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43. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Corneille 1606-1684 » pp. 310-338

Digne ressentiment à ma douleur bien doux ! […] car il est temps que ma douleur éclate4, Et qu’un juste reproche accable une âme ingrate ; Est-ce là ce beau feu ? […] Le déplorable état où je vous abandonne Est bien digne des pleurs que mon amour vous donne ; Et si l’on peut au ciel sentir quelques douleurs,J’y pleurerai pour vous l’excès de vos malheurs ; Mais si, dans ce séjour de gloire et de lumière, Ce Dieu tout juste et bon peut souffrir ma prière, S’il y daigne écouter un conjugal amour, Sur votre aveuglement il répandra le jour. […] Mon amour, par pitié2, cherche à vous soulager ; Il voit quelle douleur dans l’âme vous possède, Et sait qu’un autre amour en est le seul remède3. […] Un cœur à l’autre uni jamais ne se retire ; Et pour l’en sépareril faut qu’on le déchire6 Mais vous êtes sensible à mes justes douleurs, Et d’un œil paternel vous regardez mes pleurs.

44. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre premier. Des caractères essentiels de la poésie » pp. 9-15

Cette tristesse de la nature pénètre son âme, il fait un retour sur lui-même, il songe à ses propres douleurs, et, s’abandonnant à une douce et mélancolique rêverie, il exprime son émotion dans un langage mélodieux, comme l’a fait Lamartine dans ses Méditations poétiques. […] Le deuil de la nature Convient à ma douleur et plaît à mes regarde.

45. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Étrange violence, étrange misère, étrange aveu arraché par la force du sentiment et de la douleur ! […] C’était la demeure de l’indigence : c’est celle de la douleur et de la misère. […] Elle répand des charmes ineffables sur l’innocence, et donne une majesté divine à la douleur. […] Ce ne fut qu’un cri de douleur parmi nous. […] La vue de cette aimable personne, exposée à un si terrible danger, nous remplit de douleur et de désespoir.

46. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

ô douleurs ! […] du moins quand la douleur N’avait point de ta joue éteint la jeune fleur ? […] Un jour, on trouve un monde par le calcul ; un autre jour, on impose des bornes à l’empire de la douleur. […] Va, laisse à ma douleur achever son ouvrage. […] Il va ressusciter cette force abattue ; Son souffle emportera la douleur qui me tue.

47. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Massillon. (1663-1742.). » pp. 120-123

On sait combien elles furent stériles ; toutefois Massillon mourut avant que la sagesse du cardinal de Fleury eût cessé d’être un frein pour ce prince : il n’eut pas la douleur de voir les désordres scandaleux qui signalèrent la seconde partie de son règne. […] Il voyait avec douleur les armes des princes chrétiens employées à s’exterminer les uns les autres, et leurs tristes divisions augmenter tous les jours l’insolence et les conquêtes des nations infidèles.

48. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre VI. Massillon. »

mes frères, si nous sentions les misères de notre âme, comme nous sentons celles de notre corps ; si notre salut éternel nous intéressait autant qu’une fortune de boue, ou une santé fragile et périssable, nous serions habiles dans l’art divin de la prière ; nous ne nous plaindrions pas que nous n’avons rien à dire en la présence d’un Dieu à qui nous avons tant à demander ; il ne faudrait pas donner la gêne à notre esprit, pour trouver de quoi nous entretenir avec lui ; nos maux parleraient tout seuls ; notre cœur s’échapperait malgré nous-mêmes en saintes effusions, comme celui de la mère de Samuel devant l’arche du Seigneur ; nous ne serions plus maîtres de notre douleur et de nos larmes ; et la plus sûre marque que nous n’avons point de foi, et que nous ne nous connaissons pas nous-mêmes, c’est que nous ne savons que dire au Seigneur dans le court intervalle d’une prière. — Faut-il apprendre à un malade à demander sa guérison ; à un homme pressé de la faim, à solliciter de la nourriture ; à un infortuné battu de la tempête, et sur le point d’un triste naufrage, à implorer du secours ? […] Tout parle en lui ; tout exprime sa douleur ; tout annonce sa peine ; tout sollicite son soulagement : son silence même est éloquent. — Dès qu’une infirmité fâcheuse menace votre vie, qu’un événement inattendu met vos biens et votre fortune en péril, qu’une mort prochaine est sur le point de vous enlever une personne ou chère ou nécessaire ; alors vous levez les mains au ciel, vous y faites monter des gémissements et des prières ; vous vous adressez au Dieu qui frappe et qui guérit ; vous savez prier alors ; vous n’allez pas chercher hors de votre cœur des leçons et des règles pour apprendre à lui exposer votre peine, ni consulter des maîtres habiles pour savoir ce qu’il faut lui dire ; vous n’avez besoin que de votre douleur : vos maux tout seuls ont su vous instruire. — Si vous priez rarement, le Seigneur sera toujours pour vous un Dieu étranger et inconnu, pour ainsi dire, devant qui vous serez dans une espèce de gêne et de contrainte ; avec qui vous n’aurez jamais ces effusions de cœur, cette douce confiance, cette sainte liberté que la familiarité toute seule donne, et qui fait tout le plaisir de ce commerce divin.

49. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

Il entend, sans pâlir, les cris des malheureux Et la douleur d’autrui ne mouille point ses yeux. […] j’ai contristé les pauvres, les meilleurs amis de mon Dieu ; j’ai porté l’épouvante et la douleur dans ces âmes simples et fidèles que j’aurais dû plaindre et consoler. […] se préparent encore de nouvelles victimes : ses derniers soupirs soufflent la douleur et la mort dans le cœur de son royal époux. […] j’y verrais ma malheureuse mère fondre en larmes et mourir de douleur ». […] Grave dans les morceaux de dignité, il se mouillera de larmes dans la douleur.

50. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre X. Petits poèmes. »

La petite pièce des Deux ruisseaux fera connaître et sa manière et la nature de ses pensées : Daphnis, privé de son amante, Conta cette fable touchante À ceux qui blâmaient ses douleurs. […] Ce petit poème, en effet, qu’on avait inventé pour déplorer les malheurs et se plaindre des rigueurs du sort, était, dans son origine, uniquement destiné aux larmes, aux gémissements, et à l’expression de la douleur ; mais bientôt on y fit entrer des sentiments de tendresse et même de joie. […] C’est une admirable élégie que la consolation adressée par Malherbe à Du Perrier sur la mort de sa fille, où l’on trouve ces beaux vers : Ta douleur, Du Perrier, sera donc éternelle ? […] Tu ne reverras plus tes riantes montagnes, Le temple, le hameau, les champs de Vaucouleurs,         Et ta chaumière et tes compagnes, Et ton père expirant sous le poids des douleurs. […] Plus tard encore, ce sont les prophètes qui se distinguent, particulièrement Isaïe, par la grandeur et la sublimité de son langage ; Jérémie, par sa tendresse et ses douleurs ; Ézéchiel, par ses menaces et l’effroi qu’elles causent.

51. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

De deux enfans, l’un j’ay chassé moy mesme104, De l’autre il faut, o douleur tres extresme ! […] Dontez, mon géniteur338, ceste douleur amere. […] N’aurez vous point pitié de ma douleur amere ? […] Ludovic Lalanne) comme le confident journalier des fureurs, des douleurs, des transports de foi et des ardeurs de vengeance de l’âpre huguenot. […] Or, si quelque douleur luy a livré la guerre, Hé !

52. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre V. De la disposition. »

Un effort de douleur rompant enfin ce long et morne silence, d’une voix entrecoupée de sanglots que formaient dans leurs cœurs la tristesse, la pitié, la crainte, ils s’écrièrent : comment est mort cet homme puissant qui sauvait le peuple d’Israël ? […] On voit quelle vivacité d’éloquence, quelle abondance de raisons inspire ici à l’orateur la piété filiale ; la douleur, l’indignation percent dans toute sa chaleureuse argumentation : aussi obtint-il la réhabilitation de la mémoire de son père. […] « Jetez les yeux de toutes parts : voilà tout ce qu’a pu la magnificence et la piété pour honorer un héros : des titres, des inscriptions, vaines marques de ce qui n’est plus ; des figures qui semblent pleurer autour d’un tombeau, et des fragiles images d’une douleur que le temps emporte avec tout le reste ; des colonnes qui semblent vouloir porter jusqu’au ciel le magnifique témoignage de notre néant ; et rien ne manque dans tous ces donneurs que celui à qui on les rend.

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