Elle ne laisse pas toutefois de se parer, quand il est besoin, quoiqu’elle soit moins curieuse de ses ornements que de ses armes, et qu’elle songe davantage à gagner l’âme pour toujours par une victoire entière, qu’à la débaucher pour quelques heures par une légère satisfaction… L’antiquité appelait cela puiser ses discours dans l’estomac1 et avoir l’âme éloquente : elle a donné cette qualité à Ulysse, après lui avoir donné la doctrine et l’expérience, comme si la vertu de discourir devait être l’effet et la créature2 de celle de connaître et de savoir. […] Après lui avoir reproché sa mauvaise haleine, sa tête pelée, son visage pétri de boue et de sang, les monstres et les prodiges de ses débauches, en un mot les plus visibles défauts de sa personne et les crimes les plus connus de sa vie, cette grande lettre1, cette lettre injurieuse lui conseille, pour conclusion, de mettre fin par une mort volontaire à tant de maux qu’il souffre et qu’il fait souffrir, l’exhorte de donner par là à toute la terre la seule satisfaction qu’elle pouvait recevoir de lui. […] Balzac connaît bien cette grande coquette.
D’autres, quand la reine leur demandait quel temps il faisait, ne croyaient pas devoir laisser échapper une si belle occasion de se faire connaître, et répondaient bien au long à cette question ; mais d’autres aussi montraient du respect sans crainte, de l’empressement sans avidité. […] L’enthousiasme et les arts 3 Les hommes sans enthousiasme croient goûter des jouissances par les arts ; ils aiment l’élégance du luxe, ils veulent se connaître en musique et en peinture, afin d’en parler avec grâce, avec goût, et même avec ce ton de supériorité qui convient à l’homme du monde, lorsqu’il s’agit de l’imagination ou de la nature ; mais tous ces arides plaisirs, que sont-ils à côté du véritable enthousiasme ? […] Les affections les plus simples, celles que tous les cœurs se croient capables de sentir, l’amour maternel, l’amour filial, peut-on se vanter de les avoir connues dans leur plénitude, quand on n’y a pas mêlé d’enthousiasme ?
Corneille a employé le pronom en pour désigner les personnes : Il connaît Nicomède, il connaît sa marâtre, Il en sait, il en voit la haine opiniâtre. […] Il en est de l’art de bien dire ou de bien écrire comme de tous les autres ; il faut l’avoir pratiqué pour le connaître à fond. […] Disposition, 4° Narration]) que cette sorte de narration se divise en narration oratoire, historique et poétique ; nous en avons fait connaître les caractères, les ressemblances et les différences. […] Le parallèle doit contenir tous les détails qui offrent quelque intérêt pour faire connaître les personnages que l’on rapproche. […] Il semble n’avoir pas connu le Paradis perdu de Milton et il n’a pas compris que le merveilleux chrétien est le ressort de la Jérusalem délivrée du Tasse.
Il avait profondément médité l’évangile, connaissait bien le cœur humain, et savait concilier la force et la douceur. […] Il prodigue les saillies et les jeux de mots ; il s’abandonne trop souvent à l’impétuosité de son imagination ; mais quand il sait s’en rendre maître, et la captiver dans les limites convenables, personne ne raisonne avec plus de force, ne connaît mieux le cœur humain, n’observe plus scrupuleusement les bienséances.
On connaît le vrai bien comme le vrai baume : on fait l’essai du baume en le distillant dedans l’eau ; car s’il va au fond et qu’il prenne le dessous, il est jugé pour être du plus fin et précieux : ainsi, pour connaître si un homme est vraiment sage, savant, généreux, noble, il faut voir si ses biens tendent à l’humilité, modestie et soumission ; car alors ce seront de vrais biens ; mais s’ils surnagent, et qu’ils veuillent paraître, ce seront des biens d’autant moins véritables qu’ils seront plus apparents2.
Du genre humain connais quelle est la trempe ; Avec de l’or, je te fais président, Fermier du roi, conseiller, intendant : Tu n’as point d’aile, et tu veux voler ! […] Joubert juge ainsi Voltaire : « Il connut la clarté, et se joua dans la lumière, mais pour l’éparpiller et en briser tous les rayons. […] Dans une de ses lettres, Voltaire, qui n’avait pas la fibre nationale et militaire très-sensible, esquissait ainsi la physionomie du soldat prussien : « Songez comment doivent combattre des machines régulières, vigoureuses, aguerries, qui voient leur roi tous les jours, qui sont connues de lui, et qu’il exhorte, chapeau bas, à faire leur devoir. […] Marmontel, littérateur connu surtout par ses œuvres critiques, naquit en 1723, et mourut en 1799.
Avant de faire connaître ces trois caractères principaux, nous parlerons des pensées auxquelles ils sont comme inhérents. […] Mais à ces connaissances, le littérateur doit joindre celles de l'histoire, de la géographie, de la mythologie et celles des lois et des coutumes ; enfin, il doit connaître les ouvrages des écrivains célèbres. […] O fille encor trop chère, Connais-tu ton destin ? […] L'éloquence religieuse ne connaît ni la crainte ni l'injustice ; elle donne des leçons aux rois sans les avilir, et console le pauvre sans flatter ses vices. […] L'histoire est générale ou particulière ; l'histoire générale embrasse les événements du monde connu ; l'histoire particulière ne parle que de ceux d'un royaume, d'une province, etc.
Voilà ce que fait la nature pour l’orateur, voilà les grands traits qui caractérisent son ouvrage ; et il est clair que celui qu’elle a si heureusement disposé, trouvera plus de ressources et de moyens qu’un autre dans les préceptes de l’art : mais il lui sera toujours indispensable de les connaître ; et plus il les approfondira, plus il les rapprochera des grands modèles, plus il se convaincra que ce qu’on appelle un art, n’est autre chose que le résultat de la raison et de l’expérience mis en pratique, et que son but est d’épargner, à ceux qui nous suivront, tout le chemin qu’ont fait ceux qui nous ont précédés. […] Qui doute qu’un Shakespeare (le plus frappant exemple de ce que peut la nature toute seule) ait fait des pièces plus régulières, moins défigurées par le mélange continuel du bas et du trivial, avec ce que le génie peut concevoir de plus grand, s’il eût connu Aristote comme notre Corneille, et imité les anciens comme Racine !
Descartes et Gassendi ont découvert des vérités qu’Aristote ne connaissait pas. Corneille a trouvé des beautés pour le théâtre qui ne lui étaient pas connues.
Geruzez, les fleurs plaisent à l’ignorant comme au botaniste par leur parfum et l’éclat de leurs couleurs ; mais le naturaliste qui sait leurs noms, qui connaît leurs familles, les retrouve comme de vieilles connaissances avec un sentiment qui tient de l’amitié. […] Remarquons d’abord qu’il est un assez grand nombre de figures dont il suffit de connaître la nomenclature, dont il ne reste plus rien à dire dès qu’on en a exposé la définition et l’étymologie, parce qu’elles ne comportent que certaines phrases stéréotypées, en quelque sorte, par l’usage, des espèces d’idiotismes dont il n’est pas permis de s’écarter ; parce que, en un mot, elles ne sont, comme je l’expliquerai plus tard, que des catachrèses. […] Tout le monde connaît le traité des Tropes de Dumarsais, beaucoup trop vanté, à mon avis, qui n’a ni méthode, ni style, et qui gagne à être lu dans l’édition et avec les remarques de M.