Mais il a ses écueils : il est à craindre que l’orateur, séduit trop facilement par le désir de faire briller son esprit, ne fatigue bientôt l’auditeur par trop de recherche ou d’affectation.
Un tel sort n’est sans doute pas à craindre pour le pays qui conserve l’amour des nobles études ; qui, après s’être mis à la tête de la civilisation intellectuelle, de l’Europe, sait toujours s’y maintenir ; qui a vu depuis cinquante années les grands talents au service des grandes affaires, et qui promet à l’esprit la gloire comme autrefois, et plus qu’autrefois le gouvernement de l’État.
Il y a quelque chose de grand dans l’homme qui, possesseur de toutes les jouissances et de toutes les pompes terrestres, ne craint pas de s’occuper longtemps d’avance de sa mort. […] N’espérons donc que dans le ciel, et nous ne craindrons plus l’exil : il y a dans la religion toute une patrie. […] Esclave romain, ne crains-tu point ma framée ? […] Si j’étais à mon début dans la carrière militaire, et si je pouvais craindre les hasards des combats, ce langage serait tout à fait déplacé. […] Je passe d’une couronne corruptible a une couronne incorruptible, où je n’aurai à craindre aucun trouble, aucune espèce de trouble » ; et se tournant vers l’exécuteur : « Mes cheveux sont-ils bien ?
Ce fil libérateur, il le baise, il l’adore ; Il s’en assure, il craint qu’il ne s’échappe encore : Il veut le suivre, il veut revoir l’éclat du jour ; Je ne sais quel instinct l’arrête en ce séjour. […] 4° Honte La Honte est un sentiment pénible qui affecte l’âme par l’idée de quelque déshonneur qu’on a reçu, ou que l’on craint de recevoir, ou que l’on a la conscience d’avoir encouru. […] Dieu parte, et d’un mortel vous craignez le courroux !
8° Sous les plumes autorisées, il n’est pas rare non plus de rencontrer alors des propositions infinitives tout à fait calquées sur la construction latine. « Vous sçavez estre du mouton le naturel tousjours suyvre le premier… J’estime nostre poésie estre capable… Il te convient servir, aymer et craindre Dieu. » 9° A plus forte raison les ablatifs absolus étaient-ils d’usage quotidien, avec les participes présent ou passé. « Estant de soy loy de nature, je ne sçay… — Posé le cas que vous trouverez matières joyeuses, pas demourer là ne fault… — Eux arrivés, il se fit que… — Ce faict, on apportoit des cartes. » Il en résultait pour la phrase souplesse et dextérité. […] Non contents de rétablir c dans les mots où il existait en latin, ils l’accordèrent libéralement à ceux que leur étymologie en affranchissait, et ils dirent craincte pour crainte, parce qu’ils ne voyaient pas que craindre dérive de tremere par la mutation ordinaire de emere en eindre : (geindre de gemere). — Une erreur non moins grave nous valut scavoir, que l’on tira faussement de scire et non de sapere, (sapire, savire). — Au lieu de s’effacer, comme dans l’ancien idiome, l’h latin s’afficha dans le nouveau, qui, tout en écrivant avoir (d’habere), se contredit dans homme (de hominem), et hostel (d’hospitale). […] Ces exemples que l’on pourrait multiplier, si l’on ne craignait de fatiguer l’attention, prouvent combien l’orthographe fut souvent arbitraire et factice, dans un temps où le sens historique manquait aux plus doctes.
Si le roi eût cédé aux prières de tant de serviteurs, qui ne craignaient que pour ses jours ; s’il n’eût demeuré sur le champ de bataille ; s’il n’eût fait revenir ses canons dispersés, qu’on retrouva avec tant de peine, aurait-on fait les efforts réunis qui décidèrent du sort de cette journée ?
« C’est pourquoi nous ne craindrons point, quand même la terre se bouleverserait, quand les montagnes se renverseraient dans la mer ; « Quand ses eaux viendraient à bruire et à se troubler, quand les montagnes seraient ébranlées par la force de ses vagues ; « Car l’Éternel des armées est avec nous ; le Dieu de Jacob nous est une haute retraite1. » Où donc est la tempête2 ?
Sur cet avis ne sois point hérétique ; Car je te fais un serment authentique ; Que si tu crains ce doux médicament, Ton médecin, pour-ton soulagement, Fera l’essai de ce qu’il communique Pour te guérir. […] Ainsi, je ne craindrai point de citer ici l’épitaphe du fameux l’Arétin par Mainard.
Notre imagination se perd dans ces espaces immenses que nous n’oserions limiter, et que nous craignons de laisser sans bornes. […] Il marche doucement et légèrement, il semble craindre de fouler la terre ; il marche les yeux baissés, et il n’ose les lever sur ceux qui passent. […] Termes eût voulu qu’ils ne l’eussent point quitté jusqu’à la fin du voyage, tant il craignait de se trouver tête à tête avec son maître. […] je trouvais de mes portraits partout ; je me voyais multiplié dans toutes les boutiques, sur toutes les cheminées, tant on craignait de ne m’avoir pas assez vu. […] Avec leurs chameaux, non seulement ils ne manquent de rien, mais même ils ne craignent rien ; ils peuvent mettre en un seul jour cinquante lieues de désert entre eux et leurs ennemis ; toutes les armées du monde périraient à la suite d’une troupe d’Arabes ; aussi ne sont-ils soumis qu’autant qu’il leur plaît.
II, n°. 334), lorsqu’il est à craindre qu’en négligeant ses avantages, le peuple ne risque aussi de perdre son honneur ou sa dignité. […] C’est craindre, menacer et gémir trop long-temps. […] Sésostris, disais-je, ne craignait rien, et n’avait rien à craindre ; il se montrait à tous ses sujets comme à ses propres enfans. Celui-ci craint tout, et a tout à craindre ; ce méchant roi est toujours exposé à une mort funeste, même dans son palais, inaccessible au milieu de ses gardes. […] Il craindra de faire des blessures mortelles, et de s’attirer des inimitiés implacables.