C’est là ce qui m’a donné cet air de philosophie, qu’on dit que je conserve encore ; car je devins stoïcien de la meilleure foi du monde, mais stoïcien à lier ; j’aurais voulu qu’il m’arrivât quelque infortune remarquable, pour déchirer mes entrailles, comme ce fou de Caton qui fut si fidèle à sa secte3. […] Vous allez croire sûrement que je veux que votre frère devienne un stoïcien, et qu’il se tue comme Caton, ou qu’il lise notre Sénèque !
Ce jeune prince, si fougueux, si hautain, si rebelle, devint entre ses mains pieux, humain, charitable, attentif à tous ses devoirs : ce fut le miracle d’une habileté qui alliait la tendresse à l’autorité, la complaisance à l’énergie, la patience à la souplesse. […] Il me tient trop tendu ; la lecture de ses vers me devient une étude. […] Les empereurs mêmes sont devenus les adorateurs du nom qu’ils blasphémaient, et les nourriciers de l’Église dont ils versaient le sang. […] Fénelon exprime ici des idées qui de son temps étaient toutes neuves, et depuis sont devenues familières à la critique.
Ne voyons que le poëte, né au milieu des orages d’une révolution, rejeté par elle au delà des mers, y grandissant librement, en dehors de toute imitation, n’écoutant que la muse intérieure, et devenu, à l’école des malheurs publics et domestiques, l’éloquent interprète de tous les regrets et de toutes les espérances, l’instrument prédestiné d’une restauration littéraire, morale et religieuse. […] C’était ouvrir des voies qui depuis sont devenues battues et rebattues, mais étaient neuves, avant l’explosion du romantisme. […] Que sont devenus ces personnages qui firent tant de bruit ?
Malgré les murmures des anciens, la jeunesse se porta en foule à leurs leçons, et l’éloquence, qui n’avait été jusque-là qu’une prudence de manier affaires, et un bon sens et jugement en matière d’estat et gouvernement, devint un art, et le plus honoré et le plus fructueux de tous les arts. […] Mais, appelé à être un jour le patron des peuples alliés et à avoir des provinces entières dans sa clientèle, il faut qu’il se prépare à ce grand rôle en apprenant la langue des vaincus, leur histoire, leur philosophie, leurs mœurs, leurs arts, leurs droits, leur situation politique dans le grand corps dont ils sont devenus les membres par la conquête. […] Il aurait pu devenir l’âme de la république : il ne sut pas même être le chef de son parti.
Ces sons imitatifs se retrouvent dans toutes les langues, dont ils sont devenus, pour ainsi dire, la base fondamentale. […] Mais ce qui n’est, dans le poète italien, qu’une beauté de diction, qu’un simple ornement poétique, devient, dans Virgile, une beauté de sentiment, par ce contraste imposant et sublime du repos que la nuit donne à tout ce qui respire, avec la situation douloureuse de la reine de Carthage, qui veille et pleure, tandis que tout jouit autour d’elle des douceurs du sommeil.
Lorsque nous avons en effet des conseils à donner ou des réprimandes à faire à quelqu’un, les simples lumières du bon sens nous indiquent qu’il y a certaines précautions à prendre ; et ces précautions, que nous prenons si naturellement, deviennent des préceptes de l’art, auxquels nous nous conformons, sans nous douter le plus souvent que cet art existe, et qu’il faut bien du temps et bien des soins, pour apprendre à faire méthodiquement ce que la nature fait si heureusement à notre insu. […] Alors il deviendra pathétique, parce qu’il sera vrai ; ses moyens seront victorieux, parce qu’ils seront naturels, et que l’on n’attaque jamais en vain le cœur des autres, quand on est fortement pénétré soi-même du sentiment que l’on exprime.
S’il s’agit de quelque question importante, d’une circonstance qui intéresse vivement le bien public ou le salut de la patrie, elle pourra s’élever, s’animer, devenir vive, impétueuse, passionnée ; l’argumentation prendra plus de nerf, plus de puissance, et, soutenue par l’émotion de l’orateur, elle entraînera la conviction de l’auditoire. […] Pourtant il faut une certaine retenue dans ces ornements ; la pensée ne doit pas être entièrement sacrifiée à l’élégance et à la recherche ; cet excès de richesse engendre la satiété, la monotonie : le style devient déclamatoire : c’est le défaut qu’on reproche souvent au genre académique.
Chef de parti sans conviction comme sans vues élevées, devenu tel par la haine qu’il portait à Mazarin, il montra longtemps la turbulence et la frivolité de caractère qui ont marqué tristement cette époque de guerre civile. […] Ce fut lui qui devint, après Richelieu, le protecteur de l’Académie française.
Admis jeune à l’Académie des sciences, il devint à quarante ans secrétaire perpétuel de cette compagnie ; et ce fut en cette qualité qu’il prononça ses Éloges des savants, qui forment son principal titre littéraire. […] Le petit-fils de Marc-René possédait notamment une bibliothèque admirable, que le comte d’Artois acheta en 1781, et qui est devenue publique aujourd’hui : c’est la Bibliothèque de l’Arsenal.
Le trictrac et les échecs Le ciel devient-il sombre ; eh bien ! […] Ce vers ne fera pas sourire ceux qui se rappelleront que Delille devint aveugle.