De sorte qu’on peut appliquer à la plupart de nos auditeurs ce que Joseph, devenu le sauveur de l’Égypte, disait par pure feinte à ses frères : « Ce n’est pas pour chercher le froment et la nourriture que vous êtes venus ici, c’est comme des espions qui venez remarquer les endroits faibles de cette contrée : Exploratores estis ; ut videatis infirmiora terræ, venistis. […] Voici, de ce dernier, l’exorde du panégyrique de saint Bernard, où l’on retrouvera la brillante imagination et l’expression vive et animée qui distinguent à un si haut degré ses sermons : Israël, infidèle au Dieu qui l’avait tiré de l’Égypte, était devenu depuis longtemps la proie des nations et l’opprobre de ses voisins. […] Il quitte sa solitude et devient le législateur des tribus ; il renouvelle la face de l’État, et les princes sont touchés de l’onction et de la grâce de ses paroles. Enfin, instruit du Dieu même de lumière, il confond l’hérésie et le schisme, devient l’arbitre des conseils, et préside aux assemblées d’Israël : parfait religieux, homme apostolique, et docteur toujours invincible. […] Il y parla de littérature et de goût ; et son exemple est devenu en quelque sorte une loi dont les académiciens gens de lettres ne se sont écartés que rarement32.
Mis en relation avec les religieux de Port-Royal, devenu leur disciple candide, et bientôt leur intrépide avocat, il composa pour les défendre contre leurs adversaires les Lettre de Louis de Montale à un provincial de ses amis (1656-57). […] L’homme et l’univers En voyant l’aveuglement et la misère de l’homme, en regardant tout l’univers muet1, et l’homme sans lumière, abandonné à lui-même, et comme égaré dans ce recoin de l’univers, sans savoir qui l’y a mis, ce qu’il y est venu faire, ce qu’il deviendra en mourant, incapable de toute connaissance, j’entre en effroi2 comme un homme qu’on aurait porté endormi dans une île déserte et effroyable, et qui s’éveillerait sans connaître où il est, et sans moyen d’en sortir.
Fils et petit-fils d’un tapissier du roi, élevé au collége de Clermont, puis dirigé vers l’étude du droit, Jean-Baptiste Poquelin suivit son étoile, et, sous le nom de Molière, devint directeur d’une troupe ambulante, sans se laisser tenter par la faveur du prince de Conti, son condisciple, qui lui offrait une charge de cour. […] Ils ont amassé du bien à leurs enfants, qu’ils payent maintenant peut-être bien cher en l’autre monde5 ; et l’on ne devient guère si riche à être honnêtes gens. » Je ne veux point tous ces caquets, et je veux un homme, en un mot, qui m’ait obligation de ma fille, et à qui je puisse dire ; Mettez-vous là, mon gendre, et dînez avec moi6. […] Le bouffon devient ici de l’excellent comique.
Ainsi il y a une faute dans ce vers de Racine : Ne vous informez point ce que je deviendrai. […] Il aurait fallu dire : ne vous informez point de ce que je deviendrai. […] Il y a des cas où ces adverbes deviennent prépositions, et ont par conséquent un régime. […] Il fallait dire : ce pontife n’en devint ni moins fier, ni moins intrépide. […] Le trop grand usage deviendrait un abus, qu’on ne pourrait pas justifier, même dans un bon ouvrage.
Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.
Je sens que je deviens puriste ; Je plante au cordeau chaque mot, Je suis les Dangeaux à la piste, Je pourrais bien n’être qu’un sot. […] Dans cette phrase : L’orateur arrive à sa fin qui est de persuader, d’une manière toute particulière ; ces derniers mots sont mal placés, et par là deviennent susceptibles de divers rapports. […] En voici des exemples : Platon a dit en parlant de l’eau et du vin : Le vin qu’on verse dans un vase est d’abord bouillant et furieux ; mais dès qu’il entre en société avec une divinité sobre qui le châtie, il devient doux et bon à boire. […] Elle vit paraître ce que Jésus-Christ n’a pas craint de nous donner comme l’image de sa tendresse, une poule devenue mère , empressée autour de ses petits qu’elle conduisait ; un d’eux s’étant écarté, notre malade le voit englouti par un chien avide , elle accourt, etc.
Bossuet a dit en parlant du règne de l’idolâtrie à la venue du Messie : Tout était Dieu, excepté Dieu même ; et le monde que Dieu avait fait pour manifester sa puissance, semblait être devenu un temple d’idoles. […] En effet, s’il est difficile de se représenter un jour vaste par le silence, on se transporte aisément au milieu d’une solitude immense, où le silence règne au loin ; et silence vaste , qui paraît hardi, est beaucoup plus sensible que silence profond, qui est devenu si familier. […] Il y a aussi des précautions à prendre pour empêcher qu’une image, qui est claire et juste comme expression simple, ne devienne obscure lorsqu’on veut l’étendre. […] Mais si on exprime le moyen terme, les images deviennent claires et justes : Un roi s’enivre du poison de la louange que lui versent les flatteurs ; un roi s’enivre du parfum de la louange que les flatteurs lui font respirer. […] Bossuet présente une image sublime, lorsque à la suite de cette pensée citée plus haut : Tout était Dieu, excepté Dieu même , il ajoute : Et le monde, que Dieu avait fait pour manifester sa puissance, semblait être devenu un temple d’idoles.
Tout discours pourrait donc devenir une lettre s’il était écrit ; toute lettre deviendrait un discours si l’auteur, au lieu de l’écrire, pouvait la réciter.
Les trois volumes de ce Cours, qui ont paru depuis quelques années, sont devenus classiques dans beaucoup de séminaires et de maisons d’éducation. […] Bien que l’on cultive particulièrement la langue allemande dans les écoles ecclésiastiques de mon diocèse, je ne désire pas moins que votre bel ouvrage y devienne classique.
Il ne faut emprunter à ces deux derniers moyens que ce qui est absolument nécessaire au sujet, sinon la matière deviendra interminable, elle manquera d’intérêt et de précision. […] Il est des auteurs qui singent la passion, et écrivent à froid des morceaux pathétiques ; mais ils se trahissent bientôt ; leur ton devient faux et déclamatoire ; ils pêchent malgré eux contre le naturel et la vérité.