmonieuses, comme les soupirs prolongés de la souffrance.

137. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre X. du commencement  » pp. 131-145

que j’aime bien mieux cet auteur plein d’adresse, Qui, sans faire d’abord de si haute promesse, Me dit d’un ton aisé, doux, simple, harmonieux… etc. Vous comprenez que cette modestie, cette douce et harmonieuse simplicité disposent notre esprit en faveur de l’auteur et de son œuvre ; nous devenons les amis de l’écrivain qui ne met pas tout en feu en arrivant, Et pour donner beaucoup ne nous promet que peu.

138. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre V. De la disposition. »

Quel sujet peut inspirer des sentiments plus justes et plus touchants, qu’une mort soudaine et surprenante, qui a suspendu le cours de nos victoires, et rompu les plus douces espérances de la paix ? […] Tous ensemble, en quelque degré de sa confiance qu’il vous ait reçus, environnez ce tombeau, versez des larmes avec des prières, et, admirant dans un si grand prince une amitié si commode et un commerce si doux, conservez le souvenir d’un héros dont la bonté avait égalé le courage.

139. (1852) Précis de rhétorique

L’Hyperbole effrontée en mer change un ruisseau, Ou le vautour cruel en doux et faible oiseau. […] On entend par secrets du style des formes tantôt douces, tantôt pittoresques, qu’il faut chercher en écrivant : car elles se cachent, et les bons écrivains seuls peuvent les trouver. […] Son rythme est doux et agréable à l’oreille. […] [Amable Tastu]) Le rythme de ce vers est doux et majestueux à la fois ; il convient à l’ode et à la poésie légère. […] Il fait au contraire très bon effet quand on le mêle à un autre, comme dans cette strophe de Chateaubriand : Combien j’ai douce souvenance Du joli lieu de ma naissance !

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